parCharles PĂ©guy 69 Views 0 AVIS, CRITIQUES ET ANALYSES. Ătoile de la mer voici la lourde nappe . Et la profonde houle et lâocĂ©an des blĂ©s. Et la mouvante Ă©cume et nos greniers comblĂ©s, Voici votre regard sur cette immense chape Et voici votre voix sur cette lourde plaine. Et nos amis absents et nos cĆurs dĂ©peuplĂ©s, Voici le long de nous nos poings dĂ©sassemblĂ©s. Et notre
Bonjour mes anges ! Voici un joli poĂšme que j'ai trouvĂ© en me baladant sur le net... L'auteur l'a Ă©crit de son vivant, et je souhaitais vous le faire partager... En cliquant sur la photo, vous pourrez lire sa biographie sur WikipĂ©dia...La mort nâest rien La mort nâest rien, je suis simplement passĂ© dans la piĂšce Ă cĂŽtĂ©. Je suis moi, vous ĂȘtes vous. Ce que nous Ă©tions les uns pour les autres, Nous le sommes toujours. Donnez-moi le nom que vous mâavez toujours donnĂ©, Parlez-moi comme vous lâavez toujours fait, Nâemployez pas un ton solennel ou triste, Continuez Ă rire de ce qui nous faisait rire ensemble, Priez, souriez, pensez Ă moi, Que mon nom soit prononcĂ© comme il lâa toujours Ă©tĂ©, Sans emphase dâaucune sorte, sans trace dâombre, La vie signifie tout ce quâelle a toujours signifiĂ©, Elle est ce quâelle a toujours Ă©tĂ©. Le fil nâest pas coupĂ©, Simplement parce que je suis hors de votre vue. Je vous attends. Je ne suis pas loin. Juste de lâautre cĂŽtĂ© du chemin. Vous voyez tout est bien. [Charles PĂ©guy] bientĂŽt quelque part mes anges ;
Péguyest justement contemporain de l'émergence du nationalisme moderne, qui en son temps se nommait « nationalisme intégral », sous
Download Free PDFDownload Free PDFDownload Free PDFCharles Péguy dir. C. Riquier, 2014Anthony FeneuilThis PaperA short summary of this paper37 Full PDFs related to this paperDownloadPDF Pack
Jeserais moi-mĂȘme hĂ©rissĂ© par cette association du bonheur et de la mort en pleine jeunesse si elle ne concernait que « les blĂ©s moissonnĂ©s » par « une juste guerre ». Mais le poĂšme, que savent par cĆur beaucoup de ceux qui de Charles PĂ©guy ne connaissent rien d'autre, est en fait un jalon sur une longue route, un signe
CommĂ©morations du 11-Novembre Le 5 septembre 1914, il y a cent ans, le lieutenant Charles PĂ©guy Ă©tait tuĂ© prĂšs de Meaux. Michel Laval raconte les trente-cinq derniers jours de la vie de lâĂ©crivain français. PubliĂ© le 05 septembre 2014 Ă 12h09 - Mis Ă jour le 19 aoĂ»t 2019 Ă 14h46 Temps de Lecture 11 min. Le 5 septembre 1914, le lieutenant Charles PĂ©guy Ă©tait tuĂ© prĂšs de Meaux. Michel Laval, avocat, auteur de TuĂ© Ă lâennemi, la derniĂšre guerre de Charles PĂ©guy Calmann-LĂ©vy, 2013, prix de lâAcadĂ©mie française, raconte les trente-cinq derniers jours de la vie de lâĂ©crivain français. Le samedi 5 septembre 1914, en fin dâaprĂšs-midi, le lieutenant Charles PĂ©guy est tuĂ© aux alentours du village de Villeroy prĂšs de Meaux au cours dâun combat de rencontre avec les unitĂ©s dâarriĂšre-garde de la IĂšre armĂ©e allemande du gĂ©nĂ©ral Alexandre von Kluck. ĂgĂ© de 41 ans, PĂ©guy, lâenfant qui parcourait les levĂ©es de la Loire en rĂȘvant aux grandes batailles de lâhistoire de France », le normalien dreyfusard qui affrontait les bandes maurrassiennes et antisĂ©mites, le rĂ©publicain mystique de Notre Jeunesse, le poĂšte marchant de son pas de pĂšlerin blessĂ© vers des mondes invisibles en ruminant des vers sublimes, le citoyen de la commune espĂšce », le chrĂ©tien de lâespĂšce commune », bon Français de lâespĂšce ordinaire », le patriote rĂ©volutionnaire, PĂ©guy la colĂšre, PĂ©guy lâhĂ©rĂ©tique, est lâun des premiers morts de la bataille de la Marne qui, dĂšs le lendemain et pendant quatre jours historiques, va opposer entre Meaux et Verdun plus de deux millions dâhommes sur un front de 250 kilomĂštres. La mort de Charles PĂ©guy, et avec lui dâune centaine dâhommes de la 19Ăšme compagnie du 276Ăšme rĂ©giment dâinfanterie de rĂ©serve, marque lâĂ©pilogue hĂ©roĂŻque et tragique dâun premier mois de guerre au cours duquel, aprĂšs les trĂšs meurtriĂšres offensives dâAlsace et de Lorraine, aprĂšs le dĂ©sastre des Ardennes, aprĂšs les dĂ©faites de Charleroi et de Mons, trois armĂ©es françaises et une armĂ©e anglaise ont entrepris, sous une chaleur accablante entrecoupĂ©e dâorages, une harassante retraite pour Ă©chapper au mouvement dâenveloppement de lâarmĂ©e allemande lancĂ©e Ă leur poursuite En moins de deux semaines, fantassins, artilleurs, hommes du gĂ©nie et cavaliers des deux camps ont parcouru un chemin qui les a conduits des frontiĂšres du Nord et du Nord-Est aux rives de la Marne et de la Seine. Une marche interminable sur des routes poussiĂ©reuses encombrĂ©es de rĂ©fugiĂ©s et de convois de blessĂ©s. Une marche Ă©puisante entrecoupĂ©e de combats entre arriĂšre et avant-gardes, les unes pour retarder lâavance allemande, les autres pour forcer le passage dans les lignes françaises. Certaines unitĂ©s ont accompli des Ă©tapes quotidiennes de trente Ă quarante kilomĂštres, depuis les premiĂšres lueurs de lâaube jusquâĂ la nuit tombĂ©e. Le 4 septembre, des reconnaissances de uhlans ont Ă©tĂ© aperçues Ă vingt kilomĂštres de Paris. Le 5, les IĂšre, IIĂšme et IIIĂšme armĂ©es des gĂ©nĂ©raux von Kluck, von BĂŒlow et von Hausen ont franchi la Marne Ă La FertĂ©-sous-Jouarre, Ăpernay et ChĂąlons, tandis que la IVĂšme armĂ©e du duc de Wurtemberg passait sous les ailes de lĂ©gende du Moulin de Valmy. CĂŽtĂ© allemand, la victoire paraĂźt certaine et dĂ©jĂ presque acquise. Des vagues innombrables de feldgrau dĂ©ferlent sur lâhexagone au son des tambours et des fifres, laissant dans leur sillage mĂ©canique un terrible cortĂšge dâatrocitĂ©s et dâexactions. Louvain et sa cĂ©lĂšbre bibliothĂšque ne sont plus quâun amas de cendres et de ruines. Ă LiĂšge, Dinant, Namur et Senlis, des dizaines de civils ont Ă©tĂ© tuĂ©s. Les viols, les exĂ©cutions dâotages, les pillages et les incendies se comptent par centaines. Rien ne paraĂźt plus dĂ©sormais en mesure dâarrĂȘter lâinvasion redoutĂ©e, Ă lâinstant mĂȘme oĂč pourtant lâoffensive foudroyante menĂ©e par cinq armĂ©es ennemies surgies en masse du Luxembourg et de la Belgique envahis, a commencĂ© Ă dĂ©vier le cours programmĂ© par le Plan Schlieffen sous lâimpulsion de gĂ©nĂ©raux orgueilleux, enivrĂ©s par leurs premiers succĂšs. CĂŽtĂ© français, lâenthousiasme des premiers jours a fait place Ă la crainte dâune nouvelle et dĂ©sastreuse dĂ©faite semblable Ă celle qui, quarante-quatre ans auparavant, avait prĂ©cipitĂ© la nation tout entiĂšre dans lâabĂźme dâune des plus terribles humiliations de son histoire. Mais les troupes qui refluent toujours plus vers le Sud ne se sont pas disloquĂ©es sous la pression adverse. La retraite sâeffectue dans lâordre sur une ligne continue, sans rupture du front qui, de Verdun Ă lâAlsace, barre solidement la