T. LOBSANG RAMPA LE SAGE DU TIBET Titre original Tibetan Sage Ădition 22/04/2020 Le Sage du Tibet â Initialement publiĂ© en 1980 Le dernier livre du Dr Rampa. Les souvenirs de ses expĂ©riences vĂ©cues avec son guide dans le Temple IntĂ©rieurâ de la Caverne des Anciensâ. Comment le monde a commencĂ© avec le big-bang et ce qu'Ă©tait le big-bang, nous en donnant de plus amples explications. Il nous informe Ă©galement sur le fait que le pĂ©trole provient d'une autre planĂšte â contrairement Ă la croyance populaire selon laquelle il s'agit d'un combustible fossile â et qu'il est la cause de nombreux cancers d'aujourd'hui. Ce sont les derniers mots de Lobsang avant de quitter Ă jamais cette Terre en janvier 1981. Mieux vaut allumer une chandelle que maudire l'obscuritĂ©. Le blason est ceint d'un chapelet tibĂ©tain composĂ© de cent huit grains symbolisant les cent huit livres des Ăcritures TibĂ©taines. En blason personnel, on voit deux chats Siamois rampants debout sur leurs pattes de derriĂšre, le terme rampantâ Ă©tant ici un adjectif propre Ă l'hĂ©raldique, c'est-Ă -dire, aux blasons â NdT Note de la Traductrice tenant une chandelle allumĂ©e. Dans la partie supĂ©rieure de l'Ă©cu, Ă gauche, on voit le Potala ; Ă droite, un moulin Ă priĂšres en train de tourner, comme en tĂ©moigne le petit poids qui se trouve au-dessus de l'objet. Dans la partie infĂ©rieure de l'Ă©cu, Ă gauche, des livres symbolisent les talents d'Ă©crivain et de conteur de l'auteur, tandis qu'Ă droite, dans la mĂȘme partie, une boule de cristal symbolise les sciences Ă©sotĂ©riques. Sous l'Ă©cu, on peut lire la devise de T. Lobsang Rampa I lit a candleâ c'est-Ă -dire J'ai allumĂ© une chandelleâ. DĂ©diĂ© Ă ma trĂšs bonne amie Gertrud Heals Table des matiĂšres Table des matiĂšres Avertissement Chapitre Un Chapitre Deux Chapitre Trois Chapitre Quatre Chapitre Cinq Chapitre Six Chapitre Sept Chapitre Huit Chapitre Neuf Ăpilogue Avertissement Lorsque j'ai Ă©crit dans Le TroisiĂšme Ćilâ, il y a quelques annĂ©es, que j'avais volĂ© en cerf-volant, mes propos ont Ă©tĂ© accueillis par des huĂ©es et des moqueries comme si j'avais commis le plus grand des dĂ©lits. Et aujourd'hui le vol en cerf-volant est pratique courante. On peut voir des cerfs-volants tirĂ©s par des hors-bords s'Ă©lever trĂšs haut dans le ciel, et d'autres bel et bien pilotĂ©sâ par un homme Ă bord. Celui-ci doit, dans un premier temps, se tenir au bord d'une falaise ou sur n'importe quel promontoire assez haut, puis se lancer dans le vide sur son appareil qui, vĂ©ritablement, le porte. Personne aujourd'hui ne daigne reconnaĂźtre que Lobsang Rampa avait dit juste, et pourtant ils ont Ă©tĂ© nombreux Ă se moquer lorsque, pour la premiĂšre fois, j'ai parlĂ© de vol en cerf-volant. Beaucoup de choses qui, il y a seulement quelques annĂ©es, semblaient relever de la science-fictionâ sont devenues des faits quasi quotidiens. Un satellite dans l'espace, et nous pouvons capter Ă Londres les programmes de tĂ©lĂ©vision venant des Ătats-Unis ou du Japon. Et cela, je l'avais prĂ©dit. Nous avons vu aussi un homme, ou plutĂŽt des hommes, marcher sur la Lune. Tous mes livres ont dit vrai et cette confirmation de mes Ă©crits ne va d'ailleurs qu'en s'amplifiant. Le prĂ©sent ouvrage n'est pas un roman. Ce n'est pas non plus un livre de science-fiction. C'est le compte rendu pur et simple de ce qui m'est rĂ©ellement arrivĂ© et je rĂ©pĂšte que l'auteur se fait un devoir de ne prendre aucune libertĂ© quant Ă la vĂ©racitĂ© des faits. Je dis que ce livre est vrai, mais certains peut-ĂȘtre s'obstineront Ă n'y voir que de la science-fiction ou quelque chose de similaire. Chacun est libre, bien sĂ»r, d'en penser ce qu'il veut, libre aussi d'en rire. Mais peut-ĂȘtre qu'une fois le livre fermĂ© un Ă©vĂ©nement se produira qui viendra confirmer mes dires. Je tiens Ă signaler toutefois que je ne rĂ©pondrai Ă aucune question concernant ce livre ; le courrier volumineux que j'ai reçu concernant mes prĂ©cĂ©dents ouvrages, sans que mes correspondants ne pensent Ă joindre un timbre pour la rĂ©ponse, m'a dĂ©cidĂ© Ă prendre pareille mesure. Parfois il m'a coĂ»tĂ© davantage pour rĂ©pondre Ă un lecteur que celui-ci n'a dĂ» payer pour obtenir mon livre. Bref, voici de nouveaux Ă©crits ; je souhaite qu'ils vous plaisent et que vous les jugiez crĂ©dibles ; je me permets d'ajouter, toutefois, que si cela n'est pas le cas, peut-ĂȘtre est-ce parce que vous n'avez pas encore atteint un degrĂ© d'Ă©volution suffisant. Chapitre Un â Lobsang ! LOBSANG !! J'avais l'impression trĂšs vague d'Ă©merger d'un profond sommeil dans lequel m'aurait plongĂ© une immense fatigue. La journĂ©e avait Ă©tĂ© trĂšs rude, mais voilĂ qu'on m'appelait. Ă nouveau la voix fit irruption â Lobsang ! Mais je sentis soudainement un tumulte autour de moi ; j'ouvris les yeux et pensai que la montagne me tombait dessus. C'est alors qu'une main se tendit qui, d'un mouvement sec, me souleva de mon lieu de repos pour me mettre vivement Ă l'Ă©cart. Il Ă©tait temps Ă peine avait-elle accompli ce geste qu'un Ă©norme rocher aux arĂȘtes tranchantes s'Ă©croulait juste derriĂšre moi et dĂ©chirait ma robe. Tant bien que mal je me levai et, encore tout abasourdi, suivis mon compagnon jusque sur une petite corniche au bout de laquelle se trouvait un trĂšs petit ermitage. Autour de nous ce n'Ă©tait que neige et rochers dĂ©gringolant. Soudain nous aperçûmes la silhouette courbĂ©e du vieil ermite qui courait Ă notre rencontre du mieux qu'il pouvait. Mais une Ă©norme masse de rochers se mit alors Ă dĂ©valer la pente, emportant avec elle l'ermite, l'ermitage et la pointe rocheuse qui lui servait de support. Celle-ci avait environ deux cents pieds 61 m de long ; elle n'en fut pas moins balayĂ©e comme une simple feuille morte dans un coup de vent. Mon Guide, le Lama Mingyar Dondup, me tenait fermement par les Ă©paules. Autour de nous c'Ă©tait l'obscuritĂ© totale ; aucune Ă©toile ne scintillait et, venant des maisons de Lhassa, pas la moindre lueur vacillante d'une chandelle. Tout n'Ă©tait que tĂ©nĂšbres. Brusquement surgit devant nous un amas de rocs, de sable, de neige et de glace. La corniche sur laquelle nous nous tenions si prĂ©cairement bascula sur la montagne, et nous nous sentĂźmes glisser, glisser, nous eĂ»mes l'impression de glisser Ă tout jamais sans le moindre recours. Cette glissade prit fin cependant dans une violente secousse. Sans doute avais-je perdu connaissance car, lorsque je retrouvai mes esprits, j'Ă©tais en train de me remĂ©morer les circonstances qui avaient Ă©tĂ© Ă l'origine de ce voyage jusqu'Ă cet ermitage lointain... Au Potala, nous Ă©tions en train de nous divertir avec le tĂ©lescope qu'un gentleman anglais avait offert au DalaĂŻ-Lama en signe d'amitiĂ© lorsque, tout Ă coup, je repĂ©rai Ă flanc de montagne, en un point trĂšs Ă©levĂ©, des drapeaux de priĂšres que l'on agitait ; les mouvements semblaient se faire selon un code, aussi je passai trĂšs vite l'appareil Ă mon Guide, en lui indiquant la direction. Le tĂ©lescope fermement appuyĂ© contre le mur d'enceinte, Ă l'endroit le plus Ă©levĂ© du Potala, mon Guide resta lĂ un bon moment Ă scruter, puis dĂ©clara â L'ermite a besoin d'aide. Il est malade. Il faut avertir l'AbbĂ© et lui dire que nous sommes prĂȘts Ă y aller. Il rangea brusquement le tĂ©lescope et me le tendit pour que je le rapporte dans la piĂšce oĂč le DalaĂŻ-Lama gardait les cadeaux exceptionnels. Je courus avec le prĂ©cieux objet, prenant garde de ne pas trĂ©bucher pour ne pas le laisser tomber. C'Ă©tait le premier tĂ©lescope que je voyais. Je sortis ensuite pour remplir mon sac d'orge, vĂ©rifier mon approvisionnement d'amadou, puis j'attendis le Lama Mingyar Dondup. Il apparut bientĂŽt portant deux baluchons, l'un trĂšs lourd qu'il avait dĂ©jĂ sur ses Ă©paules, et un autre plus lĂ©ger qu'il installa sur les miennes. â Nous irons Ă cheval jusqu'au pied de la montagne, dit-il, puis nous renverrons les chevaux et il nous faudra grimper â grimper. La montĂ©e sera trĂšs dure, aussi ; je l'ai dĂ©jĂ faite. Chacun ayant enfourchĂ© sa monture, nous descendĂźmes les marches jusqu'Ă la Route de l'Anneau qui entoure Lhassa. Ă l'endroit oĂč elle bifurque, je ne pus m'empĂȘcher, comme je le faisais toujours, de jeter un coup d'Ćil furtif vers la gauche Ă la maison oĂč j'Ă©tais nĂ©. Mais ce n'Ă©tait pas le moment de s'attendrir, nous Ă©tions en mission. Les chevaux commencĂšrent Ă peiner, Ă haleter et Ă s'Ă©brouer. L'ascension Ă©tait devenue trop pĂ©nible pour eux, leurs sabots ne faisaient que glisser sur les rochers. â Eh bien, Lobsang, les chevaux doivent s'arrĂȘter lĂ , dit finalement le Lama Mingyar Dondup en poussant un soupir. Ă partir de maintenant nous ne pouvons compter que sur nos pauvres pieds. Nous descendĂźmes donc de cheval et, en les flattant de la main, le Lama dit aux bĂȘtes de rentrer. Elles firent demi-tour et reprirent le sentier par lequel nous Ă©tions venus, ragaillardies, semblait-il, Ă l'idĂ©e de rentrer sans avoir Ă finir cette pĂ©nible montĂ©e. AprĂšs avoir rĂ©organisĂ© nos baluchons et vĂ©rifiĂ© si nos lourds bĂątons Ă©taient en parfait Ă©tat â toute fissure ou dĂ©faut pouvant ĂȘtre fatals â nous passĂąmes Ă l'inspection des autres objets ; nous avions bien notre silex et l'amadou ainsi que nos provisions. Nous pouvions donc partir. Sans mĂȘme un regard en arriĂšre, l'ascension commença. Les roches que difficilement nous escaladions Ă©taient aussi dures et aussi glissantes que du verre. Sans souci pour nos mains et nos tibias que nous Ă©corchions sur la paroi, nous cherchions la moindre fissure oĂč insĂ©rer les doigts et les orteils, et grĂące Ă ces appuis prĂ©caires, lentement, nous progressĂąmes. Nous atteignĂźmes enfin une petite plate-forme sur laquelle nous nous hissĂąmes pour reprendre haleine et retrouver quelque Ă©nergie. Un filet d'eau qui s'Ă©chappait d'une fente rocheuse nous permit de nous dĂ©saltĂ©rer et de faire de la tsampa. Elle ne fut pas trĂšs bonne, car l'eau Ă©tait glacĂ©e et l'espace restreint ne permettait pas de faire du feu. Mais le fait de boire et de manger nous revigora, et nous envisageĂąmes ensuite la possibilitĂ© de continuer notre ascension. La paroi Ă©tait tout Ă fait lisse et il semblait impossible que quelqu'un ait pu jamais l'escalader. Nous l'attaquĂąmes cependant, comme d'autres avant nous l'avaient fait. Nous grimpĂąmes pouce par pouce cm et, petit Ă petit, grandit le point minuscule vers lequel nous tendions. Nous pĂ»mes bientĂŽt distinguer chacun des rochers qui constituaient l'ermitage. Celui-ci Ă©tait perchĂ© Ă l'extrĂȘme pointe d'un Ă©peron rocheux qui surplombait la pente. En poursuivant notre escalade, nous rĂ©ussĂźmes Ă nous glisser dessous, puis, faisant un immense effort nous nous hissĂąmes dessus. Une fois lĂ , nous prĂźmes le temps de souffler ; nous Ă©tions dĂ©jĂ trĂšs haut par rapport Ă la Plaine de Lhassa, l'oxygĂšne commençait Ă nous manquer et il faisait trĂšs froid. Lorsque nous fĂ»mes en Ă©tat de repartir, nous nous frayĂąmes un chemin beaucoup plus facilement jusqu'Ă l'entrĂ©e de l'ermitage. Le vieil ermite Ă©tait sur le seuil. Je jetai un coup d'Ćil Ă l'intĂ©rieur et fus frappĂ© par l'exiguĂŻtĂ© de la piĂšce. De toute Ă©vidence il Ă©tait impossible d'y pĂ©nĂ©trer Ă trois, et je me rĂ©signai Ă rester Ă l'extĂ©rieur. Le Lama Mingyar Dondup me fit un signe d'approbation et je m'Ă©loignai tandis que la porte se refermait derriĂšre lui. La Nature a ses lois qu'il faut respecter en tout et partout, et c'est pour rĂ©pondre Ă l'une de ses exigences qu'il me fallut trĂšs vite chercher un endroit pouvant faire office de lieux d'aisanceâ. Je le trouvai au bord de l'Ă©peron rocheux sous la forme d'une roche plate qui s'avançait dans le vide et qui comportait en son milieu un orifice trĂšs pratique ; il Ă©tait sans doute artificiel, ou peut-ĂȘtre naturel mais Ă©largi par quelqu'un. En m'accroupissant au-dessus j'eus aussitĂŽt l'explication d'un mystĂšre qui m'avait intriguĂ© en montant. Nous Ă©tions passĂ©s prĂšs d'un monticule Ă l'aspect quelque peu singulier qu'ornaient ce qui semblait ĂȘtre des tessons de glace jaunĂątres dont certains avaient une forme allongĂ©e. Je venais de comprendre que cet amoncellement bizarre n'Ă©tait que la preuve que des hommes avaient vĂ©cu dans l'ermitage depuis un certain temps, et c'est avec entrain que j'ajoutai ma propre contribution. Une fois ce besoin satisfait, je me promenai dans les environs et trouvai la roche excessivement glissante. Je suivis nĂ©anmoins le sentier et arrivai Ă ce qui Ă©tait de toute Ă©vidence une roche amovible. Elle formait une saillie et je me demandai, sans plus d'intĂ©rĂȘt, Ă quoi pouvait servir cette saillie de roche dans cette position particuliĂšre. Ătant curieux, j'examinai la roche avec le plus grand soin, mon intĂ©rĂȘt allant grandissant parce qu'elle Ă©tait manifestement artificielle, et pourtant, comment aurait-elle pu ĂȘtre faite de main d'homme ? Elle se trouvait dans une position si bizarre. Je donnai un coup de pied au hasard dans le roc, mais ayant oubliĂ© que j'Ă©tais pieds nus, je dus pendant un moment frotter mon pied endolori. Puis tournant le dos Ă l'avancĂ©e, j'inspectai l'autre bord et me trouvai ainsi du cĂŽtĂ© de la pente par laquelle nous Ă©tions montĂ©s. Que nous ayons pu escalader cette paroi semblait incroyable tant elle Ă©tait vertigineuse. D'en haut, cette surface ressemblait Ă une plaque de marbre poli, et penser qu'il nous faudrait bientĂŽt redescendre par la mĂȘme voie me donnait la nausĂ©e... Je repris brusquement conscience de ma prĂ©sente situation en voulant prendre ma boĂźte d'amadou et mon silex je me trouvais quelque part Ă l'intĂ©rieur d'une montagne, sans le moindre vĂȘtement pour me vĂȘtir, sans le moindre grain d'orge pour me nourrir, sans bol, sans amadou et sans silex. Je dus alors Ă©mettre une quelconque exclamation d'essence non bouddhique, car j'entendis un murmure â Lobsang, Lobsang, est-ce que ça va ? Ah ! Mon Guide, le Lama Mingyar Dondup Ă©tait avec moi. Je me sentis immĂ©diatement rassurĂ©. â Oui je suis ici, rĂ©pondis-je, je pense que j'ai Ă©tĂ© assommĂ© en tombant et je n'ai plus ma robe ni tout ce qu'elle contenait, et je n'ai pas la moindre idĂ©e de l'endroit oĂč nous sommes, pas plus que je ne sais comment en sortir. Il nous faut de la lumiĂšre. Le Lama, dont les jambes Ă©taient coincĂ©es sous un gros rocher, rĂ©pliqua â Je connais parfaitement bien ce passage. Le vieil ermite Ă©tait le gardien des grands secrets du passĂ© et de l'avenir. Ici se trouve l'histoire du monde depuis le moment oĂč il a commencĂ© jusqu'Ă celui oĂč il finira. Il fit une pause, puis ajouta â Si tu passes la main sur la paroi de gauche tu vas bientĂŽt sentir une arĂȘte. En poussant trĂšs fort Ă cet endroit, elle devrait basculer et tu auras ainsi accĂšs Ă une grande cavitĂ© dans laquelle tu trouveras des robes de rechange et une ample provision d'orge. La premiĂšre chose que tu dois faire c'est d'ouvrir le placard et tĂąter pour y trouver de l'amadou, un silex et des chandelles. Tu les trouveras sur la troisiĂšme Ă©tagĂšre en partant du bas. Avec de la lumiĂšre, nous serons en mesure de nous entraider. Tout d'abord, je regardai la paroi de gauche comme me l'avait indiquĂ© le Lama, puis tĂątai le mur du passage, mais ma quĂȘte me semblait vaine tant celui-ci me paraissait lisse comme s'il eĂ»t Ă©tĂ© fait par des mains humaines. J'allais abandonner quand tout Ă coup je sentis un morceau de roche pointue. En fait, je m'y frappai violemment les jointures et y laissai des lambeaux de peau, mais je poussai et poussai, persuadĂ© que je n'y arriverais jamais. Enfin, mes efforts furent rĂ©compensĂ©s et la roche bascula sur elle-mĂȘme en un grincement effrayant. Oui, il y avait en effet un placard et je pouvais tĂątonner les Ă©tagĂšres. AprĂšs avoir repĂ©rĂ© la troisiĂšme Ă partir du bas, j'y trouvai des lampes Ă beurre et je localisai le silex et l'amadou. L'amadou Ă©tait d'une qualitĂ© exceptionnelle ; il n'Ă©tait pas du tout humide et s'enflamma sur le champ. Je m'empressai d'allumer une chandelle, car je commençais Ă me brĂ»ler les doigts. â Allumes-en deux, Lobsang, une pour toi et une pour moi. Il y en a tout un stock, nous en aurions mĂȘme suffisamment pour tenir une semaine, si nĂ©cessaire. Le Lama se tenant silencieux, je cherchai Ă voir ce qu'il y avait dans ce placard que nous pourrions utiliser, et j'y vis une barre de mĂ©tal qui paraissait en fer et que je pouvais Ă peine soulever. Mais je voulais m'en servir comme levier pour dĂ©gager les jambes de mon compagnon qui Ă©taient prises sous un rocher. M'Ă©clairant d'une bougie, j'allai informer le Lama de mon intention, puis je revins m'occuper de cette barre. C'Ă©tait le seul moyen pensais-je, de libĂ©rer mon Guide et ami de la poigne de ce rocher. Je posai la barre au pied du bloc de pierre et, Ă quatre pattes devant, cherchai un moyen de le soulever. Il y avait une quantitĂ© de roches tout autour, mais je doutais de ma propre force, parvenant dĂ©jĂ Ă peine Ă soulever cette barre, mais je finis par Ă©laborer un plan d'action si je donnais au Lama l'un des bĂątons, peut-ĂȘtre pourrait-il pousser une pierre sous le rocher au moment oĂč je soulĂšverais celui-ci, en admettant que j'y parvienne ! Il approuva mon idĂ©e. â Câest la seule chose que nous pouvons faire, Lobsang, parce que si je ne peux me libĂ©rer de ce rocher, mes os vont y rester. Allons, commençons. Je repĂ©rai donc une grosse pierre de forme assez carrĂ©e d'environ quatre mains d'Ă©paisseur, l'apportai au pied du rocher et l'appuyai contre lui, puis je donnai un solide bĂąton de bois au Lama pour qu'il contribue Ă la manĆuvre. Nous pensions que si j'arrivais Ă soulever un tant soit peu le rocher, il pourrait pousser la pierre carrĂ©e dessous et crĂ©er ainsi assez d'espace pour sortir ses jambes. Je cherchai l'endroit le plus propice pour y insĂ©rer la barre et enfonçai cette derniĂšre par l'extrĂ©mitĂ© qui portait une griffe, aussi profondĂ©ment que possible, entre le sol et la base du bloc. Il me fut ensuite facile de trouver et placer une autre grosse pierre aussi prĂšs que possible de la griffe. â PrĂȘt ? hurlai-je, me stupĂ©fiant presque moi-mĂȘme de ma force, appuyant de tout mon poids sur la barre de fer, mais sans rĂ©sultat. Je n'Ă©tais pas assez lourd. Je me reposai un moment, puis chercher autour de moi la pierre la plus lourde que je pourrais soulever. J'en repĂ©rai une et la traĂźnai jusqu'Ă la barre de fer. Il me fallut ensuite la poser en Ă©quilibre sur celle-ci et Ă nouveau m'appuyer de tout mon poids par-dessus, tout en l'empĂȘchant de tomber. Ă ma grande joie, tout Ă coup, je sentis un tressaillement dans la barre qui bientĂŽt bascula vers le sol. â Tout va bien, Lobsang, s'Ă©cria le Lama Mingyar Dondup. Tu peux relĂącher la barre maintenant ; j'ai pu mettre le bloc de pierre sous le rocher. Nous allons pouvoir retirer mes jambes. Au comble de la joie je retournai de l'autre cĂŽtĂ© du rocher et, oui, les jambes du Lama Ă©taient dĂ©gagĂ©es, mais elles Ă©taient Ă vif et saignaient, et nous avions peur qu'elles soient facturĂ©es. TrĂšs, trĂšs dĂ©licatement, je l'aidai Ă les mouvoir et comme il pouvait les bouger, je me glissai sous le rocher pour atteindre ses pieds encore retenus dessous. Je lui suggĂ©rai alors de se soulever sur les coudes en essayant de reculer tandis que je poussais sur la plante de ses pieds. J'opĂ©rai trĂšs dĂ©licatement et, de toute Ă©vidence, mĂȘme si les blessures paraissaient trĂšs sĂ©rieuses, les os n'Ă©taient pas fracturĂ©s. Le Lama continuait d'essayer de se sortir de dessous le rocher. C'Ă©tait trĂšs difficile et je devais pousser sur ses pieds de toutes mes forces tout en appliquant une lĂ©gĂšre torsion sur ses jambes pour Ă©viter un affleurement de pierre sous le rocher. Je pensai alors que c'Ă©tait sans doute Ă cet affleurement que le Lama devait de n'avoir pas eu les jambes broyĂ©es, mais il n'en continuait pas moins Ă nous donner des problĂšmes. Finalement, avec plus qu'un soupir de soulagement, ses jambes furent dĂ©gagĂ©es et je sortis en rampant de dessous le rocher pour l'aider Ă s'asseoir sur un rebord de roche. Comme deux petites bougies ne nous Ă©clairaient pas suffisamment, je retournai Ă la niche de pierre et revins avec une demi-douzaine de plus et une sorte de panier pour les transporter. Ă la lumiĂšre toutes les bougies nous pĂ»mes examiner trĂšs soigneusement ses jambes elles Ă©taient littĂ©ralement en lambeaux. Des cuisses aux genoux elles Ă©taient complĂštement Ă vif, et des genoux jusqu'aux pieds les chairs pendaient parce qu'elles se trouvaient coupĂ©es en laniĂšres. Le Lama me dit de retourner pour rapporter des chiffons qui Ă©taient dans une boĂźte, et aussi un pot contenant une certaine pĂąte. Il me la dĂ©crivit exactement, et je partis chercher le pot, les chiffons, et quelques autres objets. Le Lama Mingyar Dondup s'Ă©gaya considĂ©rablement en voyant que j'avais rapportĂ© Ă©galement une lotion dĂ©sinfectante. Je nettoyai toute la surface de ses jambes Ă partir des hanches, et sur ses indications, replaçai les chairs meurtries en couvrant les os qui Ă©taient devenus trĂšs, trĂšs apparents, les couvrant avec la chair que je collaiâ en place avec l'onguent que j'avais rapportĂ©. Au bout d'environ une demi-heure, celui-ci Ă©tait presque sec et les jambes semblaient enfermĂ©es dans de fermes moulages. Je dĂ©chirai des chiffons en bandes et les enroulai tout autour de ses jambes pour aider le plĂątreâ Ă tenir en place. Puis j'allai remettre sur les Ă©tagĂšres tous les objets que j'avais empruntĂ©s, sauf les chandelles, huit en tout. Nous en Ă©teignĂźmes six et les transportĂąmes dans nos robes. Ramassant nos deux bĂątons de bois, je les donnai au Lama qui m'en sut grĂ©. Puis je lui dis â Je vais aller de l'autre cĂŽtĂ© du rocher et je devrais ĂȘtre en mesure de voir comment nous allons rĂ©ussir Ă vous sortir d'ici. Il me sourit et me rassura â Je connais parfaitement bien cet endroit, Lobsang, il existe depuis environ un million d'annĂ©es et a Ă©tĂ© créé par les gens qui ont tout d'abord peuplĂ© ce pays qui est le nĂŽtre. Ă condition qu'aucune roche ne se soit effondrĂ©e en obstruant la voie, nous pouvons rester ici une semaine ou deux en toute sĂ©curitĂ©. Il hocha la tĂȘte en direction du monde extĂ©rieur, et ajouta â Je ne pense pas que nous pourrons repartir de ce cĂŽtĂ©, et si nous ne pouvons sortir par l'un des orifices volcaniques, peut-ĂȘtre serons-nous dĂ©couverts dans un millier d'annĂ©es par des explorateurs qui trouveront alors deux intĂ©ressants squelettes sur lesquelles se pencher. J'avançai, avec d'un cĂŽtĂ© le formidable tunnel et de l'autre le rocher, mais le passage Ă©tait tellement Ă©troit que je me demandai comment le Lama allait pouvoir le traverser. Qui veut peutâ, me dis-je, et j'en vins Ă la conclusion que si je m'accroupissais au bas du rocher, le Lama pourrait monter sur mon dos et se trouver ainsi plus haut de sorte que ses hanches et ses jambes arrivent Ă passer le plus gros renflement du rocher. Quand je lui soumis mon idĂ©e, il fut extrĂȘmement rĂ©ticent sachant qu'il Ă©tait beaucoup trop lourd pour moi, mais aprĂšs plusieurs tentatives douloureuses, il arriva Ă la conclusion qu'il n'y avait tout simplement pas d'autre façon. J'empilai alors quelques galets pour me faire un coussin aussi plat que possible, puis je me mis Ă quatre pattes en disant au Lama que j'Ă©tais prĂȘt. Prestement il posa un pied sur ma hanche droite et l'autre sur mon Ă©paule gauche, et d'un rapide mouvement, il passa â il franchit le rocher et se retrouva de l'autre cĂŽtĂ© en terrain dĂ©gagĂ©. Je me redressai et vis qu'il Ă©tait en sueur, tant il avait souffert et avait craint de me faire mal. Nous nous assĂźmes un moment pour reprendre notre souffle et rĂ©cupĂ©rer nos forces. Nous ne pouvions pas prĂ©parer de tsampa puisque nous avions perdu nos bols, de mĂȘme que notre orge, mais je me rappelai en avoir vu dans la niche de pierre et, une fois de plus, j'y retournai. Je fouillai parmi les bols en bois et en choisis deux, rĂ©servant le plus beau pour mon Guide. Je les nettoyai avec du sable fin qui abondait dans ce tunnel. Je plaçai les deux bols cĂŽte Ă cĂŽte sur une Ă©tagĂšre, puis les remplis d'une bonne quantitĂ© d'orge entreposĂ©e dans la niche. Il me fallait encore faire du feu, mais c'Ă©tait un jeu d'enfant puisque ce placard renfermait tout ce dont j'avais besoin amadou, silex et bois de chauffage. Ă l'aide d'un gros morceau de beurre que j'y trouvai tout autant, je pus faire cette bouillie consistante que nous appelons tsampaâ. Revenant auprĂšs de mon Guide, nous nous installĂąmes sans mot dire pour la manger. Peu aprĂšs, nous nous sentĂźmes tous deux beaucoup mieux et capables de continuer. Je vĂ©rifiai nos provisions, maintenant reconstituĂ©es grĂące au dĂ©pĂŽt et, oui, nous avions un bol chacun, de l'amadou et un silex, un sac d'orge chacun, et c'Ă©tait vraiment tout ce que nous possĂ©dions en ce monde, Ă part les deux solides bĂątons de bois. Tout couverts de bleus et de meurtrissures, et aprĂšs une marche qui me parut durer des siĂšcles, nous arrivĂąmes devant une roche en plein milieu du chemin la fin du tunnel, pensai-je. Mais le Lama me dit â Non, non, ce n'est pas la fin ; si tu pousses au bas de cette grande dalle elle basculera en son milieu, et en nous penchant nous pourrons traverser. Je poussai le bas de la dalle et avec un grincement terrifiant elle bascula pour se mettre en position horizontale, puis resta dans cette position. Je la tins par mesure de prudence pendant que le Lama se glissait pĂ©niblement en dessous, puis je fis reprendre Ă la dalle sa position d'origine. La noirceur, une pĂ©nible noirceur que nos deux petites bougies vacillantes faisaient paraĂźtre encore plus noire. â Lobsang, Ă©teins ta bougie, me dit alors le Lama, j'Ă©teins la mienne aussi, et nous verrons la lumiĂšre du jour. La lumiĂšre du jour ! Je pensai qu'il Ă©tait victime d'une hallucination que j'attribuai Ă la fatigue et Ă la douleur. J'Ă©teignis nĂ©anmoins ma chandelle, et pendant un moment je pus sentir l'odeur de la mĂšche fumante qui avait Ă©tĂ© saturĂ©e de beurre rance. â Attendons quelques instants, me dit le Lama, et nous aurons toute la lumiĂšre dont nous avons besoin. Je me sentais parfaitement idiot, debout dans ce qui Ă©tait maintenant une obscuritĂ© totale, sans la moindre lueur venant d'oĂč que ce soit. J'aurais pu l'appeler une obscuritĂ© sonoreâ car elle semblait faite de boum, boum, boum, puis d'une contraction, mais cela sortit de mon esprit en voyant ce qui me parut ĂȘtre un lever de soleil. D'un cĂŽtĂ© de ce qui Ă©tait apparemment une piĂšce apparut une boule lumineuse. Elle Ă©tait rouge et avait l'aspect du mĂ©tal que l'on chauffe jusqu'Ă l'incandescence. Rapidement le rouge passa au jaune, puis au blanc, le blanc-bleutĂ© de la lumiĂšre du jour. BientĂŽt tout se dĂ©voila dans une saisissante rĂ©alitĂ©. Je restai lĂ , pantelant d'Ă©merveillement. La salle, ou quoi que ce fut, Ă©tait trĂšs vaste, si vaste qu'elle aurait pu contenir le Potala tout entier. La lumiĂšre Ă©tait brillante et j'Ă©tais presque hypnotisĂ© par les dĂ©corations sur les murs et par les choses Ă©tranges qui jonchaient le sol sans en gĂȘner le passage. â Un endroit prodigieux, n'est-ce pas, Lobsang ? Il date d'une Ă©poque beaucoup trop lointaine pour que l'esprit de l'Homme puisse la concevoir. C'Ă©tait ici le siĂšge d'une Race spĂ©ciale capable d'effectuer des voyages dans l'espace et quantitĂ© d'autres choses. Des millions d'annĂ©es ont passĂ© et tout est encore intact. Certains d'entre nous ont Ă©tĂ© nommĂ©s Gardiens du Temple IntĂ©rieur ; ceci est le Temple IntĂ©rieur. Je m'approchai pour examiner le mur le plus proche et il parut ĂȘtre couvert d'une quelconque sorte d'Ă©criture, une Ă©criture qui, je le sentis instinctivement, n'appartenait Ă aucune race de la Terre. Le Lama capta mes pensĂ©es par tĂ©lĂ©pathie et rĂ©pondit â Oui, ceci fut construit par la Race des Jardiniers qui ont amenĂ© humains et animaux sur ce monde. Il se tut, et me montra du doigt une boĂźte installĂ©e contre un mur un peu plus loin. â Peux-tu aller jusque-lĂ , me dit-il, et prendre deux bĂątons pourvus d'une piĂšce transversale au sommet ? ObĂ©issant, je me dirigeai vers le placard qu'il m'indiquait. La porte s'ouvrit facilement et je fus absolument fascinĂ© par son contenu. Il semblait rempli de choses Ă usage mĂ©dical. Dans un coin il y avait un certain nombre de ces bĂątons avec une traverse Ă une extrĂ©mitĂ©. J'en pris deux et je compris qu'ils devaient servir Ă soutenir un homme. Je ne savais pas ce qu'Ă©taient des bĂ©quilles Ă cette Ă©poque, mais j'en rapportai deux au Lama qui plaça les traverses sous ses aisselles tandis qu'il appuyait ses mains sur des tiges placĂ©es Ă mi-hauteur. â VoilĂ , Lobsang, me dit-il, ces choses aident les invalides Ă marcher. Maintenant je vais pouvoir aller moi-mĂȘme jusqu'Ă ce placard et me faire un plĂątre plus solide. Il me permettra de marcher plus facilement jusqu'Ă ce que les chairs se cicatrisent. Il se dirigea vers le placard, et comme j'Ă©tais d'un caractĂšre curieux, je le suivis. â Va chercher les bĂątons que nous avions, me dit-il, et nous les mettrons dans ce coin pour les avoir sous la main en cas de besoin. LĂ -dessus il me tourna le dos et se mit Ă fouiller dans le casier. Je me retournai Ă©galement et partis chercher nos bĂątons que je posai dans le coin de ce placard. â Lobsang, Lobsang, serais-tu capable de rapporter nos baluchons et la barre d'acier ici ? Elle n'est pas en fer comme tu le penses, mais en quelque chose de beaucoup plus dur et rĂ©sistant et qui s'appelle de l'acier. Je repartis donc et retournai Ă la dalle par laquelle nous Ă©tions entrĂ©s. Je poussai contre le sommet de la chose et elle bascula en position horizontale et immobile. La lumiĂšre Ă©tait une trĂšs rĂ©elle bĂ©nĂ©diction, car elle Ă©clairait tout le long du tunnel et je pouvais retracer mon chemin passĂ© celui-ci, jusque de l'autre cĂŽtĂ© du gros rocher qui nous avait causĂ© tant d'ennuis. Nos baluchons contenant toutes nos affaires Ă©taient de l'autre cĂŽtĂ©, et c'est avec difficultĂ© que je franchis le rocher et les y retrouvai. Ils me parurent extrĂȘmement lourds, mais sans doute cette impression Ă©tait-elle due au manque de nourriture et Ă l'Ă©tat de faiblesse qui en rĂ©sultait. Je pris d'abord les deux sacs et les apportai juste au bord du passage, puis revins chercher la barre d'acier. Je pouvais Ă peine lever la chose ; elle me faisait haleter et grogner comme un vieillard, ce qui fait que je laissai traĂźner un bout tout en m'accrochant Ă l'autre, et je m'aperçus qu'en marchant Ă reculons et tirant Ă deux mains, j'arrivais Ă la faire bouger. Il me fallut pas mal de temps pour lui faire passer le rocher, mais le reste du chemin se fit assez bien. Il me fallait maintenant pousser les baluchons sous la dalle et dans cette immense piĂšce, puis je me coltinai la barre d'acier en me disant que je n'avais jamais dĂ©placĂ© pareil poids de ma vie. Je la fis passer dans la piĂšce, puis abaissai la dalle qui servait de porte, de sorte que nous avions de nouveau un mur lisse, sans ouverture. Le Lama Mingyar Dondup n'avait pas perdu son temps. Ses deux jambes Ă©taient maintenant enrobĂ©es dans un mĂ©tal brillant, et il semblait de nouveau en parfaite santĂ©. â Lobsang, nous allons nous faire un repas avant de visiter ces lieux, parce que nous serons ici pendant environ une semaine. Pendant que tu ramenais ces choses â il dĂ©signa les baluchons et la barre d'acier â j'ai Ă©tĂ© en communication tĂ©lĂ©pathique avec un ami du Potala qui m'a dit qu'une terrible tempĂȘte faisait rage. Il m'a conseillĂ© de rester oĂč nous Ă©tions le temps qu'elle se calme. Les prophĂštes de la mĂ©tĂ©orologie affirment que la tempĂȘte durera environ une semaine. Je me sentis vraiment dĂ©primĂ© Ă cette nouvelle, parce que j'en avais assez de ce tunnel et mĂȘme cette salle ne soulevait pas beaucoup mon intĂ©rĂȘt. MalgrĂ© sa taille, elle provoquait chez moi une certaine claustrophobie qui peut paraĂźtre impossible, mais qui n'en Ă©tait pas moins rĂ©elle. Je me sentais comme un animal en cage. Toutefois, les affres de la faim Ă©taient plus fortes que toutes mes peurs, et j'observai avec plaisir le Lama prĂ©parer notre repas. Il le faisait mieux que quiconque, pensai-je, et c'Ă©tait si agrĂ©able de s'asseoir devant un repas chaud. Je pris une bouchĂ©e de l'aliment â un nom vraiment poli pour parler de la tsampa â et m'Ă©merveillai de sa saveur. Je la trouvai des plus agrĂ©ables et sentis que mes forces me revenaient et que mon humeur morose se dissipait. Lorsque j'eus avalĂ© ma ration, le Lama me demanda â En as-tu eu assez, Lobsang ? Tu peux en avoir autant que tu veux ; il y a beaucoup de nourriture ici, suffisamment, en fait, pour nourrir une petite lamaserie. Je t'en dirai davantage plus tard mais, pour le moment, en veux-tu d'autre ? â Oh oui ! merci, rĂ©pondis-je, je crois que j'ai encore un peu de place pour un supplĂ©ment de tsampa, et elle est tellement bonne. Jamais je ne l'ai trouvĂ©e aussi dĂ©licieuse. Le Lama eut un petit rire Ă©touffĂ© tandis qu'il allait remplir mon bol. Puis il revint en riant Ă gorge dĂ©ployĂ©e, tenant Ă la main une bouteille. â Regarde, Lobsang, me dit-il, c'est le meilleur cognac qui soit, gardĂ© entiĂšrement Ă des fins mĂ©dicales. Je pense que nous pouvons considĂ©rer notre captivitĂ© ici comme justifiant un peu de cognac pour donner quelque saveur Ă la tsampa. Je pris le bol qu'il me tendait et en apprĂ©ciai l'arĂŽme, mais en mĂȘme temps avec de sĂ©rieux doutes, car on m'avait toujours dit que ces breuvages alcoolisĂ©s Ă©taient l'Ćuvre des DĂ©mons, et maintenant on m'encourageait Ă y goĂ»ter. Peu importe, pensai-je, c'est bon quand on ne se sent pas trop d'aplomb. Je me mis Ă manger et en fis un beau gĂąchis. Nous n'avions que nos doigts, il faut dire, rien qui ressembla Ă un couteau, une fourchette ou une cuillĂšre, pas mĂȘme des baguettes, seulement nos doigts, et aprĂšs les repas nous nous lavions les mains avec du sable fin qui dĂ©collait la tsampa avec une merveilleuse efficacitĂ©, enlevant mĂȘme parfois un peu de peau si on y mettait trop d'Ă©nergie. J'Ă©tais donc en train de vider consciencieusement mon bol, utilisant non seulement mes doigts mais aussi toute la paume de ma main droite, lorsque, d'un seul coup, je tombai Ă la renverse. Je me plais Ă dire que j'Ă©tais bel et bien tombĂ© de fatigueâ, mais le Lama m'assura, comme il le dit plus tard en riant Ă l'AbbĂ©, que j'Ă©tais, en fait, ivre-mort. Ivre ou non, je dormis, dormis et dormis encore, et lorsque je m'Ă©veillai la merveilleuse lumiĂšre dorĂ©e illuminait toujours la piĂšce. Je portai mon regard vers ce qui devait ĂȘtre le plafond, mais il Ă©tait si loin qu'on pouvait Ă peine le distinguer. C'Ă©tait assurĂ©ment une piĂšce immense, comme si toute la fichue montagne Ă©tait creuse. â La lumiĂšre du soleil, Lobsang, la lumiĂšre du soleil et nous l'aurons vingt-quatre heures par jour. La lumiĂšre qu'il donne est absolument sans chaleur, elle est exactement Ă la mĂȘme tempĂ©rature que l'air ambiant. Ne penses-tu pas qu'une lumiĂšre comme celle-ci vaut mieux que des chandelles malodorantes qui fument ? Je regardai une fois de plus autour de moi, n'arrivant toujours pas Ă comprendre comment il pouvait y avoir la lumiĂšre du soleil quand nous Ă©tions ensevelis dans une cavitĂ© rocheuse, et c'est ce que je dis au Lama qui me rĂ©pondit â Oui, j'ai connu cette merveille des merveilles toute ma vie, mais personne ne sait comment cela fonctionne. La lumiĂšre froide est une invention miraculeuse qui a Ă©tĂ© créée ou dĂ©couverte il y a un million d'annĂ©es environ. Des ĂȘtres ont dĂ©veloppĂ© une mĂ©thode de conservation de la lumiĂšre du soleil et l'ont rendue disponible mĂȘme durant les nuits les plus noires. Si l'on n'utilise pas cette technique dans nos citĂ©s et dans nos temples, c'est parce que nous ne savons tout simplement pas comment faire. Nulle part ailleurs je n'ai vu pareil Ă©clairage. â Environ un million d'annĂ©es, vous avez dit ? C'est pratiquement au-delĂ de ma comprĂ©hension. J'imagine que c'est un chiffre tout comme un 1, un 2, un 3, ou autres, suivi par un nombre de zĂ©ros, 6 je crois, mais c'est seulement une supposition et, de toute façon, c'est un chiffre si Ă©norme, que je ne peux comprendre. Cela ne fait aucun sens pour moi. Dix ans, vingt ans, je peux Ă la rigueur en avoir une idĂ©e, mais plus, non ! Comment a-t-on pu construire cette salle ? demandai-je tout en passant les doigts distraitement sur l'une des inscriptions du mur. Je sursautai d'effroi parce qu'un dĂ©clic venait de se faire entendre et qu'un pan de mur commençait Ă s'enfoncer. â Lobsang ! Lobsang ! Tu as fait une dĂ©couverte ! Aucun d'entre nous qui sommes venus ici ne connaissait l'existence de cette seconde salle. Nous regardĂąmes prudemment par l'ouverture de la porte et aussitĂŽt que nos tĂȘtes en passĂšrent l'entrĂ©e, la lumiĂšre s'alluma ; j'observai qu'en quittant l'immense piĂšce oĂč nous Ă©tions, cette derniĂšre progressivement s'obscurcissait. Nous regardions autour de nous, presque effrayĂ©s de bouger, parce que nous ne savions pas quels dangers nous attendaient ou dans quel piĂšge nous pourrions tomber, mais rassemblant finalement notre courage, nous nous dirigeĂąmes vers un grand quelque choseâ qui se trouvait au milieu de la piĂšce. C'Ă©tait une Ă©norme structure. Elle avait dĂ» ĂȘtre brillante dĂ©jĂ , mais sa surface Ă©tait maintenant toute ternie et grisĂątre. Elle Ă©tait de la hauteur de quatre ou cinq hommes, et ressemblait Ă deux plats posĂ©s l'un sur l'autre. Nous en fĂźmes le tour et dĂ©couvrĂźmes Ă l'autre bout une Ă©chelle en mĂ©tal gris qui, Ă partir d'une porte dans la machine, descendait jusqu'au sol. Je m'y prĂ©cipitai, oubliant qu'en tant que jeune homme dans les Ordres SacrĂ©s je devais montrer plus de dĂ©corum, mais je m'Ă©lançai vers l'Ă©chelle et y grimpai prestement sans mĂȘme m'inquiĂ©ter de savoir si elle Ă©tait solidement fixĂ©e. Elle l'Ă©tait. De nouveau, comme ma tĂȘte passait l'embrasure de la porte les lumiĂšres s'allumĂšrent Ă l'intĂ©rieur de la machine. Le Lama Mingyar Dondup, pour ne pas ĂȘtre en reste, grimpa dans la machine. â Ah, Lobsang, c'est l'un des Chars des Dieux. Tu les as dĂ©jĂ vus virevolter, n'est-ce pas ? â Oh oui, MaĂźtre, rĂ©pondis-je, je me disais qu'il y avait des Dieux qui traversaient notre Pays pour s'assurer que tout allait bien, mais, bien sĂ»r, je n'en ai jamais vu un d'aussi prĂšs. Chapitre Deux Nous nous trouvions, semblait-il, dans une sorte de couloir bordĂ© des deux cĂŽtĂ©s de casiers ou de placards, ou quelque chose de similaire. Quoi qu'il en soit, je tirai une poignĂ©e au hasard et un grand tiroir vint Ă moi, coulissant aussi bien que s'il venait tout juste d'ĂȘtre fabriquĂ©. Il renfermait toutes sortes d'instruments Ă©tranges. Le Lama Mingyar Dondup qui regardait par-dessus mon Ă©paule prit quelque chose et s'exclama â Ah ! ce sont sĂ»rement des piĂšces de rechange. Je suis sĂ»r qu'il y a ici de quoi faire fonctionner Ă nouveau la machine. Nous refermĂąmes le tiroir et allĂąmes plus loin. La lumiĂšre nous prĂ©cĂ©dait, diminuant progressivement derriĂšre nous, et nous atteignĂźmes bientĂŽt une trĂšs grande piĂšce. En y pĂ©nĂ©trant elle s'Ă©claira brillamment, et nous restĂąmes tous deux sans voix c'Ă©tait de toute Ă©vidence le poste de commande de la chose, mais ce qui nous surprit Ă©tait le fait qu'il y avait lĂ des hommes. L'un d'eux Ă©tait assis dans ce qui devait ĂȘtre le siĂšge de contrĂŽle, en train de scruter un instrument de mesure sur un tableau en face de lui. Il y avait une quantitĂ© de cadrans, et je supposai qu'il se prĂ©parait au dĂ©collage. â Comment se fait-il, m'Ă©criai-je, que ces hommes soient encore lĂ aprĂšs des millions d'annĂ©es ? Ils ont l'air tellement vivants, seulement profondĂ©ment endormis. Un autre homme Ă©tait assis devant une table sur laquelle Ă©taient Ă©talĂ©es de grandes cartes qu'il consultait la tĂȘte dans ses mains et les coudes appuyĂ©s sur la table. Nous parlions Ă mi-voix. C'Ă©tait stupĂ©fiant, et notre science n'Ă©tait rien de plus que pitoyable comparĂ©e Ă ceci. Le Lama Mingyar Dondup prit un de ces personnages par l'Ă©paule en disant â Je pense que ces hommes sont dans une forme d'animation suspendue. Je pense qu'ils pourraient ĂȘtre ramenĂ©s Ă la vie, mais je ne sais pas comment le faire, je ne sais pas ce qui se passerait si je savais le faire. Comme tu le sais, Lobsang, il y a d'autres grottes dans cette chaĂźne de montagnes et nous en avons visitĂ© une qui contenait d'Ă©tranges engins comme des Ă©chelles qui, apparemment, fonctionnaient mĂ©caniquement. Mais ceci dĂ©passe tout ce que j'ai vu jusqu'ici, et en tant que l'un des Lamas seniors responsables pour maintenir ces lieux intacts, je peux te dire que c'est ici l'endroit le plus merveilleux de tous, et je me demande s'il y a encore d'autres boutons qu'il nous faudrait presser pour ouvrir d'autres piĂšces. Mais examinons d'abord soigneusement celle-ci. Nous avons environ une semaine devant nous, car il me faudra bien tout ce temps avant d'ĂȘtre capable de redescendre dans la vallĂ©e. Nous nous approchĂąmes des autres hommes ; il y en avait sept en tout. On avait l'impression que chacun Ă©tait Ă son poste et qu'ils s'apprĂȘtaient Ă dĂ©coller. Mais le dĂ©collage avait dĂ» ĂȘtre interrompu par une catastrophe subite. On aurait dit qu'un tremblement de terre s'Ă©tait produit qui aurait fait s'effondrer de lourds rochers sur ce qui devait ĂȘtre un toit