route de lâEst Ă lâenvahisseur. Aucune dĂ©bĂącle, aucune dĂ©bandade, aucune panique. Les soldats ont tenu, pressĂ©s de se battre, malgrĂ© la fatigue et la faim, malgrĂ© la chaleur et la soif, malgrĂ© le fardeau des sacs et leurs courroies sciant les Ă©paules, malgrĂ© les pieds lourds et chauds, malgrĂ© les canonnades et le bruit sourd de la horde Ă leur trousse. Les gĂ©nĂ©raux incapables ou irrĂ©solus ont Ă©tĂ© limogĂ©s. Les pillards ou les dĂ©serteurs ont Ă©tĂ© fusillĂ©s. AprĂšs le 25 aoĂ»t, tout le dispositif militaire a Ă©tĂ© reconstituĂ©, tout le plan dâopĂ©rations a Ă©tĂ© repensĂ©. Le 2 septembre, le Gouvernement a quittĂ© Paris pour Bordeaux, raison invoquĂ©e de donner une impulsion nouvelle Ă la dĂ©fense nationale ». Le gĂ©nĂ©ral Gallieni a Ă©tĂ© tirĂ© de sa retraite. Mission lui a Ă©tĂ© donnĂ©e de dĂ©fendre la capitale quâune partie de sa population a fuie et dont le siĂšge paraĂźt dĂ©sormais imminent. AgenouillĂ©e derriĂšre ses soldats, la France prie pour son salut. Charles PĂ©guy et les hommes qui tombent Ă ses cĂŽtĂ©s sur le champ de bataille de Villeroy le 5 septembre 1914 se sont retrouvĂ©s dĂšs la mobilisation gĂ©nĂ©rale dans la tourmente de ce premier mois de guerre oĂč lâhistoire du monde a basculĂ©. RassemblĂ© Ă Coulommiers, le 276Ăšme rĂ©giment dâinfanterie a rejoint le 10 aoĂ»t le front de Lorraine oĂč il est restĂ© en rĂ©serve pendant prĂšs de dix jours avant dâĂȘtre envoyĂ© en premiĂšre ligne sur les Hauts de Meuse. Le 24 aoĂ»t, toute la 55Ăšme division Ă laquelle il appartient, a Ă©tĂ© rapatriĂ©e vers lâOuest pour ĂȘtre intĂ©grĂ©e dans la nouvelle masse de manĆuvre, la 6Ăšme armĂ©e, que le Chef dâĂ©tat-major gĂ©nĂ©ral, lâimperturbable Joseph, Jacques, CĂ©saire Joffre, a dĂ©cidĂ© de constituer pour endiguer la ruĂ©e allemande et qui bientĂŽt va devenir le fer de lance de la gigantesque contre-offensive dont lâidĂ©e a surgi Ă la faveur des erreurs ennemies. Le 3 septembre, des renseignements concordants sont parvenus au siĂšge du Grand Quartier GĂ©nĂ©ral Ă Bar-sur-Aube rĂ©vĂ©lant que dâinterminables colonnes de soldats allemands inclinaient leur route vers le sud-est en laissant sur leur droite Paris et la 6Ăšme armĂ©e dont le commandement a Ă©tĂ© confiĂ© au gĂ©nĂ©ral Maunoury. Convaincu dâune victoire rapide et dĂ©cisive sur les forces françaises quâil croit au bord de lâeffondrement, le gĂ©nĂ©ral von Kluck a obliquĂ© sa route vers lâest. Erreur capitale. Gallieni Ă Paris et Joffre Ă Bar-sur-Aube ont saisi instantanĂ©ment lâaubaine de ce mouvement imprĂ©vu. Ils ont compris que lâarmĂ©e allemande sâengouffrait dans la vaste cavitĂ© formĂ©e par les armĂ©es françaises, comme prĂšs de deux mille ans auparavant, les lĂ©gions romaines lâavaient fait Ă Cannes face Ă lâarmĂ©e de Hannibal. Ils ont compris que la stratĂ©gie dâencerclement sâinversait, que le sort des armes changeait. Douze jours aprĂšs le dĂ©but de la retraite, le 6 septembre au matin, Joffre signait lâordre de la contre-attaque gĂ©nĂ©rale Au moment oĂč sâengage une bataille dont dĂ©pend le salut du pays, il importe de rappeler Ă tous que le moment nâest plus de regarder en arriĂšre ; tous les efforts doivent ĂȘtre employĂ©s Ă attaquer et refouler lâennemi. Une troupe qui ne pourra plus avancer devra, coĂ»te que coĂ»te, garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutĂŽt que de reculer. Dans les circonstances actuelles, aucune dĂ©faillance ne peut ĂȘtre tolĂ©rĂ©e ». Ă cet instant, plus de 150 000 soldats français sont dĂ©jĂ tombĂ©s depuis le dĂ©but de la guerre, dont 27 000 pour la seule journĂ©e du 22 aoĂ»t. Ă cet instant, Charles PĂ©guy et les hommes de la 19Ăšme compagnie ont dĂ©jĂ payĂ© lâimpĂŽt du sang et dorment sur le champ de bataille, ensemble tuĂ©s Ă lâennemi », semblables Ă des gisants, couchĂ©s dessus le sol Ă la face de Dieu ». Pour ces soldats aux antiques vertus » lâĂ©popĂ©e sâest achevĂ©e au 35e jour de la guerre. Trente-cinq jours, ils ont marchĂ© drapeaux dĂ©ployĂ©s au milieu des chants et des rires, des pleurs et des cris vers le mĂȘme et tragique destin. Parmi eux le capitaine Pierre GuĂ©rin, lâancien baroudeur dâAfrique, frappĂ© en scrutant les lignes ennemies avant lâassaut ; le lieutenant saint-cyrien, Charles de la CornillĂšre, mort gantĂ© de blanc ; les sergents Graillot et PanissiĂ©, les caporaux Auger, Lafasse et DelĆil, les soldats Guyot, Berthier, Lascaux et Martinet et, avec eux, une centaine dâautres, ouvriers de Paris et paysans Briards pour la plupart, tombĂ©s en moins dâune heure, dâun mĂȘme Ă©lan, dâun mĂȘme mouvement, dâune mĂȘme mort hĂ©roĂŻque, dâun mĂȘme sacrifice, mitraillĂ©s depuis les hauteurs de la colline de Monthyon par les bataillons du IVĂšme corps de rĂ©serve du gĂ©nĂ©ral von Gronau chargĂ© de protĂ©ger les arriĂšres de lâarmĂ©e de von Kluck courant vers le sud. On retrouvera leurs corps inanimĂ©s le lendemain, alignĂ©s dans un ordre parfait comme pour une derniĂšre parade devant lâĂ©ternitĂ©. Au milieu dâeux, le lieutenant Charles PĂ©guy atteint dâune balle en plein front alors quâil commandait le feu, mort comme il avait vĂ©cu, debout, lâĂ©pĂ©e Ă la main, fidĂšle au commandement quâil avait Ă©noncĂ© quelques annĂ©es auparavant Celui qui est dĂ©signĂ© doit marcher. Celui qui est appelĂ© doit rĂ©pondre. Câest la loi, câest la rĂšgle, câest le niveau des vies hĂ©roĂŻques, câest le niveau des vies de saintetĂ© ». Les vies hĂ©roĂŻques », les vies de saintetĂ© », les pauvres et grandes vies de Charles PĂ©guy et des hommes de la 19Ăšme compagnie, traçaient maintenant lâextrĂȘme limite de lâinvasion. Lâoffensive allemande avait atteint son point culminant » dont Clausewitz dit quâil dĂ©termine le sort des armes. La guerre amorçait son tournant. Instant dĂ©cisif de notre histoire, crucial et mĂȘme unique. Jamais la France ne fut dans son histoire plus unie, plus rassemblĂ©e, quâĂ cet instant. La France de lâ Union sacrĂ©e » oĂč BarrĂšs sâincline devant la dĂ©pouille de JaurĂšs assassinĂ©, le pacifiste HervĂ© rallie le patriotisme le plus intransigeant, les antimilitaristes rĂ©clament des fusils, les socialistes votent les crĂ©dits de guerre et le marxiste Jules Guesde fraternise avec le trĂšs catholique Albert de Mun. La France engagĂ©e totalement, dans toutes ses forces ; dans toutes ses Ă©nergies, toutes les classes sociales, toutes les familles spirituelles et religieuses, toutes les forces politiques, la totalitĂ© des Français, nobles et roturiers, bourgeois et ouvriers, maĂźtres dâĂ©cole et curĂ©s, hommes dâarmes et gens de robe, laboureurs et marchands, apaches de Belleville et notables de province, catholiques et protestants, juifs et chrĂ©tiens, libres penseurs et croyants, dĂ©mocrates et absolutistes, socialistes et maurrassiens, rĂ©publicains et monarchistes, rĂ©volutionnaires et traditionalistes, se