coulissant. Le Lama s'arrĂȘta et s'approcha d'un autre homme qui avait un livre â un carnet â devant lui. Ăvidemment, il Ă©tait en train d'Ă©crire le compte rendu de ce qui se passait, mais nous ne pouvions comprendre son Ă©criture, nous n'avions aucune base pour Ă©tablir que ces choses Ă©taient des lettres, des idĂ©ogrammes ou bien seulement des symboles techniques. Le Lama dit â Dans toutes nos recherches nous n'avons jamais rien trouvĂ© qui puisse nous aider Ă traduire... attends une minute... ajouta-t-il avec une inhabituelle excitation dans la voix, cette chose lĂ -bas, je me demande si c'est une machine parlante pour les archives. Bien sĂ»r, je ne pense pas qu'elle fonctionnera aprĂšs toutes ces annĂ©es, mais essayons. Nous nous dirigeĂąmes ensemble vers l'appareil en question. Il avait la forme d'une boĂźte et, Ă peu prĂšs Ă mi-hauteur, une ligne en faisait le tour. Ă titre d'essai nous appuyĂąmes sur la surface au-dessus de la ligne, et Ă notre grande joie, la boĂźte s'ouvrit, rĂ©vĂ©lant des rouages Ă l'intĂ©rieur et quelque chose qui semblait servir aux dĂ©placements d'une bande mĂ©tallique entre deux bobines. Le Lama Mingyar Dondup examina les diffĂ©rents boutons fixĂ©s sur le devant de la boĂźte. Tout Ă coup, nous sursautĂąmes d'effroi ; il s'en fallut de peu que nous prenions nos jambes Ă nos cous, car une voix se fit entendre qui venait de la partie supĂ©rieure de la boĂźte, une voix Ă©trange, complĂštement diffĂ©rente des nĂŽtres. Cela ressemblait Ă une quelconque explication donnĂ©e par un Ă©tranger, mais nous ne comprenions pas de quoi il Ă©tait question. Et puis â nouvelle surprise â des bruits sortirent de la boĂźte ; je suppose que ce devait ĂȘtre de la musique, mais pour nous ce n'Ă©tait que des bruits discordants. Mon Guide pressa alors un autre bouton et le bruit s'arrĂȘta. Nous Ă©tions tous les deux plutĂŽt Ă©puisĂ©s par nos dĂ©couvertes et par un excĂšs d'Ă©motions. Nous nous assĂźmes donc sur ce qui Ă©tait apparemment des fauteuils, mais la panique me gagna en sentant que je m'enfonçais dans mon siĂšge comme si j'Ă©tais en fait assis dans l'air. Cet instant de surprise passĂ©, le Lama me dit â Peut-ĂȘtre qu'un peu de tsampa nous ferait du bien ; nous sommes tous deux Ă©puisĂ©s. LĂ -dessus il chercha des yeux l'endroit le plus propice pour y allumer un petit feu pour chauffer la tsampa. C'est alors qu'il remarqua une alcĂŽve Ă l'extĂ©rieur de la salle de contrĂŽle, et en y pĂ©nĂ©trant la lumiĂšre s'alluma. â Je pense que c'est ici qu'ils prĂ©paraient leurs repas, parce que tous ces boutons ne sont pas lĂ comme dĂ©coration, ils doivent servir Ă quelque chose. Il me montra un bouton sur lequel Ă©tait reprĂ©sentĂ©e une main levĂ©e dans la position arrĂȘtâ. Sur un autre Ă©tait dessinĂ©e une flamme ; c'est sur ce dernier qu'il appuya. Au-dessus de cet instrument se trouvaient divers rĂ©cipients mĂ©talliques. Nous en prĂźmes un. Ă ce moment-lĂ nous ressentĂźmes une sensation de chaleur et aprĂšs y avoir passĂ© la main en un va-et-vient, le Lama dit finalement â Et voilĂ , Lobsang, mets ta main ici ; c'est la chaleur pour la cuisson de notre repas. Je mis la main lĂ oĂč il m'indiquait, mais un peu trop prĂšs, et sursautai de surprise. En riant, mon Guide mit la tsampa presque congelĂ©e dans le rĂ©cipient mĂ©tallique, puis posa le tout sur une grille au-dessus de la source de chaleur. Il y ajouta de l'eau, et le mĂ©lange ne tarda pas Ă bouillonner. Il appuya alors sur le bouton marquĂ© du symbole de la main et le rouge incandescent disparut immĂ©diatement. Ayant retirĂ© le rĂ©cipient Ă l'aide d'un objet mĂ©tallique dont l'extrĂ©mitĂ© avait la forme d'une petite Ă©cuelle, il distribua la tsampa dans nos bols. Pendant quelque temps, nous n'entendĂźmes plus que le bruit que nous faisions en mangeant. â J'ai une de ces soifs ! m'Ă©criai-je dĂšs que j'eus avalĂ© la derniĂšre bouchĂ©e. Je boirais volontiers quelque chose. Ă cĂŽtĂ© de la boĂźte qui produisait de la chaleur nous vĂźmes une sorte de grande cuvette et, au-dessus, deux manettes mĂ©talliques. Je tournai l'une d'elles de la seule façon possible, et de l'eau, de l'eau froide, se rĂ©pandit dans la cuve. Je ramenai hĂątivement la manette Ă sa position originale et essayai l'autre qui Ă©tait d'une couleur rougeĂątre. Je la tournai et de l'eau rĂ©ellement chaude en sortit, si chaude que je m'Ă©bouillantai, pas sĂ©rieusement, mais je m'Ă©bouillantai suffisamment pour en bondir. Je remis la manette dans sa position premiĂšre. â MaĂźtre, dis-je, si c'est de l'eau, elle a dĂ» ĂȘtre lĂ pendant l'un de ces millions d'annĂ©es dont vous avez parlĂ©. Comment se fait-il que nous puissions la boire ? Elle devrait ĂȘtre totalement Ă©vaporĂ©e ou avoir une saveur aigre, mais elle a un goĂ»t trĂšs agrĂ©able. Le Lama rĂ©pondit â Eh bien, l'eau peut se conserver pendant des annĂ©es que dis-tu des lacs et des riviĂšres ? Leurs eaux remontent bien au-delĂ de l'histoire, et je suppose que cette eau-ci provient d'un rĂ©servoir hermĂ©tique, ce qui signifie qu'elle a pu conserver un goĂ»t agrĂ©able. Je suppose que ce vaisseau n'Ă©tait venu ici que pour un rĂ©approvisionnement et peut-ĂȘtre pour certaines rĂ©parations parce que, Ă en juger par la pression de l'eau, il doit y en avoir une trĂšs grande quantitĂ© dans un rĂ©servoir. Quoi qu'il en soit, il y a ici de quoi tenir des gens occupĂ©s pendant un mois. â Eh bien, dis-je, si l'eau est restĂ©e fraĂźche, il doit y avoir Ă©galement des aliments qui se sont conservĂ©s frais. Je me levai de mon siĂšge avec difficultĂ© car il semblait vouloir me retenir, mais je mis alors mes mains sur le cĂŽtĂ© du fauteuil â sur le dessus des accoudoirs â et immĂ©diatement je fus non seulement libĂ©rĂ©, mais poussĂ© en position debout. AprĂšs m'ĂȘtre remis du choc causĂ© par cette merveille, je me mis Ă tĂąter les murs de la petite cuisine. Je vis une quantitĂ© d'encoches qui ne semblaient d'aucune utilitĂ©. Je mis le doigt dans l'une d'elles, tirai, et rien ne se passa. J'essayai de tirer de cĂŽtĂ©, mais non, la chose ne bougea pas ; j'en essayai donc une autre, poussai mon doigt directement dans l'encoche, et un panneau glissa de cĂŽtĂ©. Ă l'intĂ©rieur du placard, de l'armoire, ou quel que soit son nom, il y avait un certain nombre de pots qui semblaient n'avoir d'ouverture nulle part. Ils Ă©taient transparents, ce qui permettait de voir ce qu'il y avait Ă l'intĂ©rieur. De toute Ă©vidence c'Ă©tait une sorte de nourriture, mais comment de la nourriture pourrait-elle ĂȘtre conservĂ©e pendant un million d'annĂ©es ou plus ? Je rĂ©flĂ©chis et rĂ©flĂ©chis Ă la question. Il y avait des images d'aliments que je n'avais jamais vus ni entendu parler, et certaines choses Ă©taient enfermĂ©es dans un contenant transparent sans qu'il ne semble pourtant y avoir un moyen d'ouvrir ledit contenant. Je passai de l'un Ă l'autre de ces placards, armoires, ou cabinets, et allai de surprise en surprise. Je savais Ă quoi ressemblaient des feuilles de thĂ©, et ici, dans l'un des cabinets il y avait des contenants Ă travers lesquels je pouvais voir des feuilles de thĂ©. Il y avait d'autres surprises car certains de ces rĂ©cipients transparents contenaient ce qui Ă©tait de toute Ă©vidence des morceaux de viande. Je n'avais jamais mangĂ© de viande de ma vie, et avais grande envie d'y goĂ»ter pour savoir ce qu'il en Ă©tait. Je me fatiguai rapidement de jouer dans la cuisine et allai rejoindre le Lama Mingyar Dondup. Il avait un livre Ă la main, les sourcils froncĂ©s, et se trouvait dans un Ă©tat d'intense concentration. â Oh, MaĂźtre, dis-je, j'ai dĂ©couvert l'endroit oĂč ils stockaient leur nourriture ; ils la gardent dans des boĂźtes transparentes, mais il n'y a aucun moyen de les ouvrir. Il me regarda un instant d'un air absent, puis Ă©clata de rire en disant â Eh oui, eh oui, le matĂ©riel d'emballage actuel est loin d'ĂȘtre comparable Ă celui d'il y a un million d'annĂ©es. J'ai goĂ»tĂ© de la viande de dinosaure et elle Ă©tait aussi fraĂźche que si l'animal venait d'ĂȘtre abattu. Je te rejoins dans un moment et nous allons examiner tes dĂ©couvertes. Je fis le tour de la salle de contrĂŽle, puis m'assis pour rĂ©flĂ©chir. Si ces hommes Ă©taient ĂągĂ©s d'un million d'annĂ©es, pourquoi n'Ă©taient-ils pas tombĂ©s en poussiĂšre ? Il Ă©tait manifestement ridicule de dire que ces hommes avaient un million d'annĂ©es alors qu'ils Ă©taient absolument intacts et semblaient bien vivants, attendant simplement d'ĂȘtre rĂ©veillĂ©s. Je vis que, suspendu aux Ă©paules de chacun, il y avait une sorte de petit sac Ă dos, aussi j'en retirai un de l'un des corps endormisâ et l'ouvris. Ă l'intĂ©rieur il y avait de curieux morceaux de fils mĂ©talliques enroulĂ©s en bobines, et aussi d'autres choses faites de verre. Le tout n'avait aucun sens pour moi. Il y avait Ă©galement un casier tout plein de boutons, et je pressai le premier que je vis. Je criai de peur le corps dont j'avais retirĂ© le sac Ă dos eut un brusque sursaut et tomba en fine, fine poussiĂšre, une poussiĂšre vieille d'un million d'annĂ©es ou plus. Le Lama Mingyar Dondup me rejoignit lĂ oĂč je me tenais, pĂ©trifiĂ© de peur. Il regarda le sac Ă dos, regarda le tas de poussiĂšre, puis dit â Il existe un bon nombre de ces cavernes ; j'en ai visitĂ© quelques-unes et nous avons appris Ă ne jamais appuyer sur un bouton avant de savoir Ă quoi il sert, avant de l'avoir dĂ©duit par hypothĂšse. Ces hommes savaient qu'ils allaient ĂȘtre enterrĂ©s vivants dans un Ă©norme tremblement de terre, alors le mĂ©decin du vaisseau a dĂ» aller vers chaque homme et lui mettre une trousse de survie sur les Ă©paules. Les hommes entrĂšrent alors dans un Ă©tat d'animation suspendue, de sorte qu'ils n'eurent pas la moindre conscience de ce qui se passait pour eux ou autour d'eux ; ils Ă©taient aussi proches que possible de la mort, sans rĂ©ellement ĂȘtre morts. Ils recevaient dĂšs lors une nourriture adĂ©quate pour maintenir le fonctionnement du corps Ă une Ă©chelle infime. Quand tu as touchĂ© ce bouton, qui est rouge Ă ce que je vois, tu as dĂ» interrompre l'approvisionnement de la force de vie de l'homme en animation suspendue. Sans approvisionnement de la force vitale, son Ăąge s'est subitement fait sentir, le rĂ©duisant immĂ©diatement en un tas de poussiĂšre. Nous allĂąmes voir les autres hommes et dĂ©cidĂąmes qu'il n'y avait rien que nous puissions faire pour eux parce que, aprĂšs tout, nous Ă©tions enfermĂ©s dans la montagne tout comme l'Ă©tait le vaisseau, et si ces gens se rĂ©veillaient, seraient-ils un danger pour le monde ? Seraient-ils un danger pour les lamaseries ? Ces hommes, bien sĂ»r, possĂ©daient des connaissances qui les feraient paraĂźtre comme des Dieux Ă nos yeux, et nous eĂ»mes peur d'ĂȘtre mis de nouveau en esclavage, car nous avions une forte mĂ©moire raciale d'avoir dĂ©jĂ Ă©tĂ© faits esclaves. Le Lama Mingyar Dondup et moi nous assĂźmes sur le sol, sans mot dire, chacun absorbĂ© dans ses propres pensĂ©es. Que se passerait-il si nous pressions ce bouton-ci, que se passerait-il si nous pressions ce bouton-lĂ , et quelle sorte d'approvisionnement en Ă©nergie pouvait garder des hommes en vie et bien nourris pendant plus d'un million d'annĂ©es ? Nous frĂ©mĂźmes malgrĂ© nous au mĂȘme moment puis, nous jetant mutuellement un regard, le Lama dit â Tu es un jeune, Lobsang, et moi je suis un vieil homme. J'ai Ă©tĂ© le tĂ©moin de beaucoup de choses et je me demande ce que tu ferais dans un cas comme celui-ci. Ces hommes sont en vie, cela est certain, mais qui peut nous dire que si nous leur redonnons vie ils ne se comporteront pas en barbares ? Peut-ĂȘtre mĂȘme nous tueraient-ils pour venger leur compagnon que nous avons laissĂ© mourir ? Il nous faut rĂ©flĂ©chir Ă cela trĂšs sĂ©rieusement, car nous ne pouvons lire les inscriptions. Il s'interrompit car je venais de me lever en proie Ă une grande excitation. â MaĂźtre, MaĂźtre, m'Ă©criai-je, j'ai vu tout Ă l'heure un livre qui peut peut-ĂȘtre nous aider ; on dirait un dictionnaire de diffĂ©rentes langues. Sans attendre sa rĂ©ponse, je me prĂ©cipitai dans une piĂšce prĂšs de la cuisine et retrouvai le fameux livre qui paraissait tout neuf. Je le pris Ă deux mains, car il Ă©tait lourd, et le rapportai en vitesse au Lama, mon Guide. Le Lama prit le livre et avec une suppression d'excitation mal dissimulĂ©e, il se mit Ă le consulter. Pendant un certain temps, il resta assis lĂ , totalement captivĂ© par sa lecture. Enfin, il s'aperçut que j'Ă©tais dans un Ă©tat d'extrĂȘme agitation, me demandant de quoi il s'agissait et pourquoi il ne m'en disait rien. â Lobsang, Lobsang, je suis dĂ©solĂ©, je te demande pardon dit le Lama, mais ce livre est la Clef de tout, et quelle histoire fascinante ! Je peux le lire car il est Ă©crit dans ce qui semble ĂȘtre notre langue honorifique. La moyenne des gens, bien sĂ»r, ne peut pas lire le TibĂ©tain honorifique, mais je le peux, et ce vaisseau est vieux d'environ deux millions d'annĂ©es. Il fonctionne grĂące Ă l'Ă©nergie obtenue de la lumiĂšre â de toute lumiĂšre, celle des Ă©toiles, celle du soleil, et il capte l'Ă©nergie des sources qui ont dĂ©jĂ utilisĂ© cette Ă©nergie et l'ont transmise. Se rĂ©fĂ©rant toujours au livre, il poursuivit â Ces hommes formaient une bande diabolique, ils Ă©taient les serviteurs des Jardiniers du Monde. Mais c'est toujours la mĂȘme vieille histoire avec les hommes et les femmes, les hommes voulant des femmes tout comme les femmes veulent des hommes ; mais ce navire avait pour Ă©quipage des hommes qui avaient dĂ©sertĂ© le grand vaisseau-mĂšre et ceci, en fait, est ce qu'ils nomment un navire de sauvetage. La nourriture peut ĂȘtre mangĂ©e sans danger et les hommes peuvent ĂȘtre rĂ©animĂ©s, mais peu importe combien de temps ils sont restĂ©s ici, ce sont toujours des renĂ©gats, parce qu'ils cherchaient Ă trouver des femmes beaucoup trop petites pour eux et leurs associations avec ces femmes Ă©taient de vĂ©ritables tortures pour ces derniĂšres. Ils se sont apparemment demandĂ© si leurs sacs Ă dos avec les dispositifs pour maintenir la vie allaient fonctionner ou s'ils allaient automatiquement ĂȘtre dĂ©branchĂ©s Ă partir du vaisseau qu'ils appellent le vaisseau-mĂšre. Je pense que nous devons observer un peu et lire davantage, parce qu'il me paraĂźt clair que si ces hommes Ă©taient autorisĂ©s Ă vivre, avec toutes leurs connaissances ils seraient en mesure de nous faire un mal contre lequel nous ne pourrions jamais lutter, parce que ces gens sont habituĂ©s Ă nous traiter comme du bĂ©tail, comme des choses sur lesquelles effectuer des expĂ©riences gĂ©nĂ©tiques. Ils ont dĂ©jĂ causĂ© du mal par leurs expĂ©riences sexuelles avec nos femmes, mais tu es encore trop jeune pour en savoir plus sur ce sujet. Je me promenai aux alentours. Le Lama Ă©tait Ă©tendu sur le sol pour soulager ses jambes qui lui causaient pas mal de problĂšmes. Je me promenai aux alentours et arrivai dans une piĂšce qui Ă©tait toute verte. Il y avait lĂ une table trĂšs particuliĂšre avec une Ă©norme lumiĂšre au-dessus, et il y avait partout ce qui ressemblait Ă des boĂźtes en verre. â Hmm, pensai-je en moi-mĂȘme, ce doit ĂȘtre ici qu'ils soignent leurs malades ; il vaut mieux aller en parler au Patron. Ainsi je le rejoignis et lui dis que j'avais trouvĂ© une piĂšce trĂšs particuliĂšre, une piĂšce toute verte avec des choses Ă©tranges enfermĂ©es dans ce qui ressemblait Ă du verre mais n'en Ă©tait pas. Lentement, il se mit debout et avec l'aide des deux bĂątons se dirigea vers la piĂšce que j'avais dĂ©couverte. DĂšs que j'y pĂ©nĂ©trai â je montrais le chemin â les lumiĂšres s'allumĂšrent, des lumiĂšres comme la lumiĂšre du jour, et le Lama Mingyar Dondup se tenait lĂ , dans l'embrasure de la porte, une expression d'immense satisfaction sur son visage. â Bravo, Lobsang, bravo ! dit-il. VoilĂ que tu as fait deux dĂ©couvertes. Je suis certain que ces informations seront bien reçues par Sa SaintetĂ© le DalaĂŻ-Lama. Il fit le tour de la piĂšce en examinant diffĂ©rentes choses, en en saisissant certaines, et en scrutant le contenu de â eh bien, je ne sais pas comment les appeler â certaines des choses qui se trouvaient dans les cubes de verre Ă©taient absolument au-delĂ de ma comprĂ©hension. Mais il finit par s'asseoir sur une chaise basse, captivĂ© par un livre qu'il avait pris sur une Ă©tagĂšre. â Comment se fait-il, demandai-je, que vous compreniez une langue que vous dites vieille d'au moins un million d'annĂ©es ? Faisant un effort, il mit le livre de cĂŽtĂ© pour un moment, rĂ©flĂ©chissant Ă ma question. Puis il rĂ©pondit â Eh bien, c'est une assez longue histoire, Lobsang. Cela nous mĂšne Ă travers les mĂ©andres de l'histoire, cela nous mĂšne Ă travers des chemins que mĂȘme certains Lamas ne peuvent suivre. Mais briĂšvement, c'est ceci Ce monde Ă©tait prĂȘt Ă ĂȘtre colonisĂ© et donc nos MaĂźtres â je dois les appeler MaĂźtres parce qu'ils Ă©taient les chefs des Jardiniers de la Terre et d'autres mondes â ordonnĂšrent qu'une certaine espĂšce soit dĂ©veloppĂ©e sur Terre, et cette certaine espĂšce, c'Ă©tait nous. Sur une planĂšte fort Ă©loignĂ©e, en dehors de cet Univers, des prĂ©paratifs furent mis en Ćuvre et l'on construisit un navire spĂ©cial capable de voyager Ă une vitesse absolument incroyable, et nous, embryons humains, y fĂ»mes embarquĂ©s. D'une façon ou d'une autre, les Jardiniers, comme on les appelait, les emmenĂšrent sur ce monde, et puis nous ne savons pas ce qui arriva entre le temps de l'arrivĂ©e des embryons et â les premiĂšres crĂ©atures qui pouvaient ĂȘtre appelĂ©es humaines. Mais pendant leur absence, de nombreux Ă©vĂ©nements eurent lieu dans leur patrie. Le vieux dirigeant, ou Dieuâ, Ă©tait ĂągĂ© et il y avait certaines personnes aux intentions mauvaises qui convoitaient son pouvoir ; elles s'arrangĂšrent pour se dĂ©barrasser de ce Dieu et en placĂšrent un autre â leur propre marionnette â pour rĂ©gner Ă sa place. Ses dĂ©cisions, bien sĂ»r, Ă©tant dictĂ©es par ces renĂ©gats. Le navire revint de la planĂšte Terre et ses occupants trouvĂšrent une situation trĂšs diffĂ©rente, s'aperçurent qu'ils n'Ă©taient pas les bienvenus et que le nouveau dirigeant voulait les tuer pour se dĂ©barrasser d'eux. Mais les Jardiniers qui venaient tout juste de rentrer de la Terre s'emparĂšrent de quelques femmes de leur propre taille et dĂ©collĂšrent Ă nouveau pour l'Univers terrestre il existe beaucoup, beaucoup d'univers diffĂ©rents, tu sais, Lobsang. ArrivĂ©s au monde oĂč ils avaient dĂ©veloppĂ© des humains, ils Ă©tablirent leur propre empire, ils construisirent divers artefacts comme des pyramides grĂące auxquelles ils pouvaient maintenir une surveillance-radio sur tout ce qui s'approchait de la Terre. Les humains leur servaient d'esclaves et les Jardiniers n'avaient qu'Ă savourer leur confort et Ă©mettre des ordres. Les hommes et les femmes â peut-ĂȘtre pourrions-nous les appeler super-hommes et super-femmes â se fatiguĂšrent de leurs propres partenaires et il y eut de nombreuses liaisons qui menĂšrent Ă des querelles et Ă toutes sortes de problĂšmes. C'est alors que, venant de l'espace et non dĂ©tectĂ© par les vigies des pyramides, un vaisseau spatial apparut. C'Ă©tait un immense vaisseau et il s'installa de maniĂšre Ă ce que les gens puissent en sortir et commencer Ă bĂątir des habitations. Les premiers occupants de la Terre furent contrariĂ©s par la prĂ©sence de ces autres hommes et femmes de l'espace et c'est ainsi que, d'une bataille de mots, ils en vinrent Ă un vĂ©ritable combat. La dispute continua longtemps et les inventions les plus diaboliques apparurent. Finalement, les gens du grand vaisseau spatial n'en pouvant supporter davantage, dĂ©pĂȘchĂšrent un nombre de vaisseaux apparemment dĂ©jĂ stockĂ©s en vue d'une telle Ă©ventualitĂ©, et larguĂšrent de terribles bombes partout oĂč vivaient les autres gens de l'espace. Ces bombes Ă©taient une forme trĂšs avancĂ©e de la bombe atomique et lorsqu'elles tombĂšrent, tout fut dĂ©cimĂ© Ă des milles km Ă la ronde. Une Ă©blouissante lumiĂšre pourpre s'Ă©leva alors de la terre et les hommes et les femmes de l'espace qui l'avaient provoquĂ©e regagnĂšrent le vaisseau spatial gĂ©ant et quittĂšrent les lieux. Pendant une centaine d'annĂ©es ou plus, il n'y eut pratiquement aucune forme de vie sur Terre dans les rĂ©gions bombardĂ©es, mais lorsque les effets des radiations commencĂšrent Ă se dissiper, des gens se mirent Ă sortir craintivement, se demandant ce qu'ils allaient dĂ©couvrir. Ils mirent bientĂŽt sur pied une sorte d'agriculture, utilisant des charrues en bois et autres instruments du genre. â Mais MaĂźtre, vous dites que le monde est vieux de plus de cinquante millions d'annĂ©es ; eh bien, il y a tellement de choses que je ne comprends pas du tout. Ces hommes-ci, par exemple, nous ne savons pas quel Ăąge ils ont, nous ne savons pas depuis combien de jours, de semaines, ou de siĂšcles, ils sont ici ; et comment est-il possible que la nourriture se soit conservĂ©e fraĂźche toutes ces annĂ©es ? Pourquoi ces hommes ne sont-ils pas tombĂ©s en poussiĂšre ? Le Lama se mit Ă rire. â Nous sommes un peuple d'ignorants, Lobsang. Il y a eu sur cette Terre des gens autrement plus intelligents ; il y a eu de nombreuses civilisations, tu sais. Si tu prends ce livre, par exemple il me montrait un livre qui se trouvait sur une Ă©tagĂšre, tu y trouveras toutes sortes d'explications sur des pratiques mĂ©dicales et techniques chirurgicales totalement inconnues au Tibet. Et pourtant nous sommes parmi les premiers habitants de cette Terre. â Alors pourquoi notre pays se trouve-t-il Ă si haute altitude ? repris-je. Pourquoi notre existence est-elle si pĂ©nible ? Certains de ces livres illustrĂ©s que vous avez rapportĂ©s de Katmandou montrent toutes sortes de choses, mais nous ignorons tout de ces choses, nous n'avons rien sur roues au Tibet. â Non. Il y a une vieille, trĂšs vieille prĂ©diction, rĂ©pondit le Lama, qui dit que lorsque le Tibet permettra que les roues soient introduites dans le pays, il sera alors conquis par une race trĂšs hostile. Cela s'est vĂ©rifiĂ© et je vais te prouver, jeune homme, que les anciens pouvaient rĂ©ellement prĂ©dire l'avenir car il y a ici des instruments permettant de voir non seulement dans le passĂ©, mais aussi dans le prĂ©sent et le futur. â Mais comment les choses peuvent-elles durer si longtemps ? Si on laisse les choses sans s'en occuper, eh bien, elles se dĂ©tĂ©riorent, elles tombent en morceaux, elles deviennent inutiles tout comme la Roue de PriĂšre que vous me montriez dans cette vieille lamaserie une belle piĂšce d'art corrodĂ©e et impossible Ă dĂ©placer. Comment ces gens pouvaient empĂȘcher les choses de se dĂ©tĂ©riorer, comment pouvaient-ils fournir l'Ă©nergie nĂ©cessaire pour garder les choses en Ă©tat de marche ? Regardez la façon dont les lumiĂšres s'allument dĂšs que nous entrons dans une piĂšce ; nous n'avons rien de pareil. Nous utilisons des lampes Ă beurre nausĂ©abondes ou des lanternes ; pourtant ici nous avons une lumiĂšre comparable Ă celle du jour, et qui ne provient de nulle part. Rappelez-vous que vous m'avez montrĂ© dans un livre des images de machines qui fonctionnaient dans un champ magnĂ©tique et produisaient ce que vous avez appelĂ© Ă©lectricitĂ©â. Nous n'avons pas cela. Pourquoi sommes-nous si arriĂ©rĂ©s ? J'Ă©tais dĂ©concertĂ©. Le Lama garda le silence un certain temps puis me dit â Oui, il te faudra connaĂźtre toutes ces choses ; tu vas devenir le Lama le plus instruit qui se soit jamais vu au Tibet ; tu vas connaĂźtre le passĂ©, le prĂ©sent, et le futur. Dans cette chaĂźne-ci de montagnes il existe un certain nombre de ces cavernes qui, Ă une Ă©poque, Ă©taient toutes reliĂ©es entre elles par des tunnels. Il Ă©tait possible de passer d'une caverne Ă l'autre et d'avoir de la lumiĂšre et de l'air frais en tout temps, quel que soit l'endroit oĂč l'on se trouvait. Mais ce pays, le Tibet, Ă©tait jadis au bord de la mer et les gens vivaient dans les plaines ; celles-ci n'Ă©taient que trĂšs lĂ©gĂšrement vallonnĂ©es. Ces gens de cette Ăpoque rĂ©volue disposaient de sources d'Ă©nergie qui nous sont tout Ă fait inconnues. Mais il se produisit une terrifiante catastrophe, parce qu'au-delĂ de notre terre les savants d'un pays appelĂ© Atlantide dĂ©clenchĂšrent une formidable explosion qui ruina ce monde. â Ruina ce monde ? dis-je. Mais notre pays se porte bien ; comment est-il ruinĂ© ? Comment le monde est-il ruinĂ© ? Le Lama se leva et alla chercher un livre. Il y avait une si grande quantitĂ© de livres ici, et il en choisit un pour me montrer certaines images. â Regarde, dit-il, ce monde Ă©tait jadis couvert de nuages. Le soleil ne se voyait jamais, et l'on ne soupçonnait pas l'existence des Ă©toiles. Ă cette Ă©poque, les gens vivaient des centaines d'annĂ©es ; ils ne mouraient pas aussitĂŽt qu'ils avaient appris quoi que ce soit comme c'est le cas aujourd'hui. Les gens meurent maintenant Ă cause des radiations nĂ©fastes du soleil et parce que notre couverture protectrice de nuages a disparu ; par consĂ©quent, de dangereux rayons sont apparus qui ont saturĂ© le monde, provoquant toutes sortes de maladies, toutes sortes d'aberrations mentales. Le monde fut pris dans une tourmente, le monde se tordit sous l'impact de cette fantastique explosion. L'Atlantide qui se trouvait loin d'ici, de l'autre cĂŽtĂ© du monde, sombra dans l'ocĂ©an, et nous au Tibet â eh bien, notre terre fut projetĂ©e entre vingt-cinq et trente mille pieds 7 600 m / 9 000 m au-dessus du niveau de la mer. Les gens devinrent en moins bonne santĂ© et pendant longtemps, moururent, parce qu'il n'y avait pas assez d'oxygĂšne pour eux Ă cette hauteur, et parce que nous Ă©tions plus prĂšs des cieux, lĂ oĂč les radiations Ă©taient plus fortes. Il s'arrĂȘta un moment et frotta ses jambes qui le faisaient beaucoup souffrir. â Une partie de notre pays resta toutefois au niveau de la mer, reprit-il, et les gens lĂ -bas devinrent de plus en plus diffĂ©rents de nous, ils devinrent presque stupides dans leur mentalitĂ©, ils n'Ă©levĂšrent pas de temples, ils ne vĂ©nĂ©rĂšrent pas les Dieux, et mĂȘme maintenant ils se servent d'embarcations en peaux de bĂȘtes pour attraper des phoques, des poissons, et autres formes de vie. Ils tuent aussi beaucoup de ces immenses crĂ©atures dont la tĂȘte s'orne de cornes Ă©normes et ils en mangent la chair. Quand d'autres races arrivĂšrent, elles donnĂšrent Ă ces gens de l'extrĂȘme-nord le nom d'Esquimaux. Notre partie du Tibet conserva les meilleures gens les prĂȘtres, les sages et les docteurs de grandes renommĂ©es, tandis que celle qui se sĂ©para pour sombrer dans la mer, ou du moins rester Ă son niveau, hĂ©bergea ceux de moindres mentalitĂ©s les travailleurs ordinaires, les gens ordinaires, les bĂ»cherons et les porteurs d'eau. Ils demeurĂšrent presque dans le mĂȘme Ă©tat pendant plus d'un million d'annĂ©es. Ils en sortirent progressivement et se mirent Ă gagner leur vie sur la surface de la Terre. Ils installĂšrent de petites fermes et en une centaine d'annĂ©es environ, les choses prirent une tournure normale. â Mais avant de t'en dire davantage, poursuivit le Lama, je voudrais que tu regardes mes jambes ; elles me font trĂšs mal et j'ai trouvĂ© un ouvrage mĂ©dical ici qui parle de blessures qui ressemblent Ă la mienne. J'arrive Ă en lire assez pour savoir que je souffre d'une infection. Je le regardai, trĂšs Ă©tonnĂ©, me demandant ce que moi, un chela ordinaire, je pouvais faire pour un si grand homme ? Mais je retirai nĂ©anmoins les chiffons enveloppant ses jambes et reculai devant ce que je vis. Les jambes Ă©taient couvertes de pus et la chair paraissait vraiment trĂšs, trĂšs infectĂ©e. En plus, sous les genoux, les jambes Ă©taient trĂšs enflĂ©es. â Maintenant, il te faut suivre exactement mes instructions. Tout d'abord il nous faut quelque chose pour dĂ©sinfecter ces jambes. Heureusement, tout ici est en bon Ă©tat, et sur cette Ă©tagĂšre â m'indiquant l'endroit du doigt â tu vas trouver un flacon avec une inscription sur le verre. Je pense que c'est le troisiĂšme Ă partir de la gauche sur la deuxiĂšme Ă©tagĂšre du bas. Apporte-le et je te dirai si c'est le bon. ObĂ©issant, je me dirigeai vers les Ă©tagĂšres et je fis coulisser une porte qui me sembla ĂȘtre en verre. Maintenant, je ne connaissais pas grand-chose au verre car il y en avait trĂšs, trĂšs peu au Tibet. Nos fenĂȘtres pouvaient ĂȘtre tendues de papier imbibĂ© d'huile pour les rendre translucides et laisser pĂ©nĂ©trer un peu de lumiĂšre dans les piĂšces, mais la plupart des gens n'avaient pas de fenĂȘtres Ă leur demeure parce qu'ils ne pouvaient s'offrir le coĂ»t du transport du verre Ă travers les montagnes, du verre qui devait ĂȘtre achetĂ© en Inde. Je fis donc coulisser la vitrine et examinai les bouteilles. J'en trouvai une qui me sembla ĂȘtre celle que voulait le Lama et la lui apportai. Il la regarda et lut le mode d'emploi. AprĂšs quoi il me dit â Apporte-moi ce grand rĂ©cipient retournĂ© que tu vois lĂ sur le cĂŽtĂ©. D'abord, lave-le bien. N'oublie pas que nous avons une quantitĂ© d'eau illimitĂ©e et donc, lave-le bien, puis mets-y environ trois bols d'eau. Je lavai donc minutieusement le rĂ©cipient qui Ă©tait dĂ©jĂ impeccable, puis y versai ce que je supposai Ă©quivaloir Ă trois bols d'eau, et lui apportai le tout. Ă ma profonde stupĂ©faction, il fit quelque chose Ă la bouteille et l'extrĂ©mitĂ© s'en dĂ©tacha ! â Oh ! vous l'avez cassĂ©e, m'Ă©criai-je. Est-ce que j'essaie d'en trouver une qui soit vide ? â Lobsang, Lobsang, dit le Lama, tu me fais vraiment rire. S'il y a quelque chose dans cette bouteille, c'est qu'il doit y avoir un moyen de l'y mettre puis de l'en retirer. Ceci est tout simplement un bouchon. Je vais l'utiliser Ă l'envers et il va me servir Ă mesurer. Peux-tu voir ? Je regardai le bouchon qu'il tenait Ă l'envers et oui, je pouvais voir qu'il s'agissait d'une sorte d'instrument Ă mesurer parce qu'il y avait des marques de haut en bas. â Il va nous falloir maintenant du tissu, reprit mon guide ; ouvre ce placard, je vais te dire quel paquet prendre. La porte n'Ă©tait pas en verre, elle n'Ă©tait pas en bois, plutĂŽt quelque chose entre les deux, mais je l'ouvris et vis une quantitĂ© de paquets en une rangĂ©e ordonnĂ©e. â Apporte-moi le bleu, dit le Lama, et Ă droite il y a en a un blanc ; apporte-le-moi Ă©galement. Et puis va au robinet te laver les mains, ajouta-t-il aprĂšs m'avoir examinĂ©. PrĂšs du robinet tu verras un bloc de matiĂšre blanche. Mouille-toi les mains, mouille ensuite ce bloc et frotte tes mains avec, en prenant bien soin de nettoyer tes ongles. Je fis tout cela et trouvai trĂšs intĂ©ressant de voir ma peau s'Ă©claircir Ă mesure que je frottais. C'Ă©tait comme voir un Noir pour la premiĂšre fois et dĂ©couvrir les paumes roses de ses mains. Maintenant mes mains Ă©taient presque roses et j'allais les essuyer sur ma robe lorsque le Lama s'exclama â ArrĂȘte ! Il pointa quelque chose qu'il avait sorti du paquet blanc. â Essuie-toi avec ça et ne touche surtout pas Ă ta vieille robe sale aprĂšs l'avoir fait. Il faut que tes mains soient impeccables pour faire ce travail. C'Ă©tait vraiment intĂ©ressant parce qu'il avait Ă©tendu par terre une sorte de tissu et avait posĂ© dessus divers objets une cuvette, quelque chose qui ressemblait Ă une petite pelle et un autre objet qui ne me disait rien du tout car je n'avais encore jamais vu pareille chose, mais c'Ă©tait un tube de verre, semblait-il, avec des marques ; Ă une extrĂ©mitĂ© il semblait y avoir une aiguille en acier, tandis qu'Ă l'autre bout il y avait un bouton. Dans le tube, qui Ă©tait Ă©videmment creux, il y avait un liquide de couleur qui faisait des bulles et scintillait. â Maintenant, Ă©coute-moi attentivement, dit le Lama. Il te faut nettoyer la chair jusqu'Ă l'os. Nous avons ici le fruit d'une science vraiment merveilleuse, trĂšs avancĂ©e, et nous allons en faire pleinement usage. Prends cette seringue, sors-en l'extrĂ©mitĂ© du tube â attends je vais le faire pour toi â maintenant tu enfonces l'aiguille dans ma jambe, lĂ oĂč je mets mon doigt. Cela va insensibiliser ma jambe, parce que sinon je m'Ă©vanouirai probablement d'une douleur intolĂ©rable. Allez, vas-y ! Je pris l'objet qu'il avait appelĂ© une seringue, levai un regard vers lui, et frĂ©mis. â Non, non, je ne peux pas ; j'ai trop peur de vous faire du mal. â Lobsang, tu vas bientĂŽt ĂȘtre un lama-mĂ©decin et parfois tu seras obligĂ© de faire mal aux gens pour les guĂ©rir. Allez, fais ce que je te dis et enfonce l'aiguille complĂštement. Je te dirai si ça fait trop mal. Je repris donc l'instrument et crus que j'allais dĂ©faillir, mais â eh bien â un ordre est un ordre. Je tins la seringue le plus bas possible en l'approchant de la peau et je fermai les yeux tandis que je plantai l'aiguille d'un coup sec. Il n'y eut aucun son de la part du Lama, aussi j'ouvris les yeux et le trouvai en train de me sourire ! â Lobsang, tu as fait du beau travail, je n'ai rien ressenti. Tu seras un excellent lama-mĂ©decin. Je le regardai suspicieusement croyant qu'il se moquait de moi, mais Ă son expression je vis qu'il Ă©tait parfaitement sincĂšre. â Maintenant, poursuivit-il, nous lui avons donnĂ© suffisamment de temps et cette jambe est insensibilisĂ©e ; je ne ressentirai donc pas de douleur. Je veux que tu prennes ces choses â qu'on appelle des pinces, soit dit en passant â et je veux que tu verses un peu de ce liquide dans un bol et nettoies soigneusement ma jambe en partant du haut, vers le bas â non pas en remontant, mais seulement en descendant. Tu peux appuyer fermement et tu vas t'apercevoir que le pus va sortir en amas. Eh bien, lorsqu'il y en aura trop par terre il faudra que tu m'aides Ă me dĂ©placer vers un endroit plus propre. Je pris la chose qu'il avait appelĂ©e une pince et constatai que je pouvais saisir un gros morceau de coton. Je le trempai soigneusement dans le bol et essuyai ses jambes. C'Ă©tait incroyable, absolument incroyable de voir comment le pus et le sang sĂ©chĂ© sortaient des blessures. Je rĂ©ussis Ă bien nettoyer une premiĂšre jambe, l'os Ă©tait propre et la chair Ă©tait propre. â Voici une poudre, dit alors le Lama. Je veux que tu la fasses pĂ©nĂ©trer Ă l'intĂ©rieur des plaies pour qu'elle aille jusqu'Ă l'os. Elle va dĂ©sinfecter et empĂȘcher que ne se reforme du pus. Quand tu auras fait cela, tu devras me panser la jambe avec un bandage de ce paquet bleu. Je continuai donc Ă nettoyer, nettoyer, nettoyer, saupoudrer en faisant pĂ©nĂ©trer cette poudre blanche, puis j'enveloppai la jambe dans une espĂšce de gaine en plastique aprĂšs l'avoir bandĂ©e en prenant garde de ne pas trop serrer. Quand j'eus terminĂ© j'Ă©tais en sueur, mais le Lama semblait aller beaucoup mieux. AprĂšs avoir fait une jambe, je fis l'autre, et le Lama dit alors â Tu ferais bien de me donner un stimulant, Lobsang. Sur cette Ă©tagĂšre tu vas voir une boĂźte d'ampoules. Donne-m'en une. Tu vois ce bout pointu ? Casse-le d'un mouvement brusque et pique-le contre ma peau, n'importe oĂč. C'est ce que je fis, puis aprĂšs avoir nettoyĂ© tout le pus et les saletĂ©s, je m'effondrai, endormi. Chapitre Trois â BontĂ© divine ! Le soleil est tellement chaud ; je ferais mieux de me mettre Ă l'ombre, me dis-je. Puis je m'assis, ouvris les yeux, et regardai autour de moi, complĂštement stupĂ©fait. OĂč Ă©tais-je ? Qu'est-ce qui s'Ă©tait passĂ© ? C'est en apercevant le Lama Mingyar Dondup que tout me revint, moi qui avais cru que cela n'avait peut-ĂȘtre Ă©tĂ© qu'un rĂȘve. Il n'y avait pas de soleil, l'endroit Ă©tait Ă©clairĂ© par quelque chose qui ressemblait Ă la lumiĂšre du soleil passant Ă travers des murs de verre. â Tu as l'air tout Ă fait Ă©tonnĂ©, Lobsang, me dit le Lama. J'espĂšre que tu as bien dormi. â Oui, MaĂźtre, rĂ©pondis-je, mais je suis de plus en plus perplexe ; plus les choses me sont expliquĂ©es et plus je suis dĂ©concertĂ©. Par exemple, cette lumiĂšre qui vient de quelque part n'a pu ĂȘtre emmagasinĂ©e pendant un million d'annĂ©es et briller ensuite aussi vivement que le soleil lui-mĂȘme. â Il y a beaucoup de choses que tu devras apprendre, Lobsang ; tu es un peu jeune encore, mais puisque nous sommes dans ces lieux, je vais t'en dire un peu. Les Jardiniers de la Terre voulaient des endroits secrets afin de pouvoir venir sur Terre Ă l'insu des Terriens, et c'est ainsi que lorsque ceci n'Ă©tait qu'un rocher de faible hauteur en saillie au-dessus du sol, ils percĂšrent la roche vivante au moyen de ce qu'on appellera plus tard des torches atomiques. Elles faisaient fondre la roche, et une grande partie de la surface grise vue Ă l'extĂ©rieur est de la vapeur provenant de la roche fondue. Puis, quand la caverne fut percĂ©e aux dimensions voulues, on la laissa se refroidir et elle se refroidit en laissant une surface aussi lisse que du verre. â AprĂšs avoir fait cette immense caverne dans laquelle pourrait tenir le Potala tout entier, ils firent certaines recherches et creusĂšrent ensuite des tunnels le long de cette chaĂźne montagneuse qui, Ă cette Ă©poque, Ă©tait presque entiĂšrement recouverte de terre. Il Ă©tait possible de parcourir environ deux cent cinquante milles 400 km Ă travers ces tunnels, d'une caverne Ă l'autre. â Puis il y eut cette puissante explosion qui secoua la Terre sur son axe, et certains endroits furent submergĂ©s tandis que d'autres furent soulevĂ©s. Nous avons eu la chance que cette basse colline devienne une chaĂźne de montagnes. J'en ai vu des images et je vais te les montrer. Mais, bien sĂ»r, en raison des mouvements de la Terre l'alignement de certains tunnels se trouva grandement perturbĂ© et il devint impossible de parcourir toute la longueur comme auparavant. Il n'est dĂ©sormais possible de visiter que deux ou trois cavernes avant d'Ă©merger Ă l'extĂ©rieur de la chaĂźne de montagnes, puis marcher un peu pour nous rendre lĂ oĂč nous savons que le tunnel continue. Le temps n'a pas la moindre importance pour nous, comme tu le sais, et je suis donc l'un de ceux qui ont visitĂ© environ une centaine de ces endroits et j'ai vu de trĂšs nombreuses choses Ă©tranges. â Mais, MaĂźtre, interrompis-je, comment ces choses peuvent-elles continuer Ă fonctionner aprĂšs environ un million d'annĂ©es ? Peu importe la chose, mĂȘme une Roue de PriĂšres, elle se dĂ©tĂ©riore avec le temps et l'usage et pourtant, ici, nous nous trouvons dans une lumiĂšre probablement plus claire que celle de l'extĂ©rieur. Je n'y comprends rien du tout. Le Lama soupira et dit â Mangeons d'abord quelque chose, Lobsang ; nous allons devoir passer plusieurs jours ici et un changement d'alimentation serait le bienvenu. Va dans cette petite piĂšce il pointa l'endroit, rapporte quelques-unes de ces boĂźtes sur lesquelles il y a des images, et nous aurons alors une idĂ©e de la façon dont les gens vivaient il y a trĂšs, trĂšs longtemps. Je me levai et sentis ce que je devais faire en tout premier lieu. â Honorable Lama, dis-je, puis-je vous aider Ă satisfaire vos besoins naturels ? â Merci beaucoup, Lobsang, rĂ©pondit-il dans un sourire, c'est dĂ©jĂ fait. Il y a un petit endroit dans le coin lĂ -bas, et dans le plancher tu y trouveras un trou trĂšs commode. Installe-toi au-dessus de ce trou et laisse la Nature suivre son cours ! J'allai dans la direction qu'il m'avait indiquĂ©e, trouvai le trou en question et l'utilisai. Les murs de la piĂšce Ă©taient lisses comme du verre, mais le sol avait une surface matte, si bien que l'on ne pouvait craindre de glisser. Une fois ces besoins satisfaits, je pensai de nouveau Ă la nourriture et me rendis donc dans la piĂšce situĂ©e Ă l'autre bout. Je commençai par me laver soigneusement les mains, parce que c'Ă©tait un tel luxe de tourner une barre de mĂ©tal et de voir jaillir de l'eau. AprĂšs m'ĂȘtre lavĂ© les mains Ă fond je fermai le robinet et sentis alors un courant d'air chaud venant d'un trou dans le mur. C'Ă©tait un trou de forme rectangulaire et il me vint Ă l'idĂ©e que mes mains sĂ©cheraient rapidement si je les mettais dans ce trou rectangulaire ; c'est ce que je fis et pensai que c'Ă©tait lĂ le meilleur nettoyage que j'aie jamais eu. AprĂšs cette eau si agrĂ©able, pendant que je gardais mes mains dans le trou, la chaleur fut subitement coupĂ©e. Je supposai que ceux qui avaient conçu ce systĂšme avaient dĂ» calculer le temps moyen qu'il fallait pour se sĂ©cher les mains. J'allai ensuite au placard, en ouvris les portes, et regardai avec ahurissement la sĂ©rie de contenants. Il y en avait de toutes les sortes avec des images, et ces images Ă©taient si Ă©tranges qu'elles n'avaient aucun sens pour moi. Par exemple, une chose rouge avec de grosses pinces qui ressemblait Ă un monstre fĂ©roce et quelque chose, pensai-je, comme un perce-oreille Insecte inoffensif dont l'abdomen porte une sorte de pince â NdT. Puis il y avait d'autres images qui montraient ce qui avait l'air d'araignĂ©es vĂȘtues d'une armure rouge. Eh bien, je passai outre Ă ces choses et en choisis plutĂŽt certaines qui contenaient de toute Ă©vidence des fruits de quelque sorte. Il y en avait des rouges, des verts et d'autres qui Ă©taient jaunes, et ils semblaient tous appĂ©tissants. J'en pris donc autant que je pouvais en transporter, puis je vis un chariot dans un coin. J'y dĂ©posai tous ces contenants et tirai le tout pour rejoindre le Lama Mingyar Dondup. Il rit de bon cĆur en voyant comment je m'Ă©tais organisĂ©, et demanda â Et comment as-tu aimĂ© cette façon de te laver les mains ? As-tu aimĂ© la mĂ©thode de sĂ©chage ? Imagine, tout cela est ici depuis quelques millions d'annĂ©es et continue de fonctionner, parce que l'atome qui alimente tout cet Ă©quipement