sont rassemblĂ©s en un mĂȘme groupe, animĂ©s dâune mĂȘme volontĂ©, poussĂ©s par une mĂȘme dĂ©termination, convaincus dâune mĂȘme idĂ©e, soudĂ©s dâune mĂȘme fraternitĂ©. La France spirituelle et la France temporelle, la France de lâAncien rĂ©gime et de la RĂ©volution, des sacres de Reims et de la nuit du 4 aoĂ»t, du baptĂȘme de Clovis et de la FĂȘte de la FĂ©dĂ©ration, des cathĂ©drales et des Ă©coles primaires, du Roi-Soleil et de la Commune de Paris, la fille aĂźnĂ©e de lâĂglise et la patrie des Droits de lâhomme, unies par-delĂ le fleuve des morts » dont parle Michelet. Vingt siĂšcles de rois, vingt siĂšcles de peuples », des siĂšcles et des vies, dâĂ©preuves et de saintetĂ©, dâexercices, de priĂšres, de travail, de sang, de larmes », plus de cent gĂ©nĂ©rations se succĂ©dant dans la poussiĂšre du temps, la longue carriĂšre ouverte depuis tant de siĂšcles, oĂč nous suivons nos pĂšres, oĂč nous prĂ©cĂ©dons nos enfants » Ă©voquĂ©e par Augustin Thierry. TrĂšs tĂŽt PĂ©guy, dĂšs 1905, a compris que cette guerre Ă©tait inĂ©vitable, que la France Ă©tait menacĂ©e par ce quâil appelle la kaiserliche menace militaire allemande ». TrĂšs tĂŽt, dĂšs la mĂȘme annĂ©e, il a compris la dimension et lâenjeu de la guerre. JaurĂšs et son camarade HervĂ©, Ă©crit-il, finiront peut-ĂȘtre par dĂ©couvrir, surtout si leurs intĂ©rĂȘts politiques les y poussent un tant soit peu, ils finiront peut-ĂȘtre par sâapercevoir que ce nâest point en Pologne que nous aurons Ă dĂ©fendre les libertĂ©s polonaises, et toutes les libertĂ©s de tout le monde, mais tout simplement, tout tranquillement, si je puis dire, sur les bords de la Meuse. Ils finiront par dĂ©couvrir ce que nous avons connu dâune saisie toute immĂ©diate parce que nous ne sommes pas des politiciens que plus que jamais la France est lâasile et le champion de toute la libertĂ© du monde, et que toute la libertĂ© du monde se jouera aux rives de la Meuse, aux dĂ©filĂ©s de lâArgonne, ainsi quâaux temps hĂ©roĂŻques, Ă moins que ce ne soit aux rives de la Sambre, ainsi quâau temps dâune rĂ©volution rĂ©elle â et veuillent les Ă©vĂ©nements que ce soit Valmy ou Jemmapes â, ou Ă quelque coin de la forĂȘt de Soignes â et veuillent les Ă©vĂ©nements, si ce doit ĂȘtre un Waterloo, que ce soit au moins un Waterloo retournĂ©. » PĂ©guy sait, il comprend, que la guerre quâil voit venir nâest pas un simple affrontement entre nations ou entre impĂ©rialismes. Il sait, il comprend, que son enjeu de la guerre est la libertĂ© du monde », quâelle est un affrontement matriciel, quâelle oppose, comme il lâĂ©crit, deux logiques, deux systĂšmes, deux visions du monde la France rĂ©publicaine et lâAllemagne impĂ©riale, lâidĂ©e de civilisation et le concept de Kultur, la nation Ă©lective et la communautĂ© organique, la passion du droit et le culte de la force, le gĂ©nie français et le Geist allemand. Quelques jours avant que le tocsin retentisse, il Ă©voque dans sa Note conjointe sur Descartes, lâaffrontement des hommes de libertĂ© » et des hommes dâempire », du systĂšme de proposition et de requĂȘte » prĂŽnĂ© par la France et du systĂšme de domination et de conquĂȘte » professĂ© par lâAllemagne. [âŠ] Câest pour cela, Ă©crit-il, que nous ne nous abusons pas, quand nous croyons que tout un monde est intĂ©ressĂ© par la rĂ©sistance de la France aux empiĂ©tements allemands. Et que tout un monde pĂ©rirait avec nous. Et que ce serait le monde mĂȘme de la libertĂ©. Et ainsi que ce serait le monde mĂȘme de la grĂące ». DâemblĂ©e, PĂ©guy sait, il comprend, que la guerre allemande sera une guerre dâinvasion et mĂȘme dâanĂ©antissement, une guerre totale », une grande leçon inaugurale dâinhumanitĂ©, une immense inondation de barbarie ». Michel Laval Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil Ă la fois Ce message sâaffichera sur lâautre appareil. DĂ©couvrir les offres multicomptes Parce quâune autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil Ă la fois ordinateur, tĂ©lĂ©phone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous ĂȘtes la seule personne Ă consulter Le Monde avec ce compte. Que se passera-t-il si vous continuez Ă lire ici ? Ce message sâaffichera sur lâautre appareil. Ce dernier restera connectĂ© avec ce compte. Y a-t-il dâautres limites ? Non. 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Lamort n est rien charles peguy Date de publication: 05.11.2021 En attendant ce moment il faut continuer Ă les laisser rester prĂšs de nous car nos enfant ne nous quittent jamais ils font partie de nous et sont en nous. Je ne suis rien sans lui.
Un poĂšme d'actualitĂ©.....Version longue car elle est relativement confidentielle. Ătoile de la mer voici la lourde nappeEt la profonde houle et lâocĂ©an des blĂ©sEt la mouvante Ă©cume et nos greniers comblĂ©s,Voici votre regard sur cette immense chape Et voici votre voix sur cette lourde plaineEt nos amis absents et nos cĆurs dĂ©peuplĂ©s,Voici le long de nous nos poings dĂ©sassemblĂ©sEt notre lassitude et notre force pleine. Ătoile du matin, inaccessible reine,Voici que nous marchons vers votre illustre cour,Et voici le plateau de notre pauvre amour,Et voici lâocĂ©an de notre immense peine. Un sanglot rĂŽde et court par-delĂ lâ peine quelques toits font comme un vieux clocher retombe une sorte dâ Ă©glise semble une basse maison. Ainsi nous naviguons vers votre loin en loin surnage un chapelet de meules,Rondes comme des tours, opulentes et seulesComme un rang de chĂąteaux sur la barque amirale. Deux mille ans de labeur ont fait de cette terreUn rĂ©servoir sans fin pour les Ăąges ans de votre grĂące on fait de ces travauxUn reposoir sans fin pour lâĂąme solitaire. Vous nous voyez marcher sur cette route droite,Tout poudreux, tout crottĂ©s, la pluie entre les ce large Ă©ventail ouvert Ă tous les ventsLa route nationale est notre porte Ă©troite. Nous allons devant nous, les mains le long des poches,Sans aucun appareil, sans fatras, sans discours,Dâun pas toujours Ă©gal, sans hĂąte ni recours,Des champs les plus prĂ©sents vers les champs les plus proches. Vous nous voyez marcher, nous sommes la nâavançons jamais que dâun pas Ă la vingt siĂšcles de peuple et vingt siĂšcles de rois,Et toute leur sĂ©quelle et toute leur volaille Et leurs chapeaux Ă plume avec leur valetailleOnt appris ce que câest que dâĂȘtre familiers,Et comme on peut marcher, les pieds dans ses souliers,Vers un dernier carrĂ© le soir dâune bataille. Nous sommes nĂ©s pour vous au bord de ce plateau,Dans le recourbement de notre blonde Loire,Et ce fleuve de sable et ce fleuve de gloireNâest lĂ que pour baiser votre auguste manteau. Nous sommes nĂ©s au bord de ce vaste plateau,Dans lâantique OrlĂ©ans sĂ©vĂšre et sĂ©rieuse,Et la Loire coulante et souvent limoneuseNâest lĂ que pour laver les pieds de ce coteau. Nous