est virtuellement indestructible, et lorsque nous partirons tout va en venir Ă un soupir, toute l'Ă©nergie sera stockĂ©e Ă nouveau et attendra la venue d'Ă©ventuels visiteurs. Les lumiĂšres alors se rallumeront â les lumiĂšres, en fait, sont quelque chose qui dĂ©passe ton entendement parce que derriĂšre la surface de verre se trouve une substance chimique qui rĂ©pond Ă une certaine impulsion en produisant de la lumiĂšre froide. Mais voyons ce que tu as apportĂ©. Je lui passai les choses, une par une, et il choisit quatre contenants en disant â Je pense que cela nous suffira pour l'instant, mais nous aurons besoin de quelque chose Ă boire. Dans l'armoire au-dessus du robinet tu trouveras des rĂ©cipients ; remplis-en deux avec de l'eau, et dans le bas de l'armoire tu trouveras un autre rĂ©cipient contenant des pastilles. Rapporte une de ces pastilles et nous aurons de l'eau d'une saveur diffĂ©rente. Je retournai dans la â eh bien â cuisine, et trouvai les contenants tels que dĂ©crits, les remplis d'eau, et les rapportai au Lama. J'y retournai et choisis un tube contenant de drĂŽles de petits comprimĂ©s qui Ă©taient de couleur orange. Je revins auprĂšs du Lama qui fit quelque chose Ă l'extrĂ©mitĂ© du tube d'oĂč sortit une pastille qui tomba directement dans le verre d'eau. Il rĂ©pĂ©ta la performance et une autre pastille se retrouva dans l'autre verre d'eau. Il porta alors l'un des contenants Ă ses lĂšvres et but avec dĂ©lice. Je suivis douteusement son exemple, et fus surpris et ravi de l'agrĂ©able saveur. â Mangeons quelque chose avant de boire un peu plus, dit le Lama. Il prit l'un des contenants ronds et tira sur un petit anneau. Il y eut un sifflement d'air. DĂšs que le sifflement s'arrĂȘta, il tira plus fort sur l'anneau et tout le dessus du contenant se dĂ©tacha. Ă l'intĂ©rieur il y avait des fruits. Il les renifla soigneusement, puis en prit un et le mit dans sa bouche. â Eh oui, ils se sont parfaitement bien conservĂ©s, ils sont absolument frais. Je vais t'en ouvrir une boĂźte ; choisis celle que tu prĂ©fĂšres et donne-la-moi. Je regardai le tout ; il y avait des fruits noirs avec des petits boutons partout, et c'est ceux-lĂ que je choisis. Il tira sur un anneau et de nouveau le sifflement d'air se fit entendre. Il tira plus fort et le dessus au complet se dĂ©tacha. Mais lĂ , il y avait un problĂšme ces choses Ă l'intĂ©rieur Ă©taient petites et elles Ă©taient dans un liquide. Le Lama dit alors â Il va nous falloir ĂȘtre plus civilisĂ©s. Retourne dans la cuisine et dans l'un des tiroirs tu vas trouver des objets de mĂ©tal avec un fond bombĂ© Ă une extrĂ©mitĂ© et qui ont un manche. Apportes-en deux, un pour toi et un pour moi. Ă propos, ils sont en mĂ©tal et de couleur argentĂ©e. Je repartis et revins bientĂŽt avec ces Ă©tranges morceaux de mĂ©tal. â MaĂźtre, il y avait lĂ d'autres objets Ă©tranges, certains avec des pointes au bout et d'autres avec une lame, dis-je. â Ce sont des fourchettes et des couteaux, Lobsang. Nous nous en servirons plus tard. Ce que tu as apportĂ© c'est une cuillĂšre. En en plongeant l'extrĂ©mitĂ© dans la boĂźte tu vas pouvoir recueillir les fruits en mĂȘme temps que le jus et ce sans te salir. Il me montra comment faire en puisant dans son propre contenant, et je suivis son exemple en mettant la chose de mĂ©tal dans la boĂźte pour puiser une petite quantitĂ© de la substance. Je voulais tout d'abord goĂ»ter un peu car je n'avais jamais rien vu de tel auparavant. â Ah ! Cela glissa dans ma gorge et me donna un sentiment de grande satisfaction. Je n'avais pas rĂ©alisĂ© Ă quel point j'avais faim. Je vidai mon contenant rapidement. Le Lama Mingyar Dondup fut encore plus rapide que moi. â Nous ferions mieux d'y aller doucement, Lobsang, car nous n'avons pas pris de nourriture depuis un bon moment. Puis il ajouta â Je ne me sens pas capable d'aller et venir, Lobsang, aussi je te suggĂšre de faire le tour des diffĂ©rents compartiments parce que nous voulons en savoir le plus possible. DĂ©terminĂ©, je sortis de la grande piĂšce et constatai qu'il y avait quantitĂ© d'autres salles. Je pĂ©nĂ©trai dans l'une d'elles, les lumiĂšres s'allumĂšrent et l'endroit sembla plein de machines qui Ă©tincelaient comme si elles avaient Ă©tĂ© installĂ©es le jour mĂȘme. Je m'avançai, presque effrayĂ© de toucher Ă quoi que ce soit, mais je tombai alors tout Ă fait par hasard sur une machine montrant une image. On y voyait des boutons que l'on pressait et c'Ă©tait une image en mouvement qui montrait une sorte de chaise et un homme d'Ă©trange apparence qui en aidait un autre Ă l'apparence plus Ă©trange encore, Ă s'y asseoir. Et alors, l'homme qui aidait se saisit de deux poignĂ©es et je le vis tourner celle de droite la chaise se souleva de plusieurs pouces cm. Ensuite l'image changea et je vis la chaise se promener d'un appareil Ă l'autre... et c'est alors que je m'aperçus qu'elle Ă©tait prĂ©cisĂ©ment derriĂšre moi. Je me retournai si vite que je butai dessus et tombai face la premiĂšre. Mon nez me donna l'impression d'avoir Ă©tĂ© arrachĂ© et il Ă©tait tout mouillĂ© ; je compris que je m'Ă©tais blessĂ© et qu'il saignait. Je poussai la chaise devant moi et me prĂ©cipitai vers le Lama. â Oh, MaĂźtre, j'ai trĂ©buchĂ© sur cette innommable chaise et j'ai maintenant besoin de quelque chose pour essuyer ma figure en sang. Je me dirigeai vers une boĂźte et dĂ©ballai l'un des rouleaux bleus. Il y avait ce drĂŽle de truc blanc Ă l'intĂ©rieur, comme un tas de coton enveloppĂ© ensemble. AprĂšs l'avoir appliquĂ© sur mes narines pendant plusieurs minutes, le saignement s'arrĂȘta, et je jetai cet amas de coton ensanglantĂ© dans un rĂ©cipient vide qui se trouvait lĂ ; quelque chose me poussa Ă regarder dedans. Je fus stupĂ©fait de constater que le matĂ©riel avait simplement disparu, non pas cachĂ© dans l'obscuritĂ© ou autre chose comme cela, mais tout simplement disparu. J'allai donc Ă l'endroit oĂč j'avais jetĂ© tout le pus et le reste des dĂ©chets, et en utilisant un morceau de mĂ©tal plat avec un manche en bois, je ramassai autant que je pus en une seule fois et versai le tout dans le conteneur Ă ordures, oĂč tout disparut. Je me rendis ensuite au coin que nous avions utilisĂ© pour rĂ©pondre aux besoins de la Nature, ramassai tout ce qu'il y avait lĂ pour le jeter dans le conteneur. Le tout disparut immĂ©diatement et le conteneur demeura brillant et comme neuf. â Lobsang, je pense que le conteneur devrait s'ajuster dans ce trou que nous avons utilisĂ© ; pourrais-tu vĂ©rifier si c'est le cas ? J'y traĂźnai la chose et â oui â elle s'ajustait parfaitement dans ce trou, et c'est ainsi que je la laissai lĂ , prĂȘte pour un usage immĂ©diat ! â MaĂźtre, MaĂźtre, dis-je avec grand enthousiasme, si vous vous asseyez dans cette chaise, je peux vous emmener et vous montrer des choses merveilleuses. Le Lama se leva avec prĂ©caution et je glissai la chaise sous lui. Je tournai alors la poignĂ©e comme je l'avais vu faire sur l'image en mouvement, et la chaise s'Ă©leva d'environ un pied 30 cm dans les airs, exactement Ă la bonne hauteur pour me permettre de tenir les poignĂ©es et diriger la chose. C'est ainsi qu'avec le Lama Mingyar Dondup dans ce que j'appelai un fauteuil roulant mais qui dĂ©pendait de toute Ă©vidence de la lĂ©vitation et non de roues, nous reprĂźmes le chemin de cette salle des machines. â Je pense que c'Ă©tait leur salle de divertissement, Lobsang, dĂ©clara le Lama. Toutes ces choses sont pour jouer Ă des jeux. Jetons un coup d'Ćil Ă cette boĂźte prĂšs de l'entrĂ©e. Je fis donc demi-tour et ramenai la chaise Ă l'entrĂ©e, puis je la poussai tout contre la machine qui m'avait montrĂ© comment ladite chaise fonctionnait. De nouveau je pressai un bouton et vis une image en mouvement. Chose incroyable, elle montrait le Lama Mingyar Dondup s'asseyant dans la chaise et moi le poussant dans cette piĂšce. Puis, aprĂšs nous ĂȘtre dĂ©placĂ©s quelque peu, le Lama dit quelque chose qui nous fit faire demi-tour et revenir Ă cette machine. Nous vĂźmes tout ce qui venait tout juste de se produire. L'image changea alors, montrant diverses machines et donnant des instructions en images de ce qu'elles Ă©taient. Au centre de la piĂšce se trouvait une machine qui, si on appuyait sur un bouton, dĂ©versait sur un plateau quantitĂ© de petits objets multicolores, et c'est lĂ que nous nous dirigeĂąmes. Le Lama appuya sur le bouton indiquĂ©, et avec un cliquetis mĂ©tallique des choses rondes dĂ©gringolĂšrent d'une chute pour tomber dans un petit plateau au-dessous. AprĂšs les avoir examinĂ©es et essayĂ© de les casser, j'avisai sur le cĂŽtĂ© de la machine un plat que surmontait une lame incurvĂ©e. Je mis quelques-unes de ces choses rondes dans le rĂ©cipient et abaissai une poignĂ©e â craintif et tremblant â pour voir ce qui allait se passer. Les choses furent bientĂŽt coupĂ©es en deux et Ă l'intĂ©rieur il semblait y avoir une substance molle. Comme je suis toujours plus ou moins en train de penser Ă la nourriture, je touchai l'intĂ©rieur de l'une d'elles, puis y passai ma langue. Sublime ! Je n'avais jamais rien mangĂ© d'aussi bon. â MaĂźtre, m'Ă©criai-je, il faut que vous goĂ»tiez Ă cela ! Je le ramenai prĂšs de la machine pour qu'il appuyĂąt Ă nouveau sur le bouton et il en sortit une plus grande quantitĂ© de ces choses. J'en pris une, la mis dans ma bouche et j'eus l'impression que c'Ă©tait un caillou. Au bout d'un moment, toutefois, la coquille extĂ©rieure de la chose devint molle et la pression continuelle de ma mĂąchoire pĂ©nĂ©tra la surface ; j'eus alors la plus agrĂ©able des sensations. Chaque couleur avait une saveur diffĂ©rente. Je n'avais pas la moindre idĂ©e de ce que c'Ă©tait, et le Lama vit que je m'y perdais. â J'ai Ă©normĂ©ment voyagĂ©, tu sais, Lobsang, et dans une ville Occidentale j'ai vu une machine semblable qui contenait des bonbons tout comme ceux-ci. Mais dans cette ville Occidentale, il fallait y mettre de l'argent. On mettait une piĂšce de monnaie dans une fente et toute une quantitĂ© de ces boules se dĂ©versaient. Il y avait d'autres machines du genre qui fournissaient diffĂ©rentes choses. Il y en avait une qui m'attira tout particuliĂšrement car elle contenait une substance appelĂ©e chocolat. Je dois avouer que je serais incapable de t'Ă©crire ce mot. Oh ! Oh ! ajouta-t-il, le voici c'est ce qui est Ă©crit ici, avec six autres mots. Je suppose que chacun reprĂ©sente une langue diffĂ©rente. Mais voyons si elle fonctionne. Il s'approcha de la machine et appuya fermement sur un bouton ; il y eut une lĂ©gĂšre secousse et bientĂŽt un battant s'ouvrit en rĂ©vĂ©lant toute une rĂ©serve de bonbons au chocolat et autres friandises. Nous n'avions plus qu'Ă nous servir ! Nous en mangeĂąmes jusqu'Ă nous rendre malades. Je pensais que j'allais en mourir et dus aller dans ce fameux cabinet rejeter ce que je venais d'avaler. Le Lama Mingyar Dondup, abandonnĂ© dans son fauteuil, m'appela ensuite d'urgence pour que je le conduise au mĂȘme endroit, et nous jetterons simplement un voile sur le reste de cette expĂ©rience. AprĂšs avoir rĂ©cupĂ©rĂ© dans une large mesure, nous discutĂąmes de la question et en arrivĂąmes Ă la conclusion que notre gourmandise nous avait incitĂ©s Ă trop manger un aliment Ă©trange, et nous passĂąmes alors dans une autre piĂšce qui avait dĂ» ĂȘtre un atelier de rĂ©paration. Il y avait toutes sortes de machines trĂšs Ă©tranges, et je reconnus un tour Ă bois. Le DalaĂŻ-Lama en avait un dans l'un de ses entrepĂŽts ; il lui avait Ă©tĂ© offert par un pays amical qui dĂ©sirait se montrer plus amical encore. Personne, Ă©videmment, ne savait s'en servir, mais je m'Ă©tais faufilĂ© dans la piĂšce Ă maintes reprises et avais fini par comprendre ce que c'Ă©tait. Il s'agissait d'un tour Ă pĂ©dales. Assis sur un siĂšge en bois, on utilisait ses pieds pour actionner deux pĂ©dales de haut en bas. Celles-ci faisaient tourner une roue et quand on plaçait, disons, une piĂšce de bois entre ce qui Ă©tait marquĂ© poupĂ©eâ et contre-poupĂ©eâ partie fixe et partie mobile â NdT, on pouvait sculpter le bois et faire des tiges absolument droites. Il m'Ă©tait difficile de comprendre Ă quoi ce tour-ci pouvait servir, mais je dĂ©cidai de prendre nos bĂątons pour les lisser, et ce fut beaucoup plus plaisant d'avoir des bĂątons de marche qui avaient acquis un aspect, disons, professionnel. Nous nous approchĂąmes ensuite de quelque chose qui ressemblait Ă un foyer. Il y avait aussi des chalumeaux et toutes sortes d'objets en rapport avec le feu. Comme d'habitude nous fĂźmes divers essais et dĂ©couvrĂźmes que nous pouvions rĂ©unir des piĂšces mĂ©talliques en les faisant fondre. AprĂšs plusieurs tentatives nos rĂ©sultats devinrent trĂšs satisfaisants, mais le Lama finit par dire â Allons jeter un coup d'Ćil ailleurs, Lobsang ; il y a des choses merveilleuses ici, n'est-ce pas ? Je tournai donc de nouveau la manette et la chaise s'Ă©leva d'environ deux pieds 60 cm. Je la poussai hors de la salle des machines et entrai dans une piĂšce juste en face d'un grand espace. Il y avait lĂ un vĂ©ritable mystĂšre. Il y avait un certain nombre de tables, des tables en mĂ©tal, avec d'Ă©normes bols au-dessus. Cela nous Ă©tait incomprĂ©hensible, mais dans une piĂšce attenante, nous dĂ©couvrĂźmes un renfoncement dans le sol et, sur le mur juste au-dessus, des instructions sur la façon d'utiliser la chose. Heureusement, il y avait Ă©galement des images montrant comment faire, aussi nous nous assĂźmes sur le bord du bassin vide et j'enlevai au Lama ses pansements. Je l'aidai ensuite Ă se mettre debout et aussitĂŽt qu'il se trouva au centre du bassin, il commença Ă se remplir d'une solution de vapeur ! â Lobsang, Lobsang, ceci va guĂ©rir mes jambes. Je peux lire certains des mots Ă©crits sur le mur, et si je n'y arrive pas dans une langue, je le peux dans une autre. Il s'agit de quelque chose qui rĂ©gĂ©nĂšre les tissus. â Mais MaĂźtre, dis-je, comment est-ce possible que cela guĂ©risse vos jambes, et comment se fait-il que vous en sachiez autant sur ces langues ? â Oh, c'est trĂšs simple, rĂ©pondit-il, j'ai Ă©tudiĂ© ce genre de choses toute ma vie. J'ai Ă©normĂ©ment voyagĂ© Ă travers le monde et j'ai appris diffĂ©rentes langues. Tu as dĂ» remarquer que j'ai toujours des livres avec moi ; je passe tout mon temps libre Ă les lire afin d'apprendre. Maintenant, cette langue il pointa l'Ă©criture sur le mur est ce qu'on appelle le sumĂ©rien, et c'est elle qui Ă©tait la langue principale de l'une des Atlantides. â Les Atlantides ? demandai-je. N'y avait-il pas un seul endroit appelĂ© Atlantide ? Le Lama eut un bon rire jovial et rĂ©pondit â Non, Non, Lobsang, il n'y a pas un endroit prĂ©cis qui s'appelle l'Atlantide ; c'est un terme gĂ©nĂ©rique pour les nombreuses terres qui ont sombrĂ© dans l'ocĂ©an et dont toute trace a Ă©tĂ© perdue. â Oh ! dis-je, je croyais que c'Ă©tait un pays oĂč l'on Ă©tait arrivĂ© Ă un niveau de civilisation tel que nous autres, Ă cĂŽtĂ©, Ă©tions de vĂ©ritables ignorants, et maintenant vous me dites qu'il n'y avait pas d'Atlantide spĂ©cifique. Il m'interrompit en disant â Il y a une si grande confusion Ă ce sujet et les scientifiques du monde ne vont pas croire la vĂ©ritĂ©. La vĂ©ritĂ© est celle-ci il fut un temps oĂč ce monde n'avait qu'une seule masse de terre. Le reste Ă©tait de l'eau, et finalement, sous l'effet des vibrations terrestres comme celles produites par les tremblements de terre, l'unique masse de terre fut morcelĂ©e en Ăźles, et l'on donna le nom de continents aux trĂšs grandes Ăźles. Elles dĂ©rivĂšrent progressivement de sorte que, dans beaucoup d'entre elles, les gens oubliĂšrent la Vieille Langue, et ils utilisĂšrent leur propre dialecte familial comme langue courante. Jadis, il n'y avait pas de langue parlĂ©e car tout le monde communiquait par tĂ©lĂ©pathie, mais certains individus malveillants prirent avantage du fait de connaĂźtre ce que chacun communiquait aux autres, et c'est ainsi qu'il devint coutumier que les chefs des communautĂ©s Ă©laborent des langues qu'ils utilisaient quand ils ne voulaient pas se servir de la tĂ©lĂ©pathie que n'importe qui pouvait capter. Avec le temps, le langage devint de plus en plus utilisĂ©, et l'art de la tĂ©lĂ©pathie se perdit, sauf pour quelques personnes comme certains d'entre nous au Tibet. Nous pouvons communiquer par la pensĂ©e. J'ai, pour te donner un exemple, Ă©tabli le contact avec un ami du Chakpori pour lui expliquer notre situation exacte, et il m'a rĂ©pondu qu'il valait mieux rester lĂ oĂč nous Ă©tions Ă cause des tempĂȘtes qui faisaient rage et rendraient trĂšs difficile la descente de la montagne. Comme il me le disait, peu importe lĂ oĂč nous sommes du moment que l'on apprend quelque chose, et je crois que nous apprenons Ă©normĂ©ment. Mais, Lobsang, ce produit semble faire des merveilles pour mes jambes. Si tu les regardes, tu vas en fait les voir en train de guĂ©rir. Je regardai, et le spectacle Ă©tait des plus mystĂ©rieux. La chair avait Ă©tĂ© coupĂ©e jusqu'Ă l'os et je pensais que la seule chose Ă faire serait d'amputer ses jambes une fois de retour Ă Chakpori, mais voilĂ que ce merveilleux bain rond Ă©tait en train de guĂ©rir la chair. Pendant que je regardais je pouvais voir se dĂ©velopper une nouvelle chair, unissant les entailles. â Je crois que je vais sortir de ce bain pour le moment, dit soudainement le Lama, parce que mes jambes me dĂ©mangent tellement que je vais devoir me mettre Ă danser si je reste ici, et c'est quelque chose qui te ferait bien rire. Alors je sors et tu n'as pas besoin de m'aider. D'un pied sĂ»r, il sortit du bain et, ce faisant, tout le liquide disparut. Il n'y avait aucun trou pour cela, aucun tuyau d'Ă©coulement ou quoi que ce soit permettant la vidange ; il sembla simplement disparaĂźtre dans les murs et le fond. â Regarde, Lobsang, il y a ici des livres avec des illustrations vraiment fascinantes qui montrent comment effectuer certaines opĂ©rations, qui montrent comment faire fonctionner ces machines Ă l'extĂ©rieur. Nous devons nous mettre au travail pour essayer de comprendre ceci, parce que nous pouvons ĂȘtre en mesure d'en faire profiter le monde si cette science des plus anciennes pouvait ĂȘtre ravivĂ©e. Je regardai certains de ces livres et ils me parurent assez horribles. Des images des parties internes des gens, des images de gens avec les plus affreuses blessures imaginables, des blessures si graves, qu'on ne peut mĂȘme pas les concevoir. Mais je dĂ©cidai que je m'y mettrais sĂ©rieusement et apprendrais le plus possible au sujet du corps humain. Mais pour le moment, ce qui me paraissait urgent c'Ă©tait de me nourrir ! Le cerveau ne peut convenablement fonctionner si le ventre est vide, pensai-je. PensĂ©e que j'exprimai Ă haute voix, d'ailleurs, ce qui fit rire le Lama. â Tout juste ce Ă quoi j'Ă©tais en train de penser. Ce traitement m'a donnĂ© une faim de loup ; allons voir ce qu'il y a dans cette cuisine. Il va nous falloir soit ne manger que des fruits, soit enfreindre une de nos rĂšgles et manger de la viande. Je frĂ©mis et eus un haut-le-cĆur. â Mais MaĂźtre, dis-je, comment peut-on manger la chair d'un animal ? â Mais, juste ciel, Lobsang, ces animaux sont morts depuis des millions d'annĂ©es. Nous ne savons pas depuis combien de temps cet endroit existe, mais nous savons qu'il est en remarquablement bon Ă©tat. Il vaut mieux pour nous manger de la viande et vivre que de jouer les puristes et mourir. â MaĂźtre, comment cet endroit est-il en si bon Ă©tat s'il a un million d'annĂ©es ? Cela me paraĂźt impossible. Tout s'use, mais ce lieu semble avoir Ă©tĂ© dĂ©laissĂ© hier. Je ne comprends tout simplement pas, et je ne comprends pas le sujet de l'Atlantide. â Eh bien, il existe ce que l'on appelle l'animation suspendue. En fait ces gens, les Jardiniers de la Terre, Ă©taient sujets Ă des maladies tout comme nous le sommes, mais elles ne pouvaient pas ĂȘtre traitĂ©es et guĂ©ries avec les matĂ©riaux bruts disponibles sur cette Terre ; ainsi, quand une personne Ă©tait rĂ©ellement malade et au-delĂ de la compĂ©tence des Jardiniers vivant sur cette Terre, les patients Ă©taient enveloppĂ©s dans du plastique aprĂšs avoir reçu le traitement de l'animation suspendue. Dans cet Ă©tat, le patient Ă©tait vivant, mais tout juste. Un battement de cĆur ne pouvait ĂȘtre ressenti, et certainement aucun souffle ne pouvait ĂȘtre dĂ©tectĂ© ; les gens pouvaient ĂȘtre gardĂ©s en vie dans cet Ă©tat jusqu'Ă une pĂ©riode de cinq ans. Un vaisseau venait chaque annĂ©e recueillir ces cas et les emmener pour ĂȘtre traitĂ©s dans des hĂŽpitaux spĂ©ciaux de la Maison des Dieux. Une fois remis, ils Ă©taient comme neufs. â MaĂźtre, et ces autres corps, hommes et femmes, chacun dans un cercueil de pierre ? Je suis certain qu'ils sont morts, mais ils paraissent en vie et en bonne santĂ© ; qu'est-ce qu'ils font ici ? Ă quoi servent-ils ? â Les Jardiniers de la Terre sont des gens trĂšs occupĂ©s. Leurs superviseurs le sont encore plus, et pour connaĂźtre les conditions rĂ©elles chez les Terriens, ils n'avaient qu'Ă prendre l'un de ces corps. Leur propre forme astrale pĂ©nĂ©trait dans l'un de ceux-ci, qui ne sont rĂ©ellement que des enveloppes, tu sais, et activait le corps. C'est ainsi que quelqu'un pouvait ĂȘtre un homme de trente ans, ou quel que soit l'Ăąge, sans l'ennui et les difficultĂ©s de naĂźtre, de passer par l'enfance, de se trouver peut-ĂȘtre un emploi, et mĂȘme de prendre une Ă©pouse, tout cela pouvant conduire Ă un tas de complications. Mais ces corps sont bien entretenus et toujours prĂȘts Ă recevoir une Ăąmeâ qui les activera pour une pĂ©riode donnĂ©e. Ils vont ainsi rĂ©pondre Ă certains stimuli et le corps pourra se mouvoir au grĂ© et sous le contrĂŽle parfait du nouvel occupant provisoire du corps-enveloppe. Ces individus que l'on dit en transmigration sont trĂšs nombreux. Ils sont ici pour assurer une surveillance sur les humains et essayer de prĂ©venir et de rĂ©orienter certaines de leurs violentes tendances. â Je trouve tout cela absolument fascinant et presque incroyable. Et ces corps qui se trouvent au sommet du Potala, ceux qui sont recouverts d'or, sont-ils aussi destinĂ©s au mĂȘme usage ? â Oh, grands dieux, non, dit le Lama. Ceux-lĂ sont des humains de type supĂ©rieur, et quand le corps meurt l'Ă©go passe Ă des sphĂšres supĂ©rieures. Certains vont dans le monde astral oĂč ils attendent, Ă©tudiant certaines personnes qui s'y trouvent, mais je me promets de t'en dire davantage Ă ce sujet et sur celui du royaume de Patra. Pour autant que je le sache il n'y a que nous, les lamas TibĂ©tains, qui sachions quoi que ce soit Ă propos de Patra, mais c'est un sujet trop important pour ĂȘtre bĂąclĂ©. Je suggĂšre que nous regardions un peu aux alentours, car c'est un assez grand ensemble de cavernes. Le Lama alla ensuite reposer des livres sur une Ă©tagĂšre et je lui dis â N'est-il pas dommage de laisser des livres aussi prĂ©cieux sur les tablettes ? Ne serait-il pas prĂ©fĂ©rable de les rapporter au Potala ? Le Lama Mingyar Dondup me jeta un regard particulier et me dit â Je m'Ă©tonne de plus en plus de tout ce que tu sais Ă ton si jeune Ăąge, et le DalaĂŻ-Lama m'a accordĂ© son entiĂšre permission pour te parler de tout ce que je pense que tu devrais savoir. Je me sentis trĂšs flattĂ© par cette dĂ©claration, mais le Lama continua â Tu Ă©tais prĂ©sent lors de l'entretien avec les militaires Britanniques, dont l'un s'appelait Bell, et le DalaĂŻ-Lama fut absolument ravi que tu n'aies rĂ©vĂ©lĂ© Ă personne, pas mĂȘme Ă moi, ce qui a Ă©tĂ© dit, ce qui s'est passĂ©. J'ai dĂ©libĂ©rĂ©ment cherchĂ© Ă savoir, Lobsang, pour tester ta capacitĂ© Ă garder les secrets, et je suis trĂšs heureux de la façon dont tu m'as rĂ©pondu. â Dans quelques annĂ©es, le Tibet sera envahi par les Chinois qui dĂ©pouilleront le Potala de toutes les choses qui en font ce qu'il est. Ils s'empareront des Personnages DorĂ©s et les feront fondre pour en extraire l'or qu'ils contiennent. Les livres sacrĂ©s et les livres de la connaissance seront emportĂ©s Ă PĂ©kin pour y ĂȘtre Ă©tudiĂ©s, parce que les Chinois savent qu'ils peuvent en apprendre beaucoup de nous. Par consĂ©quent, nous avons des endroits pour dissimuler les choses les plus prĂ©cieuses. Tu n'as pu trouver cette caverne que par le plus grand des hasards, et nous allons masquer le flanc de la montagne pour que le plus grand des hasards ne puisse ĂȘtre rĂ©pĂ©tĂ©. Tu vois, nous avons des tunnels interconnectĂ©s sur plus de deux cents milles 322 km ; les Chinois ne pourront faire la route avec leurs machines Ă quatre roues, et ils ne pourront certainement pas la faire Ă pied, alors que pour nous ce n'est qu'un voyage de deux jours. â Dans quelques annĂ©es le Tibet sera envahi, mais non conquis. Les plus sages d'entre nous monteront sur les hautes terres du Tibet et vivront dans les souterrains, tout comme les gens qui ont fui auparavant et qui vivent dans la partie creuse de ce monde. Maintenant, ne t'emballe pas parce que nous allons discuter de ces choses. Le DalaĂŻ-Lama dit que nous ne sommes pas pressĂ©s de rentrer. Je dois t'enseigner autant qu'il m'est possible sur autant de choses que possible, et nous aurons beaucoup recours Ă ces livres. Les ramener au Potala servirait simplement Ă les mettre entre les mains des Chinois, et ce serait en vĂ©ritĂ© un triste sort. â Eh bien, je pense qu'il est temps pour nous d'effectuer une recherche systĂ©matique de cette caverne particuliĂšre et de dessiner une carte de l'endroit. â Pas besoin, MaĂźtre, rĂ©pondis-je. Voici une carte dans le menu dĂ©tail. Chapitre Quatre Le lama Mingyar Dondup parut extrĂȘmement heureux et il le fut encore plus lorsque je lui montrai aussi des cartes de plusieurs autres cavernes. J'avais farfouillĂ© sur une Ă©tagĂšre en m'Ă©merveillant qu'il n'y ait pas le moindre grain de poussiĂšre nulle part, et lĂ je trouvai... eh bien, je pourrais appeler cela du papier, car c'Ă©tait en fait d'une consistance semblable au papier, mais incomparablement plus fine. Notre papier Ă©tait quelque chose d'entiĂšrement fabriquĂ© Ă la main Ă partir de papyrus. Je pris donc cette pile de papiers et m'aperçus qu'il s'agissait de cartes et de graphiques. Tout d'abord, il y avait une carte Ă trĂšs petite Ă©chelle montrant une zone d'environ deux cent cinquante milles 400 km, puis le tunnel indiquait certaines coupures dans la ligne pour montrer lĂ oĂč il n'Ă©tait plus possible de passer, lĂ oĂč l'on devait sortir de notre propre tunnel et chercher l'entrĂ©e du suivant. C'Ă©tait parfaitement bien indiquĂ© sur la carte, mais combien de tremblements de terre l'avaient rendu inexacte, c'Ă©tait lĂ le problĂšme. Mais la carte suivante en Ă©tait une de la caverne dans laquelle nous nous trouvions. Elle indiquait toutes les piĂšces et je fus surpris de leur grand nombre ; toutes les armoires et les piĂšces Ă©taient Ă©tiquetĂ©es, mais, bien entendu, je ne pouvais rien dĂ©chiffrer. Mon Guide, toutefois, le pouvait. Nous Ă©tendĂźmes les cartes par terre et les consultĂąmes Ă plat ventre. â Lobsang, dit le Lama, tu as fait des dĂ©couvertes remarquables au cours de ce voyage et elles joueront fortement en ta faveur. J'ai dĂ©jĂ emmenĂ© ici un jeune chela et il a mĂȘme eu peur d'entrer dans la caverne. Tu vois, le vieil ermite qui a trouvĂ© la mort en tombant Ă©tait en fait le Gardien de l'entrĂ©e, et il nous faut maintenant construire un nouvel ermitage dans ce mĂȘme but. â Je pense que nous n'avons guĂšre besoin d'un Gardien, rĂ©pondis-je, parce que tout le tunnel par lequel nous sommes entrĂ©s est apparemment bloquĂ© par le tremblement de terre qui a secouĂ© toute une couche de roches qui ont glissĂ© pour couvrir cette entrĂ©e. Si nous n'avions pas ces cartes, nous pourrions ĂȘtre coincĂ©s ici pour toujours. Le lama approuva de la tĂȘte, l'air grave, puis il se leva et se dirigea vers les rayonnages de livres, regardant les titres les uns aprĂšs les autres. Puis, avec une exclamation de plaisir, il saisit un livre, quelque chose de massif, d'Ă©norme, qui semblait avoir Ă©tĂ© tout juste fabriquĂ©. â Un dictionnaire, Lobsang, des quatre langues en usage. Maintenant nous sommes en bonne voie. Il prit le livre et le dĂ©posa Ă©galement sur le plancher ; la table aurait Ă©tĂ© trop petite pour contenir toutes les cartes. Le Lama se mit Ă parcourir les pages du dictionnaire puis, prenant des notes sur la carte de notre caverne particuliĂšre, il dit â Il y a des siĂšcles et des siĂšcles, une trĂšs haute civilisation, de loin supĂ©rieure Ă ce que le monde a connu depuis lors, existait. Malheureusement, comme il y avait davantage de tremblements de terre et de sĂ©ismes marins, certaines terres sombrĂšrent sous les flots et, d'aprĂšs ce dictionnaire, dans le cas de l'Atlantide, il ne s'agit pas d'un seul continent submergĂ©. Il y en avait un dans la mer qu'ils appellent l'Atlantique, et il y en avait un autre plus bas dans la mĂȘme mer ; c'Ă©tait un endroit oĂč il y avait de nombreux sommets de montagnes et ceux qui Ă©mergent encore des eaux sont maintenant appelĂ©s des Ăźles. Je peux te montrer exactement oĂč cela se trouve sur la carte. Il farfouilla dans les papiers et en sortit bientĂŽt une grande feuille multicolore, puis il m'indiqua les mers et les endroits oĂč s'Ă©tait situĂ© l'Atlantide. â L'Atlantide, continua-t-il, veut dire terre perdueâ ; c'est la vĂ©ritable signification de ce mot. Ce n'est pas un nom comme le Tibetâ ou l'Indeâ, mais un terme gĂ©nĂ©rique pour la terre disparue, la terre qui a sombrĂ© sans laisser de trace. Nous gardĂąmes le silence tandis que nous regardions de nouveau ces cartes. J'Ă©tais soucieux de savoir comment sortir de ce lieu. Le Lama Ă©tait soucieux de trouver certaines salles. Finalement il se redressa en disant â LĂ , Lobsang, c'est lĂ . Dans cette piĂšce il y a de merveilleuses machines qui nous montrent le passĂ© et ce, jusqu'au prĂ©sent, et il y en a une qui montre le futur probable. Vois-tu, avec l'astrologie, par exemple, on peut prĂ©dire ce qui va arriver Ă un pays, mais quand il s'agit d'en prĂ©dire autant pour une personne en particulier, eh bien, il faut un astrologue de gĂ©nie ; tu as eu un tel astrologue pour prĂ©dire ton avenir, et c'est vĂ©ritablement un pĂ©nible avenir. â Explorons certaines des autres piĂšces, tout d'abord, car nous voulons passer beaucoup de temps dans la salle des machines, lĂ oĂč celles-ci peuvent nous montrer ce qui s'est produit depuis la venue en ce monde des premiers hommes. Les gens de ce monde ont de nombreuses croyances Ă©tranges, mais nous connaissons la vĂ©ritĂ© parce que nous avons pu accĂ©der au Registre Akashique et au Registre Akashique des ProbabilitĂ©s, ce qui fait que nous pouvons prĂ©dire avec prĂ©cision ce qui va arriver au Tibet, ce qui va arriver Ă la Chine, et ce qui arrivera Ă l'Inde. Mais pour l'individu â non, le Registre des ProbabilitĂ©s devient un peu trop probabilitĂ©sâ et ne doit pas ĂȘtre pris trop au sĂ©rieux. â MaĂźtre, dis-je, je suis totalement confus parce que tout ce que j'ai appris m'a fait comprendre qu'il y a dissolution le papier doit finir par tomber en poussiĂšre, les corps doivent finir par tomber en poussiĂšre, et la nourriture, aprĂšs un million d'annĂ©es, eh bien, aurait certainement dĂ» tomber en poussiĂšre, et je ne peux tout simplement pas comprendre comment cet endroit pourrait avoir environ un million d'annĂ©es. Tout paraĂźt neuf, frais, et c'est tout Ă fait incomprĂ©hensible. Le Lama me regarda en souriant et rĂ©pondit â Mais il y a un million d'annĂ©es il existait une science beaucoup plus avancĂ©e que celle d'aujourd'hui, et ces gens-lĂ avaient un systĂšme par lequel le temps lui-mĂȘme pouvait ĂȘtre arrĂȘtĂ©. Le temps est une chose purement artificielle, et il n'est utilisĂ© que sur ce monde-ci. Si tu attends quelque chose de trĂšs agrĂ©able, il te semble alors que tu doives attendre interminablement, mais s'il te faut aller voir un supĂ©rieur en vue d'une remontrance, eh bien, tu as l'impression de te retrouver en face de lui en un rien de temps Ă devoir Ă©couter l'opinion qu'il a de toi. Le temps est une chose artificielle qui permet aux gens de se livrer au commerce ou de voir Ă leurs affaires quotidiennes. Ces cavernes sont isolĂ©es du monde, elles ont ce que j'appellerai simplement un Ă©cran autour d'elles, et cet Ă©cran les place dans une dimension diffĂ©rente, la quatriĂšme dimension, lĂ oĂč les choses ne se dĂ©gradent pas. Nous allons prendre un repas avant d'explorer plus avant, et il sera composĂ© d'un dinosaure tuĂ© par des chasseurs il y a deux ou trois millions d'annĂ©es. Tu verras qu'il a trĂšs bon goĂ»t. â Mais MaĂźtre, je pensais qu'il nous Ă©tait interdit de manger de la viande. â Oui, il est interdit aux personnes ordinaires de manger de la viande. Il est considĂ©rĂ© tout Ă fait adĂ©quat de vivre de tsampa, car si on se gave de viande on obstrue son cerveau. Nous mangeons de la viande parce que nous avons besoin de la rĂ©sistance supplĂ©mentaire que seule celle-ci peut donner et, de toute façon, nous n'en avons pas beaucoup ; nous mangeons surtout des lĂ©gumes et des fruits. Mais tu peux ĂȘtre sĂ»r que manger cette viande ne nuira pas Ă ton Ăąme immortelle. LĂ -dessus il se leva et se dirigea vers la cuisine d'oĂč il revint avec un gros contenant enrobĂ© d'une horrible image. Ce devait ĂȘtre, j'imagine, celle d'un dinosaure, et une marque soulignĂ©e en rouge indiquait quelle partie se trouvait dans la boĂźte. AprĂšs quelques manipulations le Lama ouvrit le contenant. Je pus voir que la viande Ă l'intĂ©rieur Ă©tait absolument fraĂźche, que l'animal aurait pu avoir Ă©tĂ© tuĂ© le jour mĂȘme tellement elle Ă©tait fraĂźche. â Nous allons faire cuire ceci car la viande cuite est bien meilleure que la viande crue, et tu regardes bien ce que je fais. Il fit des choses bizarres avec des plats de mĂ©tal, puis aprĂšs avoir versĂ© le contenu de la boĂźte dans l'un de ces plats mĂ©talliques, il le glissa dans ce qui ressemblait Ă un cabinet en mĂ©tal. Il en ferma ensuite la porte et tourna certains boutons qui firent apparaĂźtre de petites lumiĂšres. â Maintenant, dans dix minutes ce sera Ă point, dit-il, car ce n'est pas cuit sur une flamme, mais chauffĂ© de l'intĂ©rieur vers l'extĂ©rieur. Il s'agit d'un systĂšme de rayons que je ne prĂ©tends pas comprendre. Mais il nous faut maintenant trouver des lĂ©gumes appropriĂ©s pour accompagner la viande. â Mais comment avez-vous appris tout cela, MaĂźtre ? demandai-je. â Eh bien, j'ai beaucoup voyagĂ© et recueilli des connaissances du monde Occidental, et je sais comment ils prĂ©parent un repas spĂ©cial le septiĂšme jour de la semaine. Je dois avouer que c'est rĂ©ellement bon, mais il faut des lĂ©gumes et je pense qu'ils sont ici. Il plongea la main au fond d'une armoire et en retira un contenant de forme allongĂ©e. Il le dĂ©posa sur l'Ă©tagĂšre, en Ă©tudia soigneusement l'Ă©tiquette, et dit â Oui, ce sont des lĂ©gumes et nous devons les mettre Ă cuire dans le four pendant cinq minutes. Au mĂȘme moment, une lumiĂšre s'Ă©teignit. â Ah, dit le Lama, c'est un signal ; nous devons ajouter les lĂ©gumes maintenant. Sur ce, il alla au four, ouvrit la porte et versa dans le plat le contenu de la boĂźte de lĂ©gumes, puis la referma rapidement. Il ajusta ensuite certains boutons sur le dessus, et une autre lumiĂšre s'alluma. â Lorsque toutes ces lumiĂšres seront Ă©teintes, notre repas sera parfaitement prĂ©parĂ©. Il nous faut maintenant des assiettes et ces autres instruments redoutables que tu as vus des couteaux pointus et des choses en mĂ©tal avec un petit bol Ă leur extrĂ©mitĂ©, puis ces autres choses qui se terminent par quatre ou cinq pointes et qu'on appelle des fourchettes. Je pense que tu vas apprĂ©cier ce repas. Comme il finissait de parler les petites lumiĂšres clignotĂšrent, diminuĂšrent d'intensitĂ©, pour finalement s'Ă©teindre. â Ăa y est, Lobsang. Nous pouvons maintenant nous asseoir par terre et prendre un bon repas. Il s'approcha de cet endroit chaud qu'il appelait un four et fit glisser la porte avec prĂ©caution. L'odeur Ă©tait fort agrĂ©able et j'observai avec la plus vive anticipation tandis qu'il retirait des assiettes mĂ©talliques des Ă©tagĂšres. Il me servit une gĂ©nĂ©reuse portion de tout, tandis qu'il en mettait un peu moins dans le sien. â Commence, Lobsang, commence. Tu dois conserver tes forces, tu sais. Il y avait des plats avec des lĂ©gumes de diffĂ©rentes couleurs que je n'avais jamais vus auparavant, et puis ce plus grand plat avec un gros morceau de viande de dinosaure. Avec prĂ©caution je pris la viande avec mes doigts, mais le Lama me dit d'utiliser une fourchette pour ce faire, et il me montra comment m'y prendre. Eh bien, je coupai un morceau de viande, l'examinai, le reniflai, et le mis dans ma bouche. Je me prĂ©cipitai aussitĂŽt Ă l'Ă©vier de la cuisine pour me dĂ©barrasser de cette viande dans ma bouche. Le Lama se mit Ă rire aux Ă©clats. â Tu te trompes, Lobsang. Tu crois que je t'ai jouĂ© un tour, mais ce n'est pas du tout le cas. Dans certaines parties de la SibĂ©rie les locaux dĂ©terrent parfois un dinosaure pris dans le pergĂ©lisol sol gelĂ© en permanence â NdT et congelĂ© si solide qu'il met trois ou quatre jours Ă dĂ©congeler. Ils mangent la viande de dinosaure avec le plus grand plaisir. â Eh bien, je leur donne ma part et tout le plaisir sera pour moi. J'ai cru m'ĂȘtre empoisonnĂ© autant manger ma grand-mĂšre que cette saletĂ© ! C'est abominable. Sur ces paroles je me mis Ă gratter mĂ©ticuleusement mon assiette pour qu'il ne reste plus la moindre trace de viande, puis je me hasardai Ă prendre quelques lĂ©gumes. Ă mon grand Ă©tonnement, ils Ă©taient vraiment trĂšs, trĂšs bons. Il faut dire que je n'avais jamais mangĂ© de lĂ©gumes auparavant ; jusque-lĂ je n'avais jamais rien eu d'autre que de la tsampa et de l'eau Ă boire. Je fis donc honneur aux lĂ©gumes jusqu'Ă ce que le Lama mette un frein Ă mon ardeur en disant â Tu ferais mieux de t'arrĂȘter, Lobsang. Tu as pris un trĂšs gros repas, tu sais, et tu n'es pas habituĂ© Ă ces lĂ©gumes. Il se peut que tu ne les supportes pas et qu'ils te fassent l'effet d'une purge. Je vais te donner quelques comprimĂ©s qui calmeront ton estomac dĂ©rangĂ©. J'avalai les fichus comprimĂ©s qui me parurent aussi gros que des cailloux. AprĂšs que je les eus avalĂ©s le Lama me regarda en disant â Oh, tu les as avalĂ©s comme ça ? En gĂ©nĂ©ral on les prend avec une bonne quantitĂ© d'eau. Fais-le maintenant ; remplis ta tasse d'eau et cela fera passer le goĂ»t poudreux. Une fois de plus je me levai et j'allai dans la cuisine, ou plutĂŽt je chancelai vers la cuisine, car n'ayant jamais mangĂ© de lĂ©gumes ou de fruits, je pouvais sentir d'alarmants bouillonnements dans mon ventre, si alarmants en fait, que je dus dĂ©poser ma tasse et me ruer vers cette petite piĂšce qui avait un trou dans le sol. Un peu plus et il Ă©tait trop tard ! J'y arrivai Ă temps nĂ©anmoins. Je revins auprĂšs du Lama et lui dit â Il y a beaucoup de choses qui vraiment me dĂ©concertent et que je ne peux tout simplement pas sortir de mon esprit. Par exemple, vous dites que cet endroit peut ĂȘtre vieux de deux millions d'annĂ©es. Comment se fait-il alors que les fruits et les lĂ©gumes soient si savoureux ? â Ăcoute, Lobsang, rĂ©pondit le Lama, tu dois te souvenir que ce monde a des millions d'annĂ©es et qu'il y a eu beaucoup, beaucoup de diffĂ©rents types de gens, ici. Par exemple, il y a environ deux millions d'annĂ©es existait une espĂšce de crĂ©ature sur Terre connue sous le nom d'Homo Habilis. Ils entrĂšrent dans notre Ăšre en inventant les premiers outils de ce cycle particulier. Tu vois, nous sommes des Homo Sapiens et nous descendons de cet autre Homo dont je viens de te parler. â Pour essayer de te faire comprendre un peu mieux, disons que le monde est comme un jardin, et que toutes les constructions du monde sont des plantes. Eh bien, de temps en temps le fermier viendra et il labourera son jardin, ce qui signifie qu'il retournera la terre et bouleversera ainsi toutes les plantes et leurs racines. Celles-ci se trouveront exposĂ©es un moment Ă l'air libre avant d'ĂȘtre renfoncĂ©es encore plus profondĂ©ment par la charrue qui passera de nouveau, de telle sorte qu'Ă la fin il ne sera possible Ă qui que ce soit de dire que telle ou telle plante a dĂ©jĂ poussĂ© dans ce jardin. C'est la mĂȘme chose pour les ĂȘtres humains du monde compare-nous Ă des plantes. Les humains de diffĂ©rents types sont testĂ©s et s'ils ne peuvent pas se dĂ©brouiller Ă la satisfaction des Jardiniers, alors des catastrophes et des dĂ©sastres sont leur lot. Il y a de puissantes explosions et des tremblements de terre, et toute trace d'humanitĂ© est enterrĂ©e, enfouie profondĂ©ment sous le sol, laissant la place Ă une nouvelle race de gens. Et ainsi le cycle continue ; tout comme le fermier laboure sous les plantes, les Jardiniers du Monde provoquent des dĂ©sastres tels que toute trace d'habitations est anĂ©antie. â Il arrive qu'un fermier occupĂ© sur son lopin de terre dĂ©couvre un objet brillant dans le sol lĂ oĂč il est en train de creuser ; il se penche alors, le ramasse en se demandant ce que c'est. Il le mettra peut-ĂȘtre dans le devant de sa robe pour l'emporter Ă la maison et le montrer Ă sa femme et peut-ĂȘtre Ă ses voisins. Il se peut que ce soit un objet qui ait Ă©tĂ© enfoui un million d'annĂ©es auparavant et que maintenant, avec les tremblements de terre, cette piĂšce de mĂ©tal brillant ait refait surface. â Parfois, un os sera dĂ©couvert et le fermier passera peut-ĂȘtre quelques minutes Ă se demander de quelle sorte de crĂ©ature il peut bien provenir ; il y a eu en effet des crĂ©atures trĂšs Ă©tranges sur cette Terre. Il y a eu, par exemple, des femmes Ă la peau pourprĂ©e qui avaient huit seins de chaque cĂŽtĂ©, comme une chienne qui attend des petits. Je suppose qu'il Ă©tait trĂšs utile d'avoir seize seins, mais cette race s'est Ă©teinte car, en rĂ©alitĂ©, ce n'Ă©tait pas pratique. Si une femme avait donnĂ© naissance Ă de nombreux enfants, ses seins devenaient tellement pendants qu'elle pouvait difficilement marcher sans trĂ©bucher, et ainsi cette race s'Ă©teignit. Et puis il y eut une autre race dont les hommes mesuraient environ quatre pieds 1,20 m, aucun d'entre eux de plus haute taille, qui Ă©taient nĂ©s cavaliers â contrairement Ă toi qui peux Ă peine rester assis sur le poney le plus docile que nous ayons â avec des jambes si arquĂ©es qu'ils n'avaient nul besoin d'Ă©triers, de selles, ou autres choses du genre. La constitution naturelle de leur corps semblait avoir Ă©tĂ© spĂ©cialement conçue pour l'Ă©quitation. Malheureusement le cheval n'avait pas encore Ă©tĂ© inventĂ©â Ă cette Ă©poque. â Mais, MaĂźtre, dis-je, je n'arrive pas Ă comprendre comment nous pouvons ĂȘtre dans une montagne, Ă l'intĂ©rieur d'une montagne, et pourtant avoir une lumiĂšre aussi brillante que celle du soleil et beaucoup de chaleur. Cela me dĂ©concerte et je ne peux trouver aucune solution Ă cette Ă©nigme. Le Lama sourit, comme il souriait souvent Ă certaines de mes paroles, puis reprit â Ces roches que nous appelons des montagnes ont des propriĂ©tĂ©s spĂ©ciales elles peuvent absorber la lumiĂšre du soleil, l'absorber et l'absorber encore, et alors, si l'on sait comment s'y prendre, nous pouvons la libĂ©rer et obtenir tout degrĂ© d'Ă©clairage dĂ©sirĂ©. Comme le soleil brille plus ou moins tout le temps au sommet des montagnes, eh bien, nous emmagasinons continuellement sa lumiĂšre pour le moment oĂč celui-ci poursuit son voyage et devient hors de vue. Cela n'a rien de magique, c'est un phĂ©nomĂšne naturel absolument ordinaire tout comme celui des marĂ©es â Oh, j'oubliais que tu n'as jamais vu la mer ; c'est une vaste Ă©tendue d'eau, non potable, car elle provient d'une eau douce qui a coulĂ© tout au long du flanc d'une montagne puis Ă travers les plaines en entraĂźnant avec elle toutes sortes d'impuretĂ©s et d'Ă©lĂ©ments toxiques, et si l'on essayait d'en boire l'eau, on accĂ©lĂ©rerait sa mort. Ainsi nous sommes amenĂ©s Ă utiliser un peu de la lumiĂšre solaire emmagasinĂ©e. Elle tombe sur une sorte de plaque spĂ©ciale, puis un courant d'air froid entre en jeu de l'autre cĂŽtĂ© de cette plaque ; la lumiĂšre se manifeste alors sous forme de chaleur d'un cĂŽtĂ© et de froid de l'autre cĂŽtĂ©. C'est ainsi que des gouttelettes d'eau se forment, nĂ©es de la lumiĂšre du soleil et du froid de la terre. Cette eau, appelĂ©e eau distillĂ©e, est absolument pure et peut donc ĂȘtre recueillie dans des contenants ; nous avons ainsi de l'eau potable fraĂźche en quantitĂ©. â Mais, MaĂźtre, je ne peux tout simplement pas comprendre cette histoire d'avoir des choses vieilles d'un ou deux millions d'annĂ©es. L'eau, par exemple en tournant une chose de mĂ©tal nous avons eu de l'eau froide qui, Ă©videmment, a Ă©tĂ© emmagasinĂ©e dans un rĂ©servoir quelque part il y a environ un million d'annĂ©es. Eh bien, pourquoi ne s'est-elle pas Ă©vaporĂ©e ? Comment peut-elle ĂȘtre encore potable aprĂšs tant d'annĂ©es ? Cela me dĂ©concerte totalement. Je sais que le rĂ©servoir d'eau sur le toit du Potala se tarit rapidement, alors comment ceci peut-il avoir un million d'annĂ©es ? â Lobsang ! Lobsang ! Tu penses que nous avons maintenant de bonnes connaissances scientifiques, tu penses que nous en savons beaucoup sur la mĂ©decine et la science, mais mĂȘme pour le monde extĂ©rieur, nous ne sommes qu'une bande de sauvages sans Ă©ducation. Pourtant, nous comprenons des choses que le reste du monde ne comprend pas, le reste du monde Ă©tant un groupe de personnes matĂ©rialistes. Cette eau peut bien avoir un million, deux ou trois millions d'annĂ©es d'Ăąge, mais jusqu'Ă ce que nous arrivions ici, que nous brisions le scellement qui a remis tout en marche â eh bien, il pouvait ĂȘtre question d'une heure ou deux plus tĂŽt. Tu vois, il existe ce qui s'appelle l'animation suspendue. Nous avons entendu Ă maintes reprises que dans d'autres pays il y a des gens qui sont entrĂ©s dans une transe cataleptique pendant des mois ; une personne en particulier a maintenant dĂ©jĂ franchi la barre d'une annĂ©e et demie, et elle ne s'en porte pas plus mal pour autant, elle n'a pas vieilli, tout simplement â eh bien, elle est en vie. On ne peut pas percevoir de battements de cĆur, on ne peut discerner aucun signe de respiration Ă l'aide d'un miroir, alors qu'est-ce qui la maintient endormie et pourquoi cela ne lui fait-il pas de mal ? Il y a tant de chose Ă redĂ©couvrir, des choses communes Ă l'Ă©poque oĂč les Jardiniers venaient. Simplement Ă titre d'exemple, laisse-moi te montrer la piĂšce â regarde, la voici sur la carte â oĂč les corps Ă©taient maintenus dans un Ă©tat de vie suspendue. Une fois par an, deux lamas venaient dans cette piĂšce examiner les corps ; ils les retiraient l'un aprĂšs l'autre des cercueils de pierre et vĂ©rifiaient s'ils Ă©taient toujours en parfait Ă©tat. Si tout Ă©tait bien, ils faisaient marcher les corps d'un bout Ă l'autre de la piĂšce pour faire de nouveau travailler leurs muscles. Puis, aprĂšs les avoir nourris un peu, commençait la tĂąche de faire entrer le corps astral d'un Jardiner dans l'un de ces corps installĂ© dans un cercueil de pierre. C'est une expĂ©rience des plus particuliĂšres. â Comment, MaĂźtre ? Est-ce vraiment une chose difficile Ă faire ? â Maintenant, regarde-toi, Lobsang d'un cĂŽtĂ© tu me dis que tu ne peux croire pareille chose, et d'un autre cĂŽtĂ© tu essaies d'obtenir le plus d'informations possible. Oui, c'est une sensation atroce. Dans l'astral, tu es libre de prendre la taille qui te convient le mieux tu peux vouloir ĂȘtre trĂšs petit pour une raison quelconque, ou tu peux vouloir ĂȘtre trĂšs grand et de forte carrure pour quelque autre raison. Eh bien, tu choisis le corps dĂ©sirĂ©, tu t'allonges Ă son cĂŽtĂ©, et les lamas vont alors injecter une substance dans le corps apparemment mort et vont te soulever doucement pour te poser Ă plat ventre sur ce corps. Peu Ă peu, sur une pĂ©riode d'environ cinq minutes, tu vas disparaĂźtre, tu vas devenir de plus en plus flou, et puis tout Ă coup la forme dans le cercueil de pierre va donner une secousse, s'asseoir tout droit, et faire une sorte de commentaire comme "Oh, oĂč suis-je ? Comment suis-je arrivĂ© ici ?" Pendant un laps de temps, tu vois, ils ont la mĂ©moire de la derniĂšre personne Ă avoir utilisĂ© ce corps, mais en l'espace de douze heures le corps que tu as pris apparaĂźtra absolument normal et sera capable de toutes les choses que tu pourrais faire si tu Ă©tais sur Terre dans ton propre corps. Nous faisons cela parce que parfois nous ne pouvons pas risquer d'endommager le corps rĂ©el. Ces corps de substitution, eh bien, ce qui leur arrive est sans importance ; ils n'ont besoin que de trouver quelqu'un prĂ©sentant les bonnes conditions, et nous pouvons ensuite mettre le corps dans un cercueil de pierre et laisser la force vitale s'Ă©chapper vers un autre plan d'existence. Les gens n'ont jamais Ă©tĂ© forcĂ© Ă y pĂ©nĂ©trer, tu sais, cela s'est toujours fait en toute connaissance de cause et plein consentement. â Plus tard tu occuperas l'un de ces corps pendant un an moins un jour. Il faut garder cette marge d'un jour parce que ces corps ne peuvent durer au-delĂ de trois cent soixante-cinq jours sans que certaines choses compliquĂ©es leur arrivent. Il est donc prĂ©fĂ©rable que la prise en charge dure une annĂ©e moins un jour. Et ensuite â eh bien, le corps que tu es en train d'occuper reprendra sa place dans le cercueil de pierre, frissonnant du froid qui y rĂšgne, et c'est petit Ă petit que ta forme astrale Ă©mergera du corps de substitution pour entrer dans ton propre corps et reprendre le contrĂŽle de toutes ses fonctions, de toutes ses pensĂ©es, et de toutes ses connaissances. Et sur cela sera maintenant superposĂ© tout le savoir acquis durant les trois cent soixante-quatre derniers jours. â Ce systĂšme a Ă©tĂ© amplement expĂ©rimentĂ© par les peuples de l'Atlantide. Ils avaient un grand nombre de ces corps qui Ă©taient constamment pris en charge par des super-personnes qui dĂ©siraient acquĂ©rir une certaine expĂ©rience. L'ayant vĂ©cue, elles revenaient et reprenaient leur propre corps, laissant le corps de substitution pour la prochaine personne. â Mais, MaĂźtre, je suis sincĂšrement Ă©tonnĂ© par tout cela, parce que si un Jardinier du Monde possĂšde tous ces pouvoirs, pourquoi ne peut-il tout simplement regarder d'est en ouest et du nord au sud pour voir ce qui se passe. Pourquoi tout ce scĂ©nario d'occuper un corps de substitution ? â Lobsang, tu te montres obtus. Nous ne pouvons permettre que le trĂšs haut personnage soit blessĂ©, que son corps soit endommagĂ©, et par consĂ©quent nous lui fournissons un corps de remplacement, et s'il venait Ă perdre un bras ou une jambe, c'est bien dommage, mais cela ne fait pas de mal Ă la haute entitĂ© qui a pris en charge le corps. Je vais te l'expliquer comme ceci Ă l'intĂ©rieur de la tĂȘte d'une personne il y a un cerveau. Or, ce cerveau est aveugle, sourd et muet. Il ne peut rĂ©aliser que des fonctions animales et il n'a aucune connaissance rĂ©elle des sensations. Pour te donner un exemple, disons que la trĂšs haute entitĂ© Untel veuille expĂ©rimenter la sensation de brĂ»lure. Eh bien, dans son propre corps, il ne lui serait pas possible d'abaisser ses vibrations jusqu'Ă celles, grossiĂšres, brutes, nĂ©cessaires Ă une personne pour ressentir la brĂ»lure, et comme dans ce corps de catĂ©gorie infĂ©rieure les brĂ»lures peuvent ĂȘtre ressenties, la super-entitĂ© entre dans le corps de substitution et les conditions nĂ©cessaires sont ainsi obtenues ; peut-ĂȘtre la super-entitĂ© pourra-t-elle apprendre ce qu'il en est grĂące Ă ce corps de remplacement. Le corps peut voir, le cerveau ne le peut pas. Le corps peut entendre, le cerveau ne le peut pas. Le corps peut faire l'expĂ©rience de l'amour, de la haine, et de toutes ces sortes d'Ă©motions, mais la super-entitĂ© ne le peut pas et se voit donc obligĂ©e d'acquĂ©rir la connaissance par intermĂ©diaire. â Ainsi tous ces corps sont tous vivants et prĂȘts Ă ĂȘtre utilisĂ©s par quiconque veut s'en servir ? demandai-je. â Oh non, oh non, loin de lĂ . On ne peut introduire une entitĂ© dans l'un de ces corps Ă des fins mauvaises. La super-entitĂ© doit avoir une bonne raison absolument authentique pour vouloir prendre en charge un corps ; cela ne peut se faire pour satisfaire ses intĂ©rĂȘts sexuels ou monĂ©taires parce que cela ne contribue au progrĂšs de personne dans le monde. Habituellement, il arrive qu'il y ait une certaine tĂąche entreprise par les Jardiniers du Monde, une tĂąche difficile car Ă©tant de super-cerveaux ils ne peuvent ressentir les choses, ils ne peuvent voir les choses, aussi prennent-ils des arrangements pour qu'un nombre appropriĂ© d'entre eux de super-cerveaux prennent en charge un corps et viennent sur Terre en se faisant passer pour des Terriens. Je dis toujours que le plus grand problĂšme est l'odeur terrible de ces corps. Ils sentent la viande chaude en dĂ©composition, et cela peut prendre une demi-journĂ©e avant de pouvoir surmonter la nausĂ©e occasionnĂ©e par une telle prise de contrĂŽle. Ainsi, il n'y a vraiment aucun moyen qui permette Ă une super-entitĂ© qui aurait peut-ĂȘtre mal tournĂ© quelque part de prendre pour cible un corps de substitution. Elle peut observer ce que d'autres font, Ă©videmment, mais rien ne peut se faire qui nuira Ă la super-entitĂ©. â Eh bien, tout cela est une Ă©norme Ă©nigme pour moi, parce que si une super-entitĂ© se fait attendre pendant peut-ĂȘtre une trentaine d'annĂ©es, que se passe-t-il pour la Corde d'Argent ? Il est Ă©vident que la Corde d'Argent n'est pas simplement dĂ©connectĂ©e, autrement je suppose que le corps-en-attente se dĂ©graderait. â Non, non, non, Lobsang, rĂ©pliqua le Lama. Ces corps de substitution ont une forme de Corde d'Argent qui mĂšne Ă une source d'Ă©nergie qui garde la voie ouverte pour l'occupation du corps. Ceci est connu dans la plupart des religions du monde. La Corde d'Argent est connectĂ©e par des moyens mĂ©taphysiques Ă une source centrale, et les personnes qui s'occupent de ces corps peuvent Ă©valuer leur Ă©tat par la Corde d'Argent, elles peuvent augmenter ou diminuer l'alimentation selon l'Ă©tat du corps. Je secouai la tĂȘte, perplexe, puis demandai â Eh bien, comment se fait-il que chez certaines personnes la Corde d'Argent Ă©merge du sommet de la tĂȘte, tandis que chez d'autres elle Ă©merge du nombril ? Est-ce que cela signifie qu'une façon est meilleure que l'autre ? Est-ce que cela signifie que la sortie de la corde par le nombril est pour ceux qui ne sont pas tellement Ă©voluĂ©s ? â Non, non, pas du tout, peu importe d'oĂč Ă©merge la Corde d'Argent. Si tu appartiens Ă un certain type, ta Corde d'Argent peut Ă©merger, disons, de ton gros orteil ; aussi longtemps que le contact se fait, c'est tout ce qui compte. Et aussi longtemps que le contact se fait et est maintenu en bon ordre, le corps vit dans un Ă©tat de ce que nous appelons stase. Cela signifie que tout est immobile. Les organes du corps fonctionnent Ă leur niveau minimal, et tout au long d'une annĂ©e un corps consommera moins d'un bol de tsampa. Tu vois, nous devons faire de cette façon, car autrement nous serions perpĂ©tuellement en train de dĂ©ambuler dans ces tunnels de montagnes afin de nous assurer qu'un corps est correctement soignĂ©, et si nous avions des gens qui venaient ici pour nourrir les corps, cela en fait leur causerait des dommages, parce qu'une personne peut vivre sous des conditions de stase pendant plusieurs millions d'annĂ©es, du moment qu'elle reçoit l'attention nĂ©cessaire. Et cette attention nĂ©cessaire peut ĂȘtre, et est, fournie par la Corde d'Argent. â Alors, est-ce qu'une grande EntitĂ© peut descendre et jeter un coup d'Ćil pour voir quelle sorte de corps elle va occuper ? â Non, rĂ©pondit le Lama. Si l'EntitĂ© qui est sur le point d'occuper un corps le voyait, elle ne voudrait jamais entrer dans quelque chose d'aussi horrible. Tiens â suis-moi ; nous allons dans la Salle des Cercueils. Sur ce, il ramassa ses livres et sa canne et se mit debout sur des jambes plutĂŽt tremblantes. â Je pense que nous devrions d'abord examiner vos jambes, vous savez, car vous paraissez souffrir considĂ©rablement. â Non Lobsang, rĂ©pondit-il, allons d'abord voir les cercueils. AprĂšs je te promets que nous regarderons mes jambes. Nous cheminĂąmes d'un pas assez lent, le Lama consultant rĂ©guliĂšrement sa carte. â Ah ! dit-il enfin. Nous prenons le prochain tournant Ă gauche et le suivant de nouveau Ă gauche, et c'est lĂ que se trouve la porte par laquelle nous devons entrer. Nous continuĂąmes notre chemin Ă pas lourds, tournĂąmes Ă gauche, et prĂźmes le premier tournant Ă gauche encore. Et voilĂ , la porte y Ă©tait, une grande porte qui semblait faite d'or martelĂ©. En nous approchant, une lumiĂšre Ă l'extĂ©rieur de la porte clignota, puis se stabilisa en une lumiĂšre constante, et la porte s'ouvrit. Nous entrĂąmes, et je m'arrĂȘtai un moment en observant la scĂšne plutĂŽt sinistre. C'Ă©tait une salle merveilleusement amĂ©nagĂ©e, avec des poteaux et des barres. â Ceci permet Ă un corps nouvellement Ă©veillĂ© de se tenir, Lobsang, dit le Lama. La plupart du temps, ils sont un peu Ă©tourdis lorsqu'ils se rĂ©veillent, et c'est plutĂŽt embĂȘtant de voir celui qui vient juste de s'Ă©veiller tomber la tĂȘte la premiĂšre et se retrouver tellement dĂ©figurĂ©, qu'il ne peut ĂȘtre utilisĂ© pendant un certain temps. Cela bouleverse tous les arrangements pris, et peut-ĂȘtre nous faut-il trouver un autre corps et une autre entitĂ©, ce qui nous donne un gros surplus de travail. Aucun de nous n'apprĂ©cie cela le moins du monde. Mais approche et regarde ce corps. Ă contrecĆur je m'approchai de l'endroit que le Lama me montrait. Je n'aimais pas voir des cadavres ; cela me faisait me demander pourquoi les humains avaient une durĂ©e de vie si courte, courte en effet lorsqu'on sait qu'un certain arbre a environ quatre mille ans. Je regardai dans le cercueil de pierre et il y avait lĂ un homme nu. Sur son corps il y avait un nombre de... eh bien, cela ressemblait Ă des aiguilles avec des fils conducteurs trĂšs fins, et de temps Ă autre, pendant que je regardais, le corps tressaillait et faisait un petit saut, une vision vraiment des plus inquiĂ©tantes. Pendant que je le regardais, il ouvrit des yeux vides et les referma aussitĂŽt. â Nous devons quitter cette piĂšce maintenant, dit le Lama Mingyar Dondup, parce que cet homme sera occupĂ© trĂšs, trĂšs bientĂŽt, et c'est dĂ©rangeant pour tous s'il y a des intrusions. LĂ -dessus il se dirigea vers la porte et sortit. Je jetai un dernier coup d'Ćil autour de moi et le suivis plutĂŽt Ă contrecĆur parce que les gens dans les cercueils de pierre, hommes et femmes, Ă©taient totalement nus et je me demandai ce que ferait une femme occupant l'un de ces corps. â Je capte tes pensĂ©es, Lobsang, dit le Lama. Pourquoi une femme ne pourrait-elle pas ĂȘtre employĂ©e pour faire certaines choses ? Il faut nĂ©cessairement une femme parce qu'il y a des endroits oĂč les hommes ne peuvent entrer, tout comme il y a certains endroits oĂč les femmes ne sont pas admises. Mais hĂątons-nous car nous ne voulons pas retarder la super-EntitĂ© en attente. Nous pressĂąmes davantage le pas, puis le Lama remarqua â Tu sembles avoir beaucoup de questions Ă poser ; n'hĂ©site pas, parce que tu vas devenir un super-Lama et il te faut apprendre une incroyable quantitĂ© de choses, des choses qui ne sont enseignĂ©es qu'Ă un prĂȘtre sur un million. â Et bien, dis-je, une fois que la super-EntitĂ© s'est introduite dans le corps de l'hĂŽte, que se passe-t-il ensuite ? Est-ce qu'il se prĂ©cipite pour aller prendre un bon repas ? C'est ce que je ferais sĂ»rement Ă sa place ! Le Lama rĂ©pondit en riant â Non, il ne se prĂ©cipite nulle part ; il n'a pas faim parce que le corps de substitution a Ă©tĂ© bien entretenu et bien nourri, prĂȘt pour une occupation immĂ©diate. â Mais je ne vois pas l'intĂ©rĂȘt de tout cela, MaĂźtre. Je veux dire, on penserait qu'une super-EntitĂ© pĂ©nĂ©trerait un corps qui vient juste de naĂźtre au lieu de toutes ces complications avec des cadavres qui sont comme des zombies. â Lobsang, rĂ©flĂ©chis un peu. Un bĂ©bĂ© doit vivre plusieurs annĂ©es afin d'apprendre une chose, il doit aller Ă l'Ă©cole, il doit se soumettre Ă la discipline parentale, et c'est une vĂ©ritable perte de temps. Il perd peut-ĂȘtre trente ou quarante ans, alors que si le corps peut faire tout cela et venir ensuite dans ces cercueils, il a alors en vĂ©ritĂ© beaucoup plus de valeur, il connaĂźt toutes les conditions de vie de sa propre partie du monde, et il n'a pas Ă passer des annĂ©es Ă attendre et Ă apprendre, sans trop savoir Ă quoi tout cela rime. â J'ai dĂ©jĂ vĂ©cu des expĂ©riences, dis-je, et les choses qui me sont arrivĂ©es â eh bien, elles ne semblent pas avoir de sens. Peut-ĂȘtre aurai-je des Ă©claircissements avant de quitter cet endroit. Et, de toute façon, pourquoi les humains ont-ils une durĂ©e de vie si courte ? Quand nous lisons Ă propos des Sages, ceux qui possĂšdent vraiment la sagesse, ils semblent vivre cent, deux cents ou mĂȘme trois cents ans, et ils continuent d'avoir l'air jeune. â Eh bien, Lobsang, aussi bien te le dire maintenant, je suis ĂągĂ© de plus de quatre cents ans et je peux te dire exactement pourquoi les humains ont une vie si terriblement courte "Il y a plusieurs millions d'annĂ©es, quand ce globe en Ă©tait Ă ses dĂ©buts, une planĂšte s'approcha trĂšs prĂšs et faillit entrer en collision avec ce monde qui fut en fait chassĂ© de son orbite Ă cause des impulsions antimagnĂ©tiques de l'autre monde. Mais l'autre planĂšte entra vraiment en collision avec une petite planĂšte qui Ă©clata en morceaux qui sont maintenant connus sous le nom de la ceinture d'astĂ©roĂŻdes. Nous en reparlerons plus en dĂ©tail un peu plus tard. Pour le moment, je te dirai que quand ce monde Ă©tait en formation, il y avait partout d'Ă©normes volcans qui dĂ©versaient des quantitĂ©s de lave et de fumĂ©e. Or, la fumĂ©e s'Ă©levait et formait d'Ă©pais nuages tout autour de la Terre. Ce monde n'Ă©tait pas du tout censĂ© ĂȘtre un monde ensoleillĂ©. Tu vois, la lumiĂšre du soleil est toxique, la lumiĂšre du soleil a des rayons mortels trĂšs nocifs pour un ĂȘtre humain. En fait, les rayons sont nuisibles pour toutes les crĂ©atures. La couverture nuageuse faisait du monde une serre ; elle laissait passer tous les rayons bĂ©nĂ©fiques tandis qu'elle arrĂȘtait les mauvais, et les gens vivaient des centaines d'annĂ©es. Mais lorsque la planĂšte indĂ©sirable frĂŽla la Terre, elle balaya tous les nuages la couvrant, et en l'espace de deux gĂ©nĂ©rations la durĂ©e de vie des gens fut rĂ©duite Ă soixante-dix ans. "Cette mĂȘme planĂšte, lorsqu'elle entra en collision et dĂ©truisit le plus petit monde en formant la ceinture d'astĂ©roĂŻdes, dĂ©versa ses mers dans ce monde-ci. Or, nous avons de l'eau qui forme nos mers, mais cet autre monde avait une diffĂ©rente sorte de mer c'Ă©tait une mer de pĂ©trole, et sans cette collision notre monde n'aurait pas eu de produits pĂ©troliers et cela aurait Ă©tĂ© une trĂšs bonne chose, parce que de nos jours les mĂ©dicaments sont tirĂ©s du pĂ©trole et beaucoup d'entre eux sont vraiment trĂšs nocifs. Mais voilĂ , il faut vivre avec. En ces premiers jours, toutes les mers Ă©taient contaminĂ©es par la substance pĂ©troliĂšre, mais avec le temps ce pĂ©trole coula au fond des mers et au fond des lits marins et s'accumula en grands bassins rocheux, bassins rĂ©sultant des effets volcaniques sous les lits marins. "Avec le temps le pĂ©trole sera tout Ă fait Ă©puisĂ© parce que le type de pĂ©trole disponible actuellement en est un nuisible Ă l'Homme, sa combustion entraĂźnant la formation d'un gaz mortel. Cela provoque de trĂšs nombreuses morts et amĂšne Ă©galement les femmes enceintes Ă donner naissance Ă des enfants malades et mĂȘme, dans certains cas, Ă des monstres. Nous en verrons trĂšs bientĂŽt car il y a d'autres salles que nous allons visiter. Tu pourras voir tout cela dans une scĂšne en trois dimensions. Maintenant, je sais que tu brĂ»les de savoir comment des photographies ont pu ĂȘtre prises il y a un milliard d'annĂ©es. La rĂ©ponse est qu'il existe des civilisations absolument fantastiques dans cet Univers qui, dans ce temps-lĂ , possĂ©daient un Ă©quipement photographique qui pouvait pĂ©nĂ©trer le brouillard le plus Ă©pais ou l'obscuritĂ© la plus complĂšte, et qu'ainsi des photographies furent prises. Puis, aprĂšs un certain temps, les gens de la super-science vinrent sur cette Terre et virent les gens mourir comme des mouches, si l'on peut dire, parce que si des gens ne peuvent vivre que jusqu'Ă l'Ăąge de soixante-dix ans, c'est vraiment trĂšs court et cela ne donne pas Ă quelqu'un la chance d'apprendre autant qu'il le devrait. J'Ă©coutais avec une attention profonde. Je trouvais tout cela absolument captivant et, selon moi, le Lama Mingyar Dondup Ă©tait l'homme le plus intelligent du Tibet. "Nous, ici, sur la surface de la Terre, poursuivit le Lama, ne connaissons que la moitiĂ© du monde car ce monde est creux, tout comme de nombreux autres mondes, tout comme la Lune, et d'autres individus vivent Ă l'intĂ©rieur. Certaines personnes refusent d'admettre que la Terre est creuse, mais je le sais par expĂ©rience personnelle car j'y suis allĂ©. L'une des plus grandes difficultĂ©s est que les savants du monde entier nient l'existence de tout ce que EUX n'ont pas dĂ©couvert. Ils affirment qu'il n'est pas possible que des gens vivent Ă l'intĂ©rieur de la Terre, ils affirment qu'il n'est pas possible qu'une personne vive plusieurs centaines d'annĂ©es, et ils affirment qu'il n'est pas possible que la couverture de nuage, une fois balayĂ©e, ait provoquĂ© le raccourcissement de la durĂ©e de vie. Mais il en est ainsi. Les savants, vois-tu, se rĂ©fĂšrent toujours Ă des livres scolaires qui transmettent des informations qui ont environ cent ans au moment oĂč elles atteignent les salles de classe, et des endroits comme celui-ci â cette caverne oĂč nous sommes maintenant â furent spĂ©cialement mis en place ici par les hommes les plus sages qui aient vĂ©cu. Les Jardiniers de la Terre pouvaient tomber malades, tout comme les humains natifs, et parfois une opĂ©ration Ă©tait nĂ©cessaire, une opĂ©ration qui ne pouvait ĂȘtre effectuĂ©e sur Terre ; aussi, le patient Ă©tait mis en Ă©tat d'animation suspendue et scellĂ© dans une enveloppe de plastique. Les mĂ©decins dans les cavernes envoyaient ensuite des messages Ă©thĂ©riques spĂ©ciaux demandant un navire-hĂŽpital spatial, et celui-ci descendait rapidement et emmenait les conteneurs avec les gens malades, scellĂ©s Ă l'intĂ©rieur. Ils pouvaient alors soit ĂȘtre opĂ©rĂ©s dans l'espace, ou bien ĂȘtre ramenĂ©s dans leur propre monde. "Tu vois, il est facile de voyager Ă une vitesse bien supĂ©rieure Ă celle de la lumiĂšre. Certains disaient âOh, si tu voyages Ă trente milles 50 km Ă l'heure cela te tuera parce que la pression de l'air fera Ă©clater tes poumons.â Puis, quand cela se rĂ©vĂ©la faux, les gens dirent âOh, l'Homme ne voyagera jamais Ă soixante mille 100 km Ă l'heure parce que cela le tuerait.â Ils dĂ©clarĂšrent ensuite que l'on ne pourrait jamais voyager plus rapidement que la vitesse du son, et ils disent maintenant que rien ne pourra jamais dĂ©passer la vitesse de la lumiĂšre. La lumiĂšre a une certaine vitesse, tu sais, Lobsang. Elle est composĂ©e de vibrations qui, Ă©manant de quelque objet, a un impact sur l'Ćil humain, et celui-ci voit l'objet en question. Mais, assurĂ©ment, d'ici quelques annĂ©es les gens voyageront Ă une vitesse plusieurs fois supĂ©rieure Ă celle de la lumiĂšre, comme le font les visiteurs qui viennent ici dans leurs vaisseaux spatiaux. Le vaisseau qui se trouve dans l'autre salle se prĂ©parait tout juste Ă dĂ©coller lorsque la montagne fut secouĂ©e et scella la sortie. Et, bien sĂ»r, aussitĂŽt que cela se produisit la piĂšce fut automatiquement vidĂ©e de tout son air et les gens Ă bord se trouvĂšrent en Ă©tat d'animation suspendue ; mais ils sont dans cet Ă©tat depuis si longtemps que si nous tentions de les ranimer maintenant, ils seraient probablement complĂštement fous. C'est parce que certaines parties extrĂȘmement sensibles de leurs cerveaux se sont trouvĂ©es privĂ©es d'oxygĂšne et que sans oxygĂšne elles meurent, et les individus qui se retrouvent avec un cerveau mort â eh bien, il ne sert Ă rien de les garder en vie, ils ne sont dĂ©sormais plus humains. Mais je parle trop, Lobsang. Allons jeter un coup d'Ćil Ă quelques-unes des autres piĂšces." â MaĂźtre, je voudrais d'abord voir vos jambes parce que nous avons ici les moyens de les guĂ©rir rapidement et je ne vois pas pourquoi vous devriez souffrir quand, grĂące Ă cette super-science, vous pouvez ĂȘtre guĂ©ri trĂšs, trĂšs rapidement. â D'accord, Lobsang, mon mĂ©decin en herbe. Retournons donc Ă la salle de guĂ©rison voir ce qu'on peut faire pour mes jambes. Chapitre Cinq Nous marchĂąmes le long du couloir qui sĂ©parait une piĂšce de l'autre Ă l'extĂ©rieur de la salle principale, et arrivĂąmes bientĂŽt Ă la salle des soins mĂ©dicauxâ. DĂšs que nous en franchĂźmes le seuil, la lumiĂšre apparut aussi intense que la premiĂšre fois. L'endroit semblait intact, et rien n'indiquait que nous y Ă©tions dĂ©jĂ passĂ©s, aucun signe que nos pieds couverts de poussiĂšre aient laissĂ© des traces. Le sol semblait fraĂźchement poli et les piĂšces mĂ©talliques autour du bassin central semblaient tout rĂ©cemment astiquĂ©es. Je remarquai cela au passage et j'eus envie de poser encore plus de questions, mais avant tout â MaĂźtre, dis-je, veuillez mettre vos jambes dans le bassin et je vais retirer vos bandages. Le Lama s'assit sur le bord en cĂ©ramique et laissa pendre ses jambes dans le bassin. J'entrai dans celle-ci et commençai Ă retirer les pansements. Comme j'arrivais prĂšs de la peau, je me sentis mal, trĂšs mal. Les bandages ici Ă©taient jaunes et d'un aspect horrible. â Qu'est-ce qui t'arrive, Lobsang ? Tu as l'air de quelqu'un qui s'est gavĂ© de trop de nourriture Ă©trange. â Oh, MaĂźtre, vos jambes sont en si mauvais Ă©tat ; je pense qu'il faudrait essayer de faire venir des moines pour vous ramener au Chakpori, dis-je. â Lobsang, les choses ne sont pas toujours ce qu'elles paraissent. EnlĂšve tous les bandages, toutes les bandelettes ; fais-le les yeux fermĂ©s si tu veux, ou peut-ĂȘtre vaudrait-il mieux que je le fasse moi-mĂȘme. J'arrivai Ă la fin du bandage et m'aperçus qu'il me serait impossible d'aller plus loin tant il Ă©tait collĂ© en un horrible gĂąchis, gluant, croĂ»tĂ©, qui me fit reculer. Mais le Lama se pencha, attrapa le paquet de bandages et donna un coup sec qui fit venir Ă lui le restant d'oĂč pendaient des choses visqueuses. Sans sourciller, il jeta simplement les bandages sur le sol en disant â Bon, maintenant je vais appuyer sur cette valve et le bassin va se remplir. Je l'avais tout d'abord fermĂ©e parce que, Ă©videmment, je ne voulais pas que tu enlĂšves mon pansement avec de l'eau jusqu'Ă la taille. Tu sors du bassin et je vais ouvrir les vannes. Je m'empressai de sortir et jetai un coup d'Ćil Ă ces horribles jambes. Si nous avions Ă©tĂ© au Chakpori ou ailleurs, je pense que les deux auraient Ă©tĂ© amputĂ©es, et quoi de plus terrible pour le Lama Mingyar Dondup qui a toujours voyagĂ© d'un endroit Ă un autre pour venir en aide Ă quelqu'un. Mais tandis que je regardais, une matiĂšre d'un jaune bilieux et verdĂątre se dĂ©tacha en plaques de ses jambes et flotta Ă la surface. Le Lama se haussa un peu hors de l'eau pour ouvrir davantage l'arrivĂ©e d'eau, ce qui eut pour effet de faire monter le niveau et je vis alors la matiĂšre flottante disparaĂźtre dans ce que je pris pour un conduit d'Ă©vacuation. Il consulta de nouveau le livre et effectua alors certains ajustements Ă une sĂ©rie de â eh bien, je ne peux que leur donner le nom de valves â des valves de diffĂ©rentes couleurs, et je vis l'eau changer de couleur tandis qu'une forte odeur mĂ©dicinale se rĂ©pandait dans l'air. Je regardai de nouveau ses jambes qui Ă©taient maintenant roses, tout comme celles d'un nouveau-nĂ©. Puis il releva sa robe un peu plus pour avancer davantage sur le fond en pente afin que l'eau curative lui arrive Ă mi-cuisse. Il se tint lĂ . Il restait tantĂŽt immobile ou marchait tantĂŽt lentement mais, ce faisant, ses jambes allaient en guĂ©rissant. Elles passĂšrent d'un rose enflammĂ© Ă un rose parfaitement sain et finalement il n'y eut plus de traces des plaques jaunĂątres, plus la moindre trace ; le tout avait complĂštement disparu et je levai la tĂȘte pour jeter un regard aux bandages que j'avais enlevĂ©s. Un frisson passa sur mon cuir chevelu les bandages avaient disparu sans laisser de traces, sans laisser de marques, ils s'Ă©taient tout simplement volatilisĂ©s, et j'en fus tellement abasourdi et stupĂ©fait que je m'assis involontairement en oubliant que j'Ă©tais dans l'eau, une eau mĂ©dicamenteuse en plus. Lorsqu'on prend la position du lotus et que l'on se trouve dans l'eau, mieux vaut fermer la bouche. Je m'attendais Ă un bien plus mauvais goĂ»t et fus surpris du goĂ»t trĂšs agrĂ©able de ce mĂ©dicament. Et trĂšs vite je m'aperçus que la dent qui, jusque-lĂ , m'avait fait souffrir ne me faisait plus mal, et d'un bond je me levai et crachai quelque chose ; c'Ă©tait prĂ©cisĂ©ment cette dent qui gisait maintenant sur le bord du bassin, fendue en deux. â Maudite dent, me dis-je en la regardant, tu peux maintenant te faire tout le mal que tu veux ! Tandis que je la regardais, je vis quelque chose d'absolument Ă©trange. La dent se dĂ©plaça, elle se dĂ©plaça vers le mur le plus proche, et en le touchant elle disparut. Je me tins lĂ debout comme un idiot, dĂ©goulinant de ma tĂȘte rasĂ©e Ă mes pieds nus, cherchant Ă voir quelque chose qui n'Ă©tait plus lĂ . Je me retournai pour demander au Lama Mingyar Dondup s'il l'avait vue ; il se trouvait alors en un certain endroit du sol oĂč le carrelage Ă©tait de couleur diffĂ©rente et oĂč de l'air chaud, de nature curative, sortait du sol ; il fut bientĂŽt sec. â Ă ton tour, Lobsang. Tu ressembles Ă un poisson Ă moitiĂ© noyĂ©. Tu ferais mieux de venir ici te sĂ©cher. Ă vrai dire je me sentais vraiment comme un poisson Ă moitiĂ© noyĂ©, puis je me demandai comment un poisson pouvait ĂȘtre Ă moitiĂ© noyĂ© alors qu'il vivait dans l'eau ; je fis part de cette rĂ©flexion au Lama qui me rĂ©pondit â Oui, c'est parfaitement vrai ; si tu retires un poisson de l'eau, ses branchies commencent immĂ©diatement Ă s'assĂ©cher et si tu le remets dans l'eau il va effectivement se noyer. Nous ne connaissons pas le mĂ©canisme de la chose, mais nous savons que c'est un fait. Mais tu as l'air bien mieux depuis que tu es entrĂ© dans ce bassin de guĂ©rison ; tu paraissais Ă©puisĂ© et tu as maintenant l'air de quelqu'un qui pourrait courir une centaine de milles 160 km. Je le rejoignis ensuite et regardai ses jambes de plus prĂšs. Alors mĂȘme que je regardais, la couleur rose commença Ă disparaĂźtre et elles reprirent bientĂŽt leur couleur naturelle. Il n'y avait pas la moindre trace du fait que, une heure plus tĂŽt, les os aient Ă©tĂ© presque dĂ©pouillĂ©s de leur chair. VoilĂ que ses jambes Ă©taient saines, intactes, et dire que je m'Ă©tais arrĂȘtĂ© Ă penser Ă la façon de les amputer ! â MaĂźtre, dis-je, j'ai tellement de questions Ă vous poser que j'ai presque honte de vous en demander les rĂ©ponses, mais je ne peux pas comprendre comment il se fait que les aliments et les boissons qui sont ici depuis une infinitĂ© d'annĂ©es puissent ĂȘtre encore parfaitement frais et parfaitement potables. MĂȘme dans nos rĂ©frigĂ©rateurs de glace la viande se gĂąte petit Ă petit, et comment se fait-il que cet endroit, aprĂšs des millions d'annĂ©es, puisse ĂȘtre aussi neuf que s'il avait Ă©tĂ© construit hier ? â Nous vivons dans une drĂŽle d'Ă©poque, Lobsang, une Ă©poque oĂč personne ne fait confiance Ă personne. Ă un certain moment, une population de Blancs se refusa absolument Ă croire qu'il puisse exister des Noirs et des Jaunes ; c'Ă©tait simplement trop fantastique pour y croire. De mĂȘme, des gens qui voyageaient dans un autre pays virent des hommes Ă cheval. Or, ils n'avaient jamais vu de chevaux auparavant, ils ne savaient pas que pareille chose existĂąt, aussi s'enfuirent-ils, et de retour dans leur pays ils rapportĂšrent avoir vu un homme-cheval, un centaure. Mais mĂȘme quand il fut connu que les chevaux Ă©taient des animaux qui pouvaient ĂȘtre montĂ©s par des hommes, de nombreuses personnes continuĂšrent Ă ne pas y croire, pensant que le cheval Ă©tait une sorte particuliĂšre d'humain changĂ© en une forme animale. Il y a tant de choses de ce genre. Les gens ne croient pas en quelque chose de nouveau Ă moins de l'avoir vue eux-mĂȘmes de leurs propres yeux, ou touchĂ©e, ou dĂ©montĂ©e de leurs propres mains. Ici, nous rĂ©coltons les fruits d'une trĂšs, trĂšs haute civilisation en vĂ©ritĂ©, non pas celle de l'une des Atlantides car, comme je te l'ai dit, Atlantide n'est que le terme qui dĂ©signe la terre qui disparaĂźt. Non, ces lieux remontent loin, bien au-delĂ de l'Atlantide, et il existait un moyen automatique d'arrĂȘter tout dĂ©veloppement, toute croissance, jusqu'Ă ce qu'un humain se prĂ©sente Ă une certaine distance. Ainsi, si aucun humain ne vient ici de nouveau, cet endroit restera tel qu'il est maintenant, imprenable et sans aucun signe d'altĂ©ration ou de dissolution. Mais si les gens y venaient et utilisaient l'endroit comme nous l'avons fait, aprĂšs qu'un certain nombre de personnes l'aient utilisĂ©, il se dĂ©tĂ©riorerait, vieillirait. Heureusement, nous nous trouvons dans un lieu qui a Ă©tĂ© trĂšs, trĂšs rarement utilisĂ© ; en fait, il n'a Ă©tĂ© utilisĂ© que deux fois depuis sa construction. â MaĂźtre, comment pouvez-vous affirmer que cet endroit n'a Ă©tĂ© utilisĂ© que deux fois ? Le Lama me montra alors un objet qui pendait du plafond. â LĂ , dit-il, si quelqu'un passe au-delĂ , cela s'enregistre, et celui-ci indique le chiffre 3. Le dernier enregistrement est pour toi et moi. Quand nous quitterons, et ce ne sera pas avant trois ou quatre jours, le temps de notre sĂ©jour sera enregistrĂ©, prĂȘt pour les prochains occupants qui Ă leur tour se demanderont qui a bien pu les prĂ©cĂ©der. Mais tu sais, Lobsang, j'essaie de te faire rĂ©aliser que le degrĂ© de civilisation, quand cet endroit a Ă©tĂ© construit, Ă©tait le plus haut qui ait jamais Ă©tĂ© atteint sur ce monde. Tu vois, d'abord et avant tout, ces gens Ă©taient les Gardiens du Monde, les Jardiniers du Monde. Leur civilisation Ă©tait telle, qu'ils pouvaient faire fondre la roche â aussi dure fut-elle â et lui donner l'aspect du verre et la fonte Ă©tait ce que nous appelons une fusion Ă froid, c'est-Ă -dire sans production de chaleur, si bien qu'un endroit pouvait ĂȘtre utilisĂ© immĂ©diatement. â Mais je ne peux vraiment pas comprendre pourquoi ces gens si hautement civilisĂ©s tenaient Ă vivre Ă l'intĂ©rieur des montagnes. Vous m'avez dit que cette chaĂźne de montagnes s'Ă©tend d'un bout Ă l'autre du monde. Pourquoi devaient-ils se cacher ? â La meilleure chose Ă faire est d'aller dans la salle du passĂ©, du prĂ©sent, et du futur. C'est lĂ qu'est emmagasinĂ©e la connaissance de tout ce qui s'est produit dans le monde. L'histoire que tu as apprise en classe n'est pas toujours vĂ©ridique ; elle a Ă©tĂ© modifiĂ©e pour plaire au roi ou au dictateur au pouvoir Ă l'Ă©poque. Certains d'entre eux ont dĂ©sirĂ© que leur rĂšgne soit considĂ©rĂ© comme un Ăge d'Or. Mais en voyant la chose rĂ©elle, la rĂ©alitĂ© du Registre Akashique â eh bien, on ne peut pas se tromper. â Avez-vous dit le Registre Akashique, MaĂźtre ? Je croyais que l'on ne pouvait le voir que lorsque l'on se trouve sur le plan astral. Je ne savais pas que l'on pouvait venir dans les montagnes et voir tout ce qui s'est produit, rĂ©pliquai-je. â Oh mais, tu oublies que les choses peuvent ĂȘtre copiĂ©es. Nous avons atteint un certain niveau de civilisation, nous nous pensons incroyablement intelligents et nous nous demandons si quelqu'un pourra jamais l'ĂȘtre davantage, mais viens avec moi et je vais te montrer la vraie rĂ©alitĂ©. Allez, c'est une bonne marche, mais l'exercice te fera du bien. â MaĂźtre, n'y a-t-il aucun moyen que je puisse employer pour vous Ă©viter de marcher ? N'y a-t-il pas quelque chose comme un traĂźneau ? Ou pourrais-je vous tirer si vous Ă©tiez assis sur une Ă©toffe bien solide ? â Non, non merci, Lobsang, je suis tout Ă fait capable de marcher cette distance et, en fait, l'exercice peut me faire Ă©galement du bien. Mettons-nous en route. Nous nous mĂźmes effectivement en routeâ et j'aurais aimĂ© examiner de plus prĂšs certaines des choses intĂ©ressantes observĂ©es en chemin. J'Ă©tais extrĂȘmement intriguĂ© par les portes, chacune ayant une inscription gravĂ©e sur la porte elle-mĂȘme. â Toutes ces piĂšces, Lobsang, sont consacrĂ©es Ă diffĂ©rentes sciences, des sciences dont on n'a jamais entendu parler en ce monde, parce qu'ici nous sommes comme des aveugles essayant de trouver leur chemin dans une maison qui a de nombreux corridors. Mais je suis quelqu'un douĂ© de la vue puisque je peux lire ces inscriptions et, comme je te l'ai dit, je suis dĂ©jĂ venu dans ces cavernes. Finalement, nous arrivĂąmes Ă un mur apparemment infranchissable. Il y avait une porte sur la gauche, et une porte sur la droite, mais le Lama Mingyar Dondup les ignora et, se tenant plutĂŽt juste face Ă ce mur, il prononça un son trĂšs particulier sur un ton autoritaire. ImmĂ©diatement, sans aucun bruit, le mur se divisa en deux et les deux moitiĂ©s disparurent dans les cĂŽtĂ©s du corridor. Ă l'intĂ©rieur, il n'y avait qu'une faible lumiĂšre, un scintillement comme celui des Ă©toiles. Nous entrĂąmes dans la salle qui paraissait aussi vaste que le monde. Avec un trĂšs lĂ©ger bruissement, les deux moitiĂ©s de la porte se refermĂšrent derriĂšre nous, et cette fois nous Ă©tions de l'autre cĂŽtĂ© du mur apparemment infranchissable. La lumiĂšre s'intensifia quelque peu nous permettant d'entrevoir un grand globe flottant dans l'espace. En fait il n'Ă©tait pas vraiment rond, mais avait plutĂŽt une forme de poire et de ses deux extrĂ©mitĂ©s sortaient des Ă©clairs. â Ces Ă©clairs sont les champs magnĂ©tiques du monde. Tu apprendras tout Ă ce sujet un peu plus tard. Je me tenais lĂ , bouche bĂ©e. Il semblait y avoir de chatoyants rideaux de lumiĂšre en perpĂ©tuel changement autour des pĂŽles ; ils semblaient onduler et couler d'un pĂŽle Ă l'autre, mais avec une forte attĂ©nuation de couleurs au niveau de l'Ă©quateur. Le Lama prononça quelques mots, des mots dans une langue qui m'Ă©tait inconnue. ImmĂ©diatement apparut la faible lumiĂšre d'une aube, comme celle qui accompagne la naissance d'un nouveau jour, et je me sentis comme quelqu'un qui vient tout juste de se rĂ©veiller d'un rĂȘve. Mais ce n'Ă©tait pas un rĂȘve, comme je le dĂ©couvris rapidement. â Nous allons nous asseoir ici, dit mon MaĂźtre, parce que ceci est une console qui permet de faire varier les Ă©poques. Tu n'es plus dans la troisiĂšme dimension maintenant, rappelle-toi ; ici, tu es dans