sommes nĂ©s au bord de votre plate BeauceEt nous avons connu dĂšs nos plus jeunes ansLe portail de la ferme et les durs paysansEt lâenclos dans le bourg et la bĂȘche et la fosse. Nous sommes nĂ©s au bord de votre Beauce plateEt nous avons connu dĂšs nos premiers regretsCe que peut receler de dĂ©sespoirs secretsUn soleil qui descend dans un ciel Ă©carlate Et qui se couche au ras dâun sol inĂ©vitableDur comme une justice, Ă©gal comme une barre,Juste comme une loi, fermĂ© comme une mare,Ouvert comme un beau socle et plan comme une table. Un homme de chez nous, de la glĂšbe fĂ©condeA fait jaillir ici dâun seul enlĂšvement,Et dâune seule source et dâun seul portement,Vers votre assomption la flĂšche unique au monde. Tour de David voici votre tour lâĂ©pi le plus dur qui soit jamais montĂ©Vers un ciel de clĂ©mence et de sĂ©rĂ©nitĂ©,Et le plus beau fleuron dedans votre couronne. Un homme de chez nous a fait ici jaillir,Depuis le ras du sol jusquâau pied de la croix,Plus haut que tous les saints, plus haut que tous les rois,La flĂšche irrĂ©prochable et qui ne peut faillir. Câest la gerbe et le blĂ© qui ne pĂ©rira point,Qui ne fanera point au soleil de septembre,Qui ne gĂšlera point aux rigueurs de dĂ©cembre,Câest votre serviteur et câest votre tĂ©moin. Câest la tige et le blĂ© qui ne pourrira pas,Qui ne flĂ©trira point aux ardeurs de lâĂ©tĂ©,Qui ne moisira point dans un hiver gĂątĂ©,Qui ne transira point dans le commun trĂ©pas. Câest la pierre sans tache et la pierre sans faute,La plus haute oraison quâon ait jamais portĂ©e,La plus droite raison quâon ait jamais jetĂ©e,Et vers un ciel sans bord la ligne la plus haute. Celle qui ne mourra le jour dâaucunes morts,Le gage et le portrait de nos arrachements,Lâimage et le tracĂ© de nos redressements,La laine et le fuseau des plus modestes sorts. Nous arrivons vers vous du lointain avons pour trois jours quittĂ© notre boutique,Et lâarchĂ©ologie avec la sĂ©mantique,Et la maigre Sorbonne et ses pauvres petits. Dâautres viendront vers vous du lointain avons pour trois jours laissĂ© notre nĂ©goce,Et la rumeur gĂ©ante et la ville colosse, Dâautres viendront vers vous du lointain CambrĂ©sis. Nous arrivons vers vous de Paris lĂ que nous avons notre gouvernement,Et notre temps perdu dans le lanternement,Et notre libertĂ© dĂ©cevante et totale. Nous arrivons vers vous de lâautre Notre-Dame,De celle qui sâĂ©lĂšve au cĆur de la citĂ©,Dans sa royale robe et dans sa majestĂ©,Dans sa magnificence et sa justesse dâĂąme. Comme vous commandez un ocĂ©an dâĂ©pis,LĂ -bas vous commandez un ocĂ©an de tĂȘtes,Et la moisson des deuils et la moisson des fĂȘtesSe couche chaque soir devant votre parvis. Nous arrivons vers vous du noble un commencement de Beauce Ă notre usage,Des fermes et des champs taillĂ©s Ă votre image,Mais coupĂ©s plus souvent par des rideaux de bois, Et coupĂ©s plus souvent par de creuses vallĂ©esPour lâYvette et la BiĂšvre et leurs accroissements,Et leurs savants dĂ©tours et leurs dĂ©gagements,Et par les beaux chĂąteaux et les longues allĂ©es. Dâautres viendront vers vous du noble Vermandois,Et des vallonnements de bouleaux et de viendront vers vous des palais et des du pays picard et du vert VendĂŽmois. Mais câest toujours la France, ou petite ou plus grande,Le pays des beaux blĂ©s et des encadrements,Le pays de la grappe et des ruissellements,Le pays de genĂȘts, de bruyĂšre, de lande. Nous arrivons vers vous du lointain PalaiseauEt des faubourgs dâOrsay par Gometz-le-ChĂątel,Autrement dit Saint-Clair ; ce nâest pas un castel ;Câest un village au bord dâune route en biseau. Nous avons dĂ©bouchĂ©, montant de ce coteau,Sur le ras de la plaine et sur Gometz-la-VilleAu-dessus de Saint-Clair ; ce nâest pas une ville ;Câest un village au bord dâune route en plateau. Nous avons descendu la cĂŽte de avons rencontrĂ© trois ou quatre nous ont regardĂ©, non sans quelques alarmes,Consulter les poteaux aux coins des carrefours. Nous avons pu coucher dans le calme un gros bourg trĂšs riche et qui sent sa nous avons longĂ©, regardĂ©s comme un prince,Les fossĂ©s du chĂąteau coupĂ©s comme un redan. Dans la maison amie, hĂŽtesse et fraternelleOn nous a fait coucher dans le lit du ans de souvenirs Ă©taient notre pain nous fut coupĂ© dâune main maternelle. Toute notre jeunesse Ă©tait lĂ prononça pour nous le siĂšcles dâhonneur et de fidĂ©litĂ©Faisaient des draps du lit une couche Ă©ternelle. Nous avons fait semblant dâĂȘtre un gai pĂšlerinEt mĂȘme un bon vivant et dâaimer les voyages,Et dâavoir parcouru cent trente-et-un bailliages,Et dâĂȘtre accoutumĂ©s dâĂȘtre sur le chemin. La clartĂ© de la lampe Ă©blouissait la nous fit visiter le jardin donnait sur la treille et sur un beau fut le premier gĂźte et la tĂȘte dâĂ©tape. Le jardin Ă©tait clos dans un coude de lâ la droite il donnait sur un mur bocagerSurmontĂ© de rameaux et dâun arceau face un marĂ©chal, et lâenclume, et la forge. Nous nous sommes levĂ©s ce matin devant lâ nous sommes quittĂ©s aprĂšs les beaux temps sâannonçait bien. On nous a dit tant nous a fait goĂ»ter de quelque bĆuf en daube, Puisquâil est entendu que le bon pĂšlerinEst celui qui boit ferme et tient sa place Ă table,Et quâil nâa pas besoin de faire le comptable,Et que câest bien assez de se lever matin. Le jour Ă©tait en route et le soleil montaitQuand nous avons passĂ© Sainte-Mesme et les avancions dĂ©jĂ comme deux bons la gauche et la droite Ă©tait ce qui comptait. Nous sommes remontĂ©s par le GuĂ© de est fait dĂ©sormais de nos atermoiements,Et de lâiniquitĂ© des dĂ©nivellements Voici la juste plaine et le secret effroi De nous trouver tout seuls et voici le charroiEt la roue et les bĆufs et le joug et la grange,Et la poussiĂšre Ă©gale et lâĂ©quitable fangeEt la dĂ©tresse Ă©gale et lâĂ©gal dĂ©sarroi. Nous voici parvenus sur la haute terrasseOĂč rien ne cache plus lâhomme de devant Dieu,OĂč nul dĂ©guisement ni du temps ni du lieuNe pourra nous sauver, Seigneur, de votre chasse. Voici la gerbe immense et lâimmense liasse,Et le grain sous la meule et nos Ă©crasements,Et la grĂȘle javelle et nos renoncements,Et lâimmense horizon que le regard embrasse. Et notre indignitĂ© cette immuable masse,Et notre basse peur en un pareil moment,Et la juste terreur et le secret tourmentDe nous trouver tout seuls par devant votre face. Mais voici que câest vous, reine de majestĂ©,Comment avons-nous pu nous laisser dĂ©cevoir,Et marcher devant vous sans vous serons donc toujours ce peuple inconcertĂ©. Ce pays est plus ras que la plus rase peine un creux du sol, Ă peine un lĂ©ger la table du juge et le fait accompli,Et lâarrĂȘt sans appel et lâordre inĂ©luctable. Et câest le prononcĂ© du texte insurmontable,Et la mesure comble et câest le sort empli,Et câest la vie Ă©tale et lâhomme enseveli,Et câest le hĂ©raut