la quatriĂšme dimension, et peu de gens peuvent y survivre. Aussi, si tu te sens bouleversĂ© ou malade de quelque façon, avertis-moi aussitĂŽt pour que je puisse te venir en aide. Je pus vaguement voir la main droite du Lama tendue et prĂȘte Ă tourner un bouton. Il se tourna de nouveau vers moi en disant â Es-tu sĂ»r de te sentir bien, Lobsang ? Pas de nausĂ©e, pas de malaise ? â Non, MaĂźtre, je me sens trĂšs bien ; je suis absolument fascinĂ© et je me demande ce que nous verrons en premier. â Eh bien, tout d'abord nous devons voir la formation de ce monde, et ensuite l'arrivĂ©e des Jardiniers du Monde. Ils viendront tout d'abord repĂ©rer les lieux, et ils repartiront ensuite pour Ă©laborer des plans. Tu les verras revenir plus tard dans un Ă©norme vaisseau spatial, parce que c'est rĂ©ellement ce qu'est la Lune. Soudainement tout devint noir, la noirceur la plus noire que j'aie jamais connue ; mĂȘme par une nuit sans lune il y a toujours eu la faible clartĂ© des Ă©toiles, et mĂȘme dans une piĂšce fermĂ©e sans fenĂȘtre, il y avait encore une impression d'un peu de lumiĂšre. Mais ici il n'y avait rien, rien du tout. Et puis, je faillis tomber de mon siĂšge, je faillis bondir de frayeur Ă une vitesse incroyable, deux faibles points de lumiĂšre se frappĂšrent en se rejoignant, ils entrĂšrent en collision, et alors l'Ă©cran fut rempli de lumiĂšre. Je pus voir des gaz tourbillonnants et des fumĂ©es de diffĂ©rentes couleurs, et ensuite l'Ă©cran tout entier, le globe tout entier remplit tout l'espace. Je pus voir des riviĂšres de feu se dĂ©versant de volcans crachant des flammes. L'air Ă©tait oppressant. J'Ă©tais conscient, mais obscurĂ©ment, d'ĂȘtre en train d'observer quelque chose et en fait de ne pas ĂȘtre lĂ en personne. J'observai donc et je fus de plus en plus fascinĂ© de voir le monde rĂ©trĂ©cir quelque peu et les volcans devenir moins nombreux, tandis que les mers fumaient toujours Ă cause de la lave bouillante qui s'y Ă©tait dĂ©versĂ©e. Il n'y avait rien d'autre que des rochers et de l'eau. Il n'y avait qu'une Ă©tendue de terres, pas trĂšs grande, mais une seule masse solide qui donnait au globe un mouvement incohĂ©rent particulier. Il ne suivait pas un trajet circulaire, mais semblait plutĂŽt suivre celui qu'aurait tracĂ© la main tremblante d'un enfant. Au fur et Ă mesure que je regardais, la masse terrestre prit une forme de plus en plus sphĂ©rique tandis qu'elle se refroidissait. Mais il n'y avait toujours Ă sa surface que des rochers et de l'eau et de violentes tempĂȘtes y faisaient rage. Sous l'effet des vents, les cimes montagneuses basculĂšrent et dĂ©valĂšrent les pentes pour ĂȘtre rĂ©duites en poussiĂšre. Le temps s'Ă©coula et Ă prĂ©sent la terre recouvrait une partie du monde, car elle-mĂȘme Ă©tait faite de la poussiĂšre broyĂ©e des montagnes. Elle se souleva et trembla, et en certains endroits de grands jets de fumĂ©e et de vapeur Ă©mergĂšrent et tandis que j'observais, je vis une section de terre se dĂ©tacher soudainement de la masse continentale principale. Elle s'en dĂ©tacha et pendant quelques secondes elle sembla s'accrocher Ă la masse principale dans le vain espoir d'ĂȘtre rĂ©unie. Je pouvais voir des animaux glisser le long des pentes et tomber dans l'eau bouillante. Puis, la section sĂ©parĂ©e se fendit davantage, se dĂ©tacha complĂštement et disparut sous les vagues. Ătrangement, je constatai que je pouvais voir en mĂȘme temps l'autre cĂŽtĂ© du monde, et je vis, Ă ma grande stupĂ©faction, une terre sortir de la mer. Elle s'Ă©leva comme si une main gĂ©ante l'avait soulevĂ©, elle s'Ă©leva, trembla un peu, puis frĂ©mit en s'immobilisant. Cette terre, bien sĂ»r, n'Ă©tait que roches pas une plante, pas un brin d'herbe, ni rien qui ressembla Ă des arbres. Et tandis que je regardais, une montagne Ă proximitĂ© explosa en flammes, des flammes Ă©clatantes, rouges, jaunes et bleues, puis arriva alors un flux de lave, chauffĂ©e Ă blanc, coulant comme un flot d'eau chaude. Mais aussitĂŽt que la lave toucha l'eau, elle se gĂ©lifia et se solidifia, et bientĂŽt la surface de la roche nue fut couverte par une masse d'un jaune bleuĂątre qui se refroidit rapidement. Quittant l'Ă©cran des yeux je me demandai alors oĂč Ă©tait mon Guide. Il Ă©tait lĂ juste derriĂšre moi et me dit TrĂšs intĂ©ressant, Lobsang, trĂšs intĂ©ressant, pas vrai ? Nous voulons voir beaucoup plus de choses, aussi nous allons sauter la partie oĂč la terre stĂ©rile tremblait et se tordait en se refroidissant dans l'espace. Quand nous reprendrons, nous verrons les premiers types de vĂ©gĂ©tation. Je me calai dans mon fauteuil, absolument stupĂ©fait. Est-ce que tout ceci se passait rĂ©ellement ? Je me faisais l'effet d'un dieu assistant Ă la naissance du monde. J'eus une sensation bizarreâ parce que ce monde en face de moi paraissait plus grand que celui que je connaissais, et je â eh bien, il me semblait possĂ©der de remarquables pouvoirs de vision. Je pus voir les flammes dĂ©vorer le centre du monde et en faire un monde creux, quelque chose comme une balle, et pendant tout le temps que j'observais, des mĂ©tĂ©orites, de la poussiĂšre cosmique, et d'Ă©tranges, Ă©tranges choses tombĂšrent sur la surface de la Terre. Devant moi, Ă portĂ©e de main, pensai-je, tomba une machine. Je ne pouvais en croire mes yeux parce qu'elle s'Ă©ventra et des corps en tombĂšrent, des corps et des appareils, et je pensai en moi-mĂȘme "Dans l'Avenir quelqu'un pourrait dĂ©couvrir cette Ă©pave et se demander ce qui provoqua sa chute, se demander ce que c'Ă©tait." â Tu as raison, Lobsang, me dit alors mon Guide qui avait captĂ© ma pensĂ©e, cela s'est dĂ©jĂ produit. Ă l'Ăpoque actuelle, des mineurs de charbon ont dĂ©couvert des choses vraiment remarquables des artefacts rĂ©vĂ©lant une compĂ©tence inconnue sur cette Terre. Des instruments trĂšs Ă©tranges ont Ă©galement Ă©mergĂ© du charbon et, dans un cas, le squelette complet d'un homme de trĂšs grande taille, de trĂšs haute stature. Toi et moi, Lobsang, sommes les seuls Ă voir ceci, parce qu'avant que la machine ne soit achevĂ©e les Dieux que l'on appelle les Jardiniers du Monde se sont disputĂ©s pour des histoires de femmes et c'est pour cela que nous ne pouvons voir que la formation de ceci, notre Terre. Si la machine avait Ă©tĂ© terminĂ©e, nous aurions pu voir Ă©galement d'autres mondes. Cela n'aurait-il pas Ă©tĂ© une chose merveilleuse ? Les mĂ©tĂ©orites pleuvaient, soulevant des colonnes d'eau en touchant la masse liquide et provoquant de fortes empreintes lorsqu'ils heurtaient la roche ou le sol rudimentaire qui couvrait alors la Terre. Le Lama dĂ©plaça sa main vers un autre bouton â je suppose qu'on devrait en fait parler de commutateurs â et l'action dĂ©fila Ă si grande vitesse que je ne pus voir ce qu'il en Ă©tait, puis le rythme se ralentit et l'on vit Ă nouveau la surface du globe recouverte cette fois d'une vĂ©gĂ©tation luxuriante. Il y avait d'immenses fougĂšres, plus grandes que des arbres, qui se dressaient vers le ciel, un ciel maintenant couvert de nuages pourpres donnant Ă l'air lui-mĂȘme une teinte pourprĂ©e. Il Ă©tait fascinant au dĂ©but de voir une crĂ©ature aspirer, puis expirer ce qui ressemblait Ă une fumĂ©e pourpre. Mais je me lassai bientĂŽt de ce tableau et regardai plus loin. Il y avait des monstres horribles qui d'un pas lent et pesant avançaient Ă travers des marĂ©cages ; rien ne semblait pouvoir les arrĂȘter. Une crĂ©ature gigantesque â je n'ai pas la moindre idĂ©e de son nom â vint Ă l'encontre de tout un groupe d'autres crĂ©atures lĂ©gĂšrement plus petites. Celles-ci ne voulant pas s'Ă©carter, et la plus grosse ne s'arrĂȘtant pas, cette derniĂšre qui portait sur son nez une Ă©norme corne se mit alors Ă foncer dans le groupe, tĂȘte baissĂ©e. Sur le sol dĂ©trempĂ©, maculĂ© de sang et parsemĂ© d'intestins et d'autres choses de mĂȘme nature, arrivĂšrent ensuite d'Ă©tranges crĂ©atures Ă six pattes qui Ă©mergĂšrent de l'eau ; leurs mĂąchoires ressemblaient Ă deux pelles. Ils enfournĂšrent prestement tout ce qu'ils trouvĂšrent et quand ils eurent terminĂ©, ces animaux semblĂšrent encore chercher quelque chose Ă se mettre sous la dent. L'un de leurs compagnons avait butĂ© contre un tronc d'arbre ou quelque chose de ce genre et s'Ă©tait cassĂ© une patte. Avisant cela, ils se prĂ©cipitĂšrent sur lui et le dĂ©vorĂšrent tout vivant, ne laissant que les os pour tĂ©moigner de l'Ă©vĂ©nement. Mais bientĂŽt les os furent recouverts de feuillage qui avait poussĂ©, s'Ă©tait Ă©panoui et s'Ă©tait flĂ©tri, puis Ă©tait tombĂ© au sol. Des millions d'annĂ©es plus tard ceci deviendrait une veine de charbon et les os des animaux seraient dĂ©terrĂ©s en devenant une source d'Ă©tonnement. Le monde tourna plus vite maintenant, parce que les choses progressaient plus rapidement. Le Lama Mingyar Dondup tendit le bras vers un autre interrupteur et de son coude gauche me donna un petit coup dans les cĂŽtes en disant â Lobsang, Lobsang, tu ne dors pas, n'est-ce pas ? Tu dois voir ceci. Reste Ă©veillĂ© et regarde. Il mit en marche je ne sais trop quoi on pourrait dire une image, mais elle Ă©tait tridimensionnelle et on pouvait passer derriĂšre sans effort apparent. Le Lama me donna de nouveau un petit coup de coude dans les cĂŽtes et pointa le ciel pourpre. Il y avait lĂ un miroitement argentĂ©, un long tube d'argent fermĂ© aux deux extrĂ©mitĂ©s qui descendait lentement. Il finit par Ă©merger des nuages pourpres et plana plusieurs pieds m au-dessus du terrain, puis, comme s'il avait soudainement pris une grande dĂ©cision, il se laisse tomber doucement sur la surface du monde. Pendant quelques minutes il resta simplement lĂ , immobile. Il donnait l'impression d'un animal mĂ©fiant qui regardait aux alentours avant de quitter la sĂ©curitĂ© de son abri. Finalement la crĂ©ature sembla satisfaite et une grande section de mĂ©tal tomba de cĂŽtĂ© et frappa le sol avec un claquement mou. Un certain nombre de crĂ©atures Ă©tranges apparurent dans l'ouverture en regardant autour d'elles. Elles avaient environ deux fois la taille d'un homme de grande taille et Ă©taient deux fois plus larges, mais elles semblaient revĂȘtues d'une sorte de vĂȘtement qui les couvrait de la tĂȘte aux pieds. La partie couvrant la tĂȘte Ă©tait tout Ă fait transparente. Nous pouvions voir les visages austĂšres, autocratiques, des gens. Ceux-ci paraissaient penchĂ©s sur une carte et prenaient des notes. Ils dĂ©cidĂšrent finalement que tout allait bien et se mirent ainsi Ă descendre un par un le long de la paroi mĂ©tallique qu'ils avaient jetĂ©e sur le sol, mais dont une extrĂ©mitĂ© Ă©tait restĂ©e attachĂ©e au vaisseau. Ces hommes Ă©taient couverts d'une sorte de gaine ou de vĂȘtement de protection. L'un de ces hommes â je crois qu'il s'agissait d'hommes, car il Ă©tait difficile de le dĂ©terminer Ă travers toute la fumĂ©e et la difficultĂ© de voir Ă travers leurs casques transparents â mais l'un d'eux glissa de la grande piĂšce de mĂ©tal et tomba tĂȘte premiĂšre dans la vase. Presque avant qu'il n'ait touchĂ© la surface, d'abominables crĂ©atures jaillirent de la vĂ©gĂ©tation et l'attaquĂšrent. Ses camarades sortirent prĂ©cipitamment, pour le dĂ©fendre, des armes qu'ils portaient Ă leur ceinture. L'homme fut tirĂ© prestement sur passerelle de mĂ©tal ; l'on put voir que ce qui enveloppait le corps Ă©tait sĂ©rieusement dĂ©chirĂ©, apparemment par des animaux, et qu'il saignait abondamment. Deux des hommes le ramenĂšrent Ă l'intĂ©rieur du vaisseau, ou quelle que soit la chose, et ressortirent plusieurs minutes plus tard en tenant quelque chose dans leurs mains. Debout sur la paroi mĂ©tallique, tous deux appuyĂšrent sur un bouton de l'appareil qu'ils portaient et une flamme sortit d'un bec pointu. Tous les insectes furent carbonisĂ©s et balayĂ©s de la paroi de mĂ©tal qui fut alors relevĂ©e dans le corps du navire. Les hommes qui portaient le lance-flammes se dĂ©placĂšrent prudemment, projetant les flammes sur le sol et brĂ»lant toute une bande de terre d'un cĂŽtĂ© du navire. Ils Ă©teignirent alors leur appareil et s'empressĂšrent de rejoindre les autres hommes qui avaient traversĂ© une forĂȘt de fougĂšres. Ces fougĂšres Ă©taient aussi hautes que de grands arbres et il Ă©tait facile de suivre le passage de ceux-ci parce qu'apparemment ils avaient une sorte de dispositif de coupe qui, oscillant d'un cĂŽtĂ© Ă l'autre, coupait les fougĂšres presque jusqu'au niveau du sol. Je dĂ©cidai qu'il me fallait essayer de voir ce qu'ils faisaient. Je changeai de place et m'assis un peu plus sur la gauche. De lĂ j'avais une meilleure vue puisque je pouvais maintenant voir les hommes venir apparemment vers moi. En tĂȘte du groupe, deux hommes tenaient une machine qui glissait et coupait toutes les fougĂšres sur son chemin. Elle semblait munie d'une lame rotative, et ils eurent tĂŽt fait de passer Ă travers la forĂȘt de fougĂšres et de dĂ©couvrir une clairiĂšre oĂč Ă©taient rassemblĂ©s un certain nombre d'animaux. Les animaux regardĂšrent les hommes et les hommes regardĂšrent les animaux. L'un des hommes voulant tester leur agressivitĂ© pointa vers eux un tube en mĂ©tal et dĂ©clencha une petite saillie mĂ©tallique. Il y eut une formidable explosion et l'animal qui avait Ă©tĂ© visĂ© tomba tout simplement en morceaux, il s'effondra tout simplement. Cela me rappela un moine qui Ă©tait tombĂ© du sommet d'une montagne tout fut totalement dispersĂ©. Quant aux autres animaux, il n'y en eut plus aucun signe ; ils avaient pris la fuite Ă toute vitesse. â Nous ferions mieux de passer Ă autre chose, Lobsang ; nous avons encore beaucoup de choses Ă voir. Nous allons sauter environ mille ans. Le Lama manĆuvra l'un de ces interrupteurs et tout dans le globe se mit Ă tourbillonner, puis revint finalement Ă son rythme naturel de rotation. â Ceci est un moment plus appropriĂ©, Lobsang. Sois trĂšs attentif, parce que nous allons voir comment ces grottes furent fabriquĂ©es. Nous observĂąmes trĂšs attentivement et vĂźmes une rangĂ©e de collines trĂšs basses ; au fur et Ă mesure qu'elles se rapprochaient nous nous aperçûmes qu'il s'agissait de rocs recouverts d'une espĂšce de mousse verdĂątre, sauf tout en haut oĂč il n'y avait que de la roche dĂ©nudĂ©e. Sur un cĂŽtĂ© nous vĂźmes d'Ă©tranges maisons qui semblaient Ă moitiĂ© rondes. Imaginez une balle que l'on aurait coupĂ©e en deux et dont on aurait posĂ© la moitiĂ© Ă plat sur le sol et vous aurez une idĂ©e de ces constructions. Nous y vĂźmes des gens aller et venir. Ils Ă©taient vĂȘtus d'un quelconque tissu qui leur collait au corps et qui ne laissait aucun doute sur leur sexe. Toutefois ils ne portaient pas Ă prĂ©sent leurs casques transparents et, discutant entre eux, il semblait y avoir pas mal de disputes en cours. L'un des hommes Ă©tait apparemment le chef. Il donna brusquement des ordres ; une machine sortit de l'un des abris et se dirigea vers la crĂȘte rocheuse. L'un des hommes prit place Ă l'arriĂšre de l'appareil, sur un siĂšge mĂ©tallique. Alors la machine se mit en marche, dĂ©gageant quelque choseâ Ă partir d'embouts situĂ©s tout le long de l'avant, de l'arriĂšre et des cĂŽtĂ©s, et au fur et Ă mesure que la machine se dĂ©plaçait lentement, la roche fondait et semblait se rĂ©tracter. La machine Ă©mettait amplement de lumiĂšre et nous permettait ainsi de voir qu'elle perçait un tunnel directement dans la roche vivante. Elle continua d'aller de l'avant, puis elle se mit Ă tourner en rond, et au bout de quelques heures elle avait creusĂ© la grande caverne dans laquelle nous avions pĂ©nĂ©trĂ© en premier. C'Ă©tait une immense caverne et nous pĂ»mes voir qu'il s'agissait en fait d'un hangar ou d'un garage pour certaines de leurs machines qui survolaient constamment l'endroit. Tout cela nous laissa tout Ă fait perplexes ; nous ne pensions plus ni Ă boire ni Ă manger et le temps n'avait plus d'importance. Lorsque la grande piĂšce fut terminĂ©e, la machine suivit une trajectoire qui avait Ă©tĂ© apparemment marquĂ©e au sol, et cette trajectoire devint l'un des couloirs. Cela continua et continua, hors de notre vue, mais alors d'autres machines arrivĂšrent pour creuser des piĂšces de diffĂ©rentes tailles dans les couloirs. Elles semblaient simplement faire fondre la roche puis, en reculant, elles laissaient une surface aussi lisse que du verre. Il n'y avait ni poussiĂšre ni saletĂ©, mais simplement cette surface luisante. Au fur et Ă mesure que les machines effectuaient leur travail, des Ă©quipes d'hommes et de femmes entraient dans les piĂšces, transportant des boĂźtes et des boĂźtes et encore plus de boĂźtes, mais celles-ci paraissaient flotter dans l'air. Chose certaine, il ne fallait aucun effort pour les soulever. Mais un superviseur se tenait au milieu de la piĂšce et indiquait oĂč chaque boĂźte devait ĂȘtre dĂ©posĂ©e. Puis, quand la piĂšce eut son lot complet de boĂźtes, les travailleurs commencĂšrent Ă dĂ©baller certaines d'entre elles. Il y avait d'Ă©tranges appareils et toutes sortes d'objets curieux, parmi lesquels je reconnus un microscope. J'en avais vu un modĂšle trĂšs grossier auparavant chez le DalaĂŻ-Lama qui en avait reçu un d'Allemagne, et je connaissais donc le principe de l'appareil. Nous fĂ»mes attirĂ©s par une querelle qui semblait avoir lieu. C'Ă©tait comme si certains des hommes et des femmes Ă©taient opposĂ©s aux autres hommes et femmes. On criait et on gesticulait beaucoup, jusqu'Ă ce que finalement tout un groupe d'hommes et de femmes montent dans certains de ces vĂ©hicules qui voyagent dans les airs. Ils ne firent aucun adieu ou quoi que ce soit du genre, mais montĂšrent simplement Ă bord, fermĂšrent les portes, et les machines s'envolĂšrent. Quelques jours plus tard â jours selon la vitesse du globe que nous observions â un certain nombre de vaisseaux revinrent et planĂšrent au-dessus du camp. Puis le dessous des navires s'ouvrit pour dĂ©verser des choses. Nous observions et pouvions voir les gens s'enfuir dĂ©sespĂ©rĂ©ment de lĂ oĂč tombaient les choses. Puis ils se jetĂšrent Ă terre quand le premier objet frappa le sol et explosa dans un violent flash pourpre Ă©clatant. Nous eĂ»mes du mal Ă voir parce que nous Ă©tions totalement Ă©blouis par l'Ă©clat du flash, mais alors, sortant de la forĂȘt de fougĂšres apparurent de minces faisceaux de lumiĂšre vive dont l'un frappa l'une des machines dans les airs. Celle-ci disparut immĂ©diatement dans une gerbe de flammes. â Tu vois, Lobsang mĂȘme les Jardiniers de la Terre avaient leurs problĂšmes. Leur problĂšme Ă©tait le sexe ; il y avait trop d'hommes et pas assez de femmes, et quand les hommes sont restĂ©s longtemps Ă l'Ă©cart des femmes â eh bien, ils deviennent lascifs et recourent Ă une grande violence. Mais nous n'allons pas nous attarder lĂ -dessus, ce sont seulement des histoires de meurtres et de viols. Au bout d'un certain temps de nombreux vaisseaux repartirent, apparemment vers leur vaisseau mĂšre qui faisait le tour du globe loin dans l'espace. Au bout de quelques jours un certain nombre de grands vaisseaux revinrent et atterrirent. Des hommes lourdement armĂ©s en descendirent et ils commencĂšrent une chasse Ă l'homme Ă travers le feuillage. Ils tirĂšrent Ă vue sans poser de questions, c'est-Ă -dire qu'ils tiraient si la personne Ă©tait un homme. S'il s'agissait d'une femme, ils la capturaient et l'emmenaient Ă l'un des navires. Il fallut faire une pause. Nos entrailles criaient famine et nous avions soif. Nous prĂ©parĂąmes notre tsampa traditionnelle, et aprĂšs avoir bu de l'eau, mangĂ© et effectuĂ© quelques autres besognes, nous revĂźnmes dans la salle oĂč se trouvait le globe qui reprĂ©sentait le monde. Le Lama Mingyar Dondup actionna quelque chose, et nous vĂźmes de nouveau le monde. Il s'y trouvait maintenant des crĂ©atures, des crĂ©atures d'environ quatre pieds 1,20 m de haut et aux jambes trĂšs, trĂšs arquĂ©es. Elles avaient des armes en quelque sorte qui consistaient en un bĂąton Ă l'extrĂ©mitĂ© duquel Ă©tait attachĂ©e une pierre tranchante, qu'elles rendaient encore plus tranchante en la rognant et la rognant jusqu'Ă en obtenir un bord rĂ©ellement affilĂ©. Un certain nombre d'individus Ă©taient occupĂ©s Ă la fabrication de ces armes, tandis que d'autres en construisaient d'autres modĂšles qui consistaient en bandes de cuir du milieu desquelles ils plaçaient de grosses pierres. Deux hommes tiraient sur la laniĂšre de cuir que l'on avait saturĂ© d'eau pour la rendre extensible, et lorsqu'ils la relĂąchaient la pierre placĂ©e en son centre s'Ă©lançait vers l'ennemi. Mais nous Ă©tions davantage intĂ©ressĂ©s Ă voir comment changĂšrent les civilisations, aussi le Lama Mingyar Dondup actionna Ă nouveau les commandes et tout devint obscur dans le globe. Il sembla s'Ă©couler plusieurs minutes avant que la scĂšne ne s'illumine progressivement, comme si l'aube apparaissait lentement, pour faire place bientĂŽt Ă la vĂ©ritable lumiĂšre du jour, et nous vĂźmes une ville imposante toute hĂ©rissĂ©e de flĂšches et de minarets. D'une tour Ă l'autre s'Ă©tendaient des ponts Ă l'aspect fragile. Cela me paraissait incroyable qu'ils puissent se maintenir, encore moins supporter la circulation, mais je m'aperçus alors que toute la circulation Ă©tait aĂ©rienne. Bien sĂ»r, quelques personnes se promenaient sur les ponts et sur les diffĂ©rents niveaux de rues. Soudain un terrible mugissement retentit. Nous ne comprĂźmes pas tout d'abord qu'il venait du monde que nous regardions, mais trĂšs vite nous vĂźmes une multitude de points minuscules arriver sur la ville. Juste avant d'atteindre celle-ci, ces points minuscules dĂ©crivirent des cercles en laissant tomber des choses de leurs parties infĂ©rieures. L'imposante citĂ© s'effondra. Les tours furent arrachĂ©es tandis que les ponts s'Ă©crasĂšrent, donnant l'impression de longueurs de ficelles trop nouĂ©es et emmĂȘlĂ©es pour ĂȘtre d'une quelconque utilitĂ©. Nous vĂźmes des corps tomber des Ă©difices les plus hauts. Nous pensĂąmes qu'il devait s'agir de citoyens Ă©minents Ă©tant donnĂ© leurs vĂȘtements et la qualitĂ© du mobilier qui tombait avec eux. Nous regardions sans mot dire. Nous vĂźmes un autre lot de petits points noirs venir de l'autre direction et ils attaquĂšrent les envahisseurs avec une fĂ©rocitĂ© sans prĂ©cĂ©dent. Ils semblaient ne tenir aucun compte de leur propre vie ; ils tiraient sur l'ennemi et si cela ne rĂ©ussissait pas Ă les abattre, les dĂ©fenseurs plongeaient directement sur ces â eh bien, je ne peux que leur donner le nom de gros bombardiers. Le jour prit fin et la nuit tomba sur la scĂšne, une nuit illuminĂ©e par de gigantesques flamboiements alors que la ville brĂ»lait. Les flammes Ă©clataient partout ; de l'autre cĂŽtĂ© du globe nous pouvions voir des villes en flammes, et quand la lumiĂšre de l'aurore illumina la scĂšne suivie d'un soleil rouge sang, nous ne vĂźmes que des tas d'Ă©paves, des piles de cendres et de mĂ©tal tordu. â Allons un peu plus loin, dĂ©clara le Lama Mingyar Dondup. Nous ne voulons pas voir tout ceci, Lobsang, parce que, mon pauvre ami, tu verras tout cela dans la vie rĂ©elle avant que ton temps en ce monde ne prenne fin. Le globe qui reprĂ©sentait le monde tourna. De la noirceur Ă la lumiĂšre, de la lumiĂšre Ă la noirceur, j'en oublie le nombre de fois qu'il tourna, ou peut-ĂȘtre ne l'ai-je jamais su, mais finalement le Lama tendit la main et le tournoiement du globe ralentit Ă son rythme normal. Nous regardĂąmes attentivement d'un cĂŽtĂ© et de l'autre, et vĂźmes alors des hommes avec des morceaux de bois sous forme d'une charrue. Des chevaux traĂźnaient les charrues Ă travers le sol, et nous vĂźmes un Ă©difice aprĂšs l'autre tout simplement basculer, basculer dans la tranchĂ©e creusĂ©e par la charrue. Jour aprĂšs jour ils continuĂšrent Ă labourer, jusqu'Ă ce qu'il n'y ait plus le moindre signe qu'une civilisation ait dĂ©jĂ existĂ© dans cette rĂ©gion. â Je crois que c'est suffisant pour aujourd'hui, dit alors le Lama Mingyar Dondup. Nos yeux seront trop fatiguĂ©s pour faire quoi que ce soit demain, et nous voulons regarder ceci parce que cela va se produire maintes et maintes fois jusqu'Ă ce que, Ă la fin, les guerriers aient pratiquement exterminĂ© toute vie sur le monde. Allons manger quelque chose et nous retirer pour la nuit. Je le regardai avec surprise. â Nous coucher ? Mais comment savez-vous, MaĂźtre, que c'est dĂ©jĂ la nuit ? Le Lama me montra du doigt un petit carrĂ© qui se trouvait assez Ă©loignĂ© du sol, peut-ĂȘtre aussi haut que trois hommes se tenant debout sur les Ă©paules de l'autre. Il y avait lĂ une main, un pointeur, et sur ce qui semblait ĂȘtre un fond carrelĂ©, il y avait certaines divisions de lumiĂšre et d'obscuritĂ© ; la main pointait maintenant entre la lumiĂšre Ă son plus faible et l'obscuritĂ© Ă son plus sombre. â Et voilĂ , Lobsang, dit le Lama, un nouveau jour est sur le point de commencer. Nous avons tout de mĂȘme beaucoup de temps pour nous reposer. Pour ma part, je retourne Ă la fontaine de jouvence parce que mes jambes me font trĂšs mal. Je pense que j'ai dĂ» m'Ă©corcher sĂ©rieusement les os en me lacĂ©rant la chair. â MaĂźtre, MaĂźtre, dis-je, permettez-moi de vous aider. Je me prĂ©cipitai dans la salle oĂč se trouvait la fontaine et retroussai ma robe. L'eau commença alors Ă monter et je tournai la petite chose que le Lama avait appelĂ©e un robinet, je le tournai de façon Ă ce que l'eau continue Ă couler aprĂšs que je sois sorti ; je tournai ensuite une autre manette-robinet qui, selon ce que le Lama m'avait dit, dispensait une grande quantitĂ© de pĂąte mĂ©dicamenteuse dans l'eau oĂč elle se dissolvait rapidement en tourbillonnant avec l'eau. Le Lama s'assit sur le bord du bassin et mit ses jambes dans l'eau. â Ah ! s'exclama-t-il, cela fait du bien. Cela me soulage beaucoup, Lobsang. BientĂŽt mes jambes seront de nouveau parfaitement normales et tout ceci ne sera plus que quelque chose dont nous discuterons avec Ă©merveillement. Je frottai ses jambes vigoureusement, et de petits morceaux de tissu cicatriciel se dĂ©tachĂšrent jusqu'Ă ce que, finalement, il n'en resta plus aucun et que ses jambes aient repris une apparence normale. â Cela a meilleur aspect, dis-je. Pensez-vous que c'est suffisant pour l'instant ? â Oui, je suis certain que cela suffit. Nous ne voulons pas y passer la moitiĂ© de la nuit, n'est-ce pas ? Nous allons en rester lĂ pour l'instant et aller manger quelque chose. Ce disant, il sortit du bassin et je tournai la grande roue qui servait Ă faire s'Ă©couler l'eau quelque part. Je restai lĂ jusqu'Ă ce que le bassin fut complĂštement vide et tournai alors le robinet Ă fond afin de faire disparaĂźtre des morceaux de tissu cicatriciel. Je fermai ensuite les robinets et partis Ă la recherche du Lama. â Nous en avons assez fait pour aujourd'hui, Lobsang, dit mon Guide. Je te propose un bol d'eau et de tsampa, puis nous irons nous coucher. Nous mangerons mieux demain matin. Nous nous assĂźmes donc par terre dans la position habituelle du lotus, et mangeĂąmes notre tsampa Ă l'aide de cuillĂšres. Nous nous considĂ©rĂąmes extrĂȘmement raffinĂ©s nous ne nous servions pas de nos doigts mais plutĂŽt d'un instrument civilisĂ© qui, d'aprĂšs les images de l'un des livres, s'appelait une cuillĂšre. Mais avant mĂȘme d'avoir terminĂ© mon bol, je tombai Ă la renverse et sombrai dans un profond sommeil, loin des tournoiements du monde. Chapitre Six Je m'assis soudainement dans l'obscuritĂ©, me demandant oĂč j'Ă©tais. Ce faisant, la lumiĂšre apparut progressivement, mais pas comme celle d'une bougie qui donne une lueur un moment et de l'obscuritĂ© le moment suivant ; celle-ci arriva comme Ă l'aube, de telle sorte que les yeux ne subissaient aucune tension. Je pouvais entendre le Lama Mingyar Dondup s'affairant dans la cuisine. Il m'appela en disant â Je prĂ©pare ton petit dĂ©jeuner, Lobsang, parce qu'il te faudra manger ce genre de chose quand tu iras vivre dans la partie Occidentale de ce monde, alors aussi bien t'y habituer maintenant. LĂ -dessus il eut un petit rire joyeux. Je me levai et commençai Ă me diriger vers la cuisine. Puis, non, la Nature doit passer en premier, me dis-je, et je pris donc la direction opposĂ©e afin qu'elle PUISSE passer en premier. Cette tĂąche accomplie en toute sĂ©curitĂ©, je revins Ă la cuisine alors que le Lama Ă©tait en train de mettre quelque chose dans une assiette. C'Ă©tait une sorte de truc brun-rougeĂątre, et il y avait deux Ćufs, frits, je suppose, mais Ă cette Ă©poque je n'avais encore jamais mangĂ© de nourriture frite. Il me fit donc asseoir Ă la table et se tint derriĂšre moi. â Maintenant, Lobsang, ceci est une fourchette. Tu la prends dans ta main gauche et maintiens le morceau de bacon pendant que tu le coupes avec le couteau que tu tiens dans ta main droite. Puis, l'ayant coupĂ© en deux, tu utilises la fourchette pour porter le morceau de bacon Ă ta bouche. â Quelle idĂ©e stupide ! m'exclamai-je en prenant le bacon entre le pouce et l'index, me mĂ©ritant du coup un petit coup sec sur les jointures. â Non, non, non, Lobsang ! Tu iras en Occident pour accomplir une tĂąche spĂ©ciale et il te faudra vivre comme ils vivent ; pour cela, tu dois apprendre comment faire dĂšs maintenant. Prends ce bacon avec ta fourchette et porte-le Ă ta bouche. Quand il est dans ta bouche tu retires ta fourchette. â Je ne peux pas, MaĂźtre, dis-je. â Tu ne peux pas ? Et pourquoi ne peux-tu faire ce que je te dis ? demanda le Lama. â J'avais cette chose dans la bouche quand vous m'avez frappĂ© les doigts et j'ai avalĂ© cette fichue nourriture. â Tu as lĂ l'autre morceau, regarde. Pique avec ta fourchette et porte-le Ă ta bouche. Mets-le bien Ă l'intĂ©rieur de ta bouche et retire la fourchette. Je fis comme il me disait, mais trouvai tout cela bien stupide. Pourquoi quelqu'un aurait-il besoin d'un morceau de mĂ©tal courbĂ© pour mettre des aliments dans sa bouche ? C'Ă©tait la chose la plus absurde que j'aie entendu Ă ce jour, mais ce qui suivit l'Ă©tait encore plus. â Maintenant, tu places la partie bombĂ©e de ta fourchette sous l'un des Ćufs, et avec le couteau tu en coupes Ă peu prĂšs le quart. Tu le mets ensuite dans ta bouche et le manges. â Voulez-vous dire que si je vais en Occident je devrai manger de façon aussi folle ? demandai-je au Lama. â C'est exactement ce que je veux dire, alors aussi bien t'y habituer dĂšs Ă prĂ©sent. Les doigts et les pouces sont trĂšs utiles pour une certaine catĂ©gorie de gens, mais tu es censĂ© ĂȘtre d'une Ă©toffe supĂ©rieure. Pour quelle raison penses-tu que je t'aie amenĂ© ici ? â Mais, MaĂźtre, nous sommes tombĂ©s dans ce fichu endroit par accident ! dis-je. â Non pas, non pas, reprit le Lama. Nous sommes arrivĂ©s ici par accident, certes, mais c'Ă©tait notre destination. Tu vois, le vieil ermite Ă©tait le Gardien de cet endroit. Il en fut le Gardien pendant environ cinquante ans et je t'emmenais ici pour que tu apprennes quelque chose de plus. Mais j'ai l'impression que tu t'es abĂźmĂ© la cervelle en tombant sur ce rocher ! â Je me demande quel Ăąge ont ces Ćufs, ajouta pensivement le Lama. Il dĂ©posa son couteau et sa fourchette, alla au rĂ©cipient oĂč les Ćufs Ă©taient conservĂ©s, et je le vis se mettre Ă compter les zĂ©ros. â Lobsang, ces Ćufs et ce bacon ont environ trois millions d'annĂ©es, et pourtant les Ćufs sont aussi frais que s'ils avaient Ă©tĂ© pondus hier. Je jouai avec l'Ćuf et le reste du bacon. J'Ă©tais dĂ©concertĂ©. J'avais vu des choses se dĂ©tĂ©riorer mĂȘme quand elles Ă©taient conservĂ©es dans la glace, et maintenant on me disait que je mangeais des aliments vieux de trois millions d'annĂ©es. â MaĂźtre, je suis dans une si grande confusion et plus vous m'en dites, plus vous soulevez de questions dans mon esprit. Vous me dites que ces Ćufs ont environ trois millions d'annĂ©es et je suis d'accord avec vous pour dire qu'ils ont l'air d'avoir Ă©tĂ© fraĂźchement pondus, sans aucune trace de dĂ©tĂ©rioration. Mais comment est-ce possible qu'ils aient trois millions d'annĂ©es ? â Lobsang, dit le Lama, il faudrait une explication trĂšs complexe pour rĂ©ellement te satisfaire concernant certaines de ces choses, mais regardons cela d'une maniĂšre qui n'est pas strictement exacte, mais qui devrait te donner une idĂ©e de ce que je veux dire. Maintenant, supposons que tu aies une collection de blocs. Ces blocs, que nous appellerons des cellules, peuvent ĂȘtre assemblĂ©s pour former diffĂ©rentes choses. Si tu jouais comme le font les enfants, tu pourrais construire des maisons avec ces petits cubes, puis tu pourrais les dĂ©faire pour fabriquer quelque chose de complĂštement diffĂ©rent. Eh bien, le bacon, les Ćufs, ou quoi que ce soit d'autres sont composĂ©s de petits blocs, de petites cellules qui ont une vie sans fin parce que la matiĂšre ne peut ĂȘtre dĂ©truite. Si la matiĂšre pouvait ĂȘtre dĂ©truite, l'Univers entier s'arrĂȘterait. Ainsi la Nature fait en sorte que ces blocs spĂ©cifiques prennent une forme qui reprĂ©sente le bacon, et d'autres blocs, les Ćufs. Maintenant, si tu manges le bacon et les Ćufs, tu ne perds rien parce que finalement tout ceci passe Ă travers toi, subit des modifications chimiques en cours de route, pour finir par ĂȘtre rĂ©pandu sur la terre oĂč ils nourriront les plantes en croissance. Et peut-ĂȘtre qu'un cochon ou un mouton viendront manger les plantes et grandiront Ă leur tour. C'est ainsi que tout dĂ©pend de ces blocs, de ces cellules. â Prenons des cellules qui sont ovales ; nous dirons que c'est le type naturel de la cellule. Elles donneront Ă une personne une silhouette bien proportionnĂ©e, mince, et peut-ĂȘtre grande. C'est parce que les cellules, les cellules ovales, sont toutes disposĂ©es dans une seule direction. Mais supposons que nous ayons un homme qui aime manger, qui mange bien au-delĂ de ses besoins, car on ne devrait manger que ce qu'il faut pour satisfaire sa faim immĂ©diate. Mais, de toute façon, cet homme mange pour le plaisir de manger, et ses cellules ovales deviennent rondes, et elles sont rondes parce qu'elles ont Ă©tĂ© remplies par un excĂšs de nourriture sous forme de graisse. Maintenant, bien sĂ»r, une forme ovale a une certaine longueur et si tu l'arrondis sans augmenter sa capacitĂ©, elle sera lĂ©gĂšrement moins longue ; c'est ainsi que notre gros homme est plus petit que ce qu'il aurait Ă©tĂ© s'il avait Ă©tĂ© mince. Je m'assis sur mes talons, rĂ©flĂ©chissant sĂ©rieusement Ă tout cela, et lui dis â Mais Ă quoi servent toutes ces cellules si ce n'est pas pour contenir quelque chose qui donne la vie et qui permettent Ă quelqu'un de faire quelque chose qu'une autre personne ne peut pas faire ? Le Lama rit et reprit â Je te donnais seulement une explication trĂšs grossiĂšre. Il existe diffĂ©rentes sortes de cellules. Une sorte de cellules que tu traites correctement peut faire de toi un gĂ©nie, mais la mĂȘme sorte de cellules que tu maltraites peut faire de toi un dĂ©ment. Je commence Ă me demander de quel cĂŽtĂ© tu penches en ce moment ! Nous avions fini notre petit dĂ©jeuner en transgressant la rĂšgle qui veut que l'on ne parle pas en mangeant par respect pour la nourriture. Mais je suppose que le Lama savait ce qu'il faisait et peut-ĂȘtre avait-il une permission spĂ©ciale pour enfreindre quelques-unes de nos lois. â Poursuivons notre visite. Il y a toutes sortes de choses Ă©tranges Ă voir ici, tu sais, Lobsang, et nous dĂ©sirons voir la montĂ©e et la chute des civilisations. Ici, tu peux voir cela avec exactitude, tel que cela s'est produit. Mais il n'est pas bon de passer tout notre temps Ă regarder dans le globe. On a besoin d'un changement, d'une rĂ©crĂ©ation ; rĂ©crĂ©ation signifie re-crĂ©ation, cela signifie que les cellules qui te permettent de voir ont Ă©tĂ© mises Ă rude Ă©preuve Ă recevoir autant d'images trĂšs semblables, ce qui fait qu'il te faut dĂ©tourner les yeux et regarder quelque chose de diffĂ©rent. Tu as besoin d'un changement et cela s'appelle re-crĂ©ation ou rĂ©crĂ©ation. Viens avec moi dans cette piĂšce. Je me levai Ă contrecĆur et le suivis en traĂźnant les pieds, donnant une impression exagĂ©rĂ©e de lassitude. Mais le Lama Mingyar Dondup connaissait tous ces trucs ; il en avait probablement fait autant avec son Guide. Sur le seuil de la porte je faillis tourner les talons et dĂ©guerpir. Il y avait lĂ quantitĂ© d'hommes et de femmes. Certains d'entre eux Ă©taient nus, et je vis une femme juste en face de moi, la premiĂšre femme nue que je voyais de ma vie, et je fis volte-face aprĂšs avoir formulĂ© des excuses Ă la dame pour avoir violĂ© son intimitĂ©. Mais le Lama Mingyar Dondup me saisit par les Ă©paules, et il riait tellement qu'il pouvait Ă peine parler. â Lobsang, Lobsang ! L'expression de ton visage, si cocasse, compense toutes les misĂšres que nous avons eues au cours de ce voyage. Il s'agit de gens prĂ©servĂ©s, de gens qui ont vĂ©cu auparavant sur diffĂ©rentes planĂštes. Ils furent amenĂ©s ici â vivants â pour servir de spĂ©cimens. Ils sont encore bien vivants, tu sais ! â Mais, MaĂźtre, comment peuvent-ils ĂȘtre toujours vivants aprĂšs un ou deux millions d'annĂ©es ? Pourquoi ne sont-ils pas rĂ©duits en poussiĂšre ? â Eh bien, c'est de nouveau l'animation suspendue. Ils sont dans un cocon invisible qui empĂȘche toute cellule de fonctionner. Mais, tu sais, tu dois entrer et venir examiner ces personnages, hommes et femmes, parce que tu auras beaucoup affaire aux femmes. Tu Ă©tudieras la mĂ©decine Ă Chongqing, et tu auras plus tard de trĂšs nombreuses femmes comme patientes. Il vaut donc mieux les connaĂźtre dĂšs Ă prĂ©sent. Ici, par exemple, tu as une femme qui Ă©tait sur le point de donner naissance Ă un enfant ; nous pourrions la rĂ©animer et faire naĂźtre l'enfant pour contribuer Ă ta formation, car ce que nous faisons est d'une importance primordiale et, s'il est nĂ©cessaire pour nous de sacrifier une, deux ou trois personnes, c'est quelque chose qui en vaut la peine si cela peut sauver ce monde et ses millions d'ĂȘtres. Je regardai de nouveau les gens et me sentis rougir violemment Ă la vue des femmes nues. â MaĂźtre, il y a une femme complĂštement noire lĂ -bas, mais comment est-ce possible ? Comment une femme peut-elle ĂȘtre entiĂšrement noire ? â Eh bien, Lobsang, je dois dire que ton Ă©tonnement me surprend. Il existe des gens de plusieurs couleurs diffĂ©rentes blancs, hĂąlĂ©s, bruns, et noirs, et sur certains mondes il existe des gens bleus et des gens verts. Tout cela dĂ©pend de la sorte de nourriture qu'eux-mĂȘmes, ainsi que leurs parents et leurs grands-parents, avaient l'habitude de manger. Cela dĂ©pend d'une sĂ©crĂ©tion du corps qui provoque la coloration. Mais viens examiner ces gens ! Le Lama se retourna et me quitta, entrant dans une piĂšce intĂ©rieure. Je me retrouvai seul avec ces gens qui n'Ă©taient pas morts mais pas vivants non plus. Timidement, je touchai le bras de la plus belle femme qu'il y avait lĂ , et il n'Ă©tait pas froid mais assez chaud, trĂšs semblable Ă la tempĂ©rature de mon propre corps, bien que celle-ci ait considĂ©rablement augmentĂ© depuis quelques instants ! Une pensĂ©e me vint alors Ă l'esprit. â MaĂźtre, MaĂźtre, j'ai une question urgente Ă vous poser. â Ah, Lobsang, je vois que tu as choisi la plus jolie femme du lot. Bien, laisse-moi admirer ton goĂ»t. VoilĂ une trĂšs belle femme, et nous voulons ce qu'il y a de mieux, parce que certaines vieilles rombiĂšres de musĂ©es sont totalement repoussantes. C'est dire que ceux qui ont planifiĂ© cette collection n'ont choisi que les plus belles. Mais quelle est ta question ? Il s'assit sur un tabouret et je fis de mĂȘme. â Comment se dĂ©veloppent les gens, comment se dĂ©veloppent-ils pour ressembler Ă leurs parents ? Pourquoi n'Ă©mergent-ils pas comme un bĂ©bĂ© et ne se mettent-ils pas Ă ressembler ensuite Ă un cheval ou Ă toute autre crĂ©ature ? â Les gens sont composĂ©s de cellules. DĂšs un trĂšs jeune Ăąge, les cellules contrĂŽlant le corps sont, si je peux dire, imprimĂ©es avec le caractĂšre et l'apparence gĂ©nĂ©rale des parents. Ainsi, ces cellules ont une mĂ©moire absolue de ce Ă quoi elles devraient ressembler, mais en vieillissant chaque cellule oublie un tout petit peu ce que le modĂšle devrait ĂȘtre. Les cellules, dirons-nous, s'Ă©cartentâ de la mĂ©moire cellulaire originale intĂ©grĂ©e. Par exemple, tu peux avoir une femme, comme celle que tu observes, qui peut avoir Ă©tĂ© â eh bien â endormie, de sorte que ses cellules suivent aveuglĂ©ment le modĂšle de la cellule prĂ©cĂ©dente. Je te dis tout cela de la maniĂšre la plus simple possible ; tu en apprendras davantage sur ce sujet au Chakpori et, plus tard, Ă Chongqing. Mais chaque cellule du corps a une mĂ©moire prĂ©cise de ce Ă quoi elle doit ressembler quand elle est en bonne santĂ©. Au fur et Ă mesure que le corps vieillit, la mĂ©moire du modĂšle initial se perd ou perd sa capacitĂ©, pour quelque raison, de suivre le modĂšle prĂ©cis et s'Ă©carte ainsi lĂ©gĂšrement des cellules originales, puis, s'en Ă©tant une fois Ă©cartĂ©, il devient de plus en plus facile d'oublier de plus en plus ce Ă quoi le corps doit ressembler. Nous appelons cela le vieillissement, et quand un corps ne peut plus suivre le modĂšle exact imprimĂ© dans ses cellules, nous disons que les choses se sont dĂ©tĂ©riorĂ©es et le corps est mentalement malade. AprĂšs encore quelques annĂ©es le changement devient de plus en plus marquĂ© et la personne meurt finalement. â Mais qu'en est-il des personnes atteintes du cancer ? Comment en arrivent-elles Ă une pareille condition ? demandai-je. â Nous avons parlĂ© des cellules qui oublient le modĂšle qu'elles doivent suivre, rĂ©pondit mon Guide. Elles oublient le modĂšle qui a dĂ» ĂȘtre imprimĂ© pendant la formation du bĂ©bĂ©, mais nous disons que lorsqu'une personne souffre d'un certain type de cancer, les cellules de mĂ©moire deviennent alors des cellules de mĂ©moire dĂ©formĂ©es qui ordonnent une nouvelle croissance lĂ oĂč il ne devrait y avoir aucune croissance. Le rĂ©sultat de cela en est que nous avons dans un corps humain une grande masse qui interfĂšre avec les autres organes, peut-ĂȘtre en les dĂ©plaçant, peut-ĂȘtre en les dĂ©truisant. Mais il y a diffĂ©rents types de cancer. Un autre type est celui oĂč les cellules qui devraient contrĂŽler la croissance oublient qu'elles doivent produire de nouvelles cellules d'une certaine sorte et l'on a alors une inversion complĂšte. Certains organes du corps dĂ©pĂ©rissent. La cellule est Ă©puisĂ©e, elle a fait sa part de travail, d'entretien du corps, et elle a maintenant besoin d'ĂȘtre remplacĂ©e afin que le corps puisse continuer d'exister. Mais la cellule a perdu le modĂšle, a oubliĂ© le modĂšle de croissance, si tu le prĂ©fĂšres ainsi, et l'ayant oubliĂ©, elle fait une supposition et se met soit Ă dĂ©velopper de nouvelles cellules Ă un rythme effrĂ©nĂ©, ou Ă dĂ©velopper des cellules qui dĂ©vorent les cellules saines en laissant une masse saignante et putride Ă l'intĂ©rieur du corps. Alors le corps meurt bientĂŽt. â Mais, MaĂźtre, demandai-je ensuite, comment le corps peut-il savoir s'il sera masculin ou fĂ©minin ? Qui prend en charge la formation du bĂ©bĂ© avant que le corps ne soit nĂ© ? â Eh bien, cela dĂ©pend des parents. Si c'est une croissance alcaline qui dĂ©bute, on aura l'un des deux sexes ; si on a un type de cellule acide, ce sera le sexe opposĂ© ; on a mĂȘme parfois la naissance de monstres. Les parents peuvent ne pas ĂȘtre rĂ©ellement compatibles et ce que la femme produit n'est ni mĂąle ni femelle ; il peut s'agir des deux, il se peut mĂȘme que le bĂ©bĂ© ait deux tĂȘtes ou encore trois bras. Eh bien, nous savons que les Bouddhistes ne devraient pas prendre la vie, mais que faire, comment laisser un monstre survivre ? Un monstre qui a Ă peine un cerveau rudimentaire â eh bien, si nous laissons de tels monstres grandir et propager leur espĂšce, nous nous retrouverons bientĂŽt avec de plus en plus de monstres, parce qu'il semble que les mauvaises choses se multiplient plus rapidement que les bonnes. â Mais tu verras tout cela en dĂ©tail Ă Chongqing, ajouta mon Guide. Je ne fais que te donner maintenant une explication rudimentaire pour que tu saches Ă quoi t'attendre. Un peu plus tard je vais t'emmener dans une autre piĂšce et te montrerai des monstres qui sont nĂ©s, ainsi que des cellules normales et anormales. Tu verras alors Ă quel point l'organisme humain est une chose merveilleuse. Mais d'abord et avant tout, examine quelques-unes de ces personnes, en particulier les femmes. Voici un livre qui te montre ce Ă quoi ressemblent l'extĂ©rieur et l'intĂ©rieur d'une femme. Pour une personne qui se verra devenir une femme sĂ©duisante, ses cellules de mĂ©moire, c'est-Ă -dire les cellules qui portent la mĂ©moire pour reproduire avec prĂ©cision les cellules du corps exactement comme auparavant, sont alors en bon Ă©tat. Il faut Ă©galement s'assurer que la mĂšre reçoive une quantitĂ© adĂ©quate de nourriture du type appropriĂ© et qu'elle ne subisse aucun choc, etc., etc. Et, bien sĂ»r, il n'est gĂ©nĂ©ralement pas sage d'avoir des rapports sexuels lorsqu'une femme est enceinte d'environ huit mois. Cela peut perturber tout l'Ă©quilibre des choses. â Maintenant, ajouta-t-il, je dois Ă©crire un compte rendu pour dire ce que nous faisions ici, comment nous sommes entrĂ©s, et je dois Ă©mettre une hypothĂšse sur la façon dont nous allons sortir ! â Mais MaĂźtre, dis-je un peu agacĂ©, Ă quoi cela sert-il d'Ă©crire ainsi puisque personne ne vient jamais ici ? â Oh ! mais les gens viennent ici, Lobsang, ils viennent bel et bien ici. Les ignorants appellent leurs vaisseaux OVNI. Ils viennent ici et logent dans les piĂšces au-dessus de celle-ci. Ils viennent simplement pour recevoir des messages et relater ce qu'ils ont dĂ©couvert. Tu vois, ces gens sont les Jardiniers de la Terre. Ils possĂšdent de vastes connaissances mais, quelque part au fil des siĂšcles, ils ont rĂ©gressĂ©. Tout d'abord, ces gens Ă©taient absolument comme des dieux, avec des pouvoirs presque illimitĂ©s. Ils pouvaient tout faire, ils Ă©taient capables d'Ă peu prĂšs tout. Puis, le Jardinier en Chefâ envoya certains d'entre eux sur la Terre qui s'Ă©tait formĂ©e â je t'ai dĂ©jĂ parlĂ© de tout cela auparavant. Ces derniers, voyageant Ă plusieurs fois la vitesse de la lumiĂšre, revinrent par la suite Ă leur base situĂ©e dans un autre Univers. â Comme c'est si souvent le cas sur Terre et, en fait, sur de nombreux autres mondes, il y eut lĂ -bas une rĂ©volution. Certains n'aimaient pas les maniĂšres de ces sages, les Jardiniers de la Terre, qui Ă©taient celles d'emmener avec eux les femmes de leur entourage, tout particuliĂšrement quand la femme Ă©tait l'Ă©pouse d'un autre homme. Il y eut inĂ©vitablement des querelles et les Jardiniers se divisĂšrent en deux factions, ce que j'appellerai le bon parti et les dissidents. Ces derniers pensaient que, compte tenu des longues distances parcourues et de leurs tĂąches difficiles, ils avaient droit Ă une rĂ©crĂ©ation sexuelle. Eh bien, lorsqu'ils ne pouvaient obtenir des femmes de leur propre race, ils venaient sur Terre et prenaient les femmes les plus grandes qu'ils trouvaient. Les choses n'Ă©taient pas agrĂ©ables du tout parce que les hommes Ă©taient physiquement trop grands pour ces femmes, et la faction qui Ă©tait venue sur cette Terre se querella et se sĂ©para en deux camps. L'un alla vivre en Orient, l'autre en Occident, et en se servant de leurs vastes connaissances, ils construisirent des armes nuclĂ©aires sur le principe d'un explosif Ă neutrons et d'une arme au laser. Ils effectuĂšrent alors des raids sur leurs territoires respectifs, toujours avec l'intention de voler, ou plus exactement de kidnapper, les femmes de leurs adversaires. â Les attaques donnĂšrent lieu Ă des contre-attaques, et leurs grands vaisseaux ne cessaient de se croiser Ă trĂšs grande vitesse d'un bout Ă l'autre du monde. Ce qui se passa n'est plus que de l'histoire ancienne la faction la moins importante qui comprenait ceux du bon parti, par dĂ©sespoir lĂącha une bombe au-dessus de l'endroit oĂč vivaient ceux du mauvais parti. De nos jours, les gens associent cette rĂ©gion aux Terres Bibliquesâ. Tout fut dĂ©truit. Le dĂ©sert d'aujourd'hui Ă©tait autrefois une mer scintillante oĂč naviguaient de nombreux navires. Mais lorsque la bombe tomba, le sol s'inclina et toute l'eau se dĂ©versa dans la MĂ©diterranĂ©e jusqu'Ă l'ocĂ©an Atlantique, et il ne resta plus dans la rĂ©gion que l'eau du Nil. Nous pouvons en rĂ©alitĂ© voir tout cela, Lobsang, parce que nous avons ici des machines qui saisissent des scĂšnes du passĂ©. â Des scĂšnes du passĂ©, MaĂźtre ? Voir ce qui s'est passĂ© il y a un million d'annĂ©es ? Cela ne semble pas possible. â Lobsang, tout est vibration ou, si tu prĂ©fĂšres, si tu veux faire plus scientifique, tu diras que toute chose a sa propre frĂ©quence. Ainsi, si nous pouvons trouver la frĂ©quence â et c'est possible â de ces Ă©vĂ©nements, nous pouvons les rechercher, nous pouvons faire vibrer nos instruments Ă une frĂ©quence plus Ă©levĂ©e qui rattrapera rapidement les impulsions qui furent Ă©mises il y a un million d'annĂ©es. Et si nous rĂ©duisons alors la frĂ©quence de nos machines, si nous accordons notre frĂ©quence avec celles Ă©mises Ă l'origine par les sages d'autrefois, nous pouvons voir exactement ce qui s'est produit. Il est trop tĂŽt pour te parler de tout ceci, mais nous voyageons dans la quatriĂšme dimension afin de pouvoir devancer la troisiĂšme dimension, et si nous restons simplement assis tranquillement, nous pouvons en fait voir tout ce qui s'est passĂ©, et nous pouvons trouver bien drĂŽles certaines choses Ă©crites dans les livres d'histoire en comparant ces ouvrages de fiction Ă ce qui s'est rĂ©ellement passĂ©. Les livres d'histoire sont un crime car l'histoire dĂ©forme ce qui s'est passĂ©, ce qui nous mĂšne dans de mauvaises directions. Oh oui, Lobsang, nous avons la machine ici, en fait dans la piĂšce Ă cĂŽtĂ©, et nous pouvons voir ce que les gens ont appelĂ© le DĂ©luge. Nous pouvons voir ce que les gens ont nommĂ© l'Atlantide. Mais, comme je te le disais, le terme Atlantide Ă©tait employĂ© pour des terres qui ont sombrĂ©. Elles ont sombrĂ© dans une certaine mesure dans la rĂ©gion de la Turquie, et un certain continent prĂšs du Japon a sombrĂ© Ă©galement. Viens avec moi, je vais te montrer quelque chose. Le Lama se leva et je le suivis. â Bien sĂ»r, nous avons enregistrĂ© plusieurs de ces scĂšnes parce que c'est un travail ardu de s'accorder aux incidents eux-mĂȘmes. Mais nous nous sommes accordĂ©s de façon trĂšs prĂ©cise, et nous avons un enregistrement absolu de ce qui s'est prĂ©cisĂ©ment passĂ©. Maintenant il tripota quelques petites bobines qui se trouvaient en rangs serrĂ©s contre un mur pour finir par s'arrĂȘter sur une en particulier celle-ci fera l'affaire ; regarde. Il plaça la petite bobine dans une machine, et le grand modĂšle de la Terre â oh, il devait faire vingt-cinq pieds prĂšs de 8 m de diamĂštre â sembla revenir Ă la vie. Ă mon grand Ă©tonnement, il tourna et se dĂ©plaça latĂ©ralement, recula un peu plus loin, et s'arrĂȘta. Je regardai la scĂšne sur ce monde, puis, ce n'Ă©tait plus le fait de regarderâ. J'Ă©tais lĂ . J'avais l'impression d'ĂȘtre bel et bien lĂ . C'Ă©tait une belle contrĂ©e ; l'herbe y Ă©tait la plus verte que j'aie jamais vue, et je me tenais au bord d'une plage de sable argentĂ©. Les gens Ă©taient lĂ Ă se prĂ©lasser, certains portant des maillots de bain trĂšs dĂ©coratifs et trĂšs suggestifs, tandis que d'autres ne portaient rien. Ces derniers paraissaient certainement plus dĂ©cents que ceux qui ne portaient qu'un morceau de tissu qui ne faisait que susciter l'intĂ©rĂȘt sexuel. Je regardai vers le large. La mer scintillait et reflĂ©tait le bleu du ciel. Tout Ă©tait calme. De petits bateaux Ă voiles Ă©taient engagĂ©s dans une compĂ©tition amicale, cherchant Ă savoir lequel Ă©tait le plus rapide, lequel Ă©tait le mieux manĆuvrĂ©. Et alors â alors â tout Ă coup, il y eut un formidable boom, et la terre s'inclina. LĂ oĂč nous Ă©tions la terre s'inclina et la mer se retira jusqu'Ă ce que devant nous tout ce que nous pĂ»mes voir Ă©tait ce qui avait Ă©tĂ© le fond de la mer. Ă peine avions-nous repris notre souffle que nous fĂ»mes affectĂ©s par une sensation des plus particuliĂšres. Nous nous aperçûmes que nous nous Ă©levions rapidement dans les airs, pas seulement nous, mais la terre Ă©galement, et la petite crĂȘte de collines rocheuses montait et montait et montait, et devenait de prodigieuses montagnes, une chaĂźne de montagnes qui s'Ă©tendait Ă perte de vue dans toutes les directions. J'eus l'impression de me tenir tout au bord d'une pointe de terre ferme, et comme je me penchai prudemment et craintivement pour regarder en bas, je sentis mon estomac se retourner la terre s'Ă©tait tellement Ă©levĂ©e, que je pensai que nous Ă©tions montĂ©s jusqu'aux Champs CĂ©lestes. Autour de moi il n'y avait pas Ăąme qui vive ; j'Ă©tais tout seul, effrayĂ©, la mort dans l'Ăąme. Le Tibet s'Ă©tait Ă©levĂ© de trente mille pieds 9 000 m en une trentaine de secondes. Je m'aperçus que je haletais. L'air ici Ă©tait rarĂ©fiĂ©, et chaque respiration me laissait pantelant. Soudainement, une veine d'eau sous trĂšs forte pression, sembla-t-il, Ă©mergea d'une rupture dans la chaĂźne de montagnes. Elle se stabilisa un peu, puis se fraya son propre chemin en descendant de cette haute chaĂźne de montagnes, tout droit Ă travers cette nouvelle terre qui avait Ă©tĂ© le fond de la mer. Et c'est ainsi que naquit le puissant Brahmapoutre qui se jette dans le golfe du Bengale. Mais ce n'Ă©tait pas une eau propre et saine qui atteignit le golfe du Bengale ; c'Ă©tait une eau contaminĂ©e par des cadavres d'humains, d'animaux, par des arbres, etc. Mais l'eau n'Ă©tait pas la chose la plus importante car, Ă ma stupĂ©faction mĂȘlĂ©e d'horreur, je montais, la terre montait, la montagne s'Ă©levait de plus en plus haut, et je montais avec elle. BientĂŽt, je me retrouvai dans une vallĂ©e aride bordĂ©e de montagnes majestueuses, Ă environ trente mille pieds 9 000 m d'altitude. Ce globe, ce simulacre du monde Ă©tait quelque chose d'absolument fantastique, parce qu'on ne faisait pas qu'observer les Ă©vĂ©nements, on les vivait, les vivait rĂ©ellement. En voyant le globe pour la premiĂšre fois je m'Ă©tais dit "Hmm, un truc genre spectacle miteux comme la lanterne magique que certains missionnaires apportent." Mais en regardant dans la chose, j'eus l'impression de tomber des nuages, du ciel, et en bas, en bas, pour venir me poser aussi lĂ©gĂšrement qu'une feuille qui tombe. Et je vĂ©cus alors les vĂ©ritables Ă©vĂ©nements survenus il y a des millions d'annĂ©es. Ceci Ă©tait le produit d'une civilisation puissante, trĂšs, trĂšs au-delĂ de l'habiletĂ© des artisans ou des savants actuels. Je ne saurais trop insister sur le fait que ceci Ă©tait du vĂ©cu. Je constatai que je pouvais marcher. Par exemple, il y avait une ombre noire qui m'intĂ©ressait particuliĂšrement et quand je marchai vers elle, je sentis que j'Ă©tais vraiment EN TRAIN de marcher. Et puis, peut-ĂȘtre pour la premiĂšre fois, des yeux humains contemplĂšrent la petite montagne sur laquelle, des centaines de siĂšcles plus tard, serait construit l'imposant Potala. â Je ne peux vraiment rien comprendre Ă tout ceci, MaĂźtre, dis-je. Vous me mettez Ă l'Ă©preuve au-delĂ de la capacitĂ© de mon cerveau. â Sottises, Lobsang, sottises. Toi et moi avons vĂ©cu ensemble de trĂšs, trĂšs nombreuses vies. Nous avons Ă©tĂ© amis vie aprĂšs vie, et tu vas continuer aprĂšs moi. J'ai dĂ©jĂ vĂ©cu plus de quatre cents ans dans cette vie et je suis la personne, la seule personne dans tout le Tibet Ă comprendre le fonctionnement complet de ces choses. C'est l'une de mes tĂąches. Et mon autre tĂąche il me regarda malicieusement, est celle de te former, de te transmettre mon savoir de sorte que lorsque dans un avenir proche je mourrai avec un poignard dans le dos, tu puisses ĂȘtre en mesure de te souvenir de cet endroit, de te souvenir comment y entrer, comment utiliser tous les appareils, et revivre les Ă©vĂ©nements du passĂ©. Tu seras en mesure de voir lĂ oĂč le monde a mal tournĂ©, et je pense qu'il sera trop tard dans ce cycle particulier d'existence pour y changer grand-chose. Mais peu importe, les gens apprennent Ă la dure parce qu'ils rejettent le moyen facile. Toute cette souffrance n'est pas nĂ©cessaire, tu sais, Lobsang. Tous ces combats entre les Afridi nom d'une tribu pachtoune ; elle est localisĂ©e dans la rĂ©gion de la passe de Khyber entre l'Afghanistan et le Pakistan â NdT et l'ArmĂ©e Britannique Indienne est inutile ; ils se battent continuellement et ils semblent penser que c'est la seule façon de faire les choses. La meilleure façon de faire une chose c'est la persuasion, pas cette tuerie, ces viols, ces assassinats, et ces tortures. Cela fait du tort Ă la victime, mais fait encore plus de tort Ă l'agresseur parce que tout cela retourne au Sur-Moi. Toi et moi, Lobsang, avons un assez bon bilan. Notre Sur-Moi est trĂšs satisfait de nous. â Vous avez dit notre Sur-Moiâ, MaĂźtre ? Est-ce que cela veut dire que nous avons le mĂȘme ? â Eh oui, jeune sage, c'est exactement ce que cela veut dire. Cela signifie que toi et moi serons rĂ©unis vie aprĂšs vie, non seulement sur ce monde, non seulement dans cet Univers, mais partout, en tous lieux, Ă tout moment. Toi, mon pauvre ami, tu vas avoir une vie trĂšs dure cette fois-ci. Tu seras victime de calomnies, de toutes sortes d'attaques mensongĂšres. Et pourtant, si les gens t'Ă©coutaient le Tibet pourrait ĂȘtre sauvĂ©. Au lieu de cela, dans les annĂ©es Ă venir le Tibet sera envahi par les Chinois et dĂ©truit. Il se retourna rapidement, mais j'eus le temps de voir des larmes dans ses yeux. J'allai dans la cuisine boire un verre d'eau. â MaĂźtre, dis-je, j'aimerais que vous m'expliquiez comment il se fait que ces choses ne se gĂątent pas ? â Eh bien, regarde l'eau que tu es en train de boire. Quel Ăąge a cette eau ? Elle peut ĂȘtre aussi vieille que le monde lui-mĂȘme. Elle n'est pas gĂątĂ©e, n'est-ce pas ? Les choses ne se gĂątent que lorsqu'elles sont traitĂ©es de maniĂšre incorrecte. Par exemple, supposons que tu te coupes un doigt et qu'il commence Ă guĂ©rir ; tu te le coupes encore et il recommence Ă guĂ©rir ; tu te le coupes de nouveau et il recommence de nouveau Ă guĂ©rir, mais pas nĂ©cessairement suivant le modĂšle qui Ă©tait le sien avant que tu ne te coupes. Les cellules de rĂ©gĂ©nĂ©ration s'en sont trouvĂ©es confuses elles avaient commencĂ© Ă se dĂ©velopper selon leur modĂšle intĂ©grĂ©, et furent de nouveau coupĂ©es. Encore une fois, elles se sont mises Ă se dĂ©velopper selon leur modĂšle intĂ©grĂ©, et ainsi de suite. Finalement, elles ont oubliĂ© le modĂšle qu'elles auraient dĂ» suivre et se dĂ©veloppĂšrent plutĂŽt en une grosse masse, et c'est ce qu'est le cancer. Le cancer est la croissance incontrĂŽlĂ©e de cellules lĂ oĂč elles ne devraient pas se trouver, et si chacun recevait un enseignement appropriĂ© et avait le plein contrĂŽle de son corps, il n'y aurait pas de cancer. Si l'on s'apercevait que nos cellules se mettent Ă se dĂ©velopper d'une façon que j'appellerai dĂ©sordonnĂ©e, le corps pourrait alors arrĂȘter le processus Ă temps. Nous avons prĂȘchĂ© Ă ce sujet, et avons prĂȘchĂ© dans diffĂ©rents pays, et les gens se sont grandement moquĂ©s de ces natifs qui osaient venir d'un quelconque pays inconnu, des bridĂ©sâ qu'ils nous appelaient, c'est-Ă -dire ce qu'il y a de plus minable dans l'existence. Mais tu sais, nous sommes peut-ĂȘtre des bridĂ©sâ, mais un jour viendra oĂč ce sera un mot honorable, digne de respect. Si seulement les gens nous Ă©coutaient, nous pourrions guĂ©rir le cancer, guĂ©rir la tuberculose. Tu as eu la tuberculose, Lobsang, tu t'en souviens, et avec ta coopĂ©ration, je t'ai guĂ©ri ; si je n'avais pas eu ta coopĂ©ration, je n'aurais pas pu te guĂ©rir. Nous restĂąmes silencieux dans un Ă©tat de communion spirituelle l'un avec l'autre. Notre association en Ă©tait une purement spirituelle, sans aucune connotation charnelle. Bien sĂ»r, il y avait certains lamas qui utilisaient leurs chelas Ă mauvais escient, des lamas qui n'auraient pas dĂ» ĂȘtre lamas mais qui auraient dĂ» ĂȘtre â eh bien, des ouvriers, ou autre chose, parce que les femmes leur manquaient. Nous n'avions pas besoin de femmes, ni non plus d'une quelconque relation homosexuelle. La nĂŽtre, comme je l'ai dit, Ă©tait une relation purement spirituelle, comme le mĂ©lange de deux Ăąmes qui se mĂȘlent pour s'embrasser dans l'esprit, puis se retire de l'esprit de l'autre, se sentant rafraĂźchies et en possession de nouvelles connaissances. Il existe ce sentiment dans le monde d'aujourd'hui que le sexe est la seule chose qui compte, le sexe Ă©goĂŻste, non pas pour perpĂ©tuer la race, mais simplement pour les sensations agrĂ©ables qu'il procure. Le vĂ©ritable sexe est celui que nous avons quand nous quittons ce monde, la communion de deux Ăąmes, et quand nous retournerons Ă notre Sur-Moi, nous ferons l'expĂ©rience du plus grand plaisir, de la plus grande euphorie de toutes. Nous rĂ©aliserons alors que les difficultĂ©s que nous avons endurĂ©es sur cette abominable Terre Ă©taient simplement dans le but de chasser nos impuretĂ©s, de chasser nos mauvaises pensĂ©es, mais Ă mon avis, le monde est trop dur. Il est si dur et les humains ont tellement dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© qu'ils ne peuvent plus supporter les difficultĂ©s, ils ne peuvent plus profiter des Ă©preuves, mais deviennent de pire en pire, de plus en plus mauvais, dĂ©chargeant leur rancĆur sur les petits animaux. Tout cela est dĂ©plorable parce que les chats, par exemple, sont connus comme les yeux des Dieux. Les chats peuvent aller partout personne ne prĂȘte attention Ă un chat assis lĂ , les pattes antĂ©rieures repliĂ©es et la queue soigneusement enroulĂ©e autour du corps, les yeux mi-clos â les gens pensent que le chat se repose. Mais non, le chat travaille, il est en train de transmettre tout ce qui se passe. Votre cerveau ne peut rien voir sans vos yeux. Votre cerveau ne peut Ă©mettre un son sans votre voix, et les chats sont une autre extension des sens qui permet aux Jardiniers de la Terre de savoir ce qui se passe. Un jour, nous en serons heureux, un jour nous rĂ©aliserons que les chats nous ont sauvĂ©s de nombreuses erreurs fatales. C'est dommage qu'on ne les traite pas avec plus de bienveillance, n'est-ce pas ? Chapitre Sept "Lobsang ! LOBSANG ! Viens, nous avons du travail Ă faire !" Je me levai tellement vite que je butai contre mes chaussures, ou plutĂŽt mes sandales ; il n'y avait rien de tel que des chaussures au Tibet. Tout le monde portait des sandales ou, pour une longue randonnĂ©e Ă cheval, des bottes qui montaient jusqu'aux genoux. Quoi qu'il en soit, il y avait mes sandales qui valsĂšrent dans la piĂšce, et moi qui partis dans une autre direction. Je rejoignis le Lama qui me dit â Maintenant, il nous faut faire un peu d'histoire, mais de la vraie histoire, pas les Ă©lucubrations qu'ils mettent dans les livres oĂč les choses ont Ă©tĂ© changĂ©es pour ne pas contrarier qui que ce soit occupant une position de pouvoir. Il me conduisit dans la piĂšce que nous en Ă©tions venus Ă appeler la Salle du Mondeâ, et nous nous assĂźmes dans le petit coin que nous appelions la consoleâ. C'Ă©tait vraiment une chose merveilleuse ; ce simulacre du monde semblait plus grand que la piĂšce qui le contenait, chose que tout le monde sait ĂȘtre impossible. Mais le Lama qui devina mes pensĂ©es me dit â Bien entendu, quand nous entrons ici nous nous trouvons sous l'influence de la quatriĂšme dimension, et dans la quatriĂšme dimension nous pouvons avoir un modĂšle plus grand que la piĂšce qui le contient si cette piĂšce est en trois dimensions. Toutefois ne nous inquiĂ©tons pas de cela, mais plutĂŽt de ceci ce que nous voyons dans ce monde ce sont les Ă©vĂ©nements rĂ©els du monde au cours des annĂ©es passĂ©es, quelque chose comme un Ă©cho. Si tu Ă©mets un gros bruit dans une zone d'Ă©cho, il te sera renvoyĂ©. Eh bien, cela te donne une idĂ©e trĂšs succincte de ce dont il s'agit et qui, bien sĂ»r, n'est pas strictement exacte parce que j'essaie de t'expliquer en termes de troisiĂšme dimension ce qui se passe dans les quatriĂšme et cinquiĂšme dimensions. Tu devras donc faire confiance Ă tes sens quant Ă ce que tu vas voir, et ce que tu verras sera parfaitement exact. Nous avons vu la formation du monde, ajouta-t-il en se tournant de nouveau, nous avons vu les toutes premiĂšres crĂ©atures â des hominidĂ©s â Ă ĂȘtre placĂ©s sur ce monde ; passons donc Ă la prochaine Ă©tape. La piĂšce s'assombrit et je me sentis tomber. Instinctivement je m'agrippai au bras du Lama et il mit un bras autour de mes Ă©paules. â Tout va bien, Lobsang, tu ne tombes pas ; c'est simplement que ton cerveau est en train de changer pour s'adapter aux quatre dimensions. La sensation de chute cessa et je me retrouvai dans un monde choquant et effrayant. Il y avait lĂ d'Ă©normes animaux d'une laideur surpassant tout ce que j'avais vu auparavant. De grandes crĂ©atures passaient, battant l'air de leurs ailes avec un bruit affreux pareil Ă du vieux cuir non huilĂ©, des ailes qui pouvaient Ă peine supporter leur corps. Cependant elles volaient et parfois d'une d'elles piquait vers le sol pour ramasser quelque chose que d'autres avaient laissĂ© tomber, mais une fois par terre elle y restait, ses ailes n'Ă©tant pas assez puissantes pour la ramener dans les airs, et elle n'avait pas de pattes pour s'aider. Des bruits indescriptibles vinrent du marais Ă ma gauche, des bruits Ă©pouvantables qui me glacĂšrent de peur. Et alors, tout prĂšs de moi, sortant de la boue, Ă©mergea une tĂȘte minuscule au bout d'un cou dĂ©mesurĂ©. Celui-ci devait faire environ vingt pieds 6 m de long, et il fallut Ă la chose beaucoup d'efforts pour s'extirper complĂštement et venir sur la terre ferme. Le corps Ă©tait rond, avec une queue effilĂ©e pour Ă©quilibrer les contours du cou et de la tĂȘte. Mais tandis que je regardais cette chose, et craignant qu'elle me regarde Ă son tour, j'entendis un horrible fracas et des craquements comme si quelque chose d'Ă©norme chargeait Ă travers la forĂȘt et Ă©crasait les troncs d'arbres comme nous le ferions de brins de paille. J'eus un aperçu de la plus formidable crĂ©ature que j'aie vue de ma vie. â Avançons d'un siĂšcle ou deux et voyons l'arrivĂ©e des premiers humains. J'eus l'impression de m'assoupir ou je ne sais quoi, parce que lorsque je regardai de nouveau le globe â mais non â non, j'Ă©tais SUR le globe, j'Ă©tais DANS le globe, j'en faisais partie. Mais, quoi qu'il en soit, lorsque je regardai de nouveau je vis s'avancer d'affreuses crĂ©atures aux sourcils Ă©pais et le cou enfoncĂ© dans les Ă©paules. Elles marchaient et j'en comptai six, portant chacune en guise d'arme un gros segment d'arbre se terminant par un nĆud pour augmenter sa rĂ©sistance, et la partie qu'ils tenaient Ă©tait plus effilĂ©e. Ces crĂ©atures avançaient et une femme les accompagnait portant un bĂ©bĂ© qu'elle allaitait tout en marchant. Ils avaient beau patauger dans la boue, on n'entendait aucun bruit d'Ă©claboussures ou autres. Tout Ă©tait silencieux. Je les regardai s'Ă©loigner, puis, encore une fois, j'eus l'impression de m'assoupir, car en regardant de nouveau, je vis une ville merveilleuse. Elle Ă©tait faite de pierres brillantes de diffĂ©rentes couleurs, des ponts barraient les rues et des oiseaux mĂ©caniques volaient dans les airs en suivant le tracĂ© des rues avec des passagers Ă bord. Ces choses pouvaient s'arrĂȘter et planer pendant que les gens y montaient ou en descendaient. Puis, tout Ă coup, tout le monde se tourna en regardant vers l'horizon lointain, au-dessus de la chaĂźne de montagnes, alertĂ©es par un mugissement qui venait de lĂ -bas. Et l'on vit apparaĂźtre un essaim d'oiseaux mĂ©caniques qui se mirent Ă encercler la ville et Ă tournoyer au-dessus. Les gens s'enfuirent dans toutes les directions. Certains Ă©taient Ă genoux en train de prier, mais les prĂȘtres, je remarquai, ne s'arrĂȘtĂšrent pas pour prier ils mettaient toute leur Ă©nergie Ă courir. AprĂšs quelques minutes de survol, des portes s'ouvrirent en dessous de ces choses mĂ©caniques, et des boĂźtes en mĂ©tal en tombĂšrent. Les oiseaux mĂ©caniques refermĂšrent leurs portes et repartirent Ă toute vitesse. La ville fut projetĂ©e dans les airs et retomba sous forme de poussiĂšre, et c'est Ă ce moment que l'on entendit le bruit de l'explosion, car la vue est tellement plus rapide que l'ouĂŻe. Nous entendĂźmes les hurlements des gens coincĂ©s sous des poutres ou enterrĂ©s dans les dĂ©combres. De nouveau, il y eut une somnolence ; je ne peux dire autrement â une somnolence â parce que j'Ă©tais inconscient d'une coupure quelconque entre ce que j'avais vu et ce que je voyais maintenant. C'Ă©tait une pĂ©riode plus tardive, et je pouvais voir que l'on construisait une grande ville, une ville d'une beautĂ© incomparable. C'Ă©tait vĂ©ritablement de l'art. Des flĂšches s'Ă©lançaient vers le ciel et des piĂšces de mĂ©tal finement ciselĂ©es reliaient les Ă©difices les uns aux autres. On voyait des gens qui allaient Ă leurs occupations quotidiennes, achetant, vendant, debout aux coins des rues et en pleine discussion. Puis un grondement, un effrayant grondement se fit entendre suivi bientĂŽt de l'arrivĂ©e en masse de ces oiseaux mĂ©caniques en formation au-dessus des tĂȘtes, et tous les gens riaient, applaudissaient, saluaient. Les oiseaux mĂ©caniques continuĂšrent tranquillement leur chemin. Ils traversĂšrent la chaĂźne de montagnes, on entendit un terrible fracas, et ainsi l'on sut que notre cĂŽtĂ©â prenait sa revanche sur l'ennemi pour la destruction qu'il avait causĂ©e. Mais â mais les oiseaux mĂ©caniques revenaient, ou plutĂŽt ne revenaient pas, car ce n'Ă©tait pas les nĂŽtres ; ils Ă©taient diffĂ©rents ; certains Ă©taient de formes diffĂ©rentes, plusieurs Ă©taient de diffĂ©rentes couleurs ; ils arrivĂšrent au-dessus de notre ville et lĂąchĂšrent leurs bombes de nouveau, balayant celle-ci dans une tempĂȘte de feu. Le feu rugissait et faisait rage et tout dans la ville fut brĂ»lĂ© et rasĂ©. Les dĂ©licats entrelacs des ponts virĂšrent au rouge puis au blanc, puis fondirent et du mĂ©tal liquide tomba comme de la pluie. Je me retrouvai bientĂŽt sur une plaine, la seule chose qui restait. Il n'y avait plus d'arbres, les lacs artificiels avaient disparu, transformĂ©s en vapeur. Je me tenais lĂ , regardant autour de moi, et je me demandai quel Ă©tait le sens de tout cela ; pourquoi ces Jardiniers de la Terre se battaient-ils contre d'autres Jardiniers ? Cela dĂ©passait totalement mon entendement. Puis le monde lui-mĂȘme trembla et s'assombrit. Je me retrouvai assis sur une chaise Ă cĂŽtĂ© du Lama Mingyar Dondup. Je n'avais jamais vu personne avec une telle expression de tristesse. â Lobsang, ceci s'est produit sur ce monde depuis des millions d'annĂ©es. Il y a eu des gens de haut niveau de culture, mais pour une raison quelconque, ils se sont affrontĂ©s et se sont bombardĂ©s jusqu'Ă ce qu'il ne reste que quelques humains ; ils se sont cachĂ©s dans des cavernes pour en sortir quelques annĂ©es plus tard et recommencer une nouvelle civilisation. Puis cette civilisation allait disparaĂźtre Ă son tour et ses restes allaient ĂȘtre enfoncĂ©s sous la terre par les paysans qui laboureraient les terres ravagĂ©es par les batailles. Le Lama semblant extrĂȘmement triste, s'assit le menton au creux de ses mains. Puis il dit â Je pourrais te montrer l'histoire du monde dans sa totalitĂ©, mais il faudrait y passer ta vie entiĂšre. Je ne vais donc te montrer que des extraits, comme on dit, et te parlerai du reste. C'est bien triste Ă dire, mais divers types de gens ont Ă©tĂ© expĂ©rimentĂ©s comme habitants de ce monde. Il y eut une race entiĂšrement noire qui arriva aprĂšs un grand chaos. Deux races blanches s'Ă©taient querellĂ©es pour Ă©tablir laquelle Ă©tait la plus puissante et, bien sĂ»r, eurent recours Ă la guerre. C'est toujours la guerre, toujours les mauvaises pensĂ©es des gens. Si seulement les gens croyaient en un Dieu, il n'y aurait rien de tout cela. Toujours est-il que cette race entiĂšrement noire fit un horrible gĂąchis de ce monde, jusqu'au moment oĂč ces gens atteignirent finalement un trĂšs haut niveau de civilisation, beaucoup plus Ă©levĂ© que le nĂŽtre actuellement. Mais alors deux races diffĂ©rentes de gens noirs se querellĂšrent et cherchĂšrent frĂ©nĂ©tiquement Ă fabriquer une arme plus puissante que celle de leur adversaire. Ils finirent par y arriver, et le signal fut en fait donnĂ© de libĂ©rer ces â eh bien â sortes de missiles, ce qui causa un Ă©norme bouleversement sur ce monde. La majoritĂ© des gens fut exterminĂ©e, tout juste comme on annihilerait une colonie de fourmis fĂ©roces. â Il y a toujours des survivants, et nous avons donc maintenant une race blanche, une race noire, et une race jaune. Il y a eu jadis une race verte ; Ă cette Ă©poque les gens vivaient des centaines d'annĂ©es car leurs cellules de mĂ©moireâ Ă©taient capables de reproduire les cellules moribondes avec exactitude. Ce n'est que depuis que les cellules ont perdu leur aptitude Ă se reproduire avec prĂ©cision que nos vies sont si courtes. Dans l'une des guerres il y eut de formidables explosions, et la majeure partie de la couverture nuageuse de la Terre fut emportĂ©e, emportĂ©e dans l'espace, et la lumiĂšre du soleil afflua avec tous ses rayons mortels. Au lieu de vivre sept ou huit cents ans, les gens virent leur durĂ©e de vie rĂ©duite Ă environ soixante-dix ans. â Le soleil n'est pas un bon, un bienfaisant fournisseur de lumiĂšre, etc., etc. Il Ă©met des rayons nocifs pour les gens. Tu peux constater par toi-mĂȘme que les gens trop exposĂ©s aux rayons solaires ont la peau qui s'assombrit. Or, si le soleil Ă©tait bĂ©nĂ©fique la Nature n'aurait pas Ă©prouvĂ© le besoin de mettre un Ă©cran contre la lumiĂšre. Ainsi les rayons, ultra-violets et autres, affectĂšrent les humains en les rendant pires qu'ils ne l'Ă©taient dĂ©jĂ , de sorte que les deux clans de Jardiniers de la Terre devinrent encore plus fĂ©roces. Un cĂŽtĂ© Ă©tait bon et voulait voir la race humaine devenir fĂ©conde et se consacrer au bien, mais les gens exposĂ©s Ă trop de soleil se mirent Ă contracter la tuberculose ou le cancer. Sur toute la surface du monde, les gens furent sujets Ă diverses maladies de la peau de caractĂšre tenace, maladies que l'on ne pouvait pas soigner. AprĂšs tout, ces rayons solaires pouvaient traverser plusieurs pieds de pierre, et il Ă©tait inutile pour les habitants du monde de se rĂ©fugier dans des maisons parce que les rayons pouvaient toujours les atteindre. â De vieux contes disent qu'il y avait Ă cette Ă©poque des gĂ©ants. Oui, c'est vrai. Les gĂ©ants Ă©taient un clan de Jardiniers de la Terre. Ils faisaient deux Ă trois fois la taille d'un homme moyen, ils se dĂ©plaçaient lentement, de façon plutĂŽt lĂ©thargique, et n'aimaient pas travailler. Ils essayĂšrent de retourner Ă leur base d'origine, mais en y allant ils constatĂšrent qu'il y avait eu des problĂšmes lĂ -bas. Un clan de Jardiniers Ă©tait bon, avec un bon leader, mais l'autre clan Ă©tait mauvais. Ces derniers prospĂ©raient par des mĂ©chancetĂ©s de toutes sortes, et restaient sourds aux appels de ceux qui voulaient un monde pacifique avec une vie plus saine. â Ces bons Jardiniers comprenant Ă quel point il Ă©tait inutile de rester Ă leur base d'origine, rĂ©approvisionnĂšrent leurs vaisseaux, chargĂšrent de nouvelles barres de combustible, et reprirent leur vol vers la Terre. â Leurs vaisseaux pouvaient voyager plus vite que la lumiĂšre. Ils allaient si vite qu'aucun humain ne pouvait les contrĂŽler, et ils devaient donc ĂȘtre manipulĂ©s par une sorte d'ordinateur Ă©quipĂ© d'un bouclier spĂ©cial pour tenir les mĂ©tĂ©orites ou les autres obstacles Ă distance ; sans ces boucliers les vaisseaux auraient Ă©tĂ© criblĂ©s de mĂ©tĂ©orites ou de poussiĂšre cosmique, entraĂźnant, bien sĂ»r, une perte d'air et la mort de tout l'Ă©quipage. â Finalement ils revinrent sur Terre et tombĂšrent en pleine guerre. Le mauvais cĂŽtĂ© â le clan malĂ©fique des Jardiniers de la Terre â s'Ă©taient associĂ©s trop librement avec les gens de la Terre, leur rĂ©vĂ©lant plusieurs de leurs secrets. Depuis cette Ă©poque, le monde n'a cessĂ© de se dĂ©tĂ©riorer, et il faudra une nouvelle guerre mondiale au cours de laquelle beaucoup de gens mourront. Beaucoup d'autres se cacheront dans des cavernes ou dans des crevasses de hautes montagnes. Comme leurs Sages leur avaient prĂ©dit tout ce qui allait arriver, ces gens se dirent que ce n'Ă©tait pas la peine de s'appliquer Ă bien vivre puisque, dans quelques courtes annĂ©es, la Terre elle-mĂȘme serait peut-ĂȘtre dĂ©truite. Et nous nous rapprochons maintenant dangereusement de ce moment. J'Ă©coutai tout cela, puis je dis â L'astrologue en chef m'a prĂ©dit une vie horrible, une vie rĂ©ellement de misĂšre. Or, comment cela va-t-il aider le monde ? â Oui, tout ce que l'astrologue en chef a prĂ©dit s'est rĂ©alisĂ©, et il est vrai que tu vas traverser des moments trĂšs, trĂšs difficiles oĂč toutes les mains se lĂšveront contre toi. Mais souviens-toi que tu rĂ©ussiras dans ce que tu feras, et que lorsque tu quitteras ce monde tu ne seras pas coincĂ© dans l'astral, mais que tu iras beaucoup plus haut. Et, bien sĂ»r, tu ne retourneras jamais sur la Terre. Je ne suis pas certain que le moment soit venu de te dire tout ce qui va se passer ici, mais jetons un coup d'Ćil Ă quelques Ă©vĂ©nements du passĂ©. Je pense, toutefois, que nous devrions d'abord prendre un repas parce que ces reprĂ©sentations en trois dimensions fatiguent et on oublie l'heure. Nous fĂ»mes fidĂšles Ă notre nourriture habituelle, la tsampa, et nous bĂ»mes de l'eau froide. â Il va falloir que tu t'habitues Ă diffĂ©rentes nourritures, me dit alors le Lama, parce que dans d'autres parties du monde, les gens ne connaissent pas du tout la tsampa ; ils ont de la nourriture prĂ©cuite, scellĂ©e dans une boĂźte de conserve, et aussi longtemps que le contenant reste intact la nourriture est comestible, peu importe combien de temps elle est gardĂ©e avant d'ĂȘtre mangĂ©e. Mais, bien sĂ»r, ces boĂźtes de conserve doivent ĂȘtre gardĂ©es au froid, ce qui empĂȘche la dĂ©composition. De nos jours en Occident ils utilisent ce qu'ils appellent des glaciĂšres, de trĂšs grosses caisses remplies de glace qui entoure les boĂźtes de conserve de nourriture, et aprĂšs quelques jours les caisses doivent ĂȘtre ouvertes pour voir jusqu'Ă quel point la glace a fondu. Si elle a beaucoup fondu, il faut alors de nouveau remplir toute la caisse de nouvelle glace. On peut toujours dire, toutefois, si la nourriture s'est gĂątĂ©e parce que les boĂźtes de conserve gonflent, montrant qu'il y a la pression d'un gaz, le gaz de la dĂ©composition, Ă l'intĂ©rieur. Il faut alors jeter de telles conserves sous peine de s'empoisonner. â Maintenant nettoyons nos bols, et retournons visionner ce monde dont nous faisons partie. Le Lama se leva et racla les restes de tsampa, puis se dirigeant vers un tas de sable, il en prit une poignĂ©e avec laquelle il nettoya son bol. J'en fis autant tout en me disant que c'Ă©tait une horrible corvĂ©e d'avoir Ă faire le nettoyage de nos bols Ă chaque fois. Je me demandai pourquoi personne n'avait inventĂ© quelque chose pour contenir la nourriture et qui pourrait ĂȘtre jetĂ©e aprĂšs avoir mangĂ©. Je pensai Ă tous les moines et tous les lamas, occupĂ©s avec leur poignĂ©e de sable fin ; toutefois, cette procĂ©dure est beaucoup plus hygiĂ©nique que celle consistant Ă laver un bol en bois, vous savez, car si celui-ci contient quelque chose de liquide, alors, Ă©videmment, elle s'infiltrera dans le bois. Et supposons que vous ayez un beau fruit juteux dans votre bol ; vous mangez le fruit et il reste un peu de jus. Si vous lavez votre bol, vous saturez alors le bois et permettez au jus de pĂ©nĂ©trer. Non, jusqu'Ă ce qu'il y ait un meilleur systĂšme, le sable trĂšs fin est beaucoup, beaucoup mieux que l'eau. â Depuis combien de temps pensez-vous que ce monde existe, MaĂźtre ? Le Lama me sourit tout en disant â Eh bien, tu en as dĂ©jĂ vu une partie, et je pense que nous devrions en voir un peu plus sur le passĂ©, le prĂ©sent et le futur ; qu'en dis-tu ? Nous nous dirigeĂąmes lentement vers ce grand hall oĂč se trouvait le simulacre du monde, attendant que quelqu'un l'utilise. â Tu sais, Lobsang, nous avons tous tendance Ă croire que ce monde est Ă©ternel, et pourtant cet Univers est en fait en train de se dĂ©truire actuellement. Il a Ă©tĂ© bel et bien Ă©tabli que tous les mondes s'Ă©loignent rapidement les uns des autres. Maintenant, la meilleure façon de t'expliquer cela est de te redire que le temps sur ce monde est entiĂšrement artificiel. Le temps rĂ©el est le temps de l'espace. Te souviens-tu de ces allumettes que je t'ai montrĂ©es qui peuvent ĂȘtre frottĂ©es sur une surface rugueuse et dont le bout s'embrase ? Eh bien, si tu Ă©tais un Dieu dans l'espace, la naissance, la vie, et la mort de ce monde ou de tout autre monde ressembleraient au grattement de cette allumette. Tout d'abord il y a la chaleur engendrĂ©e par la friction de la pointe de l'allumette sur quelque chose de dur. Puis, la pointe Ă©clate en flamme, et s'Ă©teint ensuite, ne laissant Ă l'allumette qu'une tĂȘte rouge brĂ»lante qui se refroidit rapidement pour ne devenir qu'une masse noire brĂ»lĂ©e. Il en est ainsi de la Terre, et de toutes les autres planĂštes. Elle nous semble, nous qui vivons sur cette Terre, ĂȘtre Ă©ternelle, mais si tu imagines qu'une personne des plus minuscules soit placĂ©e sur la tĂȘte de l'allumette lorsqu'elle se refroidit, elle croira qu'elle vit sur un monde qui durera Ă tout jamais. Comprends-tu lĂ oĂč je veux en venir ? â Oui, MaĂźtre, je comprends. Un lama qui avait Ă©tudiĂ© dans une grande Ă©cole en Allemagne m'a dĂ©jĂ parlĂ© en ces mĂȘmes termes. Il utilisa pratiquement les mĂȘmes mots que vous, mais il ajouta qu'aprĂšs plusieurs millions d'annĂ©es la tĂȘte de l'allumette, ou le monde, atteindrait environ vingt millions de degrĂ©s Fahrenheit 11 000 000 °C parce qu'il lui faut une certaine tempĂ©rature pour que l'hydrogĂšne qui se trouve dans l'atmosphĂšre puisse ĂȘtre transformĂ© en carbone, en oxygĂšne et en divers autres Ă©lĂ©ments. Il m'a Ă©galement dit qu'avant la fin du monde le globe terrestre gonfle. â Oui, c'est parfaitement vrai. Tu dois te souvenir qu'ils ne savent rien de ces choses dans le monde Occidental, car ils n'ont rien de semblable Ă ce que nous avons ici. Nous avons en fait ici les instruments que les super-scientifiques d'il y a peut-ĂȘtre un milliard d'annĂ©es ont fabriquĂ©s â ont fabriquĂ©s pour durer un milliard d'annĂ©es ou plus. Ces machines sont restĂ©es ici pendant des centaines, des milliers de siĂšcles, jusqu'Ă ce qu'arrive quelqu'un qui sache les faire fonctionner. Je sais comment les faire marcher, Lobsang, et je vais t'apprendre, et tu auras une vie d'Ă©preuves afin de savoir Ă quoi ressemble vraiment le monde. Et grĂące Ă cette formation que tu pourras ramener Ă Patra, tu pourras faciliter la tĂąche Ă d'autres mondes. â MaĂźtre, vous avez