dâarme et le sceau redoutable. Mais vous apparaissez, reine pointe lĂ -bas dans le moutonnementDes moissons et des bois et dans le flottementDe lâextrĂȘme horizon ce nâest point une yeuse, Ni le profil connu dâun arbre dĂ©jĂ plus distante, et plus basse, et plus haute,Ferme comme un espoir sur la derniĂšre cĂŽte,Sur le dernier coteau la flĂšche inimitable. Dâici vers vous, ĂŽ reine, il nâest plus que la nous regarde, on en a bien fait dâ avez votre gloire et nous avons les lâavons entamĂ©e, on la mangera toute. Nous savons ce que câest quâun tronçon qui sâajouteAu tronçon dĂ©jĂ fait et ce quâun kilomĂštreDemande de jarret et ce quâil faut en mettre Nous passerons ce soir par le pont et la voĂ»te Et ce fossĂ© profond qui cerne le marchons dans le vent coupĂ©s par les ici la contrĂ©e imprenable en photos,La route nue et grave allant de part en part. Nous avons eu bon vent de partir dĂšs le coucherons ce soir Ă deux pas de chez vous,Dans cette vieille auberge oĂč pour quarante sousNous dormirons tout prĂšs de votre illustre tour. Nous serons si fourbus que nous regarderons,Assis sur une chaise auprĂšs de la fenĂȘtre,Dans un Ă©crasement du corps et de tout lâĂȘtre,Avec des yeux battus, presque avec des yeux ronds, Et les sourcils haussĂ©s jusque dedans nos fronts,Lâangle une fois trouvĂ© par un seul homme au monde,Et lâunique montĂ©e ascendante et profonde,Et nous serons recrus et nous contemplerons. Voici lâaxe et la ligne et la gĂ©ante la dure pente et le lâexactitude et le la sĂ©vĂšre larme, ĂŽ reine de douleur. Voici la nuditĂ©, le reste est le vĂȘtement, tout le reste est la puretĂ©, tout le reste est la pauvretĂ©, le reste est ornement. Voici la seule force et le reste est lâarĂȘte unique et le reste est la seule noblesse et le reste est la seule grandeur et le reste est bassesse. Voici la seule foi qui ne soit point le seul Ă©lan qui sache un peu le seul instant qui vaille de le seul propos qui sâachĂšve et qui dure. Voici le monument, tout le reste est voici notre amour et notre notre port de tĂȘte et notre le rien de dentelle et lâexacte moulure. Voici le beau serment, le reste est lâunique prix de nos arrachements,Le salaire payĂ© de nos la vĂ©ritĂ©, le reste est imposture. Voici le firmament, le reste est vers le tribunal voici lâ vers le paradis voici lâ la feuille de pierre et lâexacte nervure. Nous resterons clouĂ©s sur la chaise de nous nâentendrons pas et nous ne verrons pasLe tumulte des voix, le tumulte des pas,Et dans la salle en bas lâinnocente ripaille. Ni les rouliers venus pour le jour du la feinte colĂšre et lâĂ©clat des jurons Car nous contemplerons et nous mĂ©diteronsDâun seul embrassement la flĂšche sans pĂ©chĂ©. Nous ne sentirons pas ni nos faces raidies,Ni la faim ni la soif ni nos renoncements,Ni nos raides genoux ni nos raisonnements,Ni dans nos pantalons nos jambes engourdies. Perdus dans cette chambre et parmi tant dâhĂŽtels,Nous ne descendrons pas Ă lâheure du repas,Et nous nâentendrons pas et nous ne verrons pasLa ville prosternĂ©e au pied de vos autels. Et quand se lĂšvera le soleil de demain,Nous nous rĂ©veillerons dans une aube lustrale,Ă lâombre des deux bras de votre cathĂ©drale,Heureux et malheureux et perclus du chemin. Nous venons vous prier pour ce pauvre garçonQui mourut comme un sot au cours de cette annĂ©e,Presque dans la semaine et devers la journĂ©eOĂč votre fils naquit dans la paille et le son. Ă Vierge, il nâĂ©tait pas le pire du nâavait quâun dĂ©faut dans sa jeune la mort qui nous piste et nous suit Ă la traceA passĂ© par ce trou quâil sâest fait dans la peau. Il Ă©tait nĂ© vers nous dans notre commençait la route oĂč nous gagnait tous les jours tout ce que nous pourtant câĂ©tait lui que tu te destinais, Ă mort qui fus vaincue en un premier avait mis ses pas dans nos mĂȘmes le seul manquement dâune seule des craintesLaissa passer la mort par un chemin nouveau. Le voici maintenant dedans votre ĂȘtes reine et mĂšre et saurez le un ĂȘtre pur. Vous le ferez rentrerDans votre patronage et dans votre indulgence. Ă reine qui lisez dans le secret du cĆur,Vous savez ce que câest que la vie ou la mort,Et vous savez ainsi dans quel secret du sortSe coud et se dĂ©coud la ruse du traqueur. Et vous savez ainsi sur quel accent du chĆurSe noue et se dĂ©noue un accompagnement,Et ce quâil faut dâespace et de dĂ©boisementPour laisser dĂ©bouler la meute du piqueur. Et vous savez ainsi dans quel recreux du portSe prĂ©pare et sâachĂšve un noble enlĂšvement,Et par quel jeu dâadresse et de gouvernementSe dĂ©robe ou se fixe un illustre support. Et vous savez ainsi sur quel tranchant du glaiveSe joue et se dĂ©joue un Ă©pouvantement,Et par quel coup de pouce et quel balancementLâun des plateaux descend pour que lâautre sâĂ©lĂšve. Et ce que peut coĂ»ter la lĂšvre du moqueur,Et ce quâil faut de force et de recroisementPour faire par le coup dâun seul retournementDâun vaincu malheureux un malheureux vainqueur. MĂšre le voici donc, il Ă©tait notre race,Et vingt ans aprĂšs nous notre recevez-le dans votre la mort a passĂ©, passera bien la grĂące. Nous, nous retournerons par ce mĂȘme sera de nouveau la terre sans cachette,Le chĂąteau sans un coin et sans une oubliette,Et ce sol mieux gravĂ© quâun parfait parchemin. Et nunc et in hora, nous vous prions pour nousQui sommes plus grands sots que ce pauvre gamin,Et sans doute moins purs et moins dans votre main,Et moins acheminĂ©s vers vos sacrĂ©s genoux. Quand nous aurons jouĂ© nos derniers personnages,Quand nous aurons posĂ© la cape et le manteau,Quand nous aurons jetĂ© le masque et le couteau,Veuillez vous rappeler nos longs pĂšlerinages. Quand nous retournerons en cette froide terre,Ainsi quâil fut prescrit pour le premier Adam,Reine de Saint-ChĂ©ron, Saint-Arnould et Dourdan,Veuillez vous rappeler ce chemin solitaire. Quand on nous aura mis dans une Ă©troite fosse,Quand on aura sur nous dit lâabsoute et la messe,Veuillez vous rappeler, reine de la promesse,Le long cheminement que nous faisons en Beauce. Quand nous aurons quittĂ© ce sac et cette corde,Quand nous aurons tremblĂ© nos derniers tremblements,Quand nous aurons raclĂ© nos derniers raclements,Veuillez vous rappelez votre misĂ©ricorde. Nous ne demandons rien, refuge du pĂ©cheur,Que la derniĂšre place en votre Purgatoire,Pour pleurer longuement notre tragique histoire,Et contempler de loin votre jeune PĂ©guyQuoi, vous ne connaissez pas cette actualitĂ©! Alors rendez-vous ici!
RĂ©gisBURNET : Bonjour et merci nous retrouver pour la « Foi prise au mot », votre rendez-vous de formation et de rĂ©flexion.. Cette semaine, je vous propose de remonter 100 ans en arriĂšre pour nous souvenir dâun homme, mort au champ dâhonneur, quelque part entre Penchard et Villeroy en Seine-et-Marne, le 5 septembre 1914, Charles PĂGUY.