mentionnĂ© le mot Patraâ, mais je ne connais aucun monde portant ce nom, dis-je. â Non, je le sais, mais tu vas bientĂŽt le connaĂźtre. Je vais te montrer Patra en ce monde, mais il y a tant de choses Ă voir d'abord, et j'ai toujours trouvĂ© inutile d'avoir un instrument qui produise des rĂ©sultats prĂ©visibles ; mais aussi, si l'opĂ©rateur ne sait pas comment faire fonctionner la machine et comment elle en est arrivĂ©e au rĂ©sultat final, il s'agit vraiment d'un trĂšs mĂ©diocre opĂ©rateur. Aucun instrument ne devrait ĂȘtre utilisĂ© Ă moins que l'opĂ©rateur potentiel ne puisse faire les choses pour lesquelles l'instrument a Ă©tĂ© conçu. Nous atteignĂźmes la piĂšce â on devrait dire une salle, en fait, Ă cause de sa taille â et entrĂąmes. ImmĂ©diatement apparut une faible lueur et nous vĂźmes l'aube faire lentement place Ă la lumiĂšre du jour. C'Ă©tait une aube d'un genre diffĂ©rent de ce que nous voyons aujourd'hui, car maintenant toutes ces magnifiques couleurs que nous voyons au lever et au coucher du soleil ne sont que des reflets de la pollution de l'atmosphĂšre. Ă cette Ă©poque la pollutionâ Ă©tait en fait de la nourriture pour la Terre, de la nourriture pour le sol qui est le produit des Ă©ruptions volcaniques, et ce sont ces volcans qui donnĂšrent aux mers leur teneur en sel. Sans sel on ne pourrait pas vivre. Nous nous assĂźmes derriĂšre la console. â Regardons un peu au hasard, dit le Lama Mingyar Dondup. Nous avons tout notre temps. LĂ -bas ils doivent ĂȘtre contents d'ĂȘtre un moment dĂ©barrassĂ©s de nous, surtout de toi petit chenapan, qui t'amuses Ă lancer des choses sur les crĂąnes rasĂ©s des gens. Alors â au tout dĂ©but les animaux, la premiĂšre forme de vie sur Terre, Ă©taient vraiment d'Ă©tranges crĂ©atures. Par exemple, le brachiosaure de son nom scientifique Brachiosaurus â NdT Ă©tait probablement la plus Ă©trange crĂ©ature qui ait jamais Ă©tĂ© vue sur cette Terre. Il y a eu toutes sortes de choses bizarres. Par exemple, l'ultrasaurus Ă©tait un animal trĂšs particulier. Il devait avoir une pression artĂ©rielle trĂšs Ă©levĂ©e car sa tĂȘte pouvait ĂȘtre Ă plus de soixante pieds 18 m dans les airs ; en plus, cet animal pesait environ quatre-vingts tonnes et avait deux cerveaux celui situĂ© dans la tĂȘte actionnait les mĂąchoires et les pattes de devant, et celui Ă l'arriĂšre, c'est-Ă -dire celui juste derriĂšre le bassin, activait la queue et les pattes arriĂšre. Cela me rappelle toujours une question que l'on m'a posĂ©e "Qu'arrive-t-il lorsque l'une ou plusieurs des pattes d'un mille-pattes perdent la cadence ?" C'est une question Ă laquelle il m'est impossible de rĂ©pondre avec un degrĂ© quelconque de prĂ©cision. Tout ce que je peux dire c'est que la crĂ©ature avait peut-ĂȘtre quelque autre crĂ©ature spĂ©ciale veillant sur elle et voyant Ă ce qu'elle ne se croise pas les pattes en marchant. â Eh bien, Lobsang, que veux-tu voir ? continua le Lama. Nous avons beaucoup de temps et tu peux donc me dire ce qui t'intĂ©resse le plus. Je rĂ©flĂ©chis un moment et rĂ©pondis â Ce lama Japonais que nous avons accueilli nous a racontĂ© un tas de choses curieuses et je ne sais toujours pas si je peux le croire ou non. Il nous a racontĂ© que le monde Ă©tait autrefois trĂšs chaud, qu'il devint tout Ă coup trĂšs froid, et que sa surface se recouvrit de glace. Pouvons-nous voir cela ? â Oui, bien sĂ»r que nous le pouvons. Il n'y a pas la moindre difficultĂ©. Mais, tu sais, cela s'est produit plusieurs fois. Tu vois, le monde a des milliards d'annĂ©es, et aprĂšs un certain nombre de millions d'annĂ©es, il y a une pĂ©riode glaciaire. Par exemple, au PĂŽle Nord actuellement il y a une profondeur de six cents pieds 183 m de glace dans l'eau, et si toute la glace fondait et que les icebergs fondaient Ă©galement, tout le monde sur Terre se noierait parce que tout serait submergĂ© â sauf pour nous au Tibet qui serions trop hauts pour que l'eau nous atteigne. Il se tourna vers la console, consulta toute une colonne de chiffres, et alors la lumiĂšre de la grande salle, ou de la piĂšce, ou comme il vous plaira de l'appeler, s'estompa. Pendant quelques secondes nous fĂ»mes dans l'obscuritĂ©, puis apparut une lueur rougeĂątre, trĂšs particuliĂšre, absolument particuliĂšre et, venant des pĂŽles, le Nord et le Sud, arrivĂšrent des traĂźnĂ©es de lumiĂšre bigarrĂ©es. â C'est l'aurore borĂ©ale, ou l'Aura du monde. Nous pouvons la voir parce que, mĂȘme si nous semblons ĂȘtre sur Terre, nous sommes loin de cette manifestation, et c'est pourquoi nous la voyons. La lumiĂšre devint plus vive, devint Ă©blouissante, si brillante qu'il nous fallut la regarder les yeux pratiquement fermĂ©s. â OĂč est le Tibet ? demandai-je. â Nous sommes debout dessus, Lobsang, nous nous tenons dessus. Et tout ce que tu vois lĂ en bas est de la glace. Je regardai cette glace, me demandant de quoi il s'agissait parce que â eh bien, il y avait de la glace verte, il y en avait de la bleue, et il y en avait qui Ă©tait complĂštement transparente, aussi transparente que l'eau la plus limpide. Je ne pouvais tout simplement pas comprendre. â J'en ai assez vu, dis-je, c'est un spectacle dĂ©primant. Le Lama rit et activa Ă nouveau les commandes de la console ; le monde tourna et vacilla avec la vitesse. Il tournait si vite que tout Ă©tait gris ; il n'y avait ni obscuritĂ© ni luminositĂ©, seulement cette grisaille, puis il ralentit et nous nous trouvĂąmes devant une grande ville, une ville fantastique. C'Ă©tait une ville qui avait Ă©tĂ© construite juste avant l'avĂšnement des SumĂ©riens. Elle avait Ă©tĂ© construite par une race dont il n'existe plus maintenant aucune trace Ă©crite, aucune mention Ă son sujet dans l'histoire et, en fait, il n'y eut que la plus vague allusion aux SumĂ©riens dans les livres d'histoire. Mais ils arrivĂšrent en conquĂ©rants, pillĂšrent, violĂšrent et ravagĂšrent la ville, et l'ayant rĂ©duite Ă un Ă©tat tel qu'il ne resta plus pierre sur pierre, ils partirent et â selon les livres d'histoire â ils disparurent quelque part sans laisser de trace. Bien entendu, sans laisser de traceâ, car ils partirent et quittĂšrent la Terre dans d'immenses vaisseaux spatiaux. Je ne pouvais pas comprendre comment ces gens pouvaient ĂȘtre assez sauvages pour venir et tout simplement dĂ©truire une ville â apparemment par plaisir. Bien sĂ»r ils capturĂšrent beaucoup de femmes et c'Ă©tait peut-ĂȘtre en partie la raison. Il me vint Ă l'esprit que je regardais quelque chose qui pourrait changer toute l'histoire de l'humanitĂ©. â MaĂźtre, dis-je, j'ai vu toutes ces choses, j'ai vu toutes ces merveilleuses, merveilleuses inventions, mais il me semble que trĂšs peu de personnes les connaissent. Or, sĂ»rement que si tout le monde les connaissait viendrait un moment oĂč il y aurait la paix dans le monde entier, car qu'y aurait-il Ă combattre si tout pouvait ĂȘtre connu grĂące Ă ces instruments ou ces machines ? â Non, Lobsang, il n'en est pas ainsi, mon garçon, il n'en est pas ainsi. S'il y avait la moindre chance que les gens soient au courant de ceci, on verrait accourir des hommes d'affaires corrompus avec leurs gardes armĂ©s qui prendraient possession de tout et tueraient tous ceux d'entre nous qui savons, puis ils utiliseraient les instruments pour contrĂŽler le monde. Pense Ă cela. Un capitaliste corrompu devenu le roi du monde, et faisant de tous et chacun son esclave. â Eh bien, je ne peux pas comprendre l'attitude des gens, parce que nous savons que le Tibet sera envahi par les Chinois, nous savons qu'ils emporteront tous nos prĂ©cieux livres pour les Ă©tudier. Qu'est-ce qui les empĂȘchera de conquĂ©rir le monde ? â Lobsang, mon cher ami, te voilĂ simplet, faible d'esprit, ou je ne sais quoi. Tu ne crois pas que nous laisserions un conquĂ©rant s'emparer de ces choses-lĂ , n'est-ce pas ? Pour commencer, nous en avons des copies exactes dans l'ExtrĂȘme-Arctique, lĂ oĂč les hommes peuvent Ă peine se mouvoir Ă cause du froid. Mais Ă l'intĂ©rieur des chaĂźnes de montagnes tout est chaud, paisible et confortable, lĂ oĂč nous pouvons avoir les yeux sur le monde, voir exactement ce qui se passe et, si nĂ©cessaire, prendre des mesures. Mais tout ce matĂ©riel â il indiqua d'un geste autour de lui â tout ceci sera dĂ©truit, explosĂ©, et mĂȘme piĂ©gĂ©. D'abord les Britanniques et les Russes tenteront de conquĂ©rir le Tibet, mais ils Ă©choueront ; ils seront la cause d'une terrible quantitĂ© de morts, mais ils ne rĂ©ussiront pas Ă vaincre. Toutefois, ils auront donnĂ© aux Chinois l'idĂ©e de la façon de s'y prendre pour rĂ©ussir, et ceux-ci viendront et conquerront le Tibet, le conquerront en partie, du moins. Mais malgrĂ© tout, ils ne pourront mettre la main sur aucune de ces machines, sur aucun des livres Saints ou des livres mĂ©dicaux, car nous prĂ©voyons tout ceci depuis des annĂ©es, depuis des siĂšcles, en fait, et de faux ouvrages ont Ă©tĂ© prĂ©parĂ©s qui seront mis en place dĂšs que les Chinois commenceront l'invasion. La ProphĂ©tie, tu le sais, dit que le Tibet survivra jusqu'Ă ce que des roues entrent dans notre pays, et quand des roues entreront au Tibet, ce sera la fin de notre pays. Mais n'aies aucune crainte, tous nos trĂ©sors, tout notre grand savoir vieux de millions d'annĂ©es, sont cachĂ©s en toute sĂ©curitĂ©. Je connais l'endroit ; j'y suis allĂ©. Et toi, Ă©galement, tu en connaĂźtras l'emplacement parce qu'on va te le montrer. Je serai tuĂ© au cours de ta vie, en fait avant que tu ne quittes le Tibet, et tu seras l'un des rares hommes Ă pouvoir faire fonctionner ces machines et Ă savoir les entretenir. â BontĂ© divine ! mais il faudrait plusieurs vies pour apprendre Ă entretenir ces machines ! m'Ă©criai-je. â Non, tu apprendras qu'elles se rĂ©parent elles-mĂȘmes. Tu n'auras qu'Ă effectuer quelques manipulations et la machine, ou plutĂŽt, les autres machines, vont rĂ©parer celle qui est dĂ©fectueuse. Tu vois, elles n'en ont pas pour tellement longtemps Ă exister, ces machines, car d'ici plusieurs annĂ©es encore, en 1985, les circonstances vont changer et il y aura une troisiĂšme Guerre Mondiale qui durera assez longtemps, et aprĂšs l'an 2000 il y aura de trĂšs nombreux changements, certains pour le meilleur, d'autres pour le pire. Nous sommes en mesure de les voir Ă travers le Rapport Akashique des ProbabilitĂ©s. Or, l'Homme n'est pas sur des rails, tu sais, incapable de s'Ă©carter d'une trajectoire dĂ©finie. L'Homme a la libertĂ© de choix Ă l'intĂ©rieur de certaines limites, celles-ci Ă©tant dĂ©terminĂ©es par le type astrologique de la personne. Mais nous pouvons voir de façon trĂšs prĂ©cise ce qui arrivera Ă un pays, et c'est ce que nous allons faire trĂšs bientĂŽt, car je veux te montrer quelques-unes des merveilles du monde. Nous allons nous rĂ©gler sur diffĂ©rentes situations, Ă diffĂ©rentes Ă©poques. â Mais, MaĂźtre, comment vous est-il possible de vous mettre Ă l'Ă©coute de sons depuis longtemps disparus, de sons, d'images, et de tout le reste ? Quand une chose s'est produite, elle est bel et bien terminĂ©e. â Non pas, Lobsang, non pas. La matiĂšre est indestructible, et les impressions qui Ă©manent de ce que nous disons ou faisons nous quittent et circulent dans l'Univers, circulent encore et encore dans l'Univers. Avec cette grosse machine nous pouvons remonter environ deux milliards d'annĂ©es en arriĂšre. Toutefois, Ă deux milliards d'annĂ©es l'image est un peu floue mais tout de mĂȘme assez claire pour voir ce que c'est. â Eh bien, je ne comprends pas comment on peut extraire des sons et des images du nĂ©ant. â Lobsang, dans quelques annĂ©es il y aura quelque chose appelĂ© le sans filâ la TSF â NdT. On est en train de l'inventer Ă l'heure actuelle, et avec elle on pourra capter ce qu'on appellera des programmes radio, et si le rĂ©cepteur est d'assez bonne qualitĂ© il pourra capter n'importe quel Ă©metteur du monde, et plus tard encore ils auront ces boĂźtes radio qui capteront des images. Tout cela a Ă©tĂ© fait auparavant, et Ă mesure que les civilisations se succĂšdent, les mĂȘmes choses sont parfois rĂ©-inventĂ©es. Il arrive qu'une version amĂ©liorĂ©e en rĂ©sulte, mais dans ce cas-ci, apparemment, la chose appelĂ©e sans fil donne beaucoup de problĂšmes parce que l'information doit ĂȘtre rapportĂ©e du monde astral par les scientifiques qui croient l'inventer. Mais, de toute façon, crois-moi sur parole que nous pouvons continuer et voir ce qui va se passer dans le monde. Malheureusement notre limite supĂ©rieure sera de trois mille ans ; nous ne pouvons aller plus loin, nos images deviennent trop floues, trop confuses, pour que nous puissions les dĂ©chiffrer. Quant Ă toi, beaucoup de souffrances et beaucoup de voyages t'attendent, et tu seras la victime de toutes sortes de gens sans scrupules qui n'aimeront pas ce que tu fais et essaieront de ternir ta rĂ©putation. Sur cette machine, durant les prochains jours Ă venir, tu vas voir de nombreux points saillants de ta vie. Mais voyons d'abord certaines choses prises au hasard. Maintenant, regarde voici les Ă©vĂ©nements importants dans un endroit appelĂ© Ăgypte. Le Lama ajusta divers contrĂŽles et nous vĂźmes l'obscuritĂ©, puis tout au haut de la ligne d'horizon de l'obscuritĂ© se dĂ©tachaient des triangles noirs. Cela n'avait aucun sens pour moi, aussi poussa-t-il graduellement un contrĂŽle et le monde passa petit Ă petit Ă la lumiĂšre du jour. â Regarde, dit-il, voici la construction des Pyramides. Dans les annĂ©es Ă venir les gens vont se demander et se demander comment ces grands blocs de pierre ont pu ĂȘtre dĂ©placĂ©s sans toutes sortes de mĂ©canismes. Elles le furent par lĂ©vitation. â Oui, MaĂźtre, j'ai beaucoup entendu parler de la lĂ©vitation, mais je n'ai pas la moindre idĂ©e de la façon dont cela fonctionne. â Eh bien, tu vois, le monde a une attraction magnĂ©tique. Si tu lances un objet dans les airs, le magnĂ©tisme de la Terre le fera retomber. Si tu tombes d'un arbre, tu vas vers le bas, non vers le haut, parce que le magnĂ©tisme de la Terre est tel qu'il te fait retomber sur la Terre. Mais nous possĂ©dons des dispositifs qui sont anti-magnĂ©tiques Ă la Terre ; nous devons les garder avec grand soin sous bonne garde en tout temps, parce que si une personne non entraĂźnĂ©e mettait la main sur l'une de ces choses, elle pourrait se retrouver dans les airs sans pouvoir revenir sur Terre. La chute, dans ce cas, serait vers le haut. Le contrĂŽle se fait Ă l'aide de deux grilles dont l'une est accordĂ©e au magnĂ©tisme de la Terre, tandis que l'autre est en opposition Ă son magnĂ©tisme. Maintenant, quand les grilles sont dans une certaine position, les plaques vont flotter, sans monter ni descendre. Mais si on pousse un levier qui modifie la relation des grilles l'une par rapport Ă l'autre, dans un sens donnĂ©, le levier renforce alors le magnĂ©tisme de la Terre, et ainsi les plaques, ou la machine, s'affaissent sur la Terre. Mais si l'on veut faire monter, nous poussons le levier dans l'autre sens pour que prenne effet l'anti-magnĂ©tisme et que la Terre repousse au lieu d'attirer, et l'on peut ainsi faire monter dans les airs. C'est le dispositif utilisĂ© par les Dieux quand ils ont créé ce monde tel qu'il est maintenant. Un homme pouvait soulever ces blocs de cent tonnes et les mettre en position sans forcer, puis, lorsque le bloc Ă©tait dans la position prĂ©cise dĂ©sirĂ©e, le courant magnĂ©tique Ă©tait coupĂ© et le bloc se trouvait immobilisĂ© en position par l'attraction de la gravitĂ© terrestre. C'est ainsi que les Pyramides furent construites, c'est ainsi que de nombreuses choses Ă©tranges, inexplicables, furent construites. Par exemple, nous disposons de cartes de la Terre depuis des siĂšcles, et nous sommes les seuls Ă avoir ces cartes parce que nous seuls avons ces dispositifs d'anti-gravitĂ© et ils ont Ă©tĂ© utilisĂ©s pour cartographier le monde avec exactitude. Mais ce n'est plus l'heure de continuer Ă discuter. Je pense qu'il est temps de manger quelque chose, puis nous examinerons mes jambes, et ce sera ensuite le moment d'aller dormir car demain est un nouveau jour, un jour sans prĂ©cĂ©dent. Chapitre Huit â Lobsang ! Allez, c'est l'heure de la leçon. Mon esprit se reporta Ă une autre leçon. C'Ă©tait au Potala. Je m'Ă©tais absentĂ© quelques jours avec le Lama Mingyar Dondup, et de retour au Potala, il me dit â Les leçons de cet aprĂšs-midi sont sur le point de commencer ; tu ferais mieux d'y aller maintenant. Je hochai la tĂȘte quelque peu dĂ©couragĂ© et me rendis Ă la salle de classe. Le Lama-Professeur leva la tĂȘte, puis son visage prenant une expression de rage, il me pointa du doigt en criant â Dehors ! Dehors ! Je ne veux pas de toi dans ma classe. Il n'y avait rien d'autre Ă faire je tournai les talons et sortis. Quelques-uns parmi les autres chelas gloussĂšrent quelque peu, et le Lama-Professeur se jeta sur eux en distribuant des coups de bĂąton Ă la ronde. Je me rendis Ă ce que nous appelions notre terrain de jeu et m'y promenai en traĂźnant les pieds. Le Lama Mingyar Dondup tourna le coin, m'aperçut, et venant Ă moi il me dit â Je te croyais en classe. â J'y suis allĂ©, MaĂźtre, mais le Professeur Ă©tait en colĂšre contre moi ; il m'a ordonnĂ© de sortir et m'a dit qu'il n'y aurait dĂ©sormais plus de place pour moi dans ses cours. â Vraiment ? rĂ©pondit mon Guide. Viens avec moi, nous allons voir ensemble de quoi il est question. Nous marchĂąmes cĂŽte Ă cĂŽte le long du corridor. Le plancher en Ă©tait toujours particuliĂšrement glissant Ă cause du beurre fondu qui se rĂ©pandait chaque fois que nous passions avec nos lampes Ă beurre et qui se solidifiait du fait de la tempĂ©rature trĂšs basse. Le misĂ©rable endroit ressemblait parfois Ă une patinoire. Mais nous marchĂąmes ensemble jusqu'Ă la salle de classe et nous entrĂąmes. Le Lama-Professeur Ă©tait en pleine fureur et frappait les garçons au hasard. En voyant le Lama Mingyar Dondup, il parut secouĂ© et devint vraiment trĂšs pĂąle, puis il retourna Ă son estrade. â Quel est le problĂšme ici ? demanda le Lama Mingyar Dondup. â Aucun problĂšme ici sauf que ce garçon en me pointant du doigt dĂ©range toujours la classe. On ne sait jamais s'il va ĂȘtre prĂ©sent ou absent, et je ne veux pas enseigner Ă un tel garçon. â Ah bon, c'est donc cela ! Ce garçon, Lobsang Rampa, est soumis aux ordres spĂ©ciaux du Grand TreiziĂšme, et vous devez obĂ©ir Ă ces ordres exactement comme je le fais. Suivez-moi, nous allons voir le Grand TreiziĂšme immĂ©diatement. Le Lama Mingyar Dondup se retourna et sortit, suivi du Lama-Professeur qui, sans broncher, tenait toujours son bĂąton Ă la main. â Ăa alors ! s'exclama l'un des garçons, je me demande ce qui va se passer maintenant ; je pensais qu'il Ă©tait devenu fou. Il s'est dĂ©chaĂźnĂ© sur nous tous et tu peux voir les meurtrissures sur nos visages. Que va-t-il arriver maintenant ? Il n'eut pas longtemps Ă attendre parce que le Lama Mingyar Dondup revint trĂšs bientĂŽt, accompagnĂ© d'un Lama assez jeune et Ă l'air studieux. Le Lama Mingyar Dondup nous le prĂ©senta solennellement en disant â Il sera votre Professeur Ă partir de maintenant et je veux voir une grande amĂ©lioration dans votre comportement et dans le travail Ă faire. Il se tourna vers le nouveau Professeur et lui dit â Lobsang Rampa est sous ordres spĂ©ciaux. Il devra parfois s'absenter de cette classe pour plusieurs jours. Vous ferez de votre mieux pour l'aider Ă rattraper son retard. Les deux Lamas se saluĂšrent en s'inclinant gravement, et Mingyar Dondup nous quitta. Je ne m'expliquai pas pourquoi ce souvenir ancien m'Ă©tait brusquement revenu en mĂ©moire, mais â â HĂ©, Lobsang, tu n'as pas entendu un mot de ce que j'ai dit, n'est-ce pas ? â Non, MaĂźtre, j'Ă©tais en train de penser Ă cette Ă©poque oĂč je ne pouvais pas ĂȘtre acceptĂ© en classe, et je me demandais comment un tel Lama pouvait tout aussi bien devenir Professeur. â Oh, eh bien, il y a de bonnes personnes et il y en a de mauvaises, et je suppose que cette fois-lĂ nous sommes tombĂ©s sur une mauvaise personne. Mais peu importe, tout est rĂ©glĂ© maintenant. Nous pouvons dire que je suis dĂ©sormais ton Gardien. Je ne sais pas s'il me faut une laisse ou un collier pour toi, mais je suis ton Gardien et je suis celui qui prend les dĂ©cisions, ce qu'aucun autre Professeur ne peut faire. Il me sourit en mĂȘme temps que j'affichai un trĂšs large sourire. Je pouvais apprendre avec Mingyar Dondup. Il ne s'arrĂȘtait pas au rĂšglement, mais il nous parlait des choses du grand monde extĂ©rieur oĂč il avait tant voyagĂ©. â Eh bien, Lobsang, nous ferions mieux de commencer Ă un niveau trĂšs Ă©lĂ©mentaire, parce que tu devras enseigner aux gens du grand monde extĂ©rieur, et mĂȘme si tu connais probablement toute la premiĂšre partie de ce que je vais te dire, la rĂ©pĂ©tition ne te fera pas de mal du tout. Elle pourra mĂȘme servir Ă t'enfoncer la connaissance d'un pouce cm ou deux de plus. La façon dont il dit cela impliquait un compliment et je rĂ©solus Ă nouveau de lui faire honneur. Si j'ai rĂ©ussi ou Ă©chouĂ©, seul le temps le dira, quand nous serons de retour Ă Patra. â Nous allons imaginer un corps vivant. La personne est Ă©tendue et s'endort ; sa forme astrale sort alors de ce corps et voyage quelque part, et si le dormeur n'est pas une personne trĂšs Ă©voluĂ©e, il se rĂ©veillera en pensant qu'il a rĂȘvĂ©, et rien de plus. Mais dans le cas d'une personne entraĂźnĂ©e, elle paraĂźtra profondĂ©ment endormie, alors que tout ce temps elle fait un voyage astral contrĂŽlĂ© et reste toujours consciente de ce qui se passe prĂšs de son corps physique. Elle sortira de son corps physique et voyagera lĂ oĂč elle le dĂ©sire, lĂ oĂč elle a dĂ©cidĂ© d'aller. On peut voyager partout au monde par le voyage astral, et si l'on s'entraĂźne on peut se souvenir de tout ce qui est arrivĂ© quand on retourne Ă son corps de chair. â Lorsqu'une personne meurt c'est parce que la personne astrale veut se dĂ©barrasser de son corps de chair. Ce dernier est peut-ĂȘtre invalide et ne fonctionne plus correctement, ou peut-ĂȘtre a-t-il appris tout ce qu'il avait besoin d'apprendre dans cette incarnation particuliĂšre, car les gens reviennent sur Terre encore et encore jusqu'Ă ce que leurs leçons soient apprises. Toi et moi sommes diffĂ©rents parce que nous venons d'un niveau au-delĂ de l'astral, nous venons de Patra dont nous reparlerons un peu plus tard. â Lorsque la forme astrale est complĂštement libĂ©rĂ©e du corps physique, que la Corde d'Argent a Ă©tĂ© coupĂ©e et la Coupe d'Or brisĂ©e, l'entitĂ© qui Ă©tait dans ce corps est alors libre d'aller et venir, libre de faire plus ou moins ce qu'elle veut. Puis aprĂšs un certain temps elle se fatigue de â eh bien â simplement errer, et elle consulte une section spĂ©ciale des AutoritĂ©s en place dont la seule tĂąche est de conseiller les gens de l'astral sur ce qui leur conviendrait le mieux devraient-ils rester dans l'astral et en apprendre un peu plus, ou devraient-ils retourner sur Terre dans des circonstances diffĂ©rentes afin d'apprendre Ă la dure. Vois-tu, quand les gens sont au stade du Sur-Moi â oh, c'est encore loin de toi pour le moment, Lobsang â ils ne peuvent pas ressentir la douleur, et ils apprennent plus rapidement par la douleur que par la gentillesse. Par consĂ©quent, il sera peut-ĂȘtre planifiĂ© que cette personne doive retourner sur Terre avec une forte envie de tuer ; elle naĂźtra de parents qui seront les plus susceptibles de lui donner l'occasion de tuer quelqu'un. Maintenant, sa tĂąche sera de lutter contre son dĂ©sir innĂ© d'assassiner, et si elle traverse la vie sans tuer personne, cette vie aura Ă©tĂ© un succĂšs complet. Elle aura appris Ă se contrĂŽler et, dans ce cas, elle sera en mesure d'avoir une pĂ©riode de repos dans l'astral, puis, de nouveau, elle s'adressera au ComitĂ© des Conseillers pour savoir ce qu'ils attendent d'elle la prochaine fois. Elle pourrait se voir dotĂ©e d'une inclination Ă devenir un grand missionnaire, enseignant les mauvaises choses. Eh bien, encore une fois, elle naĂźtra de parents qui peuvent lui donner l'opportunitĂ© d'ĂȘtre un missionnaire, et alors tout dĂ©pendra de sa compĂ©tence dans ce travail, et si elle rĂ©alisait qu'elle enseigne les mauvaises choses, elle pourrait apporter un changement et en retirer beaucoup d'avantages. Elle pourrait, par exemple, rĂ©aliser qu'il ne peut pas y avoir d'immaculĂ©e conception Ă moins que la progĂ©niture ne soit une fille. Sous certaines circonstances les femmes peuvent donner naissance Ă des enfants sans l'aide, nul doute agrĂ©able, d'un homme, mais dans tous les cas l'enfant ainsi nĂ© sera une fille. Si elle grandit, se marie et a un enfant, il sera alors du sexe fĂ©minin, ou un enfant mĂąle de trĂšs faible constitution. Tu n'auras jamais une personne de caractĂšre dominant qui soit nĂ©e sans l'aide d'un homme. â Dans l'astral, les gens peuvent voir leurs erreurs et font peut-ĂȘtre quelque chose pour remĂ©dier au mal qu'ils ont fait Ă d'autres personnes. Savais-tu, Lobsang, que chaque personne sur Terre doit passer par l'ensemble du Zodiaque et Ă©galement par tous les quadrants du Zodiaque, parce que la composition astrologique d'une personne a une trĂšs grande influence sur la façon dont elle progresse et sur sa situation sociale. Par exemple, une personne nĂ©e sous le signe du BĂ©lier pourrait devenir un excellent boucher, mais si ses parents Ă©taient de statut social assez Ă©levĂ©, elle pourrait devenir un excellent chirurgien pas beaucoup de diffĂ©rence entre les deux, tu sais. On m'a affirmĂ© qu'un cochon et un humain ont le mĂȘme goĂ»t ; non pas que j'aie dĂ©jĂ essayĂ© ou que je compte essayer. Je rĂ©flĂ©chis Ă ceci un moment avant de dire â MaĂźtre, est-ce que cela signifie que nous devons vivre sous chaque signe du Zodiaque â Mars, VĂ©nus, et tous les autres â et vivre ensuite sous le mĂȘme signe astrologique du Soleil avec tous ses diffĂ©rents quadrants ? â Eh bien oui, bien sĂ»r que oui. La diffĂ©rence causĂ©e par chaque quadrant est presque incroyable, parce que si nous prenons un signe du Soleil, la premiĂšre partie du quadrant contiendra alors non seulement le signe du Soleil, mais aussi de fortes indications provenant du signe prĂ©cĂ©dent. Alors que dans le centre des quadrants le signe du Soleil sera l'influence prĂ©dominante, en progressant Ă travers un signe donnĂ© et en arrivant Ă la derniĂšre partie du quadrant, les indications seront alors trĂšs fortes en faveur du signe suivant sur le tableau. Je te dis tout cela parce qu'il se peut que tu doives expliquer ce genre de choses aux gens dans l'avenir. Ainsi chaque personne passe Ă travers chaque partie du Zodiaque non pas nĂ©cessairement dans le mĂȘme ordre, mais dans l'ordre qui lui permet de tirer le meilleur parti des choses qui doivent ĂȘtre apprises. â On ne cesse de me rappeler, MaĂźtre, que j'aurai une vie trĂšs difficile, pleine de souffrances, etc., etc. Eh bien, pourquoi doit-il y avoir tant de souffrances ? Le Lama Mingyar Dondup regarda ses pieds pendant un instant, puis reprit â Tu as une trĂšs grande tĂąche Ă accomplir, une noble tĂąche, et tu vas te rendre compte que des gens qui eux-mĂȘmes ne sont pas nobles vont tenter de t'empĂȘcher de rĂ©ussir, qui s'abaisseront Ă toutes sortes de piĂšges pour t'empĂȘcher de parvenir au succĂšs. Tu vois, les gens deviennent envieux si tu fais quelque chose, Ă©cris quelque chose, ou dessines quelque chose qui est assurĂ©ment supĂ©rieur au livre ou au dessin qui Ă©tait le meneur incontestĂ© avant ton effort. Maintenant, je sais que tout cela semble trĂšs dĂ©routant, mais il en est ainsi. Tu seras l'objet de jalousies inouĂŻes et â pauvre Ăąme â tu auras beaucoup de problĂšmes causĂ©s par les femmes, non pas Ă cause de relations sexuelles avec elles, mais parce que, par exemple, la femme de quelqu'un te montrera de l'amitiĂ© et son mari, incomprĂ©hensif, sera fou de jalousie. Et puis, d'autres femmes seront jalouses parce qu'elles t'auront souri et que tu ne leur auras pas rendu leur sourire. Oh, Lobsang, mĂ©fie-toi des femmes ; c'est ce que j'ai fait toute ma vie et je m'en rĂ©jouis. Je tombai dans un sombre silence, rĂ©flĂ©chissant Ă mon terrible destin, et le Lama me dit alors â Rassure-toi, je sais que tu ne connais rien du tout aux femmes, mais bientĂŽt tu auras l'occasion d'examiner l'intĂ©rieur et l'extĂ©rieur de leurs corps, parce que lorsque tu nous quitteras pour aller Ă Chongqing dans quelques annĂ©es, tu verras des cadavres, hommes et femmes, dans des salles de dissection. Au dĂ©but, ton estomac fera pas mal des siennes, mais peu importe, aprĂšs un jour ou deux tu auras dĂ©jĂ pris l'habitude de les voir, et d'aprĂšs le Rapport des ProbabilitĂ©s, tu vas devenir vraiment un excellent docteur, un bon chirurgien, parce que â eh bien, je dois le dire â tu es un peu impitoyable et il faut ĂȘtre impitoyable pour ĂȘtre un bon chirurgien. Donc, quand nous sortirons de cette cellule, cette cage ou cette caverne â appelle-la comme tu veux â tu te rendras dans une autre, lĂ oĂč tu auras un peu de pratique avec des instruments chirurgicaux et oĂč tu pourras apprendre des choses grĂące au langage universel. Et, bien sĂ»r, je suis prĂȘt Ă t'aider de toutes les maniĂšres possibles. â MaĂźtre, vous avez mentionnĂ© Patra plusieurs fois ces derniers jours, mais je n'avais jamais entendu ce mot auparavant et je suis certain que trĂšs peu de gens au Potala ou au Chakpori utilisent ce mot. â Eh bien, il ne sert Ă rien de mentionner une chose qui est trĂšs, trĂšs au-delĂ de la portĂ©e de la personne moyenne. Patra, c'est le Champ CĂ©leste des Champs CĂ©lestes. Tous les gens, quand ils quittent la Terre, vont dans le monde astral. C'est rĂ©ellement un monde, comme tu as dĂ» le constater Ă travers tes voyages astraux. C'est un monde qui ressemble Ă cette Terre Ă bien des Ă©gards, mais qui a de beaucoup plus nombreuses facettes agrĂ©ables, oĂč tu peux te mĂȘler aux gens, tu peux lire, tu peux parler, et tu peux assister Ă des rĂ©unions et apprendre comment les autres se dĂ©brouillent. Pourquoi cette personne-ci Ă©choue-t-elle, et pourquoi cette autre personne rĂ©ussit-elle ? Mais Ă partir de l'astral, les gens retournent sur Terre ou sur une quelconque autre planĂšte afin de mener avec plus de succĂšs, une nouvelle vie. Mais il existe une trĂšs, trĂšs rare planĂšte appelĂ©e Patra. C'est le Paradis des Paradis. Seules les meilleures Ăąmes y vont, seuls ceux qui ont fait le plus grand bien. Par exemple, LĂ©onard de Vinci est lĂ Ă travailler sur des projets qui aideront d'autres Terresâ. Socrate est lĂ . Aristote et de nombreux autres comme lui sont lĂ . Tu n'y trouveras aucun charlatans â ils y sont exclus catĂ©goriquement â et il est dĂ©jĂ prĂ©vu que tu te rendes Ă Patra Ă la fin de cette vie. Tu iras lĂ parce que, au cours de plusieurs vies, tu as eu Ă©preuves aprĂšs Ă©preuves que tu as surmontĂ©es avec succĂšs, et la tĂąche que tu fais maintenant â eh bien, n'importe qui d'autre dirait que c'est une tĂąche impossible, mais tu vas rĂ©ussir et tu resteras Ă Patra pendant un bon bout de temps. Il n'y a lĂ aucune friction, aucune dispute, aucune famine ni cruautĂ©. â Est-ce que les chats sont autorisĂ©s sur Patra, MaĂźtre ? â BontĂ© Divine ! oui, bien sĂ»r qu'ils le sont. Les chats ont une Ăąme tout comme les gens. Il y a un tas d'ignorants qui pensent que cette chose Ă quatre pattes n'est qu'un stupide animal, presque sans sentiments, certainement sans intelligence, et dĂ©finitivement sans Ăąme. Ce n'est pas vrai. Les chats ont une Ăąme, les chats peuvent progresser. Ils peuvent progresser Ă travers le monde de l'Astral et ĂȘtre renseignĂ©s au sujet de Patra. Ă Patra ils peuvent ĂȘtre avec les gens qu'ils ont aimĂ©s sur Terre, ou peut-ĂȘtre sur une autre planĂšte. Oh oui, Lobsang, tu dois dire trĂšs clairement aux gens que les chats sont des personnes, qu'ils sont des individus, qu'ils sont de petites personnes trĂšs Ă©voluĂ©es qui ont Ă©tĂ© mises sur Terre dans un but spĂ©cial. Aussi dois-tu traiter les chats avec grand respect ; mais je sais que tu le fais. â Allons faire un tour parce que mes jambes se raidissent et je pense ĂȘtre prĂȘt pour une bonne marche afin de les dĂ©gourdir. Allons, viens ! Remue tes jambes paresseuses et nous allons voir certaines autres choses que tu n'as encore jamais vues. â MaĂźtre ! J'appelai le Lama Mingyar Dondup qui Ă©tait dĂ©jĂ assez loin devant moi. Il s'arrĂȘta pour me permettre de le rejoindre, et je continuai â MaĂźtre, vous connaissez cet endroit, vous le connaissez trĂšs bien alors que je pensais qu'il s'agissait d'une dĂ©couverte. Vous me faisiez marcher, MaĂźtre ! â Non, je ne te faisais pas marcher, Lobsang, dit-il en riant, et cette entrĂ©e par laquelle nous sommes arrivĂ©es â eh bien, c'Ă©tait une surprise. Je ne m'attendais certainement pas Ă une entrĂ©e lĂ , parce qu'il n'y a rien Ă son sujet sur les cartes, et je me demande plutĂŽt pourquoi il devait y en avoir une Ă cet endroit. Tu seras d'accord avec moi qu'il n'y avait aucun signe de dĂ©formation rocheuse. Je suppose que ce devait ĂȘtre parce que ce vieil ermite Ă©tait en charge de diverses fournitures ici et qu'il aimait avoir cette entrĂ©e toute proche de son ermitage. Mais â non, non, je ne me moquais pas de toi. Il nous faudra voir comment sortir d'ici demain, parce que maintenant mes jambes ont si bien guĂ©ri que je suis capable d'entreprendre la descente de la montagne. â Eh bien, vous aurez piĂštre allure Ă redescendre de la montagne avec vos robes en lambeaux, rĂ©pliquai-je. â Ah, mais j'aurai plutĂŽt belle allure toi et moi apparaĂźtrons demain dans des robes toutes neuves, vieilles d'un million d'annĂ©es environ ! Puis, une pensĂ©e lui venant aprĂšs coup â Et tu te prĂ©senteras comme un moine, non pas comme un chela ou un acolyte. Ă partir de maintenant tu dois rester avec moi, aller oĂč je vais, et apprendre tout ce que je peux t'apprendre. Il se retourna, fit seulement quelques pas, s'inclina devant une porte, et plaça ses mains dans une certaine position. Lentement, je vis un pan de mur glisser sur le cĂŽtĂ© dans un silence total, sans friction d'un roc sur l'autre, un silence si absolu que le phĂ©nomĂšne en Ă©tait encore plus mystĂ©rieux. Le Lama me donna une petite poussĂ©e entre les omoplates en disant â Viens. Ceci est quelque chose que tu dois voir. Il s'agit de Patra. Voici comment Patra se prĂ©sente pour nous. Bien sĂ»r ce globe et il dĂ©signa un grand globe qui remplissait totalement une grande salle est simplement pour que nous puissions voir ce qui se passe Ă Patra Ă tout moment. Il posa sa main sur mon Ă©paule et nous avançùmes de quelques yards m jusqu'Ă un mur Ă©quipĂ© d'instruments et d'un immense Ă©cran â oh, d'environ quatre hommes de hauteur et trois hommes de largeur. â C'est pour toute enquĂȘte particuliĂšre, dĂ©taillĂ©e, dit-il. Les lumiĂšres de la salle baissĂšrent. Pareillement, au mĂȘme rythme, la lumiĂšre du globe qu'il avait appelĂ© Patra s'illumina. C'Ă©tait une sorte de couleur or-rosĂątre, et qui donnait une merveilleuse sensation de chaleur et celle que l'on Ă©tait vraiment le bienvenu. Le Lama appuya de nouveau sur l'un des boutons et la brume dans le globe, ou autour du globe, disparue comme un brouillard de montagne disparaĂźt devant les rayons du soleil. Je scrutai avidement. C'Ă©tait vraiment un monde merveilleux. Il me sembla me tenir sur un mur de pierre contre lequel des vagues battaient doucement. Puis, sur ma droite, je vis arriver un navire. Je savais que c'Ă©tait un navire parce que j'en avais vu des images. Il arriva, jeta l'ancre contre le mur juste devant moi, et une foule de gens en descendirent, ayant tous une mine rĂ©jouie. â Eh bien, c'est une foule Ă l'air heureux, MaĂźtre. Que faisaient-ils donc ? â Oh, c'est Patra. Tu peux avoir ici toutes sortes de loisirs. Ces gens, je suppose, se sont dit qu'il serait agrĂ©able de faire une petite traversĂ©e tranquille vers l'Ăźle. Je pense qu'ils ont pris le thĂ© lĂ -bas et puis qu'ils sont revenus. â Ce niveau est Ă plusieurs plans au-dessus du monde astral. Les gens ne peuvent venir ici que s'ils sont, dirons-nous, des super-personnes. Cela implique souvent de terribles souffrances pour ĂȘtre digne de cet endroit, mais quand quelqu'un arrive ici et voit de quoi il s'agit, voit le calibre des gens, il devient alors Ă©vident que l'endroit vaut toutes les souffrances. â Ici nous pouvons voyager par la pensĂ©e. Nous sommes sur cette planĂšte et nous voulons voir une certaine personne. Eh bien, nous pensons Ă elle, nous pensons fortement Ă elle, et si elle est dĂ©sireuse de nous voir nous sommes subitement soulevĂ©s de terre, montons dans les airs, et voyageons promptement vers notre destination. En y arrivant, nous y trouvons la personne que nous voulions voir, prĂȘte Ă nous accueillir, debout devant sa porte d'entrĂ©e. â Mais, MaĂźtre, quel genre de personnes viennent ici, comment arrivent-elles ici ? Et les considĂ©reriez-vous comme des prisonniers ? Ils ne peuvent vraisemblablement pas quitter cet endroit. â Ce n'est assurĂ©ment, assurĂ©ment pas une prison. C'est un lieu d'avancement et seules les bonnes personnes peuvent venir ici. Celles qui ont fait d'Ă©normes sacrifices, peuvent venir, celles qui ont donnĂ© le meilleur d'elles-mĂȘmes pour aider leurs prochains, hommes et femmes. Normalement, nous devons passer du corps de chair au corps astral. As-tu remarquĂ© qu'ici personne n'a de Corde d'Argent ? Personne n'a le Nimbe d'Or autour de sa tĂȘte ? Ils n'en ont pas besoin ici parce que tout le monde est pareil. Nous avons toutes sortes de bonnes personnes ici. Socrate, Aristote, LĂ©onard de Vinci, et d'autres comme eux. Ici, ils perdent les petits dĂ©fauts qu'ils avaient, parce que pour se maintenir sur Terre ils avaient dĂ» adopter un dĂ©faut. Ils Ă©taient d'une si haute vibration qu'ils ne pouvaient tout simplement pas demeurer sur Terre sans un quelconque dĂ©faut ; c'est ainsi qu'avant que Mendelssohn Felix Mendelssohn â NdT, ou quelqu'un d'autre, puisse descendre sur Terre, il lui fallut un dĂ©faut innĂ© pour cette vie particuliĂšre. Quand ladite personne mourut et arriva au monde astral, le dĂ©faut disparut, et l'entitĂ© disparut Ă©galement. J'ai mentionnĂ© Mendelssohn, le musicien ; il arriva sur le plan astral et quelqu'un de similaire Ă un policier l'attendait pour lui retirer la Corde d'Argent et le Nimbe d'Or, et l'envoyer Ă Patra. Il y rencontra lĂ des amis et des connaissances et ils furent en mesure de discuter de leurs vies passĂ©es et de rĂ©aliser des expĂ©riences qu'ils voulaient faire depuis longtemps. â Comment les gens s'organisent-ils pour la nourriture, ici, MaĂźtre ? Il ne semble pas y avoir de nourriture, de boĂźtes de nourriture, en cet endroit que je suppose ĂȘtre un quai. â Non, tu ne trouveras pas beaucoup de nourriture sur ce monde. Les gens n'en ont pas besoin. Ils prennent toute leur Ă©nergie physique et mentale par un systĂšme d'osmose, c'est-Ă -dire qu'ils absorbent l'Ă©nergie distribuĂ©e par la lumiĂšre de Patra. S'ils veulent manger pour le plaisir, ou boire pour le plaisir, ils sont bien sĂ»r parfaitement capables de le faire, sauf qu'ils ne peuvent s'empiffrer et ne peuvent boire ces boissons alcoolisĂ©es qui pourrissent le cerveau d'une personne. De telles boissons sont trĂšs, trĂšs mauvaises, tu sais, et elles peuvent retarder le dĂ©veloppement d'un individu pendant plusieurs vies. â Maintenant, jetons un bref coup d'Ćil Ă l'endroit. Ici le temps n'existe pas, et il est donc inutile que tu demandes Ă quelqu'un depuis combien de temps il est lĂ , parce qu'il va simplement te regarder sans rien comprendre et penser que tu n'es pas du tout conscient des conditions en vigueur. Les gens ne s'ennuient jamais Ă Patra, ils ne s'en lassent jamais, il y a toujours quelque chose de nouveau Ă faire, des gens nouveaux Ă rencontrer, et on ne peut y trouver un ennemi. â Allons ! montons maintenant dans les airs pour voir d'en haut ce petit village de pĂȘcheurs. â Mais je croyais que les gens n'avaient pas besoin de manger, MaĂźtre ! Alors pourquoi voudraient-ils un village de pĂȘcheurs ? â Eh bien, ils ne capturent pas de poissons au sens ordinaire du terme ; ils le font pour voir comment ils peuvent ĂȘtre amĂ©liorĂ©s pour leur donner de meilleurs sens. Sur Terre, tu sais, les poissons sont vraiment stupides et ils mĂ©ritent d'ĂȘtre capturĂ©s, mais ici on les attrape dans des filets, on les garde en tout temps dans l'eau, et puisqu'ils sont traitĂ©s gentiment, ils n'ont pas de ressentiment. Ils comprennent que l'on essaie de faire du bien Ă toute l'espĂšce. De mĂȘme avec les animaux, aucun d'eux n'a peur de l'homme sur ce monde. Ce sont plutĂŽt des amis. Mais faisons simplement de rapides visites en divers endroits parce qu'il nous faudra bientĂŽt partir d'ici pour retourner au Potala. Soudainement, je me sentis monter dans les airs et je parus perdre la vue. Je fus subitement pris d'un mal de tĂȘte intolĂ©rable et, Ă vrai dire, je crus que j'allais mourir. Le Lama Mingyar Dondup m'agrippa et posa sa main sur mes yeux. â Je suis terriblement dĂ©solĂ©, Lobsang, dit-il, j'ai oubliĂ© que tu n'as pas Ă©tĂ© traitĂ© pour la vision de la quatriĂšme dimension. Il nous faut redescendre Ă la surface pour environ une demi-heure. Sur ce je me sentis couler, puis j'accueillis avec grande joie la sensation de quelque chose de solide sous mes pieds. â C'est le monde de la quatriĂšme dimension et il y a parfois des Ă©manations de la cinquiĂšme dimension. Lorsque l'on emmĂšne une personne Ă Patra il lui faut bien sĂ»r une vision pour quatre dimensions, car sinon la tension est trop forte pour elle. Le Lama me fit allonger sur une banquette et laissa tomber des choses dans mes yeux. AprĂšs plusieurs minutes il me mit des lunettes de protection, des lunettes qui me couvraient complĂštement les yeux. â Oh ! je peux voir maintenant, dis-je. C'est merveilleux ! Auparavant, les choses Ă©taient belles, extraordinairement belles, mais maintenant que je pouvais voir dans la quatriĂšme dimension, elles Ă©taient si glorieuses, qu'elles ne peuvent tout simplement pas ĂȘtre dĂ©crites en termes de trois dimensions ; je m'usai pratiquement la vue Ă regarder autour de moi. Puis nous montĂąmes de nouveau dans les airs et je n'avais tout simplement jamais rien vu d'aussi beau auparavant. Les hommes Ă©taient d'une beautĂ© incomparable, mais les femmes â eh bien, elles Ă©taient si belles que je ressentis des remous quelque peu Ă©tranges Ă l'intĂ©rieur, malgrĂ© que, bien sĂ»r, elles aient toujours Ă©tĂ© des Ă©trangĂšres pour moi car ma mĂšre avait Ă©tĂ© une mĂšre vraiment trĂšs stricte et ma sĆur â eh bien, je l'avais Ă peine vue. Nous Ă©tions tenus fermement Ă part parce qu'il avait Ă©tĂ© dĂ©crĂ©tĂ© avant ma naissance que j'entrerais Ă la Lamaserie. Mais la beautĂ©, la beautĂ© absolue et la tranquillitĂ© dĂ©fient rĂ©ellement toute description en langage tridimensionnel. C'est comme si un aveugle de naissance essayait de dĂ©crire quelque chose sur Terre. Comment va-t-il dĂ©crire les couleurs ? Il est nĂ© aveugle, alors que sait-il Ă propos des couleurs, sur ce qu'il y a Ă dĂ©crire ? Il peut dire quelque chose au sujet de la forme et du poids d'une chose, mais sa beautĂ© rĂ©elle est totalement au-delĂ de sa comprĂ©hension. Il en va ainsi pour moi maintenant j'ai Ă©tĂ© traitĂ© pour ĂȘtre en mesure de voir dans la troisiĂšme dimension, la quatriĂšme dimension, et la cinquiĂšme, de sorte que quand le temps viendra pour moi de quitter cette Terre, j'irai directement Ă Patra. Ainsi, ces gens qui disent qu'ils ont un cours d'instruction dirigĂ© par le Dr Rampa par l'intermĂ©diaire de la Planche Ouija â eh bien, ce ne sont que des cinglĂ©s. Je vous le rĂ©pĂšte, quand je quitterai ce monde je serai totalement hors de votre portĂ©e. Je serai tellement loin de vous qu'il vous est mĂȘme impossible d'arriver Ă le comprendre ! Il m'est tout Ă fait impossible de vous dĂ©crire Patra. C'est comme d'essayer de parler d'une exposition de tableaux Ă un aveugle de naissance â vous n'arriverez Ă rien. Mais il existe autre chose que des tableaux. Certains des grands hommes du passĂ© Ă©taient ici dans ce monde de Patra et ils travaillaient Ă essayer d'aider d'autres mondes, des mondes Ă deux dimensions, et des mondes Ă trois dimensions. Bon nombre des soi-disant inventions sur Terre ne sont pas les inventions de ceux qui les revendiquent ; la personne, homme ou femme, n'a fait que ramener l'idĂ©e de quelque chose qu'elle a vue dans le monde astral, et elle est revenue sur Terre avec le souvenir de quelque chose qui devait ĂȘtre inventĂ© ; elle a eu une idĂ©e gĂ©nĂ©rale de la façon de faire et â eh bien â elle a construit ce qui devait ĂȘtre construit et l'a fait breveter en son propre nom. Le Lama Mingyar Dondup semblait extraordinairement bien connu Ă Patra. Partout oĂč il se rendait on le saluait et il me prĂ©sentait toujours aux gens comme un vieil ami Ă eux dont ils se souvenaient, tandis que moi je les avais oubliĂ©s Ă cause de l'argile adhĂ©rente de la Terre. â Cela ne fait rien, disaient-ils en riant, tu reviendras bientĂŽt parmi nous et tu te souviendras alors de tout. Le Lama Mingyar Dondup parlait avec un scientifique et ce dernier disait â Bien sĂ»r le gros problĂšme que nous avons maintenant est que les gens de diffĂ©rentes races ont diffĂ©rentes perspectives. Par exemple, sur certains mondes les femmes sont traitĂ©es Ă l'Ă©gal des hommes, mais sur d'autres mondes elles sont traitĂ©es comme des ustensiles de mĂ©nage ou des esclaves, et quand elles arrivent dans un pays qui donne totale libertĂ© aux femmes, elles sont troublĂ©es et complĂštement perdues. Nous travaillons pour essayer de trouver un moyen par lequel hommes et femmes de tous les pays auraient un point de vue commun. Dans le monde astral, les ĂȘtres sont orientĂ©s dans une certaine mesure en ce sens, mais, bien sĂ»r, personne ne peut venir Ă Patra Ă moins qu'il ne se rende pleinement compte des droits de chacun. Il me regarda, sourit, et dit alors â Je vois que tu reconnais dĂ©jĂ les droits de notre Ami le Chat. â Oui, monsieur, rĂ©pondis-je, j'aime les chats. Je pense que quel que soit le lieu, ce sont les plus magnifiques animaux. â Tu as une merveilleuse rĂ©putation avec les animaux, tu sais, et lorsque tu nous reviendras Ă Patra, toute une horde de chats seront lĂ pour t'accueillir. Tu auras un manteau de fourrure vivant. Il sourit parce qu'un gros chat marron et blanc grimpait sur moi pour s'asseoir sur mon Ă©paule, et posait sa patte gauche sur ma tĂȘte pour se stabiliser, exactement comme le ferait un humain. â Eh bien, Bob, dit le Lama Mingyar Dondup, nous sommes obligĂ©s de te dire au revoir pour le moment, mais Lobsang sera bientĂŽt de retour Ă la Maison et tu auras alors amplement l'occasion de grimper sur son Ă©paule. Bob, le chat, acquiesça solennellement, sauta sur une table et se frotta contre moi en ronronnant, ronronnant et ronronnant. â Allons de l'autre cĂŽtĂ© de Patra, dit le Lama Mingyar Dondup. Il y a lĂ le royaume des fleurs et des plantes, et les arbres en particulier attendent de te revoir. Ă peine avait-il fini de parler que nous arrivĂąmes Ă ce merveilleux endroit oĂč il y avait des fleurs et des arbres incroyablement beaux. J'Ă©tais paralysĂ© de peur Ă l'idĂ©e de marcher sur les fleurs. Le Lama me regarda et, comprenant parfaitement ma situation difficile, me dit â Oh, je suis vraiment dĂ©solĂ©, Lobsang, j'aurais dĂ» te prĂ©venir. Ici, au royaume des fleurs, tu dois t'Ă©lever d'environ un pied 30 cm au-dessus du sol. C'est l'une des facultĂ©s de la quatriĂšme dimension. Pense que le sol est plus haut d'un pied 30 cm et de cette maniĂšre, en marchant en pensant que le sol est Ă cette distance, tu marcheras en fait Ă un pied de la surface oĂč poussent ces plantes. Mais nous n'allons pas nous y risquer maintenant. Nous allons plutĂŽt jeter un coup d'Ćil Ă d'autres parties de ce monde. Aux hommes-machines, par exemple. Des machines ayant une Ăąme, des fleurs ayant une Ăąme, des chats ayant une Ăąme. â Je suppose que nous ferions mieux de rentrer, Lobsang, dit-il ensuite, parce que je dois te montrer certaines choses pour te prĂ©parer en partie pour la vie que tu auras Ă vivre. J'aimerais pouvoir voyager avec toi et te venir davantage en aide, mais mon Karma est tel que je serai tuĂ© par les Communistes qui vont me poignarder dans le dos. Mais, c'est sans importance ; retournons Ă notre propre monde. Chapitre Neuf Nous quittĂąmes ce qui se nommait la Salle Ă Quatre Dimensionsâ et traversĂąmes l'immense hall jusqu'Ă celle oĂč Ă©tait indiquĂ© Ce Mondeâ. La distance Ă©tait d'environ un quart de mille 400 m, ce qui fait que nos pieds Ă©taient assez douloureux au moment oĂč nous y arrivĂąmes. Le Lama Mingyar Dondup entra et s'assit sur le banc prĂšs de la console. Je le suivis et m'assis Ă cĂŽtĂ© de lui. Il appuya sur un bouton et la lumiĂšre dans la piĂšce s'Ă©teignit. Ă la place nous pouvions voir notre monde sous un Ă©clairage trĂšs, trĂšs tamisĂ©. Je regardai autour de moi en me demandant ce qui s'Ă©tait passĂ©, oĂč Ă©tait la lumiĂšre ? Je regardai alors le globe terrestre â et tombai aussitĂŽt Ă la renverse, me frappant la tĂȘte sur le dur plancher. J'avais vu, en regardant dans le monde, un horrible dinosaure Ă la gueule grande ouverte qui me regardait droit dans les yeux, et ce, Ă environ six pieds 1 m 83 de moi. Je me relevai, plutĂŽt penaud, honteux de m'ĂȘtre laissĂ© effrayer par une crĂ©ature morte depuis des milliers d'annĂ©es. â Il nous faut parcourir certaines parties de l'histoire, dit le Lama, parce qu'il y a tellement de choses dans les livres d'histoire qui sont absolument incorrectes. Regarde ! Sur le globe je vis une chaĂźne de montagnes, et au pied de l'une d'elles il y avait une multitude de soldats et leurs aides de camp, parmi lesquels de nombreuses femmes. Ă cette Ă©poque, apparemment, les soldats ne pouvaient pas se passer de la consolation procurĂ©e par les corps fĂ©minins, et les femmes les accompagnaient donc Ă la guerre afin de pouvoir les satisfaire aprĂšs une victoire. Et s'il n'y avait pas de victoire, les femmes Ă©taient capturĂ©es par l'ennemi et utilisĂ©es prĂ©cisĂ©ment dans le mĂȘme but que si leur cĂŽtĂ© avait Ă©tĂ© victorieux. Il y avait une scĂšne trĂšs animĂ©e. Des hommes se pressaient autour d'un nombre considĂ©rable d'Ă©lĂ©phants, et un homme se tenait debout sur l'un d'eux en discutant avec la foule Ă ses pieds. â Je vous dis que ces Ă©lĂ©phants ne traverseront pas les montagnes oĂč il y a de la neige. Ils sont habituĂ©s Ă la chaleur et ne peuvent pas survivre au froid. En plus, comment obtiendrons-nous les tonnes et les tonnes de nourriture dont ils auront besoin ? Je suggĂšre que l'on dĂ©charge les Ă©lĂ©phants et fasse porter les charges par des chevaux natifs de la rĂ©gion. C'est la seule façon de traverser. L'agitation se poursuivit. Ils discutaient et gesticulaient comme une bande de vieilles commĂšres, mais l'homme Ă dos d'Ă©lĂ©phant eut gain de cause et l'on dĂ©chargea les bĂȘtes. Puis tous les chevaux des environs furent rĂ©quisitionnĂ©s sans tenir compte des protestations des paysans auxquels ils appartenaient. Bien sĂ»r je ne comprenais pas un mot de ce qu'ils disaient, mais cet instrument particulier que le Lama m'avait placĂ© sur la tĂȘte transmettait tout ce qui Ă©tait dit Ă mon cerveau au lieu de passer par mes oreilles. C'est ainsi que j'Ă©tais en mesure de tout suivre dans les moindres dĂ©tails. Enfin, l'immense cavalcade fut prĂȘte et les femmes furent Ă©galement hissĂ©es sur les chevaux. On ne rĂ©alise gĂ©nĂ©ralement pas que les femmes sont en fait beaucoup plus fortes physiquement que les hommes. Je suppose qu'elles prĂ©tendaient ĂȘtre faibles parce que de cette façon les hommes transportaient les charges et les femmes, elles, chevauchaient des poneys. La cavalcade s'Ă©branla et commença Ă gravir le sentier de la montagne ; Ă mesure qu'elle avançait on pouvait se rendre compte qu'il n'y aurait pas eu le moindre espoir de faire passer les Ă©lĂ©phants par l'Ă©troit sentier rocailleux, et lorsque la neige apparut, les chevaux eux-mĂȘmes ne furent guĂšre disposĂ©s Ă avancer et il fallut les pousser. Le Lama Mingyar Dondup sauta quelques siĂšcles, et quand il arrĂȘta la rotation, nous vĂźmes qu'il y avait une bataille en cours. Nous ne savions pas oĂč cela se passait, mais elle paraissait trĂšs sanglante. Plonger une Ă©pĂ©e dans le corps d'une personne n'Ă©tant pas suffisant, le vainqueur coupait la tĂȘte de la victime et les tĂȘtes Ă©taient toutes jetĂ©es dans une grande pile. Nous observĂąmes un moment tous ces hommes qui s'entretuaient ; ce n'Ă©tait que fanions volants et cris rauques, et sur les bords du champ de bataille les femmes regardaient la scĂšne sous des tentes grossiĂšrement fabriquĂ©es. Sans doute leur Ă©tait-il Ă©gal que la victoire revienne Ă l'un ou l'autre camp puisque, dans tous les cas, leur sort serait le mĂȘme. Comme nous, nĂ©anmoins, elles regardaient, peut-ĂȘtre par simple curiositĂ©. Une pression sur le bouton, et le monde tourna plus vite. Le Lama l'arrĂȘta de temps Ă autre et il me parut tout Ă fait incroyable qu'Ă chaque arrĂȘt il semblait y avoir une guerre en cours. Nous avançùmes jusqu'au temps des Croisades, ce dont le Lama m'avait dĂ©jĂ parlĂ©. Il Ă©tait de bon tonâ Ă l'Ă©poque pour les hommes de haute naissance de partir Ă l'Ă©tranger faire la guerre aux Sarrasins. Les Sarrasins Ă©taient un peuple cultivĂ© et courtois, mais ils Ă©taient parfaitement prĂ©parĂ©s Ă dĂ©fendre leur patrie, et de nombreux titres de noblesse Britannique prirent fin sur le champ de bataille. Nous assistĂąmes Ă la Guerre des Boers qui suivit son cours. Les deux cĂŽtĂ©s Ă©taient absolument convaincus de la lĂ©gitimitĂ© de leur cause, et les Boers semblaient avoir une cible particuliĂšre non pas le cĆur, ni non plus l'estomac, mais plus bas, de sorte que si un homme Ă©tait blessĂ© et parvenait Ă rentrer chez lui, il n'allait certainement ĂȘtre d'aucune utilitĂ© Ă sa femme. Tout ceci me fut expliquĂ© en chuchotant. Puis, tout Ă coup, la bataille prit fin. Les deux cĂŽtĂ©s semblĂšrent aussi bien ĂȘtre les vainqueurs que les vaincus car ils s'entremĂȘlĂšrent et puis, finalement, les envahisseurs â les CroisĂ©s â se placĂšrent d'un cĂŽtĂ© du champ de bataille, tandis que les Sarrasins se plaçaient du cĂŽtĂ© opposĂ© lĂ oĂč ils avaient, eux aussi, des femmes qui les attendaient. Les blessĂ©s et les mourants Ă©taient laissĂ©s lĂ oĂč ils Ă©taient tombĂ©s, car il n'y avait rien d'autre Ă faire. Il n'y avait pas de service mĂ©dical, alors si un homme Ă©tait gravement blessĂ© il demandait souvent Ă ses amis de le sortir de sa misĂšre, et la façon de faire Ă©tait de lui mettre un poignard dans la main et de s'Ă©loigner. Si l'homme voulait vraiment en finir, il n'avait qu'Ă se planter le couteau dans le cĆur. Le monde tournoya, et ce fut alors une guerre fĂ©roce qui semblait engloutir la plupart des pays. Il y avait des gens de toutes les couleurs qui se battaient et utilisaient des armes, de gros canons sur roues, et dans les airs au bout de cordes, il y avait des choses que je sais maintenant qu'on appelait des ballons. Ils Ă©taient trĂšs hauts afin qu'un homme dans un panier attachĂ© au ballon puisse avoir l'Ćil sur les lignes de l'ennemi et soit en mesure de prĂ©voir la meilleure façon d'attaquer, ou savoir s'ils allaient ĂȘtre attaquĂ©s. Nous vĂźmes ensuite de bruyants engins surgissant dans les airs et qui tirĂšrent sur les ballons qui s'abattirent en flammes. Partout ce n'Ă©tait qu'un marĂ©cage de boue et de sang parsemĂ© de dĂ©bris humains. Il y avait des cadavres suspendus aux fils barbelĂ©s, et on entendait de temps en temps un crump, crumpâ, et de grosses masses volaient dans les airs qui, quand elles heurtaient le sol, explosaient avec des rĂ©sultats dĂ©sastreux pour le paysage ainsi que pour l'ennemi. Une pression sur le bouton et l'image changea. La mer s'Ă©talait devant nous et nous pĂ»mes distinguer des points si Ă©loignĂ©s toutefois qu'on n'y voyait vraiment que des points, mais quand le Lama Mingyar Dondup les fit se rapprocher, nous vĂźmes qu'il s'agissait d'Ă©normes navires mĂ©talliques Ă©quipĂ©s de longs tubes de mĂ©tal qui se dĂ©plaçaient d'avant en arriĂšre en crachant de grands missiles. Ces derniers parcouraient vingt milles 32 km ou plus avant de tomber sur un navire ennemi. Nous vĂźmes un navire de guerre qui dĂ» ĂȘtre touchĂ© dans sa section d'armement, parce que le missile atterrit sur le pont et ce fut alors comme si le monde explosait le navire se souleva et Ă©clata en mille morceaux. Des piĂšces mĂ©talliques et des dĂ©bris de chair humaine volaient dans toutes les directions, et avec tout ce sang qui retombait, un brouillard rouge semblait recouvrir la place. Finalement, une sorte d'arrangement sembla entrer en vigueur, les soldats ayant cessĂ© de tirer. De notre point d'observation, nous vĂźmes un homme lever subrepticement son arme et tirer sur son commandant ! Le Lama Mingyar Dondup pressa rapidement quelques boutons et nous fĂ»mes de retour Ă l'Ă©poque de la Guerre de Troie. Je murmurai â MaĂźtre, ne sautons-nous pas d'une date Ă l'autre sans tenir compte de la suite des Ă©vĂ©nements ? â Oh, mais je te montre tout ceci pour une raison particuliĂšre, Lobsang. Regarde. Et il pointa du doigt un soldat troyen qui brandit soudainement sa lance et la planta directement dans le cĆur de son commandant. â Je viens juste de te montrer que la nature humaine ne change pas. Cela continue ainsi encore et encore. Prends un homme il tuera son commandant et, peut-ĂȘtre, dans une autre rĂ©incarnation il fera exactement la mĂȘme chose. J'essaie de t'apprendre certaines choses, Lobsang, et non de t'enseigner l'histoire des livres, parce que ces histoires-lĂ sont trop souvent modifiĂ©es pour convenir aux dirigeants politiques de l'Ă©poque. Assis lĂ sur notre banc, le Lama nous brancha sur de nombreuses scĂšnes diffĂ©rentes. Il pouvait y avoir parfois six cents ans entre elles. Cela nous donnait certainement l'occasion de juger ce que faisaient rĂ©ellement les politiciens. Nous vĂźmes s'Ă©lever des empires par pure traĂźtrise, et nous vĂźmes tomber des empires pareillement par pure traĂźtrise. â Maintenant, Lobsang, dit soudainement le Lama, nous allons ici entrevoir l'avenir. Le globe s'obscurcit, s'Ă©claircit, et s'obscurcit de nouveau, puis apparut un Ă©trange spectacle. Nous vĂźmes un immense paquebot, aussi grand qu'une ville, naviguant comme un roi des mers. Puis brusquement il y eut un crissement dĂ©chirant quand le navire fut ouvert sous la ligne de flottaison par la projection d'un puissant iceberg. Le navire commença Ă couler. Les gens furent pris de panique certains gagnĂšrent les bateaux de sauvetage, d'autres tombĂšrent dans la mer au fur et Ă mesure que le navire s'inclinait, et un orchestre jouait jusqu'Ă ce que le paquebot s'engloutit avec un effrayant gargouillement. D'Ă©normes bulles d'air en sortirent, et d'Ă©normes taches de pĂ©trole. Puis petit Ă petit d'Ă©tranges choses remontĂšrent Ă©galement Ă la surface le sac Ă main d'une femme, le corps d'un enfant. â Ceci, Lobsang, est un autre Ă©vĂ©nement en dehors de son ordre chronologique. Il a eu lieu avant la guerre que tu viens de voir. Mais, peu importe ; tu peux feuilleter un livre d'images et peut-ĂȘtre obtenir autant de connaissances que si tu lisais tout le livre dans le bon ordre. J'essaie de te faire comprendre certaines choses. L'aube se leva. Les premiers rayons du soleil reflĂ©taient des teintes rougeĂątres sur le sommet des icebergs et s'Ă©talaient vers le bas au fur et Ă mesure que le soleil montait. Ce faisant, il perdit sa couleur rouge et redevint la lumiĂšre ordinaire, normale, du jour. La mer Ă©tait jonchĂ©e d'une collection absolument incroyable d'objets. Des chaises brisĂ©es, toutes sortes de paquets et, bien sĂ»r, les inĂ©vitables cadavres, blancs et cireux. Il y avait des hommes, ou ce qui avait Ă©tĂ© des hommes, en tenue de soirĂ©e. Il y avait des femmes, ou ce qui avait Ă©tĂ© des femmes, Ă©galement en robes du soir, mais que l'on pourrait mieux dĂ©crire comme dĂ©shabillĂ©s du soir. Nous regardĂąmes et regardĂąmes, mais aucun navire de secours n'apparut. â Eh bien, Lobsang, dit le Lama, nous allons passer Ă autre chose ; cela ne sert Ă rien de nous attarder ici quand il n'y a rien que nous puissions faire. Il tendit la main vers les commandes et sur le bouton qui Ă©tait au bout d'une petite tige, et le globe tourna plus vite. LumiĂšre â obscuritĂ© â obscuritĂ© â lumiĂšre, et ainsi de suite, puis nous nous arrĂȘtĂąmes. Nous nous trouvĂąmes dans un endroit appelĂ© Angleterre, et mon Guide traduisit certains noms pour moi Piccadilly, la Statue d'Ăros, et toutes sortes de choses comme cela, puis il s'arrĂȘta directement en face d'un vendeur de journaux â bien sĂ»r, nous Ă©tions tout Ă fait invisibles pour l'homme, puisque nous Ă©tions dans une zone de temps diffĂ©rent. Ce que nous Ă©tions en train de voir Ă©tait ce qui ne s'Ă©tait pas encore produit, nous avions un aperçu du futur. Nous Ă©tions au dĂ©but d'un siĂšcle, mais nous regardions quelque chose qui se passait soit en 1939, soit en 1940 ; je ne pouvais pas bien discerner les chiffres, non pas que cela fut important. Mais il y avait de grandes affiches. Le Lama me les lisait Ă haute voix. Il y Ă©tait question de quelqu'un appelĂ© Neville Chamberlain se rendant Ă Berlin avec son parapluie. Puis nous nous glissĂąmes dans ce que le Lama appela un cinĂ©-actualitĂ©s. Sur un Ă©cran nous vĂźmes des hommes au visage sombre portant des casques d'acier et tout un attirail militaire. Ils dĂ©filaient d'une bien curieuse façon. â Le Pas de l'Oieâ, trĂšs pratiquĂ© dans l'armĂ©e allemande, dit le Lama. Puis l'image changea pour montrer, dans une autre partie du monde, des gens affamĂ©s qui tout simplement tombaient morts de faim et de froid. Nous gagnĂąmes la rue, et sautĂąmes quelques jours. Puis le Lama arrĂȘta la rotation du globe pour nous permettre de souffler un peu, car survoler le monde Ă travers diffĂ©rentes Ă©poques Ă©tait vraiment une expĂ©rience Ă©prouvante et Ă©puisante, tout particuliĂšrement pour moi, un garçon qui n'avait jamais quittĂ© son pays, qui n'avait jamais vu de choses avec des roues auparavant. Oui, c'Ă©tait vraiment troublant. Je me tournai vers le Lama Mingyar Dondup et lui dit â MaĂźtre, concernant cette affaire de Patra, je n'ai jamais entendu parler de cet endroit, je n'ai jamais entendu aucun de nos professeurs mentionner Patra. Ils nous enseignent que quand nous quittons cette Terre nous allons dans le monde astral pendant la pĂ©riode de transition, et nous y vivons jusqu'Ă ce que nous soyons assaillis par l'envie de revenir sur Terre dans un corps diffĂ©rent, ou d'aller dans un autre monde dans un corps diffĂ©rent. Mais personne n'a rien dit au sujet de Patra, et je me sens vraiment confus. â Mon cher Lobsang, il y a beaucoup de choses dont tu n'as pas encore entendu parler, mais ça viendra. Patra est un monde. C'en est un de loin supĂ©rieur Ă celui-ci et au monde astral. C'est un monde oĂč vont les gens lorsqu'ils possĂšdent des vertus trĂšs spĂ©ciales, ou quand ils ont fait Ă©normĂ©ment de bien pour les autres. On n'en parle pas parce que ce serait trop dĂ©courageant. Beaucoup sont choisis comme candidats possibles pour Patra et, au dernier moment, la personne rĂ©vĂšle une faiblesse ou une dĂ©viance de pensĂ©e, et elle perd ainsi sa chance d'aller Ă Patra. â Toi et moi, Lobsang, sommes bel et bien assurĂ©s d'y aller dĂšs que nous quitterons ce monde, mais cela ne se terminera pas lĂ car nous vivrons Ă Patra pendant un certain temps, puis nous irons encore plus haut. C'est sur Patra que nous voyons des gens qui ont consacrĂ© leur temps Ă la recherche pour le bien de l'Homme et des Animaux, pas seulement celui de l'Homme, tu sais, mais aussi pour le monde animal. Les animaux ont une Ăąme et ils progressent ou non exactement comme le font les humains. Ces derniers se croient trop souvent les Seigneurs de la CrĂ©ation et pensent qu'un animal n'est lĂ que pour ĂȘtre utilisĂ© par l'Homme. Ils ne peuvent commettre une plus grave erreur. â Eh bien, MaĂźtre, vous m'avez montrĂ© ce qu'Ă©tait la guerre, une guerre qui a durĂ© des annĂ©es. J'aimerais maintenant voir ce qui s'est passĂ©, comment cela s'est terminĂ©e, etc. â TrĂšs bien, dit le Lama, passons alors au moment juste avant la fin de la guerre. Il se retourna, consulta un livre indiquant des dates, rĂ©gla les commandes de la console, et le simulacre de notre monde revint Ă la vie, redevenant tout illuminĂ©. Nous vĂźmes une campagne dĂ©vastĂ©e, avec des rails sur lesquelles roulaient certaines machines qui transportaient des marchandises ou des passagers. En cette occasion particuliĂšre, il y avait ce qui semblait ĂȘtre des boĂźtes trĂšs dĂ©corĂ©es sur roues, avec des cĂŽtĂ©s en verre et des gardes armĂ©es en grand nombre qui patrouillaient tout autour. Nous vĂźmes ensuite des serviteurs sortir des nappes blanches et les Ă©tendre sur les tables, puis enlever les draps qui couvraient divers meubles. Il y eut ensuite un temps mort. J'en profitai pour visiter un certain endroit et vĂ©rifier que ma propre natureâ fonctionnait bien, et quand je revins â oh, deux ou trois minutes plus tard â je vis ce qui me parut un trĂšs grand nombre de personnes que je crus costumĂ©es, mais je m'aperçus alors qu'il s'agissait des chefs des soldats et des chefs des marins qui reprĂ©sentaient apparemment tous les pays en guerre. Un groupe de personnes ne se mĂȘlait pas Ă l'autre groupe de personnes. Ils finirent par ĂȘtre tous installĂ©s, assis Ă des tables dans cette chose en forme de boĂźte qui Ă©tait une sorte de vĂ©hicule. Je les regardai et, bien sĂ»r, je n'avais jamais rien vu de semblable car tous les leaders portaient des mĂ©dailles, des rangĂ©es de mĂ©dailles. Certains avaient des rubans autour du cou d'oĂč pendaient Ă©galement des mĂ©dailles, et je me rendis compte immĂ©diatement que c'Ă©tait de hauts membres d'un gouvernement qui essayait d'impressionner l'autre clan par la quantitĂ© de mĂ©tal sur leur poitrine et le nombre de rubans autour de leur cou. Je me demandais avec un rĂ©el Ă©tonnement comment ils arrivaient Ă s'entendre, vu le cliquetis de toutes ces piĂšces de mĂ©tal sur leurs poitrines. Il y avait beaucoup d'agitation de mains, et les messagers Ă©taient tenus occupĂ©s Ă faire passer des notes d'un homme Ă l'autre, ou mĂȘme Ă une autre partie des vĂ©hicules. Bien sĂ»r, je n'avais jamais vu de train auparavant, et tellement de choses ne signifiaient rien pour moi Ă l'Ă©poque. Finalement, ils prĂ©sentĂšrent un document qui fut passĂ© de personne Ă personne, chacun signant son nom, et il Ă©tait extrĂȘmement intĂ©ressant de voir tous les diffĂ©rents types de signatures, les diffĂ©rents types d'Ă©criture, et il me parut parfaitement Ă©vident qu'en vĂ©ritĂ© un clan ne valait pas mieux que l'autre ! â Ce que tu vois en ce moment Lobsang, me dit le Lama, marquera la fin d'une guerre qui aura durĂ© plusieurs annĂ©es. Ces hommes viennent de proposer et de signer un armistice selon lequel chacun retourne dans son pays pour se consacrer Ă la reconstruction de son Ă©conomie en ruine. Je regardai, et regardai attentivement, car il n'y avait pas de rĂ©jouissance mais des visages sombres, et les regards ne marquaient pas la joie que la bataille ait pris fin ; ils marquaient la haine, une haine mortelle qui me faisait voir que l'un des clans pensait "TrĂšs bien, vous avez gagnĂ© cette manche, nous vous aurons la prochaine fois." Le Lama Mingyar Dondup nous garda Ă la mĂȘme Ă©poque. Nous vĂźmes des soldats, des marins et des aviateurs qui continuaient Ă se battre jusqu'Ă ce que vienne une certaine heure d'un certain jour. Ils Ă©taient toujours en guerre jusqu'Ă ce jour-lĂ et onze heures arrivĂšrent avec, bien sĂ»r, la perte d'un nombre incalculable de vies. Nous vĂźmes un avion avec ses cercles rouge, blanc et bleu effectuant un vol paisible pour retourner Ă sa base. Il Ă©tait onze heures cinq, et sortant des nuages apparut un avion de chasse, une chose Ă l'aspect malĂ©fique, en vĂ©ritĂ©. En rugissant il se plaça directement derriĂšre l'avion rouge, blanc et bleu, et quand le pilote pressa un bouton en face de lui, un flot de quelque chose sortit de l'armement qui mit le feu Ă l'avion rouge, blanc et bleu. Il plongea, en flammes, puis il s'Ă©crasa au sol dans un dernier bangâ un meurtre venait d'ĂȘtre commis. C'Ă©tait un meurtre puisque la guerre Ă©tait finie. Nous vĂźmes de grands navires sur les mers remplis de soldats retournant dans leurs propres pays. Ils Ă©taient absolument chargĂ©s, Ă tel point que certains hommes devaient dormir sur le pont, d'autres dans les canots de sauvetage, mais les navires allaient tous vers un trĂšs grand pays dont je n'arrivais pas Ă comprendre la politique, car dĂšs le dĂ©part ils avaient vendu des armes aux deux cĂŽtĂ©s, et puis, quand ils dĂ©cidĂšrent de se joindre Ă la guerre â eh bien, ils se battaient contre leurs propres armes. Je pensai que c'Ă©tait sĂ»rement le comble de la dĂ©mence. Lorsque les gros navires arrivĂšrent au port, l'endroit tout entier sembla exploser d'une joie dĂ©lirante. Des banderoles de papier volaient dans les airs, les voitures klaxonnaient, les navires mugissaient tout autant, et partout des fanfares jouaient leurs propres morceaux, sans se soucier les unes des autres. Tout cela faisait un vacarme Ă©pouvantable. Plus tard nous vĂźmes ce qui semblait ĂȘtre l'un des chefs des forces victorieuses descendant en voiture une large avenue bordĂ©e d'immenses Ă©difices de chaque cĂŽtĂ©, et de tous les Ă©tages de ces Ă©difices tombaient des confettis de papier, des rubans, et tout ce genre de chose. Plusieurs personnes soufflaient avec force dans un quelconque instrument qui ne pouvait certainement pas ĂȘtre appelĂ© un instrument musical. Il semblait y avoir une grande cĂ©lĂ©bration parce que maintenant beaucoup de profits allaient ĂȘtre tirĂ©s de la vente des armes de l'ex-Gouvernement Ă d'autres pays, de plus petits pays, qui souhaitaient faire la guerre Ă un voisin. C'Ă©tait vraiment un spectacle pitoyable que l'on voyait sur ce monde. Les soldats, les marins, et les aviateurs Ă©taient de retour dans leur pays, victorieux, pensaient-ils, mais maintenant â eh bien, comment allaient-ils gagner leur vie ? Il y avait des millions de gens sans travail. Il n'y avait pas d'argent, et beaucoup d'entre eux devaient faire la queue devant ce qu'on appelait les soupes populairesâ, une fois par jour. Ils recevaient lĂ une infĂąme bouillie dans une boĂźte de conserve qu'ils rapportaient Ă la maison pour partager avec leur famille. La perspective Ă©tait vraiment sombre. Dans un certain pays, les misĂ©reux en haillons ne pouvaient plus continuer. Ils marchaient le long des trottoirs, scrutant l'espace oĂč le trottoir devenait la chaussĂ©e, la rue ; ils cherchaient un croĂ»ton de pain ou n'importe quoi, un mĂ©got de cigarette, vraiment n'importe quoi. Et bientĂŽt on les voyait s'arrĂȘter et s'appuyer contre peut-ĂȘtre l'un de ces poteaux qui portaient des fils, des avis ou des lumiĂšres, puis s'effondrer sur le sol et rouler dans le caniveau â morts, morts de faim, morts de dĂ©sespoir. Au lieu de la tristesse les badauds Ă©prouvaient de la joie un peu plus de gens morts, sĂ»rement qu'il y aurait bientĂŽt assez d'emplois. Mais non, ces soupes populairesâ se multipliaient, et toutes sortes de gens en uniforme ramassaient les morts et les chargeaient dans des fourgonnettes pour qu'ils soient â je suppose â enterrĂ©s ou brĂ»lĂ©s. Nous regardĂąmes diverses scĂšnes rĂ©parties au fil des ans, puis nous vĂźmes qu'un pays se prĂ©parait de nouveau Ă la guerre le pays qui avait perdu la derniĂšre fois. Il y avait de grands prĂ©paratifs, des mouvements de jeunesse, et tout le reste. Ils s'entraĂźnaient au vol en construisant un bon nombre de petits avions, prĂ©tendant qu'il s'agissait de choses rĂ©crĂ©atives. Nous vĂźmes un trĂšs bizarre petit homme avec une petite moustache, aux yeux pĂąles, exorbitĂ©s. Chaque fois qu'il apparaissait et commençait Ă vocifĂ©rer, une foule s'assemblait rapidement. Des Ă©vĂ©nements de ce genre se passaient partout dans le monde, et dans de nombreux cas les pays entraient en guerre. Finalement, il y eut une trĂšs grosse guerre dans laquelle la majoritĂ© du monde se trouva impliquĂ©e. â MaĂźtre, dis-je, je n'arrive pas Ă comprendre comment vous pouvez faire surgir des images de choses qui ne se sont pas encore produites. Le Lama me regarda, puis il regarda la machine qui Ă©tait lĂ , prĂȘte Ă nous montrer encore plus d'images. â Eh bien, Lobsang, il n'y a en fait rien de trĂšs difficile Ă cela, car si tu prends un groupe de personnes tu peux parier tout ce que tu possĂšdes que quand ils feront quelque chose ils s'y prendront tous de la mĂȘme maniĂšre. Si une femme est poursuivie par un homme, elle s'enfuira dans une direction et se cachera. Maintenant, si cela se produit une deuxiĂšme et une troisiĂšme fois, son chemin sera tracĂ©, et tu es tout Ă fait certain alors lorsque tu prĂ©dis qu'il y aura une quatriĂšme fois que la femme s'enfuira Ă sa cachette, et que son tourmenteur sera bientĂŽt capturĂ©. â Mais, MaĂźtre, dis-je, comment est-il possible de produire des images de quelque chose qui ne s'est pas encore produit ? â Malheureusement, Lobsang, tu n'es pas encore assez agĂ© pour ĂȘtre en mesure d'apprĂ©cier une explication, mais briĂšvement, des choses correspondantes se produisent dans la quatriĂšme dimension et nous obtenons ici sur la troisiĂšme dimension ce qui en est plus ou moins un Ă©cho. Certaines personnes ont l'aptitude de voir trĂšs en avance, et savent exactement ce qui se passera. Je suis un de ceux qu'on appelle un clairvoyant trĂšs sensible et un tĂ©lĂ©pathe, mais tu vas me surpasser trĂšs, trĂšs largement, parce que tu as Ă©tĂ© entraĂźnĂ© Ă cet effet presque avant ta naissance. Tu penses que ta famille a Ă©tĂ© dure avec toi. C'est vrai, elle a Ă©tĂ© trĂšs dure, mais c'Ă©tait un ordre des Dieux. Tu as une tĂąche spĂ©ciale Ă accomplir et il te fallait apprendre tout ce qui pourrait t'ĂȘtre utile. Quand tu seras plus grand tu comprendras ce que sont les trajectoires du temps, les diffĂ©rentes dimensions, et tout ce genre de choses. Je te parlais hier du fait de tracer une ligne imaginaire sur la Terre et dĂ©couvrir que tu te trouves dans un jour diffĂ©rent. Il s'agit, bien sĂ»r, d'une affaire entiĂšrement artificielle afin que les nations du monde puissent commercer ; elles ont ainsi ce systĂšme artificiel oĂč le temps est changĂ© artificiellement. â Lobsang, il y a un point que tu n'as apparemment pas remarquĂ©. Les choses que nous voyons maintenant, et discutons maintenant, sont des choses qui ne se produiront pas avant cinquante ans ou plus. â Vous m'avez stupĂ©fiĂ© en disant cela, MaĂźtre, parce que sur le moment tout m'a paru naturel, mais â oui â je peux voir maintenant que nous ne possĂ©dons pas la science nĂ©cessaire pour certaines choses. Il faut donc que ce soit quelque chose dans l'avenir. Le Lama hocha gravement la tĂȘte et dit â Oui, en 1930 ou 1940, ou quelque part entre les deux, la Seconde Guerre Mondiale commencera et elle fera rage presque Ă travers le monde entier. Elle apportera la ruine totale Ă certains pays, et ceux qui gagneront la guerre perdront la paix, ceux qui perdront la guerre gagneront la paix. Je ne peux pas te dire quand la guerre commencera vraiment parce que cela ne sert Ă rien de le savoir et que de toute maniĂšre nous n'y pouvons rien. Mais ce devrait ĂȘtre autour de 1939, ce qui est encore un bon nombre d'annĂ©es Ă venir. â AprĂšs cette guerre â la Seconde Grande Guerre â il y aura de continuelles guĂ©rillas, des grĂšves constantes, et pendant tout ce temps les Syndicats essaieront d'augmenter leur pouvoir et de prendre le contrĂŽle de leur pays. â Je suis dĂ©solĂ© de te dire que vers 1985 quelque Ă©trange Ă©vĂ©nement se produira qui prĂ©parera la scĂšne pour la TroisiĂšme Guerre Mondiale. Cette guerre se fera entre les peuples de toutes les nationalitĂ©s et de toutes les couleurs, et elle donnera naissance Ă la Race HĂąlĂ©e. Il ne fait aucun doute que les viols sont quelque chose de terrible, mais il n'en reste pas moins que si un homme noir viole une femme blanche, nous avons lĂ une autre couleur hĂąlĂ©e, celle de la Race HĂąlĂ©e. Nous devons avoir une couleur uniforme sur cette Terre. C'est l'une des choses vraiment nĂ©cessaires avant qu'il puisse y avoir une paix durable. â Nous ne pouvons pas donner de dates exactes quant au jour, l'heure, la minute et la seconde, comme le croient certains idiots, mais nous pouvons dire qu'autour de l'an 2000 il y aura une intense activitĂ© dans l'Univers, et une intense activitĂ© dans ce monde. AprĂšs une lutte acharnĂ©e, la guerre sera rĂ©solue avec l'aide des gens de l'espace, ces gens qui n'aiment pas ici le Communisme. â Mais il est maintenant l'heure de voir si mes jambes sont assez bonnes pour reprendre la descente de la montagne, parce que nous devons retourner au Potala. Nous examinĂąmes toutes les machines que nous avions utilisĂ©es, nous assurant qu'elles Ă©taient propres et laissĂ©es dans le meilleur Ă©tat possible. Nous veillĂąmes Ă ce que tous les interrupteurs fonctionnent correctement, puis le Lama Mingyar Dondup et moi enfilĂąmes de nouvelles robes, de nouvellesâ robes vieilles d'un million d'annĂ©es ou plus et taillĂ©es dans un merveilleux tissu. On aurait pu nous prendre pour deux vieilles blanchisseuses Ă nous voir remuer les vĂȘtements pour trouver quelque chose qui nous attire particuliĂšrement et qui satisfasse cette dose de vanitĂ© que nous avions encore en nous. Nous fĂ»mes finalement satisfaits. J'Ă©tais vĂȘtu comme un moine, et Mingyar Dondup portait quant Ă lui une robe correspondant Ă un trĂšs haut statut, en vĂ©ritĂ©, mais je savais qu'il avait droit Ă un rang plus Ă©levĂ© encore. Nous trouvĂąmes d'amples tuniques qui allaient par-dessus nos nouveaux habits, et nous les enfilĂąmes afin de protĂ©ger nos vĂȘtements durant la descente. AprĂšs avoir eu Ă manger et Ă boire, nous fĂźmes chacun nos adieux Ă cette petite piĂšce qui avait un trou dans un coin. Puis nous nous mĂźmes en route. â MaĂźtre ! m'Ă©criai-je, comment allons-nous cacher l'entrĂ©e ? â Lobsang, ne doute jamais des Puissances SupĂ©rieures. Il est dĂ©jĂ prĂ©vu que lorsque nous quitterons cet endroit un rideau de pierre massive de plusieurs pieds 1 pied = 30 cm d'Ă©paisseur va glisser et couvrir l'entrĂ©e en la camouflant complĂštement. Il nous faudra ainsi nous donner la main et nous prĂ©cipiter, sortir ensemble le plus vite possible avant que le gros rocher tombe en place et scelle ces secrets pour empĂȘcher les Chinois de les trouver, parce que, comme je te l'ai dit, les Chinois vont envahir notre pays et il n'y aura plus de Tibet. Ă la place, il y aura un Tibet secret avec les plus sages d'entre les Sages vivant dans des cavernes et des tunnels comme celui-ci, et ces hommes enseigneront aux hommes et aux femmes d'une nouvelle gĂ©nĂ©ration qui suivra beaucoup plus tard, et qui apportera la paix Ă cette Terre. Au bout du couloir que nous suivions s'ouvrit brusquement un carrĂ© de lumiĂšre. Nous nous prĂ©cipitĂąmes et dĂ©bouchĂąmes Ă l'air libre. Je regardai avec amour le Potala et le Chakpori, puis je pris conscience du sentier escarpĂ© devant nous et me demandai sĂ©rieusement comment nous allions nous en sortir. Au mĂȘme moment se produisit un formidable vacarme, comme si le monde touchait Ă sa fin. La dalle de pierre Ă©tait tombĂ©e, et nous ne pouvions pas en croire nos yeux. Il n'y avait aucune trace d'ouverture, aucune trace de sentier. C'Ă©tait comme si cette aventure n'Ă©tait jamais arrivĂ©e. Nous nous frayĂąmes donc un chemin au flanc de la montagne. Je regardai mon Guide et pensai Ă la mort qu'il aurait aux mains des traĂźtres Communistes. Et je pensai Ă ma propre mort qui surviendrait dans un pays Ă©tranger. Mais par la suite, le Lama Mingyar Dondup et moi serions rĂ©unis dans le lieu SacrĂ© de Patra. * * * Ăpilogue Et c'est ainsi qu'une autre histoire vraie vient de se terminer. Il ne me reste plus maintenant qu'Ă attendre dans mon lit d'hĂŽpital que ma Corde d'Argent soit coupĂ©e et ma Coupe d'Or brisĂ©e, afin de pouvoir partir pour ma Demeure Spirituelle â Patra. Il y a tant de choses que j'aurais pu faire. J'aurais aimĂ©, par exemple, parler devant la SociĂ©tĂ© des Nations â ou quel que soit le nom qu'on lui donne aujourd'hui â en faveur du Tibet. Mais il y avait trop de jalousie, trop de malveillance, et le DalaĂŻ-Lama Ă©tait dans une position difficile du fait qu'il recevait l'aide de gens et ne pouvait aller Ă l'encontre de leurs dĂ©sirs. J'aurais pu Ă©crire davantage sur le Tibet, mais lĂ encore il y a eu de la jalousie et des articles mensongers, et la presse a toujours cherchĂ© des aspects effrayants et horribles, ou ce qu'ils appellent vicieuxâ, ce Ă quoi ils se livrent eux-mĂȘmes quotidiennement. La transmigration est une rĂ©alitĂ©. C'est un fait rĂ©el de la vie, et en vĂ©ritĂ© une trĂšs grande science d'autrefois. C'est comme un homme qui, voyageant par la voie des airs jusqu'Ă sa destination, trouve une voiture l'attendant au moment oĂč il descend de l'avion, avec la diffĂ©rence que dans ce cas un Grand Esprit prend la relĂšve d'un corps afin d'accomplir une tĂąche qui lui a Ă©tĂ© assignĂ©e. Ces livres, mes livres, sont vrais, absolument vrais, et si vous croyez que ce livre-ci relĂšve de la science-fiction, vous avez tort. Son contenu scientifique aurait pu ĂȘtre fortement accru si les scientifiques avaient manifestĂ© quelque intĂ©rĂȘt, mais de la fiction â il n'y en a pas la moindre trace dans cet ouvrage, pas mĂȘme une libertĂ© artistiqueâ. Me voici, allongĂ© dans mon ancien lit d'hĂŽpital, en attente de la libĂ©ration de la longue nuit d'horreur qu'est la vieâ sur Terre. Mes chats ont Ă©tĂ© un soulagement et une joie, et je les aime plus que je ne peux aimer un humain. Un tout dernier mot. Certains ont dĂ©jĂ commencĂ© Ă essayer de tirer profitâ de ma personne. Certains ont fait courir le bruit que j'Ă©tais mort et qu'Ă©tant de l'Autre CĂŽtĂ©â, je leur avais ordonnĂ© de dĂ©buter un cours par correspondance, que de l'Autre CĂŽtĂ©â je le dirigerais et Ă©tablirais ladite correspondance par l'intermĂ©diaire de la Planche Ouija. Maintenant, la Planche Ouija est une totale supercherie, et pire encore, parce que dans certains cas elle peut permettre Ă des entitĂ©s malfaisantes ou malicieuses de prendre possession de la personne qui l'utilise. Que les Bons Esprits vous protĂšgent. FIN CI-DESSUS Le XIIIe DalaĂŻ-Lama assis, quatriĂšme Ă partir de la gauche, avec sa suite et l'officier britannique Sir Charles Bell, Darjeeling, Inde, 1911. Lorsque les troupes chinoises entrĂšrent dans Lhassa, en 1910, le XIIIe DalaĂŻ-Lama se rĂ©fugia en Inde. VĂ©ritable augure de l'invasion communiste qui eut lieu quarante ans plus tard, le DalaĂŻ-Lama expliqua Ă Sir Charles Je suis venu en Inde pour demander l'aide du gouvernement britannique. S'il n'intervient pas, les Chinois occuperont le Tibet, dĂ©truiront notre religion et notre systĂšme politique et placeront Ă la tĂȘte du pays des officiels chinois. »
JHmZ.