Ătoile du seul Nord dans votre bĂątiment. Ce qui partout ailleurs est de dispersion Nâest ici que lâeffet dâun beau rassemblement. Ce qui partout ailleurs est un dĂ©membrement Nâest ici que cortĂšge et que procession. Ce qui partout ailleurs demande un examen Nâest ici que lâeffet dâune pauvre jeunesse. Ce qui partout ailleurs demande un lendemain Nâest ici que lâeffet de soudaine faiblesse. Ce qui partout ailleurs demande un parchemin Nâest ici que lâeffet dâune pauvre tendresse. Ce qui partout ailleurs demande un tour de main Nâest ici que lâeffet dâune humble maladresse. Ce qui partout ailleurs est un dĂ©traquement Nâest ici que justesse et que dĂ©clinaison. Ce qui partout ailleurs est un baraquement Nâest ici quâune Ă©paisse et durable maison. Ce qui partout ailleurs est la guerre et la paix Nâest ici que dĂ©faite et que reddition. Ce qui partout ailleurs est de sĂ©dition Nâest ici quâun beau peuple et dĂšs Ă©pis Ă©pais. Ce qui partout ailleurs est une immense armĂ©e Avec ses trains de vivre et ses encombrements, Et ses trains de bagage et ses retardements, Nâest ici que dĂ©cence et bonne renommĂ©e. Ce qui partout ailleurs est un effondrement Nâest ici quâune lente et courbe inclinaison. Ce qui partout ailleurs est de comparaison Est ici sans pareil et sans redoublement. Ce qui partout ailleurs est un accablement Nâest ici que lâeffet de pauvre obĂ©issance. Ce qui partout ailleurs est un grand parlement Nâest ici que lâeffet de la seule audience. Ce qui partout ailleurs est un encadrement Nâest ici quâun candide et calme reposoir. Ce qui partout ailleurs est un ajournement Nâest ici que lâoubli du matin et du soir. Les matins sont partis vers les temps rĂ©volus, Et les soirs partiront vers le soir Ă©ternel, Et les jours entreront dans un jour solennel, Et les fils deviendront des hommes rĂ©solus. Les Ăąges rentreront dans un Ăąge absolu, Les fils retourneront vers le seuil paternel Et raviront de force et lâamour fraternel Et lâantique hĂ©ritage et le bien dĂ©volu. Voici le lieu du monde oĂč tout devient enfant, Et surtout ce vieil homme avec sa barbe grise, Et ses cheveux mĂȘlĂ©s au souffle de la brise, Et son regard modeste et jadis triomphant. Voici le lieu du monde oĂč tout devient novice, Et cette vieille tĂȘte et ses lanternements, Et ces deux bras raidis dans les gouvernements, Le seul coin de la terre oĂč tout devient complice, Et mĂȘme ce grand sot qui faisait le malin, Câest votre serviteur, ĂŽ premiĂšre servante, Et qui tournait en rond dans une orbe savante, Et qui portait de lâeau dans le bief du moulin. Ce qui partout ailleurs est un arrachement Nâest ici que la fleur de la jeune saison. Ce qui partout ailleurs est un retranchement Nâest ici quâun soleil au ras de lâhorizon. Ce qui partout ailleurs est un dur labourage Nâest ici que rĂ©colte et dessaisissement. Ce qui partout ailleurs est le dĂ©clin dâun Ăąge Nâest ici quâun candide et cher vieillissement. Ce qui partout ailleurs est une rĂ©sistance Nâest ici que de suite et dâaccompagnement ; Ce qui partout ailleurs est un prosternement Nâest ici quâune douce et longue obĂ©issance. Ce qui partout ailleurs est rĂšgle de contrainte Nâest ici que dĂ©clenche et quâabandonnement ; Ce qui partout ailleurs est une dure astreinte Nâest ici que faiblesse et que soulĂšvement. Ce qui partout ailleurs est rĂšgle de conduite Nâest ici que bonheur et que renforcement ; Ce qui partout ailleurs est Ă©pargne produite Nâest ici quâun honneur et quâun grave serment. Ce qui partout ailleurs est une courbature Nâest ici que la fleur de la jeune oraison ; Ce qui partout ailleurs est la lourde armature Nâest ici que la laine et la blanche toison. Ce qui partout ailleurs serait un tour de force Nâest ici que simplesse et que dĂ©lassement ; Ce qui partout ailleurs est la rugueuse Ă©corce Nâest ici que la sĂšve et les pleurs du sarment Ce qui partout ailleurs est une longue usure Nâest ici que renfort et que recroissement ; Ce qui partout ailleurs est bouleversement Nâest ici que le jour de la bonne aventure. Ce qui partout ailleurs se tient sur la rĂ©serve Nâest ici quâabondance et que dĂ©passement ; Ce qui partout ailleurs se gagne et se conserve Nâest ici que dĂ©pense et que dĂ©sistement. Ce qui partout ailleurs se tient sur la dĂ©fense Nâest ici que liesse et dĂ©mantĂšlement ; Et lâoubli de lâinjure et lâoubli de lâoffense Nâest ici que paresse et que bannissement. Ce qui partout ailleurs est une liaison Nâest ici quâun fidĂšle et noble attachement ; Ce qui partout ailleurs est un encerclement Nâest ici quâun passant dedans votre maison. Ce qui partout ailleurs est une obĂ©dience Nâest ici quâune gerbe au temps de fauchaison ; Ce qui partout ailleurs se fait par surveillance Nâest ici quâun beau foin au temps de fenaison. Ce qui partout ailleurs est une forcerie Nâest ici que la plante Ă mĂȘme le jardin ; Ce qui partout ailleurs est une gagerie Nâest ici que le seuil Ă mĂȘme le gradin. Ce qui partout ailleurs est une rĂ©torsion Nâest ici que dĂ©tente et que dĂ©sarmement ; Ce qui partout ailleurs est une contraction Nâest ici quâun muet et calme engagement. Ce qui partout ailleurs est un bien pĂ©rissable Nâest ici quâun tranquille et bref dĂ©gagement ; Ce qui partout ailleurs est un rengorgement Nâest ici quâune rose et des pas sur le sable. Ce qui partout ailleurs est un efforcement Nâest ici que la fleur de la jeune raison ; Ce qui partout ailleurs est un redressement Nâest ici que la pente et le pli du gazon. Ce qui partout ailleurs est une Ă©corcherie Nâest ici quâun modeste et beau dĂ©vĂȘtement ; Ce qui partout ailleurs est une affouillerie Nâest ici quâun durable et sĂ»r dĂ©pouillement. Ce qui partout ailleurs est un raidissement Nâest ici quâune souple et candide fontaine ; Ce qui partout ailleurs est une illustre peine Nâest ici quâun profond et pur jaillissement. Ce qui partout ailleurs se querelle et se prend Nâest ici quâun beau fleuve aux confins de sa source, Ă reine et câest ici que toute Ăąme se rend Comme un jeune guerrier retombĂ© dans sa course. Ce qui partout ailleurs est la route gravie, Ă reine qui rĂ©gnez dans votre illustre cour, Ătoile du matin, reine du dernier jour, Ce qui partout ailleurs est la table servie, Ce qui partout ailleurs est la route suivie Nâest ici quâun paisible et fort dĂ©tachement, Et dans un calme temple et loin dâun plat tourment Lâattente dâune mort plus vivante que vie. II. PriĂšre de demande Nous ne demandons pas que le grain sous la meule Soit jamais replacĂ© dans le cĆur de lâĂ©pi, Nous ne demandons pas que lâĂąme errante et seule Soit jamais reposĂ©e en un jardin fleuri. Nous ne demandons pas que la grappe Ă©crasĂ©e Soit jamais replacĂ©e au fronton de la treille, Et que le lourd frelon et que la jeune abeille Y reviennent jamais se gorger de rosĂ©e. Nous ne demandons pas que la rose vermeille Soit jamais replacĂ©e aux cerceaux du rosier, Et que le paneton et la lourde corbeille Retourne vers le fleuve et redevienne osier. Nous ne demandons pas que cette page Ă©crite Soit jamais effacĂ©e au livre de mĂ©moire, Et que le lourd soupçon et que la jeune histoire Vienne remĂ©morer cette peine prescrite. Nous ne demandons pas que la tige ployĂ©e Soit jamais redressĂ©e au livre de nature, Et que le lourd bourgeon et la jeune nervure Perce jamais lâĂ©corce et soit redĂ©ployĂ©e. Nous ne demandons pas que le rameau broyĂ© Reverdisse jamais au livre de la grĂące, Et que le lourd surgeon et que la jeune race Rejaillisse jamais de lâarbre foudroyĂ©. Nous ne demandons pas que la branche effeuillĂ©e Se tourne jamais plus vers un jeune printemps, Et que la lourde sĂšve et que le jeune temps Sauve une cime au moins dans la forĂȘt noyĂ©e. Nous ne demandons pas que le pli de la nappe Soit effacĂ© devant que revienne le maĂźtre, Et que votre servante et quâun malheureux ĂȘtre Soient libĂ©rĂ©s jamais de cette lourde chape. Nous ne demandons pas que cette auguste table Soit jamais resservie, Ă moins que pour un Dieu, Mais nous nâespĂ©rons pas que le grand connĂ©table Chauffe deux fois ses mains vers un si maigre feu. Nous ne demandons pas quâune Ăąme fourvoyĂ©e Soit jamais replacĂ©e au chemin du bonheur. Ă reine il nous suffit dâavoir gardĂ© lâhonneur Et nous ne voulons pas quâune aide apitoyĂ©e Nous remette jamais au chemin de plaisance, Et nous ne voulons pas quâune amour soudoyĂ©e Nous remette jamais au chemin dâallĂ©geance, Ă seul gouvernement dâune Ăąme guerroyĂ©e, RĂ©gente de la mer et de lâillustre port Nous ne demandons rien dans ces amendements Reine que de garder sous vos commandements Une fidĂ©litĂ© plus forte que la mort. III. PriĂšre de confidence Nous ne demandons pas que cette belle nappe Soit jamais repliĂ©e aux rayons de lâarmoire, Nous ne demandons pas quâun pli de la mĂ©moire Soit jamais effacĂ© de cette lourde chape. MaĂźtresse de la voie et du raccordement, Ă miroir de justice et de justesse dâĂąme, Vous seule vous savez, ĂŽ grande notre Dame, Ce que câest que la halte et le recueillement. MaĂźtresse de la race et du recroisement, Ă temple de sagesse et de jurisprudence, Vous seule connaissez, ĂŽ sĂ©vĂšre prudence, Ce que câest que le juge et le balancement. Quand il fallut sâasseoir Ă la croix des deux routes Et choisir le regret dâavecque le remords, Quand il fallut sâasseoir au coin des doubles sorts Et fixer le regard sur la clef des deux voĂ»tes, Vous seule vous savez, maĂźtresse du secret, Que lâun des deux chemins allait en contre-bas, Vous connaissez celui que choisirent nos pas, Comme on choisit un cĂšdre et le bois dâun coffret. Et non point par vertu car nous nâen avons guĂšre, Et non point par devoir car nous ne lâaimons pas, Mais comme un charpentier sâarme de son compas, Par besoin de nous mettre au centre de misĂšre, Et pour bien nous placer dans lâaxe de dĂ©tresse, Et par ce besoin sourd dâĂȘtre plus malheureux, Et dâaller au plus dur et de souffrir plus creux, Et de prendre le mal dans sa pleine justesse. Par ce vieux tour de main, par cette mĂȘme adresse, Qui ne servira plus Ă courir le bonheur, Puissions-nous, ĂŽ rĂ©gente, au moins tenir lâhonneur, Et lui garder lui seul notre pauvre tendresse. IV. PriĂšre de report Nous avons gouvernĂ© de si vastes royaumes, Ă rĂ©gente des rois et des gouvernements, Nous avons tant couchĂ© dans la paille et les chaumes, RĂ©gente des grands gueux et des soulĂšvements. Nous nâavons plus de goĂ»t pour les grands majordomes, RĂ©gente du pouvoir et des renversements, Nous nâavons plus de goĂ»t pour les chambardements, RĂ©gente des frontons, des palais et des dĂŽmes. Nous avons combattu de si ferventes guerres Par-devant le Seigneur et le Dieu des armĂ©es, Nous avons parcouru de si mouvantes terres, Nous nous sommes acquis si hautes renommĂ©es. Nous nâavons plus de goĂ»t pour le mĂ©tier des armes, Reine des grandes paix et des dĂ©sarmements, Nous nâavons plus de goĂ»t pour le mĂ©tier des larmes, Reine des sept douleurs et des sept sacrements. Nous avons gouvernĂ© de si vastes provinces, RĂ©gente des prĂ©fets et des procurateurs, Nous avons lanternĂ© sous tant dâaugustes princes, Reine des tableaux peints et des deux donateurs. Nous nâavons plus de goĂ»t pour les dĂ©partements, Ni pour la prĂ©fecture et pour la capitale, Nous nâavons plus de goĂ»t pour les embarquements, Nous ne respirons plus vers la terre natale, Nous avons encouru de si hautes fortunes, Ă clef du seul honneur qui ne pĂ©rira point, Nous avons dĂ©pouillĂ© de si basses rancunes, Reine du tĂ©moignage et du double tĂ©moin. Nous nâavons plus de goĂ»t pour les forfanteries, MaĂźtresse de sagesse et de silence et dâombre, Nous nâavons plus de goĂ»t pour les argenteries, Ă clef du seul trĂ©sor et dâun bonheur sans nombre. Nous en avons tant vu, dame de pauvretĂ©, Nous nâavons plus de goĂ»t pour de nouveaux regards, Nous en avons tant fait, temple de puretĂ©, Nous nâavons plus de goĂ»t pour de nouveaux hasards. Nous avons tant pĂ©chĂ©, refuge du pĂ©cheur, Nous nâavons plus de goĂ»t pour les atermoiements, Nous avons tant cherchĂ©, miracle de candeur, Nous nâavons plus de goĂ»t pour les enseignements. Nous avons tant appris dans les maisons dâĂ©cole, Nous ne savons plus rien que vos commandements. Nous avons tant failli par lâacte et la parole, Nous ne savons plus rien que nos amendements. Nous sommes ces soldats qui grognaient par le monde, Mais qui marchaient toujours et nâont jamais pliĂ©, Nous sommes cette Ăglise et ce faisceau liĂ©, Nous sommes cette race internelle et profonde. Nous ne demandons plus de ces biens pĂ©rissables, Nous ne demandons plus vos grĂąces de bonheur, Nous ne demandons plus que vos grĂąces dâhonneur, Nous ne bĂątirons plus nos maisons sur ces sables. Nous ne savons plus rien de ce quâon nous a lu, Nous ne savons plus rien de ce quâon nous a dit. Nous ne connaissons plus quâun Ă©ternel Ă©dit, Nous ne savons plus rien que votre ordre absolu. Nous en avons trop pris, nous sommes rĂ©solus. Nous ne voulons plus rien que par obĂ©issance, Et rester sous les coups dâune auguste puissance, Miroir des temps futurs et des temps rĂ©volus. Sâil est permis pourtant que celui qui nâa rien Puisse un jour disposer, et lĂ©guer quelque chose, Sâil nâest pas dĂ©fendu, mystĂ©rieuse rose, Que celui qui nâa pas reporte un jour son bien ; Sâil est permis au gueux de faire un testament, Et de lĂ©guer lâasile et la paille et le chaume, Sâil est permis au roi de lĂ©guer le royaume, Et si le grand dauphin prĂȘte un nouveau serment ; Sâil est admis pourtant que celui qui doit tout Se fasse ouvrir un compte et porter un crĂ©dit, Si le virement tourne et nâest pas interdit, Nous ne demandons rien, nous irons jusquâau bout. Si donc il est admis quâun humble dĂ©biteur Puisse Ă©lever la voix pour ce qui nâest pas dĂ», Sâil peut toucher un prix quand il nâa pas vendu, Et faire balancer par solde crĂ©diteur ; Nous qui nâavons connu que vos grĂąces de guerre Et vos grĂąces de deuil et vos grĂąces de peine, Et vos grĂąces de joie, et cette lourde plaine, Et le cheminement des grĂąces de misĂšre ; Et la procession des grĂąces de dĂ©tresse, Et les champs labourĂ©s et les sentiers battus, Et les cĆurs lacĂ©rĂ©s et les reins courbatus, Nous ne demandons rien, vigilante maĂźtresse. Nous qui nâavons connu que votre adversitĂ©, Mais quâelle soit bĂ©nie, ĂŽ temple de sagesse, Ă veuillez reporter, merveille de largesse, Vos grĂąces de bonheur et de prospĂ©ritĂ©. Veuillez les reposer sur quatre jeunes tĂȘtes, Vos grĂąces de douceur et de consentement, Et tresser pour ces fronts, reine du pur froment, Quelques Ă©pis cueillis dans la moisson des fĂȘtes. V. PriĂšre de dĂ©fĂ©rence Tant dâamis dĂ©tournĂ©s de ce cĆur solitaire Nâont point lassĂ© lâamour ni la fidĂ©litĂ© ; Tant de dĂ©robement et de mobilitĂ© Nâont point dĂ©couragĂ© ce cĆur involontaire. Tant de coups de fortune et de coups de misĂšre Nâont point sonnĂ© le jour de la fragilitĂ© ; Tant de malendurance et de brutalitĂ© Nâont point laĂŻcisĂ© ce cĆur sacramentaire. Tant de fausse crĂ©ance et tant de faux mystĂšre Nâont point lassĂ© la foi ni la docilitĂ© ; Tant de renoncements nâont point dĂ©bilitĂ© Le sang du rouge cĆur et le sang de lâartĂšre. Pourtant sâil faut ce jour dresser un inventaire Que la mort devait seule et conclure et sceller ; Sâil faut redĂ©couvrir ce quâil fallait celer ; Et sâil faut devenir son propre secrĂ©taire ; Sâil faut sâinstituer et son propre notaire Et son propre greffier et son double tĂ©moin, Et mettre le paraphe aprĂšs le dernier point, Et frapper sur le sceau le chiffre signataire ; Sâil faut fermer la clause et lier le contrat, Et dĂ©couper lâarticle avec le paragraphe, Et creuser dans la pierre et graver lâĂ©pigraphe, Sâil faut sâinstituer recteur et magistrat ; Sâil faut articuler ce nouveau rĂ©pertoire Sans nulle exception et sans atermoiement, Et sans transcription et sans transbordement, Et sans transgression et sans Ă©chappatoire ; Sâil faut sur ces dĂ©bris dresser un nouveau code, Et sur ces chĂątiments dresser un nouveau roi, Et planter lâappareil dâune derniĂšre loi, Sans nul Ă©vĂ©nement et sans nul Ă©pisode Nul ne passera plus le seuil de ce dĂ©sert Qui ne vous soit fĂ©al et ne vous soit fidĂšle, Et nul ne passera dans cette citadelle Qui nâait donnĂ© le mot quâon donne Ă mot couvert. Nul ne visitera ce temple de mĂ©moire, Ce temple de mĂ©moire et ce temple dâoubli, Et cette gratitude et ce destin rempli, Et ces regrets pliĂ©s aux rayons de lâarmoire. Nul ne visitera ce cĆur enseveli Qui ne se soit rangĂ© dessous votre conduite Et ne se soit perdu dans votre auguste suite Comme une voix se perd dans un chĆur accompli. Et nulle nâentrera dans cette solitude Qui ne vous soit sujette et ne vous soit servante Et ne vous soit seconde et ne vous soit suivante, Et nulle nâentrera dans cette servitude, Et nul ne franchira le seuil de ce palais, Et la porte centrale et le parvis de marbre, Et la vasque et la source et le pourpris et lâarbre, Qui ne soit votre esclave et lâun de vos valets. Et nul ne passera dans cette plĂ©nitude Qui ne soit votre fils et votre serviteur, Comme il est votre serf et votre dĂ©biteur, Et nul ne passera dans cette quiĂ©tude, Pour lâamour le plus pur et le plus salutaire Et le retranchement et le mĂȘme regret, Et nul ne passera le seuil de ce secret Pour lâamour le plus dur et le plus statutaire, Et lâamour le plus mĂ»r et le plus plein de peine, Et le plus plein de deuil et le plus plein de larmes, Et le plus plein de guerre et le plus plein dâalarmes, Et le plus plein de mort au seuil de cette plaine. Et pour le plus gonflĂ© du plus ancien sanglot, Et pour le plus vidĂ© de la vieille amertume, Et pour le plus lavĂ© de la plus basse Ă©cume, Et pour le plus gorgĂ© du plus antique flot. Et pour le plus pareil Ă cette lourde grappe, Et pour le plus astreint aux treilles de ce mur, Et pour le plus contraint comme pour le plus sĂ»r, Et pour le plus pareil Ă ce pli de la nappe. Et nul ne passera dans cette certitude, Pour lâamer souvenir et le regret plus doux, Et le morne avenir et lâĂ©ternel remous Des vagues de silence et de sollicitude. Et nul ne franchira le seuil de cette tombe, Pour un culte Ă©ternel encor que pĂ©rissable, Et le profond remous de ces vagues de sable OĂč le pied du silence Ă chaque pas retombe, Qui ne soit inclinĂ© vers vos sacrĂ©s genoux Et ne soit sous vos pieds comme un chemin de feuille, Et ne consente et laisse et ne prĂ©tende et veuille, De lâĂ©paisseur dâun monde ĂȘtre aimĂ© moins que vous. 1913
Surce journal intime qui a tendance à voir la vie en rose, il est des jours, comme aujourd'hui, que je dois marquer d'une croix par ce texte de Charles Péguy que nous avons entendu, Mamie et moi, au cimetiÚre de DraveilCharles Péguy faisait dire à la défunte : "La mort n'est rien. Je suis simplement passé dans la piÚce à cÎté.
ï»żBibliothĂšque publique dâinformation â notre rĂ©ponse du 10/21/2005. ActualisĂ©e le 26/04/2021 © via WikimĂ©dia Commons Charles PĂ©guy 1873 â 1914 Ă©tait un poĂšte français du XXĂšme siĂšcle. Son Ćuvre, multiple, comprend des piĂšces de théùtre en vers libres, comme Le Porche du MystĂšre de la deuxiĂšme vertu 1912, et des recueils poĂ©tiques en vers rĂ©guliers, comme La Tapisserie de Notre-Dame 1913, dâinspiration mystique, et Ă©voquant notamment Jeanne dâArc,Parmi ces Ă©crits, Charles PĂ©guy y aurait-il Ă©crit la mort nâest rien ; je suis seulement passĂ© dans la piĂšce Ă cĂŽtĂ© ? Sur le site créé par LâAmitiĂ© Charles PĂ©guy, afin de faire redĂ©couvrir cet Ă©crivain, mentionne dans un article que le poĂšme La mort nâest rien », souvent attribuĂ© Ă Charles PĂ©guy nâa en fait pas Ă©tĂ© Ă©crit par ce dernier. Extrait Le texte intitulĂ© La mort nâest rien » est souvent lu lors dâobsĂšques. CâĂ©tait ainsi le cas lors des funĂ©railles de la comĂ©dienne Annie Girardot, le 4 mars. La plupart des gens pensent que ce texte a Ă©tĂ© Ă©crit par Charles PĂ©guy, ce qui nâest en fait pas le cas ». Charles PĂ©guy nâaurait donc pas Ă©crit La mort nâest rien ; je suis seulement passĂ© dans la piĂšce Ă cĂŽtĂ©. ».Extrait En tout Ă©tat de cause, Charles PĂ©guy nâest pas lâauteur de ce texte. En serait-il un simple traducteur » comme on peut le lire sur certains forums ? Impossible, PĂ©guy nâĂ©tait pas Ă Londres le 15 mai 1910 lorsque ces mots Death is nothing at all » ont Ă©tĂ© prononcĂ©s. Par ailleurs, il est mort en 1914, alors que le texte nâa Ă©tĂ© publiĂ© pour la premiĂšre fois quâen 1919, dans un ouvrage appelĂ© Facts of the Faith aux Ă©ditions Longmans, Green & Co Ă Londres, comme nous lâa confirmĂ© Joseph Wisdom, actuel responsable de la bibliothĂšque de la CathĂ©drale St Paul. » VĂ©ritable auteur de ce vers Henry Scott Holland thĂ©ologien, Ă©crivain et chanoine britannique, prononce ces mots extraits de son sermon Death the King of Terror, le 15 mais 1910, Ă la cathĂ©drale Saint-Paul de Londres 9 jours aprĂšs le dĂ©cĂšs du roi Ădouard Blog, Princes et princesses dâEurope Biographies de Charles PĂ©guy PoĂšte et penseur engagĂ© de son Ă©poque, il est un des auteurs majeurs du XXĂšme siĂšcle. Pourtant, son hĂ©ritage intellectuel est aujourdâhui souvent mĂ©connu. Le but de ce site, créé par lâAmitiĂ© Charles PĂ©guy, est prĂ©cisĂ©ment de faire redĂ©couvrir cet Ă©crivain et de prouver â avec vous et grĂące Ă vos contributions â quâil nâappartient pas au passĂ©. »Biographie CHARLES PEGUY 1873-1914 via le site de LâAmitiĂ© Charles PĂ©guy. Charles PĂ©guyMichel LeplayDesclĂ©e De Brouwer, Dans cette biographie, Michel Leplay, pasteur, tente de cerner la vĂ©ritĂ© de cet Ă©crivain, philosophe et poĂšte. Trois aspects sont particuliĂšrement dĂ©veloppĂ©s lâengagement politique de PĂ©guy, notamment sa mystique dreyfusarde et socialiste ; sa conversion religieuse atypique et la polĂ©mique quâelle allait susciter ; lâhomme dâĂ©criture enfin, auteur dâune oeuvre foisonnante et complexe. » Charles PĂ©guyLes Editions du Cerf, A lâoccasion du centenaire de la mort de lâhomme de lettres, des spĂ©cialistes de C. PĂ©guy 1873-1914 reviennent sur sa vie, sa pensĂ©e et ses engagements.» Charles PĂ©guy biographieMarc Tardieu, Biographie en trois dimensions quotidienne, historique et intĂ©rieure, de cet auteur inclassable, hantĂ© par le spirituel et le socialisme. » Pour aller plus loin⊠LâhĂ©ritage de lâĆuvre de Charles PĂ©guy est mĂ©connu. Pour faire redĂ©couvrir ses poĂšmes, lâAmitiĂ© Charles PĂ©guy lui ont consacrĂ© un site retraçant sa biographie et son parcours littĂ©raire. Il est Ă©galement possible de consulter des vidĂ©os sur le mĂȘme sujet depuis leur chaĂźne Charles PĂ©guy est nĂ© le 7 janvier 1873 Ă OrlĂ©ans. Il est le premier et lâunique enfant dâune famille dâartisans modestes. Sa mĂšre et sa grand-mĂšre maternelle sont rempailleuses de chaise ; son pĂšre, ouvrier menuisier, a laissĂ© sa santĂ© sur les barricades de 1870. Il meurt alors que Charles nâa que dix mois. Les deux femmes entre lesquelles grandit le petit garçon sâactivent du matin au soir afin de gagner lâargent nĂ©cessaire aux besoins du foyer. » EurĂȘkoi â BibliothĂšque publique